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Manifs en Iran déjà plus de 30 manifestants assassinés par les forces répressives

posté le 07/01/18 Mots-clés  luttes sociales 

Manifs en Iran déjà plus de 30 manifestants assassinés par les forces répressives.

31 Décembre 2017 et 3 Janvier 2018 quatrième et bientôt sixième jour de manifs sauvages et spontanées contre le régime théocratique et fasciste d’Ali Khamenei et Hassan Rouhani.

Ces manifestations dirigées contre la vie chère, la corruption, l’accroissement de la pauvreté et de la précarité, le chômage endémique qui touche 28 pour cent de la jeunesse du pays les salaires de plus en plus maigres ont commencé le Jeudi 28 Décembre 2017 dans la ville de Mashhad -qui est la seconde plus grande ville du pays –Ndr. Avant de s’étendre aux quatre coins du pays dans des villes telles que : Téhéran, Kermashah, Ahwaz, Hamadān, Tabriz, Chiraz, Yazd, Orumiyeh, Rasht, Ilam, Koramabad, Ispahan Bandar Abbas, Karaj pour n’en citer que quelque unes.

- Des affrontements parfois très violents, ont aussitot opposé les manifestants et les forces répressives anti émeutes du régime, des centaines d’opposant-e-s ont été arrêtés et embarqués en prison.

Pour la seule soirée du 1er Janvier 2018 on a appris que plus de 200 personnes avaient été arrêtées, dans la seule ville de Téhéran ou de violents affrontements avec les troupes anti émeutes ont duré du 29 au 31 Décembre 2017.

Malgré les blocages du net et des réseaux sociaux nous avons appris il y a deux jours qu’à Doroud une ville de la province du Lorestan située a environ 190 Km au Sud-Ouest d’Ispahan que deux manifestants avaient été assassinés, ils ont depuis été identifiés sous les noms de : Medhi Kohzadi et Hamzeh Lashti – Ndr. Et plusieurs dizaines d’autres grièvement blessés après avoir essuyé des tirs d’une unité anti-émeute appuyée par des brigades de « Gardiens de la révolution » et de miliciens Bassidj’is. Ces faits tragiques ont été rapporté un premier temps par des habitants de Doroud, puis confirmé ensuite par plusieurs médias et réseaux sociaux de l’opposition.

Ce premier Janvier 2018 plusieurs médias d’opposition ainsi que plusieurs sites d’organisation Iraniennes de défense des droits de l’homme, et fait plus rares des médias d’état, font état des décès de 21 manifestants-*1, dont deux à Izeh une ville de la province du Khuzestân (Sud-Ouest de l’Iran), deux à Nour-Abad Mamassani (Province de Fars – Sud de l’Iran), et deux autres à Tuyserkan (Ouest de l’Iran) survenus au cours des manifs des cinq jours précédents, toujours en début de matinée la page en persan du site du collectif Iranien de défense des droits humain Human Rights News Agency – HRANA faisait état de plus de 410 arrestations un peu partout dans le pays pour les seules soirées du 30 et 31 Décembre 2017. On a également appris que dans la région d’Ispahan un jeune manifestant âgé de 13 ans du nom d’Armin Sadeghi était décédé dans la nuit du 1er Janvier 2018 après que la police antiémeute ait tiré sur la foule.

- Les quelques raisons de cette immense vague de colères sociales qui étaient plus que prévisibles.

Depuis la grande vague de contestation de Juin 2009, les gouvernements successifs d’Ahmadinejad et actuellement celui du prétendu « Réformateur » Hassan Rouhani n’ont fait qu’accroire des politiques économiques délirantes, à coup de privatisations brutales, de suppression des subventions sur les produits alimentaire de base, de vague de licenciement spéculatifs de masse aux seuls profits du clan du bi-milliardaire ultraconservateur Ali Khamenei et de ses affidés les Pasdarans des « Gardiens de la révolution » qui ont été placé par le même Khamenei aux postes clefs les plus stratégiques de l’économie Iranienne- de nombreux opposants Iranien estiment que les « Gardiens de la révolution » contrôlent actuellement plus de 80 pour cent de l’économie du pays.

Il est bon aussi de rappeler le rôle néfaste des sanctions économiques occidentales qui ont grandement contribué à mettre en difficulté les classes les moins aisées du pays. Sans mettre dans la moindre difficulté la caste ultra capitaliste des Mollahs et des « Gardiens de la révolution » qui se sont au passage scandaleusement enrichis grâce à ces mêmes sanctions, puisqu’ils ils très vite compris qu’il y avait beaucoup à gagner en prenant le contrôle de toute l’économie parallèle et des réseaux de trafics maffieux qui en avait découlé.

Comment à ce propos ne pas être dégouté et écœuré par le cynisme et l’hypocrisie immonde de l’ultraconservateur fascisant Donald Trump qui ose se déclarer « Solidaire des manifestants en Iran » alors même qu’il ne rêve que d’appliquer de nouvelles sanctions qui ne feraient que de mettre davantage en difficulté les populations Iraniennes les moins aisées. Et que son décret raciste du Travel Ban interdit de facto de séjour tout Iranien sur le sol Américain, et en particulier tous les exilés politiques Iraniens qui pourraient ou voudraient y trouver asile et refuge.

  • Une immense partie de la population et en partie celles des classes populaires a vu depuis 2009 ses conditions de vies se dégrader un peu plus chaque année, dans certaines provinces pourtant riches en ressources agricoles, industrielles ou minières le chômage des jeunes atteint plus de 28 pour cent alors même qu’une majorité de cette jeunesse qui survit tant bien que mal est souvent hautement diplômée ou très qualifiée. Dans le même temps le régime a également appliqué de véritables politiques de discriminations racistes et même de « préférence nationale » dans l’accès à l’emploi dans de nombreuses régions et province considérées comme pas assez « Persianisées » à ses yeux.

C’est ce qui se passe par exemple dans des provinces ou vivent des minorités demandant à bénéficier de plus d’autonomie et à plus de respect de leurs droits fondamentaux ou culturels, citons par exemple le Kurdistan Iranien ou Rojhelat, le Khūzestān ou vit une large minorité Arabe Ahwazie, ou encore le Baloutchistan (Sud-Est du pays) qui est l’une des plus pauvre d’Iran. On ne sera donc pas étonné que les manifs les plus véhémentes contre le régime, aient pu être observée dans la ville d’Ahwaz située dans la province du Khūzestān ou encore à Kermânchâh dans le Kurdistan Iranien.

Dans le même temps depuis Juin 2009 le régime des Mollahs, n’a cessé de réprimer avec la plus extrême des brutalités toute forme de contestation sociales alors que ne cessaient de s’accentuer les inégalités et qu’il érigeait la précarité en norme sociale. En seule réponse aux demandes légitimes des classes les moins aisées du pays a pouvoir souffler un peu, le régime a continué d’user d’une répression féroce dirigée contre toutes les tentatives de la classe ouvrière Iranienne de s’auto-organiser au sein de syndicats libres et dans des organisations de défense de leurs droits de leur choix, d’emprisonner et de harceler judiciairement des centaines de militants syndicalistes et d’activistes civils défenseurs des droits des travailleurs et leurs familles. Or malgré toutes ces pressions et cette répression tout azimut, les conflits sociaux et des mouvements de grèves dures, les revendications et les protestations contre la systématisation des retards et des impayés de salaires (Un fait devenu récurrent en Iran) n’ont connu aucune pause depuis 2009.

    • Une immense majorité de la jeunesses Iranienne actuelle qui est largement présente dans ces toutes nouvelles manifs anti gouvernementales depuis cinq jours, n’a pas connu les heures les plus sinistres des purges de sanglantes de la contre révolution, réactionnaire, théocratique et fasciste de Khomeiny en 1979, les massacres de masse de dizaine de milliers prisonniers politiques de la fin des années 80, ou les horreurs de la guerre Iran-Irak que leurs parents et grands-parents avaient eu à subir .
  • Depuis la vague des contestations de Juin 2009 et les espoirs qu’elle avait suscité au sein de la population et de la jeunesse en particulier, ce régime a toujours cru qu’il les avait définitivement étouffés avec la terrible vague de répression qui l’avait précédée. Et qu’il pourrait éventuellement encore perdurer plusieurs décennies d’affilée avec l’aide de son appareil répressif, de ces coups de matraques, de ses peines d’emprisonnements arbitraires, et de ses condamnations à mort de masse.

Au vu de l’intensité des manifs actuelles et de la virulence des slogans qui y sont scandés. Ceux-ci sont bien plus radicaux ceux plus réformistes qu’on entendait dans les rues en Juin 2009, les slogans des manifestants de 2017-2018 demandent explicitement la fin du règne du « Guide Suprême » et de sa clique. Visiblement l’appareil et les courtisans du régime, Rouhani, Khamenei et ses gardes chiourmes des Pasdarans semblent de plus en plus dépassé par l’ampleur de cette colère populaire. Et n’ont toujours pas compris que cette nouvelle génération ne pourrait en supporter d’avantage qu’elle n’en peut plus des horreurs d’une dictature qui dure depuis plus de trente ans, et ne leur offre comme seules alternatives que celle d’étouffer dans des carcans moraux d’un autre âge, d’être obligé de se conformer aux diktats de vieillards réactionnaires gérants d’un système archaïque totalitaire complétement à bout de souffle, et pire encore celle de « d’être obligé d’être avec lui ou contre lui » ou se taire à jamais en étant obligé de s’exiler.

On comprend mieux pourquoi les « Appels au calme » du prétendu président « Réformateur » Hassan Rouhani et la propagande du régime sur une supposée et hypothétique

« Main d’un complot étranger qui serait derrière les fauteurs de troubles »

n’ai pas calmé cette vague de colère bien au contraire. D’ailleurs l’un des slogans le plus entendu dans les manifs de Mashhad à Téhéran en passant par Ahwaz ou Kermânchâh est lui aussi on ne peut plus révélateur « Réformistes, Principalistes-*2 votre jeu est maintenant terminé »

En cette nuit du 1er au 2 Janvier 2018, malgré les menaces de Rouhani qui a montré son vrai visage de faux « réformateur » mais vrai de pilier d’un système totalitaire et autocratique, malgré son changement de ton, précédés par les envois par la Vevak (La principale police politique) , le ministère de l’intérieur et celui des renseignement, de centaines de milliers de mails textos et messages SMS prévenant les Iraniens « Qu’ils le payeraient très cher s’ils descendaient à nouveau faire des troubles dans les rues » des manifs ont encore lieu dans plus d’une vingtaine de grandes localités du pays, y compris chose qui ne s’était même pas vu en 2009 dans des toutes petites villes de province, cette soirée du 2 au 3 Janvier 2018 encore des manifestant-e-s se battent courageusement en essuyant les tirs, les coups, les attaque des flics anti émeutes des SSF de la Naja Police et leurs unités de voltigeurs motocyclistes, appuyée par les charges en mode coups tordus des miliciens Bassidjis.

Les cibles des manifestants elles aussi sont révélatrices, ont été visé en priorité tous ce qui pouvait symboliser le pouvoir, des affiches de propagande à la gloire du « Guide suprême » ont été systématiquement taguées, déchirées et cramées, des tags exigeant le départ ou la fin de Khamenei sont peints sur tous les parcours des manifs, des centre religieux de quartier tenus et gérés par des Mollahs, des centre d’organisations caritatives du régime de la Fondation Khomeini , des centre d’interrogatoires de la police politique ;des annexes de mairie, de tribunaux, des locaux officiels et des officines de la milices Bassidji ont été attaqué puis incendiés.

Dans la ville de Doroud ou sont décédés deux jeunes manifestants, la population a lancé une opération ville morte avec commerces fermés qui a été largement suivie, des appels à se mettre en grève et a des sabotages commencent à tourner sur plusieurs réseaux sociaux. Et fait nouveau on a assisté ce soir 3 Janvier 2018 au retour des manifs des toits comme cela se faisait en 1979 et en 2009, des actions consistant à monter sur ceux-ci pour y crier et scander des slogans appelant à la fin du régime.


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