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Une ambassade et un massacre

posté le 16/05/18 par Tatia Mots-clés  antifa 

Des cotillons à Jérusalem transformé en Disneyland trumpesque à l’occasion de l’aménagement symbolique de l’ambassade américaine dans la Ville Sainte. À Gaza, des barbelés, des snipers et du sang.

« Une journée glorieuse » pour les deux valeureux guerriers de l’Axe du Bien, Donald et Benjamin. Un terrible massacre à la frontière de Gaza : près de 60 morts, dont huit enfants, et plus de 1300 blessés tombés sous les balles des snipers.

Deux planètes à 90 km l’une de l’autre.

Pour la plupart des observateurs, une provocation préméditée. Non seulement l’installation – illégale au regard du droit international – d’une ambassade à Jérusalem, mais, mieux encore, son inauguration le jour du 70e anniversaire de la Nabka.

(La position internationale et les textes juridiques de l’ONU n’ont pas varié depuis 70 ans, lors de la création le 29 Novembre 1947 de l’État d’Israël : Jérusalem est placé sous un régime d’administration internationale destinée entre autres à préserver les droits plus que bimillénaires des trois monothéismes sur ce qu’il est convenu d’appeler, c’est une convention et nous nous y plions, les Lieux Saints.

Statut confirmé, malgré la Guerre des Six-Jours de Juin 1967 et l’occupation de Jérusalem-Est par l’armée israélienne ; statut international confirmé par la résolution 242 des Nations unies, le 22 Novembre 1967, enjoignant à Israël l’obligation de la restitution de tous les Territoires Occupés, y compris Jérusalem-Est. Résolution bafouée et jamais appliquée par l’État d’Israël.)

Provocation supplémentaire quant au choix du 14 Mai, 70e anniversaire de la Nabka de 1948.

(La Nabka, en arabe an-Nabkah, le désastre ou la catastrophe, est le nom de l’exode palestinien de 1948 consécutif à la première Guerre israélo-arabe. L’événement n’a jamais cessé d’être commémoré dans la mémoire collective palestinienne : 400 villages abandonnés, évacués ou détruits ; approximativement 700 000 habitants chassés du sol de leur patrie. Leurs descendants, plus de 5 millions de réfugiés, réclament aujourd’hui leur droit au retour sur le sol de leurs ancêtres. Beaucoup d’historiens parlent, au sujet de la Nabka, d’un véritable nettoyage ethnique.)

Abjection et danger sont les mots d’Amnesty International pour désigner cette dernière provocation. Indécence également pour les termes de Benjamin Netanyahu célébrant « le jour glorieux » ou Donald Trump « a écrit l’Histoire ». Comment s’en étonner de la part de deux hommes en permanence confortés dans le mépris du droit, leur aventurisme forcené et la certitude d’être impunis, y compris pour les délits de droit pénal commis dans leur propre pays.

Un nouvel équilibre, ou plutôt un nouveau déséquilibre est en train de se mettre en place au Moyen-Orient. Et il fait peur. La proximité de Benjamin Netanyahu et de Donald Trump. La rencontre des évangélistes sionistes qui soutiennent et ont permis l’élection du second, et des sionistes d’extrême droite qui entourent le premier. Leur commun mépris du droit international, leur goût partagé du fait accompli, leur conviction que la force prime toujours et que peuvent être utilisées à chaque instant punition et coercition.

Un nouveau déséquilibre fondé sur l’abandon du soutien à la cause palestinienne par les monarchies sunnites du Golfe, et en premier lieu par l’Arabie Saoudite, obsédées par l’émergence régionale de l’influence iranienne et, pour cela, d’autant plus appliquées à soutenir les initiatives de Donald Trump, dont la dernière, la volonté de liquider l’Accord international sur le contrôle du nucléaire iranien de 2015.

Après l’Axe du Mal du néoconservateur Georges W. Bush, désignant les différents pays souhaitant se procurer des « armes de destruction massive » et « soutenant le terrorisme » – la Corée du Nord, l’Irak de Saddam Hussein, Cuba et l’Iran – apparaît une nouvelle configuration idéologique, diplomatique et militaire, l’Axe du Bien, USA - Israël - Arabie Saoudite.

L’UE et, plus particulièrement pour ce qui nous concerne, Emmanuel Macron avaliseront-ils, désapprouveront-ils, appelleront-ils à la « retenue » – lénifiante formule – ou agiront-ils ?


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