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Cassons l’amalgame racisme-racialisme

posté le 09/08/18 Mots-clés  antifa 

Parler de « racisme anti-blanc » c’est confondre ce qui relève des émotions, de la colère et ce qui a trait aux discriminations. En d’autres termes, c’est confondre les relations interpersonnelles et les rapports sociaux [1]. Ainsi, si Fatima, Mohammed, ou Fatou traitent Marie et Louis de « sales français » (relation interpersonnelle), le désagrément certain que constitue l’insulte sera mis sur le même plan que le fait que Fatima, Mohammed et Fatou risquent de voir leur CV refoulés en raison de leur couleur de peau, celle-ci signifiant une origine « autre », qu’elle soit réelle ou supposée (rapport social).

Par ailleurs, on pourrait réfléchir au fait qu’être anti français, c’est être anti blanc, aux yeux de ceux qui s’émeuvent des ravages dudit « racisme anti-blanc ». C’est bien la preuve que le cœur du problème est la division raciale qui sous-tend la définition de l’être français ; division incarnée par la séparation entre les français « de Souche » et les « issus de » ; division parfois reprise par les « issus de » contre les « de Souche », ce qui justifierait l’usage de la notion de « racisme anti-blanc ».

Or dans ce contexte, il ne peut y avoir de commune mesure entre les positions de ceux qui discriminés, peuvent insulter par rage, et ceux qui se retrouvent privilégiés par un rapport social. Considérer le racisme anti blanc c’est tenir pour équivalent des barrières sociales concrètes telles que des discriminations à l’embauche ou au logement, et des insultes qui peuvent toucher des personnes, sans être le reflet de pratiques structurelles concrètes. En effet voit-on son CV refusé en France parce qu’on est blanc ?

L’évocation d’un « racisme anti-blanc » rappelle l’urgence qu’il y a à redéfinir le racisme selon les enjeux contemporains, et une fois le racisme redéfini de manière pertinente et l’utilité du concept établie, il convient de démontrer en quoi le « racisme anti-blanc » ne tient pas.

Mais avant cela, il faut préciser que le terme « non blanc » qui sera employé tout au long du texte est problématique de par son aspect binaire en divisant l’humanité en blancs et non blancs , de par sa capacité à faire croire que tous les vécus de non blancs se confondent, au sens où arabes, noirs, indiens, asiatiques auraient les mêmes histoires indépendamment des origines, et peut-être surtout, de par sa nomination par le négatif, par opposition au terme « personnes de couleur » qui désigne les non blancs de manière positive, c’est à dire en ne les nommant pas par rapport à ce qu’ils ne sont pas, mais à ce qu’ils seraient.

Toutefois, parler de non blancs reste utile dans la mesure où il s’agit de parler des discriminations à l’encontre des personnes qui, peu importe leurs origines réelles ou supposées, ne passent pas pour blanches dans la société, et ont donc un vécu particulier – vécu modulé bien sûr par d’autres variables comme la classe sociale, l’âge, le lieu de vie, ou le sexe. De plus, l’expression « personne de couleur » est très négativement connotée en langue française, alors qu’elle est par exemple revendiquée par des non blancs en Allemagne, où des associations de « People of color » ont vu le jour [2]. Par ailleurs, l’expression « racisme anti-blanc », comme face à face de l’expression « racisme » qui suppose d’emblée le racisme envers les non blancs, tend à montrer la prégnance de cette conception binaire en blancs et non blancs, même s’il s’agira dans ce texte de s’en saisir pour en déconstruire les effets.


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