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Angela Davis : « S’engager dans une démarche d’intersectionnalité »

Vous militez depuis des décennies. Qu’est-ce qui vous fait continuer ?

Nous n’avons pas d’autre possibilité que de rester optimistes. L’optimisme est une nécessité absolue, même si ce n’est qu’un optimisme de la volonté, allié, comme disait Gramsci, au pessimisme de l’intelligence. Ce qui me fait continuer, ce sont les nouveaux modes de collectivité. Je ne sais pas si j’aurais survécu en l’absence de mouvements de résistance collective — de communautés de lutte. Quoi que je fasse, je m’y sens toujours directement reliée ; nous vivons dans une ère où il faut encourager le sens du collectif. Notamment parce que le néolibéralisme tente de forcer les gens à se penser uniquement en termes individuels et non collectifs. C’est dans la collectivité qu’on trouve des réservoirs d’espoir et d’optimisme.

Le racisme est un problème systémique, n’est-ce-pas ?

« C’est dans la collectivité qu’on trouve des réservoirs d’espoir et d’optimisme. »

Tout à fait. C’est un phénomène très complexe. Il y a des éléments structurels très importants dans le racisme et, bien souvent, ils ne sont pas pris en compte quand on débat de la fin du racisme ou du combat que l’on mène contre lui. Il y a aussi l’impact sur le psychisme — c’est là qu’intervient la persistance des stéréotypes : pendant des siècles, les Noirs ont été représentés comme des sous-hommes et des criminels. Ces systèmes de représentation sont visibles dans l’ensemble des modes de communication — et en particulier les médias ; ils façonnent en partie les interactions sociales et font donc perdurer les stéréotypes. La question qui se pose est de savoir pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu d’effort sérieux de compréhension de l’impact du racisme sur les institutions et les attitudes individuelles. Tant que nous ne pourrons pas répondre au racisme par une approche large de ce type, les stéréotypes perdureront.

En observant l’histoire des luttes antiracistes aux États-Unis, on constate qu’aucun changement notable n’est attribuable uniquement au pouvoir présidentiel, aussi progressiste qu’il ait voulu être. Toutes les évolutions passées résultent de mouvements de masse, depuis l’époque de l’esclavage jusqu’à la guerre de Sécession, dans laquelle c’est l’implication des Noirs qui a réellement déterminé l’issue du conflit. On croit qu’Abraham Lincoln y a campé le rôle principal : il a aidé à la cause mais le changement vient de ces esclaves, femmes et hommes — et le rôle des femmes n’est pas reconnu — qui ont décidé eux-mêmes de s’émanciper et de rejoindre l’armée de l’Union. Sans parler du mouvement abolitionniste. Lors du mouvement de lutte pour les droits civiques, on constate que ce sont ces mouvements qui ont poussé les gouvernements à agir. Je ne vois pas pourquoi les choses seraient différentes aujourd’hui. Les mouvements ont besoin de temps pour se développer et mûrir. Ils ne se produisent pas spontanément. Ils apparaissent comme le résultat d’un dur travail d’organisation, qui s’effectue la plupart du temps en coulisses. Je dirais que ces 20 dernières années, il y a eu un effort permanent d’organisation des luttes contre les violences policières, le racisme, contre les prisons et le complexe carcéral industriel. La conscience politique est bien plus élevée dans nombre de communautés que ce qu’on croit. Il y a une compréhension populaire des liens entre les violences policières racistes et les questions systémiques. Le complexe carcéral industriel n’est pas sans points communs avec le système des prisons secrètes et de la torture, utilisés par la CIA, comme cela a été révélé1. Les bases existent pour construire un mouvement, mais, en l’état, je ne dirais pas qu’il en existe un qui soit organisé.

Quelles leçons, en la matière, avons-nous tiré des années 1960 et 1970 ?

Nous avons appris dans ces années-là que les mouvements de masse peuvent provoquer des changements systémiques. Si l’on considère toutes les lois devenues effectives, le Civil Rights Acts, par exemple, ou le Voting Rights Act, on voit bien que tout cela ne découle pas d’un président qui aurait pris des mesures extraordinaires. C’est un aboutissement porté par des gens qui ont lutté et manifesté. Je me souviens qu’en 1963, durant la période de lutte pour les droits civiques, avant la Marche sur Washington, il y a eu une croisade des enfants à Birmingham, en Alabama. Les enfants s’étaient organisés pour faire face aux puissants canons à eau et à la police de Bull Connor. Il y a bien sûr eu des opposants à cette manifestation — même Malcolm X estimait qu’il n’était pas opportun que des enfants soient confrontés à un tel danger —, mais ces derniers voulaient participer. Et ces images d’enfants faisant face aux chiens et aux canons à eau ont fait le tour du monde ; cela a contribué à ce qu’une conscience globale émerge sur la brutalité du racisme. Cela a constitué une avancée extraordinaire. On oublie souvent le rôle qu’ont joué les plus jeunes pour briser le silence masquant le racisme. Mais ce n’est pas, en définitive, le type de changement dont nous avons réellement besoin : nous n’avons toujours pas assisté à la transformation économique et à d’autres changements structurels nécessaires pour commencer à éradiquer le racisme.

Comment les mouvements populaires peuvent-ils faire pression sur les politiciens les plus hostiles ?

« Sous de nombreux aspects, la lutte des Noirs aux États-Unis sert d’emblème à toutes les luttes pour la liberté. »

Lyndon B. Johnson, le président de l’époque, était l’un de ces hommes politiques complètement hostiles : il fermait les yeux sur le racisme. C’est pourtant sous son gouvernement que des lois importantes ont été votées. Les mouvements peuvent donc forcer des politiciens hostiles à prendre des mesures. Prenons l’exemple de l’Afrique du Sud : qui aurait pu penser que de Klerk aurait pris la position qu’il a finalement adoptée ? Ce résultat a été le fait des mouvements au sein du pays, soutenus par le mouvement sud-africain hors du pays et par une campagne de solidarité internationale.

Vous avez fait allusion un jour au fait que l’élection d’Obama a pu, d’une certaine manière, représenter un obstacle en la matière…

Il faut dorénavant envisager la politique des Noirs dans un sens plus large. On ne peut pas la penser aujourd’hui de la même manière qu’on le faisait auparavant. Sous de nombreux aspects, la lutte des Noirs aux États-Unis sert d’emblème à toutes les luttes pour la liberté. Dès lors, dans la sphère politique ayant trait à la question noire, je dois également inclure les luttes de genre ou celles contre la répression de l’immigration. Je trouve qu’il est important de se référer à ce que l’on nomme souvent la « tradition radicale noire ». Elle est liée non seulement aux Noirs, mais à tous ceux qui luttent pour la liberté. Il faut donc considérer dans cette optique le futur comme ouvert. Il est évident que la liberté des Noirs, dans un sens restreint, n’a pas encore été conquise — compte tenu notamment du fait qu’une très large part de cette communauté est plongée dans la pauvreté, qu’un nombre incroyablement disproportionné de Noirs est en prison, pris dans les mailles du complexe carcéral industriel… Mais il faut aussi prendre en compte la population latino et la population indigène, les Américains d’origine. Il nous faut voir la manière dont le racisme antimusulman a prospéré en se fondant sur le racisme antinoir. Tout est beaucoup plus compliqué aujourd’hui : je ne dirai jamais qu’il faut envisager uniquement la libération des Noirs — notamment au vu de l’émergence d’une classe moyenne noire ! Obama est emblématique de cette ascension des individus noirs, non seulement en politique, mais aussi dans les hiérarchies économiques. Et cela ne va pas nécessairement transformer les conditions de vie de la majorité des Noirs.

En Afrique du Sud, l’ascension d’un secteur noir de la population, très puissant et très riche — une bourgeoisie noire, si vous voulez —, n’a jamais vraiment été prise en compte. La possibilité d’une telle ascension n’a pas été envisagée, en tout cas pas publiquement, pendant la période de lutte contre l’apartheid. On pensait qu’une fois que les Noirs auraient conquis le pouvoir économique et politique, la liberté économique serait alors instaurée pour tous : on voit que ce n’est pas nécessairement le cas… On retrouve la même situation aux États-Unis. Je me suis par ailleurs fréquemment rendue au Brésil ces derniers temps, et ce pays est à la veille d’avancées majeures en ce qui concerne le racisme. Ils ont l’opportunité de choisir de suivre l’exemple des États-Unis ou de l’Afrique du Sud, ou bien d’opter pour une voie qui prenne davantage en compte le facteur économique. Un élément que l’on peut observer dans la période récente, et que je trouve extrêmement important, est le développement de campagnes de solidarité qui ont fait converger différentes luttes. Les Palestiniens, qui se sont inspirés des luttes des Noirs aux États-Unis, devraient en retour les inspirer dans la poursuite de leur lutte pour la liberté. Et peut-être les Palestiniens peuvent-ils prendre conscience des problèmes inhérents au fait d’estimer que l’accession d’individus noirs au pouvoir peut tout changer. Ce qui va mener les Palestiniens à la liberté sera autrement plus compliqué que l’accession à l’argent.

Que peuvent apporter au mouvement de libération palestinien le féminisme noir et la lutte des Noirs ?

« La question palestinienne est de plus en plus présente dès lors qu’il est question, plus largement, de justice sociale. »

Je ne crois pas que j’exprimerais cela ainsi, parce que je pense que la solidarité implique toujours une sorte de mise en commun. Aux États-Unis, on a tendance à se croire les meilleurs en tout : cette position de donneur de leçons vis-à-vis de tous ceux qui luttent de par le monde ne me convient pas. Je crois au partage des expériences. Les avancées du féminisme noir, tout comme celles des féminismes des femmes de couleur, peuvent proposer des idées, des expériences et des analyses aux Palestiniens. Et, réciproquement, ces féminismes ont à apprendre de la lutte des Palestiniens et des féministes palestiniennes. Je songe par exemple à la notion d’intersectionnalité qui a caractérisé ces types de féminisme, selon laquelle on ne peut pas simplement considérer le genre comme isolé de la race, de la classe, de la sexualité, de la nationalité, des capacités, de toute une variété de questions. Les Palestiniens, ou les personnes impliquées dans la lutte palestinienne, ont donné de cela une expression qui a contribué à ce qu’aux États-Unis, les gens donnent à la notion d’intersectionnalité une acception plus large.

En quoi la lutte pour la Palestine a-t-elle changé au cours des dernières années ?

Des changements vraiment importants se sont produits. La question de la liberté palestinienne a été marginalisée bien trop longtemps ; c’est ainsi que bien des gens aux États-Unis sont considérés comme progressistes… sauf en ce qui concerne la Palestine. Je reprends le terme de la militante Rebecca Vilkomerson, qui parle des « PEP » pour désigner les progressistes à l’exception de la Palestine [Progressive Except Palestine, ndlr]. Aujourd’hui cela change. L’impact du sionisme, jusqu’ici envahissant, perd de sa force. Sur tous les campus universitaires, l’organisation des Students for Justice in Palestine connaît un réel essor : elle rassemble aujourd’hui un grand nombre de personnes qui ne sont pas forcément des Palestiniens, des Arabes ou des musulmans, et qui en sont devenus des membres actifs. Le sujet palestinien est de plus en plus présent dès lors qu’il est question, plus largement, de justice sociale. Selon ma propre expérience, je devais toujours m’attendre à des résistances ou des oppositions lorsque j’abordais ce sujet auparavant : il est désormais de plus en plus admis. C’est lié à ce qui se passe en Palestine même, à l’essor du mouvement de solidarité avec la Palestine dans le monde, et pas seulement aux États-Unis. Ici, c’est lié en particulier au nombre croissant de gens qui s’associent aux mouvements noir, amérindien et latino, et qui ont incorporé la Palestine dans leurs plateformes de revendication. J’ai parlé aux manifestants de Ferguson des tweets des militants palestiniens qui donnaient des conseils sur la façon de gérer cela ! La connexion directe que facilitent les réseaux sociaux a également joué un rôle.

Comment les étudiants envisagent-ils leurs relations avec le monde extérieur, surtout depuis que les universités sont devenues des institutions d’élite ? L’université de Californie à Los Angeles (UCLA) en fournit un bon exemple…

Certainement ! L’UCLA a historiquement été le centre de tout un ensemble de luttes liées à la communauté, au sens large du terme. Mon propre combat s’y est mené ! Mais aujourd’hui, les oppositions étudiantes qui contestent les frontières de l’université, et la tentative d’en faire un bastion de l’élitisme néolibéral, sont extrêmement importants. Dans le cas de l’organisation Students for Justice in Palestine, le fait d’associer les campus de tout le pays à la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) n’a pas seulement renforcé le mouvement BDS, cela a permis aux étudiants de remettre en cause la privatisation des prisons. Et, sur de nombreux campus ayant lutté contre les entreprises qui profitent de l’occupation de la Palestine, les luttes ont également ciblé les entreprises profitant de la privatisation des prisons. Ces deux questions sont, sur de nombreux points, intimement associées — et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

En quoi le mouvement pour la cause palestinienne est-il similaire, ou différent, de celui qui s’opposait autrefois à l’apartheid ?

« Plus personne, au sein du mouvement antiraciste, ne peut avancer qu’il est possible de remporter la victoire tant que la manière dont interviennent le genre, la sexualité, la classe et la nationalité n’est pas pris en considération. »

Il y a beaucoup de similarités entre les deux. La campagne BDS a choisi de suivre la voie tracée par la lutte anti-apartheid, dans une perspective de solidarité plus globale, via la méthode du boycott de masse. La différence réside dans l’existence d’un lobby sioniste puissant. Il y avait évidemment à l’époque l’influence d’un puissant lobby pro-apartheid, mais pas celle du lobby sioniste, dont l’emprise s’étend jusqu’aux églises noires : l’État d’Israël a déployé des efforts significatifs pour recruter des représentants noirs. J’ignore s’il y eut le même niveau de sophistication à l’époque du mouvement anti-apartheid.

Il ne fait pas de doute que l’État d’Israël a appris de ce mouvement. Mais, en même temps, je ne pense pas qu’on ait jamais vu, au niveau de la base, une affinité avec la lutte en Palestine telle qu’elle existe aujourd’hui dans les groupes militants. J’ai eu l’occasion de participer à une table ronde lors de la conférence de l’Association nationale d’études des femmes, la NWSA. Cette dernière n’avait jamais pris position sur la question palestinienne : lors d’une grande plénière rassemblant peut-être 2 500 personnes, durant un débat sur la Palestine, quelqu’un a demandé que l’on vote publiquement l’adoption par la NWSA d’une position forte de soutien à la campagne BDS. Quasiment tout le monde s’est levé. C’est complètement nouveau. Il y avait peut-être 10 ou 20 personnes qui sont restées assises — les applaudissements duraient, et ça a été une expérience très exaltante. Il faut constamment faire des connexions : lorsque nous luttons contre la violence raciste, que ce soit à Ferguson, pour Michael Brown ou Eric Garner à New York, nous ne devons pas oublier ce qui nous relie à la Palestine. Il faut s’engager dans une démarche d’intersectionnalité à plusieurs niveaux. Il faut toujours mettre l’accent là-dessus pour que les gens se rappellent que rien n’arrive de manière complétement isolée ; quand on voit la police réprimer une manifestation à Ferguson, il faut aussi penser à la police et à l’armée israélienne réprimant les manifestations dans les Territoires occupés.

Quel est le plus grand succès en matière de féminisme que vous avez pu observer au cours de votre vie ?

Tous les mouvements, y compris féministes, sont à leur apogée dès lors qu’ils commencent à affecter la vision et la perspective de ceux qui ne leur étaient pas nécessairement associés. Les féministes radicales, ou les féministes antiracistes radicales, sont importantes parce qu’elles ont influencé la manière dont on pense aujourd’hui les luttes en faveur de la justice sociale — surtout chez les jeunes. Plus personne, au sein du mouvement antiraciste, ne peut avancer qu’il est possible de remporter la victoire tant que la manière dont interviennent le genre, la sexualité, la classe et la nationalité n’est pas pris en considération dans les luttes antiracistes. Autrefois, les luttes pour la liberté étaient perçues comme étant des luttes masculines. La liberté pour les Noirs était réduite à la liberté de l’homme noir — il suffit de voir des figures comme Malcolm X, et bien d’autres. Mais ce n’est plus possible aujourd’hui. D’ailleurs, le féminisme n’est pas une manière de voir que seules les femmes devraient adopter : cela doit, de plus en plus, être la manière de voir adoptée par tous les genres. La tradition radicale noire doit désormais s’engager dans les luttes contre le racisme antimusulman : sans doute le racisme aujourd’hui le plus virulent.

Texte inédit en français, traduit de l’anglais par Jean Ganesh, pour Ballast, en collaboration avec Frank Barat, coauteur, avec Angela Davis, de Freedom Is a Constant Struggle : Ferguson, Palestine, and the Foundations of a Movement (Haymarket Books, 2015)

REBONDS

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NOTES

1. Voir, par exemple, ce rapport d’Amnesty international.


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