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Autopsie d’un complot : L’Iran de Darius dans la tourmente

posté le 23/04/18 Mots-clés  médias  antifa 

La fin de l’année 2017 a été vue comme du pain béni par tout ceux qui voulaient offrir un « printemps à l’Iran ». En boucle avec une rare concertation les médias occidentaux ont mobilisé tout ce qu’ils avaient de porte voix de l’opposition iranienne et plusieurs analystes auto-proclamés avaient prédit la fin du régime des Mollahs Même les médias arabes par lâcheté et aplat-ventrisme habituels ont rapporté pour la plupart sans aucune critique toute la logorrhée occidentale et celle des pays du Golfe avec comme ténor l’Arabie saoudite

Qu’en est- il exactement de cette ébullition ? La situation économique

Est-ce à dire qu’il ne s’est rien passé ? Circulez y a rien à voir ? Que tout va bien en Iran ? Non ! mille fois non L’une des gangrènes la plus connue et qui mine les sociétés humaines est la corruption. De fait il n’y a pas de personnes incorruptibles. On prête à Kissinger : la boutade suivante : Chaque homme a son prix. Dans les pays occidentaux la corruption est aussi active mais elle est en règle générale bridée et réprimée Cependant dans la plupart des arabes et musulmans la corruption est un sport national elle sévit en toute impunité ! S’agissant de l’Iran elle ne fait pas exception, on accuse souvent les commerçants du bazar de tenir l’essentiel du pouvoir. Pour rappel ces effervescences dues à des mesures de rigueur budgétaires sont courantes et touchent les classes vulnérables amis aussi celles du bazar

Alain Gresh rapporte qu’en 2009, le président Ahmadinjad a eu affaire à eux. Nous lisons : « Malgré quelques concessions consenties par le pouvoir, la grève du bazar s’est durcie ce dimanche 12 octobre. Comme l’explique un article de Delphine Minoui dans Le Figaro du 9 octobre : « La grève trouve, en fait, son origine dans le très contesté plan de réformes économiques du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, qui vise à sortir l’Iran de sa dépendance vis-à-vis des ressources pétrolières (elles constituent aujourd’hui 90 % des recettes d’exportation du pays). » Ce plan, annoncé fin juin, prévoit, outre une réduction de nombreuses subventions (essence, électricité, gaz), la création d’une taxe sur la valeur ajoutée de 3% Si les commerçants du bazar ne se réveillent qu’aujourd’hui, c’est parce qu’ils se sentent touchés de plein fouet par la création de la TVA, qui n’a jamais existé en République islamique. Politiquement proche de l’ancien président Ali Akbar Hashemi Rafsandjani, adversaire invétéré de Mahmoud Ahmadinejad, le bazar avait jusqu’ici largement profité du manque de transparence du système. » Or, avant son élection, en juin 2005, Ahmadinejad avait fait de la lutte contre la corruption un des fers de lance de sa campagne. Avec ce nouveau plan, il s’attaque à une véritable force économique et politique du pays. “Aujourd’hui, on assiste à la réaction instinctive d’une classe privilégiée qui n’avait pas l’habitude de payer des impôts”, note Thierry Coville. Du coup, la réaction ne s’est pas fait attendre. (…)Selon le journaliste, Najmeh Bozorgmehr qui écrit de Téhéran, « les marchands du bazar ont toujours été pris au sérieux par les rois et les gouvernements centraux. Le bazar a financé et soutenu les révolutions constitutionnelle et islamique de 1905 et de 1979. son influence a été réduite mais elle reste une force significative en Iran ». (1)

Sur le site Moon Of Alabama le rôle des conservateurs est encore plus explicité « Les conservateurs iraniens qu’on appelle aussi « principalistes », sont culturellement conservateurs, mais ils favorisent les programmes économiques qui profitent aux pauvres. Leur base est constituée des populations rurales ainsi que les segments les plus pauvres des habitants des villes. Le dernier président iranien qui en était proche a été Mahmoud Ahmedinejad. L’une de ses principales décisions a été de verser des allocations directement aux familles les plus pauvres en supprimant les subventions générales sur le carburant et l’alimentation. L’actuel président iranien Hassan Rouhani est membre du camp « réformiste ». Sa base est constituée par les marchands et les pans les plus riches de la société. Il est culturellement (relativement) progressiste mais ses politiques économiques sont néolibérales. Le budget qu’il sera mis en œuvre l’année prochaine réduit les allocations destinées aux pauvres introduites par Ahmedinejad. Cela va augmenter le prix du carburant et des produits alimentaires de première nécessité d’au moins 30-40% ». (2)

Pour Bruno Guigue :« La situation est difficile pour les plus pauvres, mais l’Iran est tout sauf un pays au bord de la faillite. Malgré les sanctions imposées par Washington, le pays a connu un développement notable en 2016. Son économie affiche un taux de croissance de 6,5% et l’endettement public est particulièrement faible (35% du PIB). Mais le taux de chômage est élevé (12,5%) et il frappe surtout les jeunes (..) Il est évident que Trump se soucie comme d’une guigne des droits de l’homme et que la question nucléaire est l’arrière-plan de la crise actuelle. Ce pays n’a jamais agressé ses voisins, mais la possibilité qu’il se dote d’un parapluie nucléaire entamant le monopole israélien dans la région est jugée intolérable. Le “regime change” a avorté, mais il est clair que Trump torpillera l’accord de 2015 ». (3)

Pourquoi s’en prendre à l’Iran ?

L’Iran une nation de 80 millions d’âmes qui est scientifiquement développée est considérée comme « une menace pour Israël » au nom de la suprématie : Israël doit être la seule à posséder la bombe , à ne pas signer le TNP et à être le garde chiourme des Arabes au Moyen Orient et faire ce qu’elle veut en Israël dans l’impunité la plus totale malgré la cinquantaine de résolutions Tout sera fait par Israêl pour faire dénoncer par les Etats Unis l’accord sur le nucléaire. Du point de vue relations l’Iran – exception faite de la prise d’otages et de leurs libérations rapides grâce à une diplomatie lumineuse de l’Algérie sous l’ère Boumediene- n’a pas de problèmes majeurs avec les Etats Unis. Au contraire l’Iran du Shah était considéré comme l’allié le plus sûr des Américains et des Européens ( Chirac alors premier ministre avait conclu un accord pour la vente d’une centrale nucléaire payée mais jamais réalisée)

La deuxième raison est la débâcle occidentale en Syrie Daech et ses satellites qui ont été dorlotés ont été vaincus et cela ne passe pas en Syrie où des abcès de fixations sont entretenus .La victoire du pouvoir syrien due en partie à l’aide iranienne ne passe pas même en France. Macron parle encore avec des actions à la Clemenceau lors des accords Sykes Picot- de Bachar El Assad comme ennemi de son peuple , une rhétorique déjà en vogue à l’époque de Laurent Fabius pour qui Bachar ne mérite pas d’être sur terre et que Al Nosra « faisait du bon boulot » Les Etats-unis n’ont aucune chance de reproduire le scénario syrien en Iran car ni la Turquie, ni l’Irak, ni le Pakistan, ni le Turkmenistan, ni l’Arménie ne laisseront passer des mercenaires. En outre ni la Chine ni la Russie n’accepteront ça. Le ministère iranien du renseignement a annoncé qu’un groupe composé de mercenaires a été arrêté « Nous informons la noble nation iranienne qu’un groupe armé terroriste, qui était entré en Iran avec la mission de continuer la récente vague de violences et de tuer des innocents, a été intercepté à Piranshahr.

Pour Joaquin Flores : « À tout prendre, une majorité des manifestants souhaiterait probablement un retour aux politiques d’Ahmadinejad. Le chômage, par exemple, était au plus bas pendant son administration. Il avait aussi fixé des contrôles sur les prix et subventionné d’autres biens, en réaction à l’inflation galopante provoquée par les sanctions occidentales. La vaste majorité des manifestants est soit peu partisane, soit solidaire des critiques d’Ahmadinejad sur l’approche réformiste en politique économique et étrangère, dans la mesure où celle-ci a favorisé la polarisation croissante de la répartition des richesses et des opportunités dans la République Islamique. (…) Enfin, afin de placer dans son contexte la réalité de toute répression évoquée par les médias occidentaux, ce dont nous sommes aujourd’hui témoins en Iran n’est qu’une fraction de ce que nous avions pu voir en 2009, en termes de gravité et d’ampleur. En 2009, quelques 200 manifestants furent finalement arrêtés. Nous pouvons comparer ce chiffre avec les États-Unis « ouverts » et « pluralistes », où les manifestations d’Occupy Wall Street aboutirent à plus de 8 000 arrestations par l’état policier » (4).

Le complot contre l’Iran : Cet empêcheur de dépecer le Moyen Orient

Le site Moon Of Alabama explique comment la mobilisation est totale et concerne toujours les mêmes services Nous lisons : Les petits groupes qui ont détourné les manifestations contre la politique économique de Rouhani ont été fortement soutenus par les agents habituels des opérations d’influence américaine. Avaaz, la coopération Rand, Human Rights Watch En juin 2009, le Brookings Institute a publié un manuel sur la façon de renverser le gouvernement iranien ou de prendre le contrôle du pays. En juin dernier, le Wall Street Journal rapportait que la CIA avait mis en place une cellule opérationnelle spéciale pour de telles attaques contre l’Iran : Le chef du nouveau bureau est l’un des officiers les plus impitoyables de la CIA : (…) Les politiciens américains qui avaient appelé à « bombarder, bombarder, bombarder » l’Iran (John McCain) ou qui avaient menacé de faire la guerre à ce pays (Hillary Clinton) ont publié des déclarations de soutien au « peuple iranien » (…) Leurs manifestations de compassion pour le peuple iranien ne trompent personne ». (2)

Ces manifestations semble toutes légitimes ont été réprimées et il est fort possible que le pouvoir pour ne pas montrer sa faiblesse a frappé un grand coup et a eu la main lourde pour tuer dans l’œuf toute velléité de déstabilisation surtout si elle est alimentée de l’extérieur. Il ne faut pas oublier que moins de six mois auparavant Rohani a été réélu confortablement et la mort dans l’âme l’Occident (l’empire et ses vassaux européens ) et l’Orient ( Israël et l’Arabie Saoudite) avaient admis la régularité du scrutin . D’une certaine façon le président Trump a surfé sur une vague de mécontentement légitime mais au fil des jours il a braqué ceux qui ne voulaient pas être récupérés. Le pouvoir l’a bien compris il a surfé lui aussi à juste titre sur la corde de l’unité.

Sous la plume pertinente de l’analyste Bruno Guigue nous lisons le résumé du complot :

« Donald Trump a beau assurer que “l’Iran échoue à tous les niveaux”, que “le grand peuple iranien est réprimé depuis des années”, qu’il a “faim de nourriture et de liberté”, qu’il est “temps que ça change” et qu’il “soutiendra le peuple iranien le moment venu”, c’est peine perdue. Ces proclamations grandiloquentes n’auront aucun effet sur le cours des choses. Déchaîné contre Téhéran, Washington veut saisir le conseil de sécurité. (…)Washington a joué la carte de la déstabilisation interne. Pour y parvenir, ses stratèges ont déployé toute la gamme des moyens disponibles : avalanche de propagande antigouvernementale financée par la CIA (notamment par les stations de radio émettant en persan vers l’Iran), agents de tous poils infiltrés dans les manifestations populaires, appui donné à toutes les oppositions sur place ou en exil. Incapable de procéder au “regime change” par le haut, la Maison-Blanche a tenté de l’obtenir par le bas. Prémuni contre le “hard power” US par sa propre force militaire (et par ses alliances) le “régime des mollahs” a été directement ciblé par le “soft power” made in USA. La Maison-Blanche a fait tourner les rotatives de la désinformation, mais le résultat n’était pas garanti sur facture. C’est le moins qu’on puisse dire. C’est pourquoi les masses n’ont pas investi la rue, et la grogne qui s’y exprime pour des raisons économiques ne génère pas, sauf exception, une contestation du régime politique. Il est significatif que la propagande occidentale se livre, une fois de plus, à de grossières manipulations. On a même vu le directeur général de “Human rights Watch”, Kenneth Roth, utiliser une photo des manifestations pro-gouvernementales pour illustrer le “soulèvement populaire” contre le régime. En croyant voir dans des rassemblements de mécontents le prélude à un changement de régime, Washington a pris deux fois ses désirs pour des réalités : la première, en confondant mécontentement et subversion dans les manifestations antigouvernementales ; la seconde, en refusant de voir que les manifestations pro-gouvernementales étaient au moins aussi importantes ». (3)

« Cet espoir d’un “regime change” à Téhéran est d’autant plus illusoire que Washington ne détient pas davantage le deuxième atout : des hordes de mercenaires pour faire le sale boulot. Les frontières étant surveillées de près par l’armée iranienne, la réédition d’un scénario à la syrienne est impossible. (…) Le “regime change” a réussi en Libye grâce au bombardement aérien. Il a échoué en Syrie malgré des hordes de mercenaires. Mais il n’a aucune chance de réussir en Iran. Le peuple iranien subit surtout les sanctions infligées par un Etat étranger qui lui donne des leçons de “droits de l’homme”. Que certaines couches sociales aspirent au changement est naturel, et tout dépendra de la réponse du pouvoir à leurs revendications. Le président Rohani a condamné les violences. Mais il a aussi admis la légitimité du mécontentement social, des mesures impopulaires ont été annulées, et le peuple iranien n’a pas l’intention de s’étriper pour faire plaisir au locataire de la Maison-Blanche ». (3)

Les derniers développements

Depuis le 28 décembre 2017, il y a des manifestations et des contre-manifestations dans les grandes villes iraniennes. Dans l’émission du 10 janvier, Kla.TV a donné la parole à l’expert boursier Dirk Müller. Beuacoup de médias s’interrogent Pourrait-il s’agir en Iran d’une nouvelle « révolution de couleur » ? Révolution de couleur en Iran ? cela ne marchera pas et cela ne marchera plus ! –

Lu sur le Reseau Voltaire l’annonce de l’arrestation de l’ancien président Ahmadinjad pui le démenti suite au communiqué e l’avocat de l’ancien président. Nous lisons Nous avons publié hier, en français et dans trois autres langues, que le président Hassan Rohani avait ordonné d’arrêter son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad ainsi que le fils de seyyed Ebrahim Raïssi. Deux heures plus tard, nous avons été informés par un média iranien que l’avocat de l’ancien président démentait l’information concernant son client. Cependant, 24 heures plus tard, il nous est toujours impossible de vérifier qui dit vrai. Aucune des deux personnalités citées n’est apparue en public. Aucun journaliste n’a été en mesure de les contacter directement. Aucune autorité iranienne ne confirme ou n’infirme les informations sur l’une ou l’autre de ces arrestations. Ce matin, 8 janvier, des médias arabes de premier plan affirment que l’ancien président a été interpellé à Shiraz, puis placé en résidence surveillée avec l’approbation du Guide Ali Khameneï » (5)

Pourtant L’avocat de l’ancien Président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a nié l’information diffusée par de nombreux médias arabes selon laquelle M.Ahmadinejad avait été arrêté pour incitation aux manifestations dans les villes iraniennes, relate Erem News. Au cours de cette allocution, Mahmoud Ahmadinejad, qui a dirigé l’Iran de 2005 à 2013, avait notamment affirmé que « certains dirigeants du pays vivent loin des problèmes, et ne savent pas ce qui préoccupe le peuple ». (5)

Ou en est –on en définitive ?

Échec et mat pour qui voudraient intervenir militairement en Iran sous prétexte de soutenir les manifestants comme ils ont fait en Libye et en Syrie , on voit le résultat du devoir d’ingérence .Il faut savoir que les médias français ont été à la pointe de la désinformation convoquant toujours les mêmes analyses en boucle sur les plateaux de télévision avec pour faire bonne mesure des Iraniens aigris bien planqués en France et qui jettent de l’huile sur le feu en diabolisant leur pays En Arabie saoudite, les médias ont couvert ces événements comme si le gouvernement iranien allait tomber.

De nouvelles manifestations de soutien aux autorités étaient organisées dans plusieurs villes. Mieux encore Bahram Ghassemi, porte parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a réagi Au lieu de perdre son temps en envoyant des tweets inutiles et insultants contre les autres peuples, il ferait mieux de s’occuper des problèmes intérieurs de son pays, notamment l’assassinat quotidien de dizaines de personnes et des millions de sans-abri et affamés" aux Etats-Unis, Pour rappel, selon les autorités, les récentes manifestations et leur répression ont fait plusieurs morts. « Le Parlement n’est pas favorable à la poursuite du filtrage de Telegram, mais doit donner des engagements pour qu’il ne soit pas utilisé comme un instrument des ennemis du peuple iranien ».Les États-Unis se sont retrouvés isolés diplomatiquement au Conseil de sécurité de l’ONU, qui a estimé, que les manifestations en Iran relevaient des affaires intérieures du pays. Pour le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, : « Le Conseil de sécurité a rejeté la tentative flagrante des États- Unis de le détourner de son mandat La majorité du Conseil a souligné la nécessité d’appliquer complètement l’accord nucléaire de 2015, et de s’abstenir de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays » Il est indéniable cependant qu’il y a malaise et l’Iran ferait bien d’écouter le peuple mais l’axe Ryad Washington-Tel Aviv a perdu cette manche

Nous pourrions ajouter que la patrie de Darius est tout sauf une nation sousdéveloppée. Elle fabrique ses satellites elle lance ses fusées, elle fabrique ses drones ses chars ses avions. C’est aussi une vraie nation de l’espace qui nous invite à raison garder et ne pas prendre pour une nation développée après le lancement par l’Inde d’un satellite que notre Agence Spatiale a conçu. Le chemin est long et j’ai toujours défendu la science pour un vrai développement du pays en donnant plus que jamais la priorité à l’éducation et au savoir


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