Commémoration du 20ème anniversaire du génocide des Tutsis du Rwanda

posté le 28/03/14
lieu : Place Royale - ULB Bruxelles
Mots-clés  solidarité  antifa  projection / débat / concert 

Voici le message adressé par IBUKA à l’occasion du 20ème anniversaire du génocide…


« Conçu de longue date, le projet d’extermination est préparé et mis en œuvre de façon graduelle, depuis 1959. Sur la longue durée d’une génération, on aura assisté, de manière sporadique, quasiment cyclique, à des phases d’essai, puis de répétition générale, jusqu’au paroxysme en 1994.

Crime innommable, le génocide anti-tutsi a été commis dans l’indifférence totale de la communauté internationale, alors qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, elle avait pris l’engagement solennel que « plus jamais » le monde ne pourrait tolérer pareil déni de l’humanité.

D’avril à juillet 1994, environ cent jours durant, plus d’un million de personnes sont monstrueusement massacrées sur l’ensemble du pays : à coups de machettes, de haches, de lances, de flèches, de gourdins, de baïonnettes, de balles de fusils, de chars d’assaut, d’incendies dans des églises, temples et autres lieux publics, etc. Pour la simple raison qu’elles sont nées tutsies, ces personnes sont massacrées sans distinction aucune : hommes, femmes, enfants, adultes, du fœtus au vieillard.

Beaucoup de femmes sont atrocement violées, puis suppliciées de toutes sortes de manières, avant d’être mises à mort. Le viol est ici utilisé comme une arme de génocide. La visée en est la destruction totale des Tutsis. La taxinomie de l’humiliation explore toutes les possibilités des imaginaires du mal. Rarissimes, les rescapées succombent encore actuellement à l’infection du VIH Sida, qu’elles ont contractée lors de ces viols.

L’entreprise génocidaire n’épargne même pas les quelques personnes qui tentent de s’y opposer, ou celles qui refusent d’y collaborer, celles qui sont assimilées aux Tutsis, ni même des étrangers, qui sont censés maintenir la paix et la sécurité. Dix des Casques Bleus Belges envoyés au Rwanda dans le cadre de la Mission des Nations Unies Pour le Rwanda sont également massacrés.

Face à cette fin programmée des Tutsis, la réaction de la communauté internationale est d’évacuer les expatriés, et presque tout le contingent des Casques Bleus, laissant ainsi le champ libre aux tueurs, et les Tutsis à leur merci. Seuls les efforts et les sacrifices des Rwandais ont permis de mettre fin à cette folie meurtrière, et de démarrer la reconstruction du pays. Les rescapés pleurent leurs morts ; ils cicatrisent, tant bien que mal, les blessures, aussi bien physiques que psychologiques, afin de pouvoir affronter les défis de la vie.

Vingt ans après, quel bilan, sous quels rapports ? Quels sont les défis ? Ces questions, et tant d’autres, connexes, appellent réflexion, et actions, les unes plus urgentes que les autres, à l’adresse aussi bien des Rwandais que de la Communauté internationale, qui doit se sentir concernée, au regard de l’inscription, dans la durée, dudit génocide.

L’Organisation des Nations Unies et certains pays, tels que la Belgique et les États-Unis, ont reconnu, en partie, leur part de responsabilité, et ont demandé pardon. D’autres, comme la France, continuent à la nier, malgré les preuves irréfutables qui s’accumulent au fil du temps. Quelques auteurs ont été jugés et condamnés par des tribunaux, tant au niveau national qu’international, mais beaucoup d’autres restent encore en liberté. Certains menacent même de récidiver, et s’appliquent à transmettre l’idéologie du génocide à leurs enfants.

L’initiative, louable, mais encore timide, de l’extradition de certains coupables vers le Rwanda, doit être poursuivie. La question de la réparation reste posée, sous nombre de ses formes : garantie de non-répétition, indemnisation, réadaptation, etc. Pourtant, elle fait partie des droits fondamentaux de toute personne ; elle doit donc faire partie intégrante de la justice.

Au lieu de cela, la révision et la négation de ce génocide vont bon train, sous toutes leurs formes, sous tous leurs mécanismes. Allant de la négation pure et simple à la banalisation des faits, en passant par le présupposé haine ancestrale entre Hutus et Tutsis, accusation en miroir, guerre civile, autodéfense, légitime défense, thèses de colère spontanée, etc., la révision et la négation dudit génocide prennent des dimensions inquiétantes.

En collaboration avec ses amis et ses partenaires, IBUKA Mémoire et Justice organise, chaque année, différentes activités de commémoration. L’année 2014 se veut spéciale, marquée par plus de solidarité et de responsabilité. Tout au long de l’année, diverses activités seront organisées. Un accent particulier sera mis sur le Bilan des 20 ans post-génocide, mais aussi sur la Mémoire et le Mémorial, sur la justice, et surtout, sur la quête de réparation pour les victimes et les survivants.

IBUKA Mémoire et Justice fait donc appel à toute personne et à toute institution, au sens élémentaire de l’humain, pour se joindre à elle, afin de contribuer à réparer le passé, pour préparer l’avenir, et contribuer à la construction d’un monde plus juste, plus vivable, plus équitable, sans haine ni exclusion.

Honorer cette mémoire et entretenir sa flamme est un devoir pour tous. Le questionnement est existentiel. Il est essentiel d’en avertir nos enfants : le fanatisme, l’intolérance, la haine et la violence peuvent détruire l’humanité toute entière. Il faut leur apprendre à respecter toute vie humaine, quelle qu’en soit la différence. Il faut élaborer des moyens adéquats de prévention et de répression, contre toute tentative de génocide, ou de négation de celui-ci.

Le génocide est un crime contre l’humanité ; le devoir et le travail de mémoire nous incombent à tous ! »

Programme de la « Marche aux flambeaux » et la « Soirée de la Mémoire », pour le lundi le 07/04/2014.

  • 18h00 : Marche aux flambeaux : De la Place Royale jusqu’au Palais de Justice (Place Poelaert)
  • 20h00 : Départ vers l’Université Libre de Bruxelles (ULB). -Amphithéâtre « La Fontaine » Avenue F.D. Roosevelt 50 CP160/26 – 1050 Bruxelles
  • 20h30 : Soirée de la Mémoire A Université Libre de Bruxelles (ULB).
    • Allocution d’ouverture, par Mr Eric Didier Rutayisire, Président d’IBUKA
    • Témoignage d’un survivant du génocide des Tutsi
    • Messages de solidarité
    • Chants et poêmes de circonstance
  • 00h00 : Veillé de la mémoire

E-mail : info@ibuka.be

http://www.ibuka.be/

Contacts : Tél. +32(0)499238395 (Emile Kagambage) ; +32(0)497020323 (Déogratias Mazina)


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