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Fossoyeurs

posté le 17/11/18 Mots-clés  agriculture 

Enfin, l’État belge s’est décidé à aller de l’avant avec le projet de construire la plus grande prison de son histoire près de Bruxelles. Après deux années de silence autour de ce projet, véritable cerise sur le gâteau dans ce pays où les mesures antiterroristes, le renforcement du contrôle, la chasse aux migrants et aux indésirables poussent vers le totalitarisme démocratique, l’État revient donc à la charge. Deux années de silence aussi pour faire oublier la lutte qui s’était opposée à cette construction, une lutte qui, en prônant l’action directe et l’auto-organisation, a su saper la fabrication d’un consensus populaire autour de ce projet. Au cours de plusieurs années, des dizaines, voir des centaines d’initiatives d’agitation et d’attaques directes contre les responsables de ce projet et son monde, ont eu lieu. Écartant toute cohabitation et composition avec le citoyennisme, le zadisme, le politicardisme, cette lutte, impulsée par des anarchistes, a – au moins – montrée la possibilité d’une lutte spécifique sans compromis, anti-politique et proposant et poussant vers l’action insurrectionnelle. Il y aura sans doute d’autres occasions pour revenir plus amplement sur cette lutte et ce qu’elle pourrait encore apporter aujourd’hui aux débats.

Pitoyablement échoué pendant des années, tenu fermement à l’écart de l’agitation dans les quartiers bruxelloises et de la lutte à perspective insurrectionnelle contre la maxi-prison, le « zadisme à la bruxelloise » avec ses amis politiciens, magistrats, gauchistes et balances, revient aujourd’hui également à la charge. On a pu lire l’appel à un «  festival anti-carcérale » début novembre, près du terrain où a commencé la construction de la maxi-prison. Y étaient invités des notables du gauchisme belge, et surtout toujours les mêmes qui avaient été durement critiqués il y a quelques années lors de la lutte contre la maxi-prison (entre petits politiciens d’un « comité de quartier », spécialistes du monde carcéral, avocats...)... Mais le tout, tradition zadiste oblige, nous est offert maintenant avec un semblant de radicalité bon marché (par exemple, en offrant « un bisou » aux « copains et copines actuellement poursuivi.e.s par la justice alors qu’il.elles défendent la liberté » faisant référence au procès contre des anarchistes en Belgique, ayant menée des luttes, disons-le pudiquement, bien bien différemment que le pot-pourri zadistique). Le festival a permis de comprendre que le projet de la maxi-prison est « Inutile : il faut le rappeler car la prison n’est pas et n’a jamais été une solution » ou encore qu’il est « imposé : car ce projet ne brille pas par la transparence sur son montage administratif et financier ». Profonde !

Et c’était encore sans compter... l’intervention des lapins ! Dans la foulée de ce festival, des gens déguisés en lapins sont allés dans la Régie des Bâtiments pour y répandre... des feuilles d’arbre. Une action pour dénoncer « l’absence totale de débat politique et l’expression de nombreuses oppositions venant des citoyen·nes, associations en lien avec le milieu carcéral, ancien·nes détenu·es, criminologues, magistrat·es et avocat·es, riverain·es, naturalistes, économistes... » ou encore « La destruction de la source et la friche du Keelbeek, dernier poumon vert du nord de Bruxelles, ne va clairement pas dans le sens de la lutte nécessaire contre le réchauffement climatique alarmant et les atteintes humaines à la biodiversité. De plus, il est reconnu qu’augmenter la capacité carcérale et enfermer un grand nombre de personnes dans une structure pénitentiaire (1190 places prévues) n’aide à diminuer ni la criminalité ni la récidive. » Rien de moins. Bêtises ? Récupérateurs ? Fossoyeurs ? Peut-être. Mais le refrain que le heureux peuple zadiste, les lapins de Haren, le comité de quartier pas encore las de son léchage de cul auprès des institutions et des journalistes, et, qui sait, peut-être aussi quelques activistes libertaires ou radicaux, récitent aujourd’hui lors de ce festival à Bruxelles, c’est le même que dans tant de coins : tous ensemble, tous ensemble, hey hey hey. Et bonsoir à l’éthique plutôt que la stratégie, à l’action directe plutôt que la conflictualité alternée, à des perspectives de bouleversement du monde plutôt que la composition avec celui-ci.

Nous ne mangerons pas de ce pain-là, quitte à décevoir une fois de plus (espérons définitivement) tous les stratèges opportunistes.

Il y a quelques années, un dossier sur la lutte contre la maxi-prison était paru en différentes langues. Dans l’introduction à De l’air ! Autour de la lutte contre la construction d’une maxi-prison à Bruxelles, on pouvait lire ces mots qui pourraient, encore aujourd’hui, inspirer et encourager celles et ceux qui comptent encore se battre contre cette monstruosité :

« Une lutte contre la répression de l’Etat, mais en même temps contre une conception de la vie même et de l’espace urbain qui devrait la contenir. Mis en rang sous les yeux des caméras, l’un dans les rayons d’une prison, l’autre dans les ailes d’un supermarché, les citoyens détenus et « libres » partagent des jours et des nuits qui ne sont pas tellement dissemblables : surveillés dans leurs pas, contrôlés dans leurs mouvements, fichés dans leurs relations, catalogués dans leurs demandes, exploités au travail, aliénés de leurs désirs, anesthésiés par la télévision.

Une lutte contre un objectif facile à identifier par toutes les « classes dangereuses », encore bien présentes dans les quartiers de la capitale belge, mais potentiellement reconnaissable par (presque) tout le monde. Parce qu’avec la croissance des mesures sécuritaires et le durcissement législatif, la possibilité de finir derrière les murs de cette prison risque de connaître bien peu d’exceptions. Et plus une menace est indiscriminée, plus l’intérêt à sa neutralisation peut se généraliser.

Une lutte qui tente de réunir la clarté de paroles exprimées de différentes manières avec la multiplicité de faits diurnes et nocturnes, individuels ou collectifs. Une richesse qui ne connaît pas de propriétaires, à laquelle on peut contribuer et dans laquelle on peut librement puiser. Sans serments de fidélité, sans tissus de parti. Parce que le but, c’est de diffuser une méthode qui est en même temps une perspective, et non pas d’exaucer une revendication humanitariste. Une méthode insurrectionnelle, basée sur l’action directe et l’auto-organisation, tendant vers la diffusion des hostilités contre les responsables et contre les rouages de ce projet répressif, cherchant à créer les conditions pour sa destruction.

Une lutte lancée par des individus qui ne cachent pas leur propre hostilité permanente contre toute forme de pouvoir, mais qui est aussi reprise par d’autres. Si force est de constater comment l’horizon institutionnel est en train de coloniser l’entière imagination humaine, cette lutte s’obstine pourtant à aller à la recherche de possibles complices, mais sans aller mendier de consensus chez personne. Car il ne faut jamais confondre le crime qui s’appelle la liberté avec l’affaire qui s’appelle la politique. Le premier a besoin de têtes brûlées que l’on ne trouve qu’en bas. Le deuxième a besoin de bons tuteurs qui ne se trouvent qu’en haut. Et cette réflexion est peut-être la meilleure suggestion que cette lutte en cours est en train de nous donner. »


posté le Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
Commentaires
  • 17 novembre 2018 18:17

    je trouve la critique pertinente et fondée, mais par contre la binarité entre d’un côté les mauvais militant.e.s traîtres à la cause et de l’autre les militant.e.s insurectionalistes qui elleux luttent de la bonne manière, c’est bien pété :) ça décridibilise completement le propos et c’est dommage

  • 18 novembre 2018 11:32

    Pèse tes mots quand même
    "Traîtres", c’est des gens qui ont embrassé une "cause" pour ensuite s’en distancier. Ce qui n’est pas le cas pour la flore zadiste. On peut difficilement trahir quelque chose à laquelle on n’a jamais cru.

    "Militants", on peut donner de tout à ceux que tu appelles "insurrectionnalistes" (mais, que veut bien dire ce terme pour toi ?), mais "militants" me semble assez mal choisi, vu que la critique du militantisme me semble une des choses justement bien présente. J’ai l’impression que moins qu’il y a de projets "insurrectionnalistes", plus que d’autres s’amusent à coller cette étiquette sur certaines personnes. La misère du milieu quoi, qui s’est toujours (et heureusement) tenu loin, loin, loin, de tout projet de lutte quelque peu consistant.

    "Décridibilise", aux yeux de qui ? Personnellement, ma lutte ne consiste pas à me rendre "crédible", mais à essayer de faire ce que j’estime juste. "Crédibilité" et éthique ne sont pas la même chose. Les mots sont ce qu’ils sont (toujours limités), les actes peuvent parler (mais pas toujours), les rencontres peuvent générer quelque chose (ou pas). Mais il ne me semble pas que l’auteur(e) de ce texte prétend à une "crédibilité" dans ses propos, il ou elle précise juste quelques banalités de base, vite oubliées, vite liquidées. Il suffisait de lire les logorrhées et les réactions mises sur ce site à propos des "anarchistes", du "milieu" - aujourd’hui même disponible sous forme de brochure - pour comprendre combien il y en a qui aspirent, et sans doute depuis longtemps, à des "luttes" (ce serait plus correct de l’appeler "activités" ou "passe-temps") plus faciles, plus composées, pas trop exigeants, avec la présence de tout ce qui est nocif pour l’épanouissement d’individus libres (des petits chefs, des adeptes du parti pas trop imaginaire, des lèche-cul de magistrats, des petits manipulateurs d’assemblées, des suiveurs). C’est juste qu’avant ils fermaient sagement leur gueule (sauf quand il s’agissait de répandre derrière le dos des ragots et des calomnies sur celles et ceux impliqués dans des luttes qui ne leur plaisaient pas), aujourd’hui, ils se sentent "libérés" de le dire haut et fort. Peut-être c’est tant mieux, l’abîme qui nous sépare s’affirme, c’est toujours mieux que la confusion.

  • 18 novembre 2018 17:52

    Ça excuse en rien la triste binarité de jugement exposé dans l’article.

  • 18 novembre 2018 22:06, par Flop

    Je ne comprend strictement rien à ce que je lis,
    ça fait moitié peur et moité ça excite.
    Si quelqu’un.e veut bien opérer une traduction pour celleux qui n’ont pas tout vus, tout lu, tout vécu, tout compris. C’est avec plaisir.
    J’ai juste l’impression qu’à force ne pas vouloir simplifier ou s’expliquer de façon abordable avec qui que ce soit pouvant se révéler du mauvais coté, tout tombe à l’eau.
    Enfin dans ce cas présent tout tombe dans l’eau tiède de mon crane.
    Quelle place pour les personnes qui s’interrogent et se construisent dans des actions, activités, rencontres ou discussions dans le monde décrit ?
    Une sensation d’être dos au mur à devoir répondre oui ou non à une question pas comprise qui vas déterminer tout le reste de ma vie.

    Un lien vers le dossier multi-lingue est aussi le bienvenus.

    J’aimerai aussi beaucoup lire une liste non-exaustive des dizaines, voir des centaines d’initiatives d’agitation et d’attaques directes contre les responsables de ce projet et son monde. Car je ne sais pas où trouver cette compilation d’information.

    Un grand merci,
    et bisous quand même si ça défrise.

  • 19 novembre 2018 15:29, par c’est du lourd

    HhAHAHAHA yen a qui sont trop vénérs ! Et doués pour la masturbation pseudo intellectuelle. HoOOOOO je m’aiiimmmmeeeee , je suis trop fooort, les autres sont troopp nuuulllss ! Si vous comprenez pas tout c’est parce que c’est pas tres bien écrit.
    Buddy voici la liste des actions pour lesquelles certaines personnes identifiées comme anarchistes en belgique sont en attente de jugement :

    « Tentative d’incendie d’un bâtiment habité » lors de la manifestation sauvage devant le centre fermé pour illégaux à Steenokkerzeel le 21/01/2009. (8 personnes accusées)
    – « Avoir attaqué, résisté avec violences ou menaces » contre des flics lors de la manifestation à Steenokkerzeel le 21/01/2009). (8 personnes accusées)
    – « Dégradations » d’une limousine le 16/11/2011, aggravées par le fait que le délit est inspiré « de haine, mépris, hostilité en raison de la fortune des victimes ». (3 personnes accusées)
    – « Coups et blessures » au chauffeur de la limousine (3 personnes accusées)
    – « Avoir attaqué ou résisté » aux flics lors d’une manif sauvage à Anderlecht le 12/11/2010. (2 personnes accusées)
    – « Coups et blessures » à un agent le 1/10/2010 (1 personne)
    – « Avoir fabriqué des armes prohibées », le 1/10/2010 pour des hérissons (2 personnes), le 12/11/2010) pour des barres de fer (2 personnes).
    – « Menace d’attentat » contre une personne habitant à côté de la prison de Forest, réveillée par des feux d’artifice début octobre 2010 et pas content du bruit (3 personnes).
    – « Graffitis » avec l’aggravante d’être « inspirés par la haine » (8 personnes).
    – « Entrave méchante à la circulation fluviale » lors d’une manifestation sauvage à Anderlecht (2 personnes).
    – « Injures » contre des fonctionnaires européens (3 personnes).
    – « S’être attribué le titre d’avocat » (2 personnes).

    Comme tu pourras le constater, des action extremement radicales qu’aucun pauvre citoyennistes zadistes débiles et betement solidaire n’a jamais commises dans sa vie. (Et oui même si tu as perdu ta main ou ton oeil ou la vie , t’es qu’un connard de zadiste qui sait pas ce que c’est la LUTTE) Par contre les gens dont on parle ici sont des héros-ines et la lutte contre la maxi prison leur doit tout .(Surtout le moment ou ils ont frappé le chauffeur de la limousine, quelle belle action envers les dominants !) Vive ces gens si formidables qui crachent sur toutes les formes de lutte qui ne sont pas les leurs et qui ignorent l’histoire. ( et sinon en fait on s’en fout de votre avis sur les actions des autres , c’est possible de comprendre ça ou non ? )

  • 19 novembre 2018 16:15

    « un bisou » aux « copains et copines actuellement poursuivi.e.s par la justice alors qu’il.elles défendent la liberté » faisant référence au procès contre des anarchistes en Belgique, ayant menée des luttes, disons-le pudiquement, bien bien différemment que le pot-pourri zadistique)"

    Salut , j’suis un des orgas du festival anti carceral et en fait ce n’est pas une reference aux gens dont tu parles cette partie du texte mais a des amis qui sont actuellement poursuivis par la justice pour des faits de sabotage et autres et qui se revendiquent totalement zadistes. Merci de ne pas vous croire les seuls du monde.

  • 19 novembre 2018 22:15

    désolé, mais sur le "suivi du festival" qu’on trouvé ici (https://bxl.indymedia.org/spip.php?article22504) et qui est dûment signé "ZAD", on peut lire :

    Bisou 1 : On voudrait rappeler notre solidarité avec des copains et copines actuellement poursuivi.e.s par la justice alors qu’il.elles défendent la liberté : https://lalime.noblogs.org/post/category/proces-anti-anarchiste-en-belgique/

    Alors, c’est quand même bel et bien une référence au procès qui se déroulera à Bruxelles ?

  • 19 novembre 2018 22:57

    Dossier De l’air, autour de la lutte contre la construction de la maxi-prison, en français, c’est là :

    http://lacavale.neocities.org/www.lacavale.be/IMG/pdf/delair_dossiermaxiprison.pdf

  • 19 novembre 2018 23:05, par mais oui mais oui

    oui il y a bien un lien vers une caisse de solidarité pour d’autres gens ! Désolé d’avoir voulu être solidaires et relayer cet appel à soutien financier, quelqun a du betement croire que c’était en étant solidaires des gens qui luttent , même differement de nous, qu’on allait pouvoir avancer ! En attendant l’aeroport de nddl ne sera pas construit, tout comme le barrage du testet et la foret d’hambach est en passe d’etre sauvée. Et c’est pas grâce à des vieux textes plein de haine et de suffisance comme celui ci. Et franchement quelle personne qui rêve d’une revolution libertaire s’enerverait de voir ces luttes portées par de plus en plus de gens , de plein de manières differentes ? On dirait des petites brutes dans un cour d’école , et oui , à ton grand regret apparemment de "vrai revolutionnaire" ou je ne sais pas comment tu veux t’appeller, y a bien de plus en plus de gens qui ne fermeront plus "sagement leur gueule" .

  • 19 novembre 2018 23:41

    Mais au final, le "bisou" c’est pour qui ?? Pour une caisse ? Pour "d’autres gens" ?

    On comprend plus rien là.

  • 20 novembre 2018 21:47, par ouais

    là je suis enfin d’accord , vous comprenez rien.

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