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Tout nous motive, rien ne nous satisfait.

posté le 02/01/18 Mots-clés  alternatives  réflexion / analyse 

Tout nous motive, rien ne nous satisfait.

Et la rage déborda.

Il est nécessaire de préciser que nombreux sont ceux se retrouvant impliqués dans les révoltes des jeudi 14 et lundi 18 décembre 2017 n’étaient pas là pour arrêter les réformes des retraites en soutenant des mesures légalistes, et encore moins en défendant les droits de la citoyenneté. Nous étions là pour tout, nous étions là pour rien.

Je n’étais pas là pour exprimer mon rejet de la réforme des retraites parce que je rejette les réformes, parce que je rejette toute loi. Je n’étais pas là pour les retraités, parce que je déteste le fait qu’une vie sans bosser et d’accès libre aux loisirs ne nous soient donné que lorsque les rides abondent et que les os se brisent.

J’étais là parce que je voulais en être. Par haine de la police et de toute autorité. Dois-je tout dire ? Que je cherche à rompre avec les formes de rapports existants et à en créer d’autres ? Que je cherche à me développer et à être plus autonome dans l’auto-détermination de mes désirs ? Avez-vous besoin davantage de raisons ? La misère, la thune, la faim, la fume, les usines, l’ennui, les dogmes, les drogues, la politique, les politiciens, les dettes, les devoirs, le travail, l’école, bref : l’État, le capital, l’autorité… Est-ce nécessaire de le dire ?

En même temps et au même endroit

Lors de ces deux journées, nous nous sommes rencontrés en face à face, le visage masqué, affrontant la police, érigeant des barricades, en sachant que le lendemain tout redeviendra comme avant mais que le moment vécu était un de ceux qui apparaissent dans les esprits insurgés qui dorment.

Entre des compagnons et des autonomes, des personnes auto-organisées ayant une haine profonde de la police, nous avons affronté, couru et résisté à l’attaque de la police, des voitures et des containers à poubelle ont été allumés, des carreaux, du verre et des vitrines ont été brisés ; des murs ont été peints de phrases contre l’État, le gouvernement et même en mémoire de Rafael et du compagnon Santiago ; des attaques spontanées ont été coordonnées, des barricades ont été improvisées et des cocktails Molotov ont été lancés ; les laquais de la presse d’État ont été attaqués ; les personnes qui étouffaient à cause des gaz lacrymogènes et qui ont même été blessées dans les affrontements ont été secourues par ces mêmes dissidents ; il y a aussi eu des vols dans certains bâtiments ; nous avons sauté et chanté contre la police, mais aussi pour que tous les gouvernants s’en aillent et ne reviennent pas ; nous avons vu d’excellentes formes d’affrontements et une excellente capacité insurrectionnelle qui n’était pas préméditée. Nous avons aperçu une lueur de vie en désobéissant et en voyant la rage déborder.

Toujours de notre côté et non du côté des partis de gauche, nous avons vécu des moments qui resteront les plus beaux et les plus intenses de notre vie, et non une beauté rose, une beauté avec toutes ses complexités, faite de pleurs et de tristesses pourvues de joie sauvage et de tension, beaucoup de tensions.

Aujourd’hui comme hier nous étions là, aiguisons le conflit

Sans générer une analyse de comparaison entre les révoltes de 2001 et ce qui vient de se passer durant ce mois de décembre 2017 et sans chercher le pour et le contre pour aiguiser ce conflit ou proposer certaines formes d’organisation afin de ne pas retomber dans les échecs du passé, nous ravivons la mémoire et acceptons les échecs.

L’échec de 2001 se reproduira certainement à travers ce pseudo-processus de destitution (si ce n’est peut-être par inaction du « peuple » en voyant les réformes approuvées) mais échouera peut-être davantage par toute révolte ou insurrection, même la mieux réalisée, avec des fondements solides et des projets aiguisés, visant à organiser la vie sociale.

Nous ne plaçons aucune attente dans la société et sa capacité à se rebeller, même si nous refusons le faux espoir que les gens puissent vivre sans gouvernement, nous ne cherchons pas à consolider ou à établir de nouvelles conditions d’organisations populaires comme celles prévues en 2001.

Nous avons beaucoup de raisons de chercher et de générer des conflits dans la société. Nous proposons la destruction et la propagation du chaos dans toutes ses étincelles. Nous voulons la révolte contre toutes les institutions, en sachant malgré tout que celle-ci n’apportera pas à elle-seule des réponses ou de solution à la forme de vie misérable à laquelle nous sommes confrontés.

Sans attendre la prochaine grande manifestation, la révolte anarchique est amenée à être constante.

Combattre la police est une des nombreuses choses à accomplir si nous voulons vivre en étant débarrassé des engrenages de la domination. Être présent dans ce conflit, hormis le fait que c’est amusant, est nécessaire à la fois en tant que démonstration de notre force collective, mais aussi en tant que satisfaction individuelle.

Mais l’invitation est venue d’un autre côté, d’un côté qui sympathise avec les anarchistes seulement lorsque ça leur convient. Et ce n’est pas agréable d’être motivé par les propositions des autres, surtout lorsque nous avons la créativité et la détermination de notre côté.

Cela peut être préoccupant de ne pas avoir la capacité incisive et décisive afin d’aiguiser des moments de tension mais lorsque la foule ne va pas dans notre sens, le groupe affinitaire devient présent, sans oublier que nous pouvons compter sur notre force individuelle.

Il n’existe pas de réponse ou de solution, seulement des mots qui prétendent être action.

Cette petite analyse incomplète est une courte publication incomplète de ce qui s’est passé (ou non) ces derniers jours. Alors que le poids de l’angoisse est présent à cause des compagnons qui restent emprisonnés pour cette même raison, nous prenons quelques instants pour réfléchir, car la révolte a besoin de tout mais il y a des analyses fondamentales à propos de l’anarchie, il y en a trop qui parlent sans jamais agir, et n’abordent jamais cette colère … qui continue de déborder, qui continue d’exploser.

Et notre projectualité continuera à affirmer nos convictions sans tomber dans des textes théoriques déprimants ou des populismes bon marché, et vous savez : les anarchistes étaient là, sachant que nous traversons un Décembre noir, nous sommes toujours présents, aux côtés de nos compagnons tombés ; Nous étions présents pour tout. Pour tout ce qui nous aspire, sans rien demander.

Que la rage se répande et continue à déborder !


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