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Tunisie, dans tout le pays s’étend la révolte contre la misère

posté le 10/01/18 Mots-clés  luttes sociales  économie  solidarité 
    • La révolte gronde un peu partout en Tunisie. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues, sous le mot d’ordre

      « Qu’est-ce qu’on attend ? »

      , après l’entrée en vigueur au 1er janvier de la hausse de la TVA [1], une des nombreuses réformes d’un plan d’austérité. Ces dernières réformes viennent s’ajouter aux conditions de survie merdique et à une misère toujours plus dévastatrice.

De ce que rapporte la presse, la révolte se serait propagée comme une traînée de poudre ce lundi 9 janvier 2018, partout dans le pays. Saccages de bâtiments administratifs et de commissariats, pillages de magasins et affrontements avec les larbins du régime se sont poursuivis mardi soir.

Durant la soirée de lundi, et ce jusqu’à 4h du matin, des révoltes ont éclaté un peu partout dans le pays, que ce soit à Ettadhamen, Intilaka, La Mannouba, le Kef, Kasserine, Gafsa ou Kébili… des affrontements ont fait rage entre flics et émeutiers ce lundi.

Au lendemain de cette nuit agitée, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, khelifa Chibani a fait savoir que deux voitures administratives appartenant aux unités sécuritaires ont été incendiées, outre pillage du magasin général et actes de vandalisme à la cité d’El Intilaka et Ettadhamen, saccages des postes de police à El Battan relevant du gouvernorat de La Mannouba, pillage de la recette des finances à El Gtar (Gafsa), pillage de la fourrière municipale à la cité El Bassatine à Kasserine et vol de 34 motos, et attaque de deux agences bancaires.

Une importante quantité de tabac, et des aliments ont été également dérobés. Des documents dans plusieurs institutions publiques sont aussi partis en fumée. Le délégué d’El Mnihla, un agent de la garde nationale, deux policiers et un chef du district de sûreté nationale à Kasserine ont été pris pour cible et blessés, tout comme trois autres agents de sécurité à Tebourb, qui ont été attaqués à coups de cocktails Molotov et de pavés. Dans la soirée, un manifestant a été tué par les flics : iIl s’appelait Khomsi el-Yerfeni, il était chômeur, et selon plusieurs témoins, il serait mort après avoir été percuté intentionnellement par une voiture de police. Cette version est démentie par le ministère de l’Intérieur tunisien, qui parle lui dans un communiqué d’un décès par asphyxie pour cause d’asthme. En effet, des manifestants affirment qu’il serait décédé asphyxié par les gaz lacrymogènes.

Le mardi 9 janvier, la soirée a de nouveau été émaillée d’émeutes dans de nombreuses localités (à Jedaïda, dans le gouvernorat de La Manouba, ainsi qu’à Gafsa (sud), Tebourba, Kasserine et Jelma, localité proche de Sidi Bouzid, d’où était partie l’insurrection de 2010). Dans ce contexte insurrectionel et du fait que les émeutes se propagent, le gouvernement a fait appel à l’armée : flics et militaires sont désormais déployés en nombre devant les institutions publiques afin d’assurer leur protection. Mais cela n’a pa suffi : à Jedaïa, des émeutiers ont pris d’assaut la fourrière municipale pour y récupérer plusieurs motos confisquées par les autorités. Les autres véhicules se trouvant dans le même endroit ont tous été saccagés. Par ailleurs, d’autres manifestants ont tenté de bloquer la route nationale numéro 7.

à Gafsa, un pompier a été blessé au niveau de l’œil droit. Il a reçu de plein fouet une pierre, alors qu’il tentait de s’opposer à un sabotage incendiaire des flux : il tentait d’éteindre le feu qui a été mis dans plusieurs roues par des manifestants. Les roues en question étaient placées au niveau du passage à niveau entre les chemins de fer et la route nationale numéro 15 reliant Gafsa et Gabès. L’agent a aussitôt été transféré à l’hôpital régional Houcine Bouzaiene de Gafsa.

à Jelma, des insurgés ont attaqué le commissariat, en y mettant le feu.

à Sousse, des groupes de jeunes ont procédé au blocage du rond point de Sidi Abdelhamid et celui de Kouchet El Bilik. Le poste de police de Bouhsina a été pris pour cible avec des jets de pierres, tandis que d’autres émeutiers ont tenté de forcer l’entrée du centre commercial de Khezama, bien gardé par les forces de sécurité.

à Korba (gouvernorat de Nabeul), les forces de l’ordre ont été attaquées à coups de pierres, qui ont répliqué à grands renforts de lacrymo.

On signale, également, le début des hostilités à Testour, relevant du gouvernorat de Béja. De fait, l’accès à la route nationale numéro 5 a été complètement bloqué par les protestataires qui ont mis le feu à plusieurs roues. D’autres délégations de Béja ont aussi été le théâtre d’affrontements : à Nefza, la fourrière municipale a été prise d’assaut par des groupes de jeunes en colère qui ont réussi à reprendre ce qui leur avait été volé. Ils y ont ensuite mis le feu, pour ensuite forcer l’entrée de la recettes des finances et l’incendier. De plus, un poste de police avec des agents retenus à l’intérieur a été incendié.

à Yasminet (Ben Arous) et à Tunis, des insurgés ont pillé et saccagé un magasin "Carrefour Market" malgré les dispositifs policiers importants. à Yasminet, il y a aussi eu une tentative de forcer un dépôt de la douane.

D’après le sinistre-ministre de l’intérieur, 44 personnes ont été interpellées lors de cette deuxième nuit. Sur ces deux nuits de révoltes, 49 policiers ont été blessés et 206 personnes impliquées dans les émeutes ont été arrêtées à travers le pays.

Le pouvoir tunisien craint de voir la situation devenir incontrôlable.

Cette crainte est palpable : si le recours à l’armée nationale l’illustre parfaitement, il est important de mentionner le communiqué de presse du parti islamiste Ennahda qui, rappelons-le, est au pouvoir [2]. Dans un communiqué de presse publié mardi soir, le parti religieux dénonce « tout mouvement anarchiste » qui s’attaque à la propriété, à l’Etat et à ses larbins en uniforme. Il évoque notamment « l’obstination de quelques individus à semer l’anarchie » et « quelques actes décrits comme « gauchistes » à éviter impérativement ».

Pourvu que l’anarchie se répande…

Solidarité avec les insurgé-e-s !

Note :

[1] Ces hausses de prix ont notamment impacté les carburants, les services de téléphonie et d’accès à Internet…
[2] Depuis août 2016 et la formation du gouvernement de Youssef Chahed, du parti « Nidaa Tounes » (sociaux-libéraux), on compte trois ministres du parti Ennadha (aux ministères de l’emploi et de la formation professionnelle ; de l’industrie et du commerce et Technologies de l’information et de l’Économie numérique). Trois autres sont secrétaires d’Etat. Lors des dernières révoltes massives qui ont secoué le pouvoir tunisien, les locaux d’Ennahda ont été attaqués à plusieurs reprises partout dans le pays.


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