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L’horreur du ghetto de Gaza : un article de Ian Lustick dans The Nation

posté le 24/05/18 Mots-clés  antifa 

"Le Massacre Israélien des Civils Palestiniens Devrait Éveiller l’Horreur – et l’Action. Il est grand temps de mettre fin au blocus de Gaza – et de tenir compte de la réalité d’un état unique où vivent Palestiniens et Israéliens", écrit Ian Lustick dans The Nation.

"La clôture qui enferme les deux millions de Palestiniens qui « vivent » dans la bande de Gaza, n’est pas une frontière entre deux pays, comme les médias la nomme avec insistance. C’est un mur érigé par Israël pour rendre les souffrances de ceux qui vivent dans le ghetto, aussi invisibles que possible à ceux qui vivent de l’autre côté.

Israël a prévenu les Gazaouis que si on tente de faire un trou dans ce mur et de s’échapper de Gaza, on est fusillé. Quiconque s’en approche, sera abattu. Tous ceux qui s’en approchent, seront descendus. C’est précisément ce qui est arrivé au cours des semaines de protestations de la part des réfugiés palestiniens cherchant à attirer l’attention sur leur exil – vieux de soixante-dix ans – de la terre qu’ils voient tout près du mur. De nombreux Palestiniens, y compris des journalistes et des enfants, ont été tués. Des milliers d’autres ont été blessés par des tirs à balles réelles, beaucoup d’entre eux ayant subi des amputations de bras et de jambes. Pendant ce temps, on a parlé d’un soldat israélien qui a été touché par une pierre.

La violence croissante des tirs israéliens le long du mur du ghetto de Gaza, dont le monde n’a pas pu éviter d’être témoin, est, sans l’ombre d’un doute, écœurante. Pour tout être humain, quel que soit ses opinions politiques ou ses liens avec Israël ou avec les Palestiniens, l‘incessante fusillade de masse des civils palestiniens, est ou devrait être intolérable, du point de vue émotionnel et spirituel.

Que, du point de vue psychologique et politique, il soit possible que les Palestiniens continuent de se sacrifier ainsi, cela démontre leur situation désespérée. Que, du point de vue psychologique et politique, il soit possible que les Israéliens assassinent et mutilent tant d’hommes, de femmes et d’enfants qui tentent de s’échapper du ghetto dans lequel on les a entassés, ou d’attirer l’attention du monde sur leurs souffrances, c’est une ignominie tragique et humiliante qui souille l’état juif et le mouvement sioniste qui le créa. C’est une véritable course à l’échec pour un état qui essaie d’enrayer les efforts de ceux qui veulent « délégitimer » son existence.

Bien entendu, la hasbara/la propagande israélienne est toujours là pour aider ceux qui cherchent un moyen de réprimer le dégoût et la douleur que ressent toute personne honorable en apprenant les nouvelles venant de Gaza. Selon cette hasbara, les protestations ne sont qu’un cynique coup publicitaire du Hamas. Elle nous apprend que des terroristes armés du Hamas se cachent parmi les manifestants et se mêlent à la foule de misérables pour tenter de tuer des Israéliens. Quand les Britanniques gouvernaient la Palestine, l’armée clandestine juive se vantait de cacher des usines d’armes dans des écoles et des synagogues. L’on sait aussi que, dans un ghetto assiégé, il y a forcément des combattants du ghetto, qui seront traités en héros par les résidents, et appelés terroristes par ceux qui sont de l’autre côté. Pourtant, s’il y a de la violence dans la foule des protestataires, n’oublions pas que, mêlés aux nombreux soldats israéliens qui souffrent de remords, il y en a qui, comme nous l’avons vu en vidéo, se félicitent les uns les autres, quand ils utilisent de beaux fusils à lunette pour faire de gros trous dans des corps humains à des centaines de mètres de là.

Quant à ceux qui sont responsables des politiques de sécurité du gouvernement israélien actuel, ils savent très bien ce qu’ils font, les horreurs qu’ils infligent. Les faucons, conseillers à la sécurité, qui dirigent les groupes de réflexion et les ministères du gouvernement israélien, parlent régulièrement du besoin de « tondre le gazon » à Gaza, d’imposer un « régime strict » à la population, et de « contrôler le conflit » en infligeant intentionnellement des souffrances afin d’imprimer dans le cœur des Palestiniens la croyance que la résistance est futile. Lorsque, en 2007, Israël a adopté sa politique consistant à fermer Gaza hermétiquement, un géographe politique de l’Université d’Haïfa, nommé Arnon Soffer, a donné son assentiment complet, mais a ajouté qu’en fin de compte, cela voudrait dire « mettre une balle dans la tête de quiconque essaierait d’enjamber la clôture de sécurité », non tirer sur des hommes armés.

Le combat pour une solution à deux états n’est pas mourant. Il est mort. C’est la vérité, même si on nous fait croire que les négociations pourraient réussir : c’est une bonne excuse qui permet à Israël, à l’Autorité palestinienne, aux États-Unis et à l’industrie du processus de paix d’exploiter ou de passer sous silence l’oppression grandissante qui règne dans l’état unique actuel. C’est documenté par l’armée israélienne : Il y a maintenant plus de Palestiniens que de Juifs sous le contrôle de l’état d’Israël. En fait, les Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie sont déjà dans l’état juif. Ils ne sont citoyens d’aucun autre pays, d’aucun autre pays reconnu. Si on mesure l’effet de l’état d’Israël sur les moindres détails de leur vie, même sur leur survie, ils demeurent dans l’état d’Israël comme les esclaves noirs demeuraient aux États-Unis ou les Africains dans les bantoustans de l’Afrique du Sud aux temps de l’Apartheid. Cinquante ans d’Occupation en Cisjordanie et douze ans de blocus à Gaza, doublés régulièrement de punitions violentes, montrent bien les différences entre les façons de gouverner différentes populations dans différentes régions.

Ainsi, les Israéliens n’ont aucune raison de craindre l’appel au retour – « menace » pour l’état juif et démocratique de rêve. Après tout, que voulait réellement dire « rêve » ? Un état contrôlé par les Juifs, pour les Juifs, mais qui pourrait passer pour une démocratie, avec des droits égaux pour tous. Cependant, Israël ne peut plus se définir comme état démocratique : C’est un état dont les méthodes sont l’incarcération de masse, la surveillance totale et constante, les punitions collectives et la violence sanglante contre les habitants palestiniens sous son contrôle. Il ne peut non plus affirmer que permettre aux réfugiés gazaouis de s’établir dans les endroits sous-peuplés, voisins de Gaza, serait plus dangereux pour Israël et ses habitants juifs, que de laisser évoluer la bombe à retardement de Gaza jusqu’au moment où elle explosera.

La vérité : les Israéliens peuvent nier tant qu’ils veulent, et tenter de prendre leurs distances avec les souffrances qu’inflige leur gouvernement aux Gazaouis, mais le destin de l’un est mêlé étroitement à celui de l’autre. Exemple Ashkelon, ville israélienne sur la côte méditerranéenne à 21 kilomètres de Gaza. Avant l’expulsion de sa population vers Gaza à la suite de la guerre de 1948, c’était la ville de Majdal.
Israël, avec la complicité de l’Autorité Palestinienne, a réduit la quantité d’électricité destinée à Gaza, qui n’est accessible que quatre heures au plus. Pour deux millions de personnes, cela signifie une réelle misère. De plus, le traitement des eaux usées ne peut se faire normalement, ce qui provoque la contamination de 97% de l’eau potable. Les experts parlent du choléra et d’autres épidémies qui pourraient se répandre à Gaza et s’étendre de l’autre côté du mur qui l’entoure. D’autre part, l’usine de dessalement, installation qui fournit à Israël 20% de son eau potable, a dû fermer plusieurs fois, à cause des eaux usées de Gaza, qui se déversent dans les eaux du voisinage. On a dû interdire l’accès aux plages de la ville, des matières fécales s’étant échouées sur le rivage.

À la longue, la solution à la catastrophe humaine de la bande de Gaza, consistera à l’intégration totale de sa population dans la société. En ce moment, et dans l’avenir immédiat, c’est l’état d’Israël... Toutefois, il faut tout d’abord en finir avec ce brutal blocus de misère, qui prive ses habitants d’espoir. "

Source : https://www.thenation.com/article/israels-massacre-of-palestinian-civilians-should-spark-horror-and-action/


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