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Yves Calvi et Pascal Praud en lutte contre la “zadisation” des esprits

posté le 21/04/18 Mots-clés  luttes sociales  médias  répression / contrôle social  alternatives 

Enfin ! La fac de Tolbiac a enfin été évacuée de ces agitateurs professionnels en pyjama et en voie de zadisation.

« Aux quatre coins du pays, c’est le désordre républicain qui règne, se désole Yves Calvi mardi dernier. De Notre-Dame-des-Landes aux facultés, celle de Tolbiac étant déjà transformée en véritable ZAD. » Quoi ? Une ZAD à Tolbiac ? « Jusqu’à quand ? Emmanuel Macron fait preuve de beaucoup d’autorité en paroles mais cette fois, on va pouvoir juger de sa crédibilité effective. » Va-t-il enfin faire donner la troupe ?

« Lors des assemblées générales, explique Yves Calvi, les partisans du mouvement sont majoritaires mais, dans les faits, ils ne représentent qu’une petite partie des étudiants inscrits. Où sont passés les autres ? » Des reporters sont partis à leur recherche. « C’est jour d’AG à Nanterre. Une assemblée démocratique, en apparence. » Il ne faut pas s’y fier. « A quelques minutes du vote, des étudiants hostiles à la grève viennent se plaindre à la tribune. » L’un d’eux confie à la caméra : « Les personnes qui votent ne sont pas étudiants à Nanterre, y a des cheminots, des gens de la CGT. » Sans parler des zadistes. « Cette AG est totalement illégitime et non démocratique. » Elle est organisée par les « futurs khmers rouges » repérés par Romain Goupil.

« Qu’importe, le vote est maintenu, regrette le reporter. Une situation qui inquiète les présidents d’université qui en appellent aux forces de l’ordre. » Suit un extrait de l’interview de Georges Haddad, président de Paris I, sur CNews, autre chaîne du groupe Canal+. « Il y a parmi les occupants ce que je qualifierai de bandits qui n’attendent que le moment opportun pour dévaliser le centre. » Et emporter leur magot à Notre-Dame-des-Landes. « Sur ces images, prises ce week-end, une rave-party est organisée dans l’université. » C’est l’orgie.

Yves Calvi interroge le président de l’université de Strasbourg en duplex. « De fait, l’ordre républicain ne peut pas régner ? » « L’ordre est la condition de la liberté, professe le président Deneken. Ils disent : “Nous bloquons pour libérer”. Moi, je dis que ceux qui bloquent l’université bloquent l’ascenseur social. » « Je partage entièrement cette analyse, réagit Dominique Reynié en plateau. Les étudiants, ça coûte de l’argent aux familles, les familles font des efforts. » « En tout cas, les familles les plus modestes », précise Yves Calvi, toujours soucieux du sort des humbles. Dominique Reynié poursuit : « C’est la grande tradition de l’université ouverte à tous, c’est la partie la plus populaire, la plus républicaine ! » Celle que les contestataires défendent, non ?

« Quand on regarde ce qui se passe, c’est fascinant, ces reportages, juge Dominique Reynié. C’est une ultra-minorité qui est en voie de zadisation. » Non ? Il va falloir ouvrir des centres de dézadisation. « C’est une zadisation de minorités hyper-actives, violentes, c’est la négation de tous nos principes. » « Est-ce que le président de la République va enfin prendre des mesures ?, s’impatiente Yves Calvi. Il va y passer, au maintien de l’ordre ? Parce que c’est ça la vraie question. » « Il va être obligé de le faire », le rassure Carl Meeus. L’éditorialiste du Figaro rappelle que les étudiants, comme les cheminots, « font grève pour des réformes qui ne les concernent pas » et que « le système qu’il y avait avant, c’était le tirage au sort ». Qui frappait 99 % des candidats à l’université. « Par rapport au calvaire de l’an dernier, on imagine que ce sera une amélioration », anticipe Yves Calvi.

« On a deux journalistes du Figaro magazine qui se sont infiltrés pendant quelques jours à Tolbiac, révèle Carl Meeus. On est très loin des revendications contre ParcourSup. Il y a des cours proposés, c’est “l’histoire coloniale du maintien de l’ordre”, “les défis de la lutte queer”, je ne sais même pas ce que ça veut dire. » Sans doute un truc sexuel, il paraît que c’est aussi l’orgie dans les amphis.

Un reportage à l’intérieur de Tolbiac montre l’organisation plutôt bon enfant d’« une fac autogérée », Yves Calvi nuance aussitôt : « Cette réalité existe il n’y a aucun doute mais le président de la fac parle de violence, de drogue, de sexe. » J’ai même repéré, près d’un lupanar filmé par les reporters, la présence d’une canette d’Orangina.
Yves Calvi désespère : « Le maintien de l’ordre dans une faculté, comme sur une ZAD, ce n’est pas facile. » « C’est pas facile mais c’est pas pareil », note Denis Jacob, policier et représentant syndical CFDT. Les blindés ont du mal à rentrer dans les ascenseurs de Tolbiac. Toutefois, dans les deux cas, on a affaire à « un genre de mouvement particulièrement radicalisé ». Zadisé. Avec « des anarchistes, des perturbateurs particulièrement violents ».

Le syndicaliste relaie la lassitude des gendarmes à Notre-Dame-des-Landes. « Il y a une lassitude parce qu’il y a une tergiversation. On ne peut pas dire “On expulse et on envoie les gendarmes pour dégager tout le monde” et après dire “On vous donne un délai supplémentaire jusqu’au 23 avril”. » « Entre-temps, déplore Yves Calvi, vos confrères sont des punching balls, ils attendent en se faisant cracher dessus, en prenant des boulons. » Tout en restant cois : « Et avec des consignes de ne pas utiliser de manière excessive la force, assure le policier. Vous l’avez vu à Notre-Dame-des-Landes, on a principalement utilisé des gaz lacrymogènes. » Et très parcimonieusement : seulement 11 000 grenades tirées (selon les zadistes). « Et on n’a pas utilisé tous les moyens en terme de maintien de l’ordre plus fort. » Chars Leclerc, Rafale, sans parler des missiles qui ont fait des merveilles en Syrie…
Carl Meeus livre une nouvelle révélation obtenue grâce aux taupes du Figaro à Tolbiac. « Nos journalistes ont rencontré un quinqa qui avait fait Nuit debout [beurk], qui avait fait Notre-Dame-des-Landes [argh], et là il a pris quinze jours de RTT pour participer au blocage de Tolbiac. » Maudites RTT. Tout ça, c’est la faute des 35 heures qui ont détruit la valeur travail.

« Est-ce que la situation à Tolbiac vous fait peur ? », demande Yves Calvi au président de l’université de Strasbourg. Ce dernier dénonce le « tirage au sort » qui n’est « pas démocratique » et le fait que « moins d’1 % d’étudiants qui viennent d’un bac professionnel réussissent à l’université ». Le plus simple serait de leur en interdire l’accès. « Les gens qui sont contre la réforme veulent que perdure un système injuste. » Ouvert aux bacs pros. « Il est faux de parler de sélection, c’est l’inverse. » Sauf pour les bacs pros.

Yves Calvi fustige les « motifs motifs politiques que l’on connaît » mais aussi, chez les zadisés, « des revendications d’extrême gauche, c’est nouveau ? » « C’est une nouveauté, le processus de zadisation, confirme Dominique Reynié, puisque la première ZAD remonte à 2007. » Du coup, les étudiants de Mai 68 ne risquaient pas la zadisation. Le zadistologue décrit les mœurs dépravées de Tolbiac : « Ils dorment peu, ils sont surexcités, ils doivent picoler, ils font un peu la fête… » C’est l’orgie permanente. « A un moment donné, les esprits ne seront plus clairs du tout. » Surtout avec des cours sur les luttes queer. « Sans police, c’est l’anarchie, et c’est ce qu’ils veulent, certifie le policier. En cassant tout, en dégradant tout. »
Yves Calvi enchaîne avec un reportage sur la visite à Notre-Dame-des-Landes d’Edouard Philippe, à qui un gendarme explique : « On utilise les grenades F4, explosives, assourdissantes et lacrymogènes. » De leur vrai nom « GLI F4 », ce sont des « grenades à effet combiné » qui, contrairement à ce que prétend le policier sur le plateau d’Yves Calvi, ne sont pas seulement « lacrymogènes » : elles contiennent 25 grammes de Tolite (TNT). Mais le gendarme du reportage me rassure : « C’est une sorte de gros pétard. » De fête foraine. En fait, Notre-Dame-des-Landes, c’est la Foire du Trône dans le bocage.

En plateau, le policier s’afflige. « Ça fait des jours et des jours que les collègues sont là-bas et attendent d’intervenir. » Pour l’intant, ils n’ont tiré que 11 000 grenades, détruit même pas quelques dizaines d’habitations et blessé moins de 300 personnes. Ça ne compte pas : « Pour l’instant, ils ne sont pas intervenus en tant que tels, confirme Yves Calvi. En tout cas au maximum de leurs capacités de faire régner l’ordre. Ils retiennent leurs coups de matraque, pour dire les choses simplement. » On en a même surpris certains qui effectuaient des tirs tendus de ballons de baudruche en forme de cœur.

« On veut éviter tout blessé », résume le policier. « On est dans un régime démocratique qui prend soin des personnes, appuie Dominique Reynié. On n’est pas dans un régime dictatorial, sinon ce serait pas difficile, on les sortirait très vite. » C’est peut-être ça qu’il nous faudrait, alors : un régime dictatorial. Pour Carl Meeus, « c’est le syndrome de Sivens. Les forces de l’ordre veulent éviter un accident ». Pauvres policiers, terrassés par le syndrome de Sivens…

Les manifs du jeudi suivant ont dû rassurer Yves Calvi et les partisans de l’ordre républicain. « La journée n’est pas réussie pour les syndicats », annonce Thomas Misrachi sur BFMTV. « Les chiffres sont très décevants », confirme l’expert politique, Thierry Arnaud. Le présentateur résume : « Beaucoup de grogne mais beaucoup de petites grognes. » Grrr. « Pourquoi ça n’a pas marché ? » Ruth Elkrief explique que seule la CGT et Solidaires ont mobilisé : « Dans la bataille intersyndicale, c’est la volonté pour la CGT de se montrer en pointe dans les luttes parce qu’à la fin de l’année, il y a des élections syndicales. » Ah oui, j’ai failli oublier un fait pourtant établi (par tous les éditorialistes) : la contestation actuelle a pour seule origine l’électoralisme de la CGT.

« Est-ce que le mouvement s’essouffle ? », demande Thomas Misrachi. Certainement, puisque CNews posait déjà la question une semaine avant. « C’est une juxtaposition de petits mouvements qui s’essoufflent, confirme Eric Brunet. Pour des raisons de sens, et on doit s’en féliciter. Avec ParcourSup, on parle de sélection à l’entrée des universités. Quand on regarde d’un peu plus près, on se rend compte qu’y pas tellement voire presque pas du tout de sélection. » C’est même « l’inverse », selon le président de l’université de Strasbourg.
« Quand on entend la CGT parler de privatisation de la SNCF, au début on est ému et puis quand on regarde les choses d’un peu plus près, on se rend compte qu’il n’est pas question de privatisation. Quant aux zadistes, elle est préservée, leur zone humide, puisqu’on ne construit pas d’aéroport ! » Les contestataires feraient mieux d’adopter la méthode d’Eric Brunet : « regarder les choses d’un peu plus près » pour « se rendre compte » de la réalité.

« La raison s’est emparée de la société française », résume Eric Brunet. La raison des éditorialistes. « Il y a eu une contamination virale de mots excessifs, on parlait de “Macron l’autocrate”… et le soufflet est retombé, ça a fait pschitt, la société est en train de retrouver la raison. » Et de calmer ses pulsions irrationnelles. Thierry Arnaud ajoute que la mobilisation « pas très forte » peut « conforter » le gouvernement, « outre le fait que ses réformes sont majoritairement soutenues par les Français ». Ah oui, j’ai failli oublier, je soutiens majoritairement les réformes.
Thomas Misrachi enchaîne. « Ce que l’on va vous faire vivre maintenant ce sont des coulisses, celles de la visite d’Emmanuel Macron dans les Vosges. » Chouette, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas parlé de notre président. « Agathe Lambret, vous avez suivi le président pendant trois jours, un président qui est resté droit dans ses bottes. » « Il y avait un parfum de campagne », révèle la journaliste. Dans les Vosges ? Je croyais que ça sentait le sapin. « Comme si Emmanuel Macron avait voulu retrouver, un an après, cette osmose avec le peuple qui lui manque dans un contexte de fronde sociale. » J’en ai encore la nostalgie. Elle était si belle, cette osmose. Une véritable communion avec le peuple tout entier subjugué par sa munificence.

« Il est venu présenter son plan “cœur de ville” mais on avait surtout le sentiment que c’était gratuit. » Il n’a pas fait payer pour avoir le droit de l’approcher ? Quelle bonté ! « Ça ressemble à quoi, ça se passe comment, Emmanuel Macron sur le terrain ? », demande Thomas Misrachi. « En un mot, c’est un séducteur, Emmanuel Macron. » Non ? « Que vous soyez journaliste ou badaud, il vous regarde droit dans les yeux, il ne vous lâche plus, il vous touche et il a une très bonne mémoire visuelle, il se rappelle de vous. On l’a entendu dire à des passants : “Ah mais je vous ai vu tout à l’heure”, “je vous ai vu hier.” Vous imaginez l’effet que ça vous fait quand un président de la République vous dit ça… » On en est tout séduit, comme n’importe quel reporter de BFMTV.
En outre, c’est « un séducteur qui prend son temps. On a l’impression que le temps est suspendu avec Emmanuel Macron ». Ça alors ! Notre président est capable d’arrêter le temps. « Il est maître dans l’art de retourner les situations. » Le présentateur salue un « déplacement de trois jours » par opposition aux « visites éclair de Nicolas Sarkozy, qui n’aimait pas dormir loin de chez lui. Et puis il allait voir ses militants, c’était pas des déplacements, ce n’était pas des immersions dans les territoires à la rencontre de tous les Français. » Seul Emmanuel Macron a mis en place une véritable démocratie directe.

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