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« “Les Blancs qui soumettent” c’est un conte, une légende, un western, c’est “les cowboys et les indiens”... Ya pas de Blancs. »

posté le 07/05/18 par https://www.youtube.com/watch?v=l08XFX1fgBU Mots-clés  histoire / archive 

« [...] Je ne suis jamais totalement à l’aise avec cette notion de "métissage", à la fois parce qu’elle peut assez facilement tirer du "côté biologique". Cette idée d’"espèces distinctes qui se mêlent" ce n’est évidemment jamais une bonne façon de parler de "segments d’humanité" que de les considérer comme des "espèces" ou des "taxons distincts". Et puis parce que cela a été une catégorie historique consubstantielle à l’entreprise d’asservissement [des populations extra-européennes]. Mestiço, metis, c’est une taxinomie en particulier ibérique, espagnole aux Amériques et évidemment les métis étaient des gens qui avaient certains droits mais pas tous. Ce n’est pas une notion neutre au plan historique. C’est comme le terme d’"esclave"... Il faut toujours faire attention car ce sont des catégories de la praxis historique qui charrient avec elles tout un ensemble de connotations qu’on arrive jamais totalement à évacuer lorsqu’on essaie de les transformer en outils analytiques. Ce sont des mots pièges. [...] »

L’histoire globale. Avec Romain Bertrand

https://www.youtube.com/watch?v=l08XFX1fgBU

« Une autre histoire du monde est-elle possible ? Vertus et vertiges de l’histoire globale »

Le 9 mai 2017, au Lieu-dit.

Suffit-il de tailler plus large cartes et chronologies pour déjouer le piège d’un européocentrisme qui n’est assurément plus de mise ? L’histoire globale – dont on nous entretient tant ces dernières années – peut-elle être autre chose qu’une nouvelle histoire universelle, partant une téléologie de l’occidentalisation du monde ou une chronique sans accrocs de l’irrésistible essor du capitalisme mondial ? Comment faire droit, dans le récit au long cours des circulations et des connexions qui ont façonné le monde « moderne », non seulement aux rendez-vous manqués entre sociétés distantes, mais aussi à tous ceux qui vivaient loin des palais ? La prise en compte des historicités vernaculaires des mondes dits « colonisés » – et donc des défiances, des indifférences et des révoltes subalternes ayant ponctué (ici à Java, là à Manille) l’histoire heurtée des contacts entre l’Europe et l’Asie – aide à mettre au jour une pluralité de passés qui, pour n’être pas pleinement advenus, n’en ont pas moins inscrit dans l’ordre du réel une myriade de possibles. Puisqu’il n’est pas de généalogie qui ne s’ouvre par une répudiation du mythe des origines, celle du monde « moderne » se doit d’être écrite à plusieurs voix et, surtout, « au ras du sol », depuis ces montagnes et ces mangroves où trouvait refuge, au temps de la course aux épices, la liberté gouailleuse des insoumis.

Romain Bertrand est directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques depuis 2008.

https://www.youtube.com/watch?v=l08XFX1fgBU

http://www.societelouisemichel.org/


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