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Nicolas Pariser : filmer les rapports de force politique.

posté le 18/10/18 par https://culture494.wordpress.com/2018/08/07/nicolas-pariser-filmer-les-rapports-de-force/ Mots-clés  art 

A l’heure de l’affaire Bénalla, où l’on se rend compte des ramifications ou interactions étatiques sur le plan sécuritaire, où l’on se rend compte que diverses responsabilités sont diluées entre structures parallèles contradictoires (Cabinet de L’Elysée, préfecture de police de Paris, ministère de l’Intérieur…) ; Nicolas Pariser, par sa filmographie (cf lien https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Pariser), s’est toujours intéressé à mettre en avant ces rapports de force, à filmer des groupes ou structures aux intérêts divergents (Rédaction culturelle avec « Agit Pop », partis politiques, structures parallèles ou hommes de l’ombre avec « le grand jeu »…), le tout mâtiné de références ou concepts idéologiques qui dépassent le simple citoyen (personnage de Melvil Poupaud dans « le grand jeu »(2015)). La comédie humaine selon Nicolas Pariser.

DV : Votre film « le grand jeu »(2015) m’avait frappé par sa radicalité et ses références explicites à des idées ou concepts semi-anarchistes ou situationnistes, références voulues qui parsèment ce film ? Références politiques du fait de vos passages en université ?

Nicolas Pariser : Les références littéraires ou à la critique sociale ne proviennent pas de mon passage à l’université. J’y ai passé beaucoup de temps mais ai été un étudiant médiocre, peu investi et, in fine, très peu diplômé. Les livres dont je parle ou dont je m’inspire viennent plutôt de la fréquentation assidue des librairies du Quartier latin. On ouvre les livres, on les feuillette, on les achète parfois, on les lit (souvent des années plus tard).

DV : Toujours dans « le grand jeu », vous faites bien référence au mouvance de l’ultragauche et leur vie en communauté (du style celle de TARNAC) ? Et d’ailleurs, que pensez-vous de l’affaire Julien Coupat ? Un fiasco gouvernemental sous l’ère SARKOZY, vu comment ca c’était terminé…

NP : L’affaire de Tarnac est un tel désastre judiciaire qu’il n’est sans doute pas la peine d’en rajouter. En fait, je voulais aux alentours de 2009 ou 2010 adapter Sous les yeux de l’occident de Joseph Conrad dans la France d’aujourd’hui mais cela m’a vite semblé très compliqué, voire impossible dans la mesure où il me semblait que l’Etat contemporain se fichait un peu de l’extrême gauche. C’était manifestement une erreur puisque l’affaire de Tarnac a eu lieu, avec un côté tout à fait anachronique. Je me suis donc dit que je pouvais finalement partir du livre de Conrad et que la réalité rendait ma fiction crédible. Après, dans mon film l’affaire est une manipulation orchestrée par une partie de l’appareil d’Etat alors que dans la réalité, il semble qu’elle ne soit que la conséquence d’une ubuesque série d’incompétences.
DV : De manière générale, vos films et courts métrages mettent en avant des notions ou concepts idéologiques difficilement filmables (l’omnipotence de l’Etat, comment déstabiliser certains hommes politiques ou partis ou manipuler l’opinion politique française…), concepts facilement filmables ou à mettre en fiction ?
NP : Je filme beaucoup des gens qui parlent. Je ne les filme pas parlant pour donner des informations au spectateur mais pour essayer de montrer ce qu’ils pensent, ce qui les anime. La parole, dans mes films, peut aussi être une arme ou au moins un outil. Ce que vous trouvez difficilement filmable se retrouve donc hors champs mais comme au cinéma le hors champs est plus important que ce que l’on voit, cela me semble être une bonne méthode.
DV : Le casting du film « le grand jeu » a été aisé à mettre en place ? (André Dussolier, Melvil Poupaud, Clémence Poésy…).
NP:A vrai dire pas vraiment. Les comédiens ont été très vite intéressés par le projet. Et comme il s’agissait de mes premiers choix, cela a été assez rapide. Ce qui a été plus compliqué a été le financement du film qui a duré environ 2 ou 3 ans (après 2 ans d’écriture).
DV : Votre génial court métrage « AGIT POP »(2013) met en avant la vie d’une rédaction culturelle (moi-même, je fus pigiste sur le site culturel nantais FRAGIL, cf lien http://archives.fragil.org/focus/2229, je me suis en partie reconnu dans la vie de cette rédaction, dans le côté foutraque notamment mais avec moins de tensions entre rédacteurs, la plupart étant bénévoles), les rédacteurs cinéphiles sont vraiment de si gros fumeurs que ça ?

NP : Il y a quinze ans, on fumait encore beaucoup à la sortie des projections de presse. Dans Agit Pop, c’était surtout un gag.
DV : Vos derniers coups de coeur en séries TV, en films, BD ou livres ?

NP : C’est un peu compliqué, je prépare mon nouveau film donc je ne suis pas très disponible pour lire ou voir des films qui n’ont pas de rapport avec mon travail. Par ailleurs, je ne regarde plus du tout de séries (sauf la troisième saison de Twin Peaks qui comporte, à mes yeux, de nombreux moments sublimes). Pour les films, j’en ai vu peu en salle cette année par contre j’ai découvert et aimé pas mal de film en dvd ou bluray : Manille de Lino Brocka, The Terrorizer d’Edward Yang ou encore Mc Cabe and Mrs Miller de Robert Altman que je n’avais vu que dans une copie catastrophique. Dans les livres que j’ai aimé cette année (en vrac) : Une poignée de Cendres de Evelyn Waugh, Daimler s’en va de Frédéric Berthet, L’héritage des espions de John Le Carré, Une jolie fille comme ça de Alfred Hayes, Deux années sur le gaillard d’avant de Richard Henry Dana Jr et Enlevé de Stevenson.

DV : Votre prochain projet cinéma ?
NP : Je tourne à partir du 20 août mon nouveau film, Alice et le maire avec Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier. Il s’agit d’une comédie politique se déroulant essentiellement dans la mairie d’une grande ville de province. J’espère que le film sera prêt à la fin du printemps ou au début de l’été 2019.


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