RSS articles
Français  |  Nederlands

Zeev Sternhell assimile le Likoud au pouvoir en Israël au nazisme à ses débuts

posté le 26/01/18 Mots-clés  répression / contrôle social  antifa  Peuples natifs 

Le politologue français Pascal Boniface est poursuivi depuis plus de quinze ans par la vindicte de la fine fleur du sionisme français pour avoir rédigé en 2001, à l’intention des instances du P.S. français auquel il appartenait alors, une note de réflexion dans laquelle il recommandait que les “socialistes” hexagonaux infléchissent en faveur des Palestiniens leur position – traditionnellement très pro-sioniste – concernant le conflit israélo-arabe. Boniface écrivait notamment :

« A miser sur son poids électoral pour permettre l’impunité du gouvernement israélien, la communauté juive est perdante là aussi à moyen terme. La communauté d’origine arabe et/ou musulmane s’organise, elle aussi, elle voudra faire contrepoids et, du moins en France, pèsera vite plus lourd si ce n’est déjà le cas. Il serait donc préférable pour chacun de faire respecter des principes universels et non pas le poids de chaque communauté. »

Furieux, les milieux sionistes se sont très vite emparés de ce paragraphe d’une note bien plus longue et nuancée, et n’ont pas hésité à l’amputer de sa dernière phrase, pour lui faire dire l’exact contraire de la position défendue par Pascal Boniface, l’accusant de vouloir imposer au sein du PS français une ligne pro-arabe au motif qu’il y a davantage d’électeurs “arabo-musulmans” que de Juifs.

Il argumentait “respect des principes universels”, on lui répondit “calcul électoraliste antisémite”. Le procédé du chantage à l’antisémitisme, qui depuis n’a fait que croître et embellir, est fort ancien.

A partir de ce moment, rien ne sera épargné à Pascal Boniface, et son obstination à répliquer avec des arguments plutôt qu’avec des injures – notamment lorsqu’il publia successivement « Est-il permis de critiquer Israël ? » (2003), « Les intellectuels faussaires – Le triomphe médiatique des experts en mensonge » (2011) ou encore « Les pompiers pyromanes – Des experts qui alimentent l’antisémitisme et l’islamophobie » (2016), livres dans lesquels il étrillait sévèrement des personnages toxiques comme Bernard-Henry Lévy ou Caroline Fourest – n’a fait qu’augmenter la rage de ceux qui l’avaient pris en grippe. Depuis lors, dit-il, « Israël-Palestine, c’est 10% de mon temps de travail, 95% de mes emmerdements ».

L’ancien premier ministre “socialiste” français Manuel Valls s’affiche désormais volontiers aux côtés de quelques uns des fascistes les plus répugnants du gouvernement israélien. Il n’a, il est vrai, que l’embarras du choix.

Boniface vient de salement aggraver son cas en publiant un livre de plus, simplement intitulé “Antisémite”, dans lequel il relate en détail les procédés, plus méprisables les uns que les autres, utilisés par les thuriféraires du sionisme, qui ont véritablement bouleversé sa vie personnelle, familiale et professionnelle, et ont bien failli avoir sa peau.

La palme revient sans doute à l’ancien premier ministre de François Hollande, Manuel Valls, sur la santé mentale de qui de plus en plus de gens s’interrogent récemment.

Boniface publie une lettre manuscrite de soutien que Vallslui adressa en 2003, et il rappelle qu’il accepta de siéger au conseil d’admi­nis­tration de l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques, que dirige P. Boniface) de 2007 à 2010 (soit donc bien après la fameuse note qui est à l’origine de toute l’affaire). Or, Valls, qui n’en finit plus de proclamer sa haine pour les défenseurs de la campagne BDS et son “lien éternel avec Israël” depuis qu’il a épousé une musicienne juive 1, décla­rait récemment : « Je considère que ce qu’écrit l’universitaire Pascal Boniface depuis des années pose un vrai problème. J’ai d’ailleurs saisi les ministres des Affaires étrangères et des Armées qui financent l’IRIS de ce sujet, même s’il ne parle pas au nom de l’IRIS ».

C’est fort à propos que Baudouin Loos, du journal Le Soir, rappelle que « le même[Manuel Valls], le 9 janvier 2016, alors aux affaires, pouvait dire que “expliquer le djihadisme, c’est déjà vouloir un peu l’excuser”, ce qui en dit surtout long… sur lui-même ».

Mais Valls n’est pas tout seul, hélas, et Boniface doit constater qu’un certain nombre de médias français préfèrent passer la sortie de son dernier livre sous silence, sous le prétexte drôlatique qu’il serait “trop polémique” (ce qui d’ordinaire ravit des médias crevotants qui ne vivent plus que du buzz qu’ils provoquent au besoin artificiellement).

Le problème, pour Valls et tous les autres défenseurs inconditionnels de la politique israélienne, c’est qu’il y a quand même des gens qu’il est plus difficile de taxer d’un antisémitisme imaginaire que d’autres.

Ainsi en va-t-il de l’historien israélien Zeev Sternhell, dont on peut sans doute dire bien des choses, mais certainement pas qu’il est antisémite ou anti-israélien. Ce rescapé de l’extermination nazie des ghettos juifs de Pologne et d’Ukraine, installé en Israël depuis 1951, fut lauréat en 2008 du “Prix Israël” pour ses travaux en sciences politiques, et il est membre de l’Académie israélienne des sciences et des lettres.

Sternhell est notamment l’auteur d’un monumental ouvrage (un bon millier de pages) érudit sur “L’idéologie fasciste en France”. L’émergence du fascisme est donc, à priori, un sujet qu’on ne peut pas l’accuser de ne pas maîtriser.

Or, il y a quelques jours, Zeev Sternhell a publié dans Haaretz une tribune libre en regard de laquelle les propos les plus critiques que Pascal Boniface a pu tenir à propos de la politique israélienne paraissent terriblement indulgents, puisque l’historien israélien ne craint pas de comparer le courant qui prend de plus en plus d’importance dans le gouvernement de Netanyahou au nazisme à ses débuts :

« Je me demande souvent comment les historiens interpréteront notre période dans 50 ou 100 ans. Quand, se demanderont-ils, les Israéliens ont-ils commencé à réaliser que l’État qui avait été établi pendant la Guerre d’Indépendance [de 1947-1948], sur les ruines de la communauté juive européenne et au prix du sang de combattants dont certains étaient des survivants de l’Holocauste, était devenu une véritable monstruosité pour ses habitants non-juifs 2. Quand certains Israéliens ont-ils compris que leur cruauté et leur capacité à intimider les autres, Palestiniens ou Africains, commençaient à éroder la légitimité morale de leur existence en tant qu’entité souveraine ?

La réponse, pourraient dire ces historiens, était ancrée dans les actions des membres de la Knesset tels que Miki Zohar et Bezalel Smotrich et dans les projets de loi proposés par le ministre de la Justice Ayelet Shaked. La loi de l’État-nation, qui semble avoir été formulée par les pires des ultranationalistes européens, n’était que le début.

Comme la gauche n’a pas protesté contre elle dans ses manifestations du boulevard Rothschild 3, elle a servi de premier clou du cercueil de l’ancien Israël, celui dont la déclaration d’indépen­dance restera comme un objet exposé dans une vitrine de musée. Cette relique archéologique enseignera aux gens ce qu’Israël aurait pu devenir si sa société ne s’était pas désintégrée sous l’effet de la dévastation morale provoquée par l’occupation et l’apartheid dans les territoires 4 [palestiniens occupés].

La gauche n’est plus capable de vaincre l’ultranationalisme toxique qui a évolué ici, semblable à celui dont la souche européenne a failli anéantir une majorité du peuple juif. Les interviews que Ravit Hecht, de Haaretz, a réalisées avec Smotrich et Zohar (3 décembre 2016 et 28 octobre 2017) devraient être largement diffusées dans tous les médias israéliens et dans le monde juif. Dans ces deux interviews, nous ne voyons pas seulement un fascisme israélien grandissant, mais un racisme semblable au nazisme à ses débuts 5. […]


posté le Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.