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Bruxelles 1er novembre, retour sur la manif contre la loi anti-squats et son monde

On sentait bien que ça ne se passerait pas comme les dernières fois. Les informations venaient au fur et à mesure qu’arrivaient les copines et les copains sur la place du jeu de Balle ; dispositifs de flics çà et là dans le quartier, bus d’arrestation et combis à Poelaart, ministère de la justice surgardés, porte de Hal quadrillée. Le dispositif, visible comme caché, était plutôt impressionnant. Sur la place aussi, policiers en uniformes et en civil tournaient ostensiblement autour de nous. Les phares d’une voitures de police rivés vers les manifestants, l’ambiance était d’emblée tendue. Depuis un peu moins d’un an les manifestations sauvage sur le thème du logement ou du squat s’étaient vue encadré par un dispositif policier discret et avaient pu être conduite à terme sans interventions.

À 18h, Nous étions à peu près 200 à nous élancer rue Blaes dans une ambiance déterminée en direction de la porte de Hal au rythme de la samba et aux cris de « loi anti squat – squat anti loi » , « Et tout le monde déteste les huissiers ». Au bout de 200 mètres, les flics sortent de leur cachette et déboulent au bout de la rue, cette fois ci ordre à été donné de ne pas nous laisser prendre la rue. Derrière les banderoles on continue à avancer. Le piège policier se referme alors sur le cortège des deux côtés de la rue, combis et robocop s’installent.

Les flics ne laissent personnes sortir pendant plus d’une heure tout en racontant au mégaphone que pour éviter l’arrestation collective, il était possible de sortir en montrant sa carte d’identité au compte-goutte, les bleus s’amusent à renvoyer les gens qui veulent sortir de la nasse à leurs collègues de l’autre côté de la rue, et vice versa. Du coup on tient, on tente de trouver des échappatoires, la samba continuer de jouer et les gens dansent, discutent, des voisins filment depuis leurs fenêtre, mettent de la musique anti flic. Tout le monde déteste la police. Au fur et à mesure, les gens s’en vont, soit en étant fouillés et filmés de la tête aux pieds avec leurs carte d’identité, soit en trouvant refuge chez des habitants ayant ouverts leurs portes.
Comme une lueur dans la pénombre, la bienveillance du quartier aura permis de maintenir un peu le moral des nassé.e.s. Déci delà une réelle solidarité s’est fait sentir. D’accueil de nassé.e.s en jet de projectile par derrière la police, l’attitude du quartier face à l’agression et l’occupation policière est révélatrice d’un climat propre à faire naitre un peu d’espoir malgré ce grand foirage.

Tous ces faits doivent nous interroger. D’autant que quelques témoignages laissent à penser que la stratégie du « laisser faire » jusqu’alors de mise face aux manifs sauvages n’était qu’une stratégie de fichage. Lors de la manifestation du 13 octobre, un policier en civil très peu discret et planté dans le parc en face du ministère de la justice aurait exigé le départ d’une voiture de police lors de l’emmurage symbolique du bâtiment. La claire volonté de ne pas nous laisser manifester cette fois laisse à craindre a un stratagème afin de compléter leurs dossiers. La communication et le soutient de copains venus d’autres pays a sans doute joué aussi dans la mise en place de ce dispositif disproportionné. On ne peut qu’y voir une claire volonté de découragement.

Tous ces faits doivent donc nous interroger. La répression a revêtue ses vieux habits à la faveur d’un temps de plus en plus délétère où de toutes parts tout le monde se radicalise, dans la connerie et la méchanceté, comme dans la volonté de rupture avec l’ordre existant. L’état est, comme toujours à l’avant-garde de cette radicalisation et se plait à désigner tour à tour les ennemis de l’intérieur, de plus en plus ciblés, de plus en plus acculés. Il nous oblige à repenser nous aussi nos méthodes et nos moyens, mais plus encore à insister pour conserver les rares parcelles de liberté encore accessibles. Les manifs sauvages continueront, les occupations aussi. Paradoxalement, les heures passées ensemble dans cette nasse sont en soi un événement politico-culturel, qui recrée du lien, de la solidarité, et des souvenirs de vies a l’intérieur du milieu squat. Il y’a sans doute des manières moins stressante de continuer à approfondir ces liens et de les élargir. C’est la tâche qui nous est désormais dévolue si nous souhaitons continuer à expérimenter la liberté dans l’anarchie.


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