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Il n’y a pas de risque de radicalisation de la laï cité

posté le 12/05/18 Mots-clés  réflexion / analyse 

Pratiquement, je suis un meilleur Musulman depuis que je suis athée.

Il n’y a pas de risque de radicalisation de la laï cité au sein de la société. Nous avons gagné il y a plus d’un siècle et si le bouclier sonne fort, ce n’est pas son fait mais bien des coups de boutoir de plus en plus violents qu’il reçoit. La République est laï que et en effet pas la société, la société elle est protégée par le bouclier laï cité (notion proposée par Caroline Foùrest dans Génie de la laï cité).

La laï cité, c’est une loi constitutionnelle qui a permis de créer une vertu républicaine, faisant passer ses valeurs de liberté d’égalité et de fraternité avant toutes autres considérations.

Le divorce, voilà une question de société et qui et au nom de quoi s’en est mêlé ? L’avortement, le mariage ouvert à tous ne sont pas des questions de société ? Vous souvenez-vous de la violence de ces combats et surtout, des arguments ? Et qui nous protège des textes sacrés ? Un autre non moins sacré, celui qui fait primer nos lois sur les leur, ce texte gardé sous clé que nous vous avons confié, un texte qui offre encore aujourd’hui l’asile à ceux de par le monde qui sont persécutés parce qu’ils ne sont pas de la bonne religion ou simplement parce qu’ils l’ont quittée.

Je suis né musulman on ne m’a pas laissé le choix, j’ai eu une vie de musulman détente qui mange du porc et boit de l’alcool. Aujourd’hui je suis athée ; alcoolique abstinent et végétarien : nos cochons n’ont plus rien à craindre de moi. Pratiquement, je suis un meilleur Musulman depuis que je suis athée. C’est le miracle de la libre pensée, le grand oublié de nos débats sur la laï cité, parce qu’il n’existe pas de représentant de la libre pensée qui vous écrit toutes les trois semaines pour vous dire à quel point il est inquiet pour sa communauté et pourtant elle est importante sa communauté, toutes les études montrent qu’en France la religion, on n’en a massivement rien à faire. Et pourtant quel bruit : nous disons laï cité et respect de la loi, ils nous répondent débats interconfessionnels mais j’ai envie de dire "get a room !". En quoi les débats interconfessionnels intéresseraient-ils l’État, mieux par quelle étrangeté en serait-il l’initiateur ? Il y a un débat mondial sur la place de la religion, un débat que la religion gagne, par le sang parfois comme au Pakistan ou dans tant d’autres pays et par les urnes comme c’est le cas en Pologne, en Autriche ou aux États-Unis où le courant créationniste prend des proportions inquiétantes. Nous sommes le dernier îlot de résistance et il tiendra bon parce que face aux fanatiques s’est levée une génération spontanée qui n’a plus peur, qui a compris les enjeux d’occupation des territoires et des esprits. Dans certains quartiers, revendiquer son athéisme est à classer dans les comportements à risque. La laï cité n’est pas un salon de thé pour cardinaux, imams et rabbins, protégez-nous, levez haut le bouclier et tenez bon. Vos électeurs dont je fais partie, les startup-eurs dont je fais partie, je regarde autour de moi et je n’en connais pas de bigots. Lors de votre prochain discours sur la laï cité en janvier, parlez-nous moins de religion que de libre pensée, le joyau de la couronne. Notre héritage, notre émancipation, notre outil pour libérer l’humanité.


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