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Cohn Bendit, Castro, July… Ces anciens de mai 68 qui marchent avec Macron

posté le 10/04/18 Mots-clés  médias  répression / contrôle social  antifa 

Cinquante ans après mai 68, les anciens leaders de la contestation se retrouvent du côté d’Emmanuel Macron et ne sont pas allés manifester ce jeudi.

Ils marchent toujours les soixante huitards. Mais dans les allées du pouvoir, et non pas dans les rues. Daniel Cohn Bendit, Roland Castro, Alain Geismar, Romain Goupil, Serge July, qui furent des agitateurs de mai 68 ne sont pas allés manifester ce 22 mars 2018 avec les cheminots et les fonctionnaires en colère. Les « enragés » d’hier se sont engagés pour Macron, et ne le regrettent pas. Ils pensent être restés fidèles à leurs rêves, en particulier européen, et s’ils n’ont plus l’âge, ni l’envie, de battre le pavé ou de le lancer, il ne leur en arrive pas moins d’inciter les marcheurs macronistes à presser le pas, en reprenant le slogan d’autrefois « cours camarade, le vieux monde est derrière toi ! »

Ils ont perdu des cheveux, et des illusions sans doute. Sur leurs visages pèlerinent les rides, comme des cicatrices souvenirs des combats perdus. L’après mai 68 n’a pas toujours été une fête. Les conquêtes sociales comme spirituelles d’il y a cinquante ans ont souvent été battues en brèche. On ne tire pas impunément sur les moustaches du tigre capitaliste. Certains de leurs camarades en sont morts de désespoir. Eux ont continué leurs combats, chacun dans son secteur, s’attirant le respect et les jalousies ; mais jamais démissionnaires ni fatigués. Ni soucieux d’être décorés.

Et tous se sont retrouvés, non sans disputailles avec leurs proches parfois, pour voter Emmanuel Macron. Afin d’éviter la peste et le choléra : François Fillon et son programme reaganien, Marine le Pen, l’extrême droite xénophobe. C’était « Macron ou le chaos », comme l’écrivait l’architecte des banlieues, Roland Castro, ex-UEC, ex maoiste mais toujours « évolutionaire » et macroniste au nom "de l’utopie concrète". Pas question de Mélenchon, « c’était le stalinisme, le vieux parti communiste », selon Alain Geismar, l’ancien leader du Snesup.

Le plus en pointe fut sans aucun doute « Dany le Rouge », passé au Vert, puis à un farouche engagement en faveur de l’Europe. « Or il n’y avait qu’un seul candidat européen, c’était lui », relevait-il. Macron avait rallumé les étoiles, ce qui faisait briller aussi les yeux du cinéaste Romain Goupil. Complice et ami de Cohn Bendit, l’ex trotskyste, et animateur des comités d’action lycéens au temps du « joli mois de mai » affirme qu’il se serait ainsi adressé au président « à nous deux, on a 140 années d’expérience en agitations sans avoir fait l’ENA. On est les meilleurs conseillers parce qu’on a tout foiré ». Peut-être se vante-t-il un peu, parce que d’autres plus capés ont plus raté encore. Mais cette vieille garde autrefois rouge a de la gueule, même cassée…


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