Nous sommes morts d’un coup de grisou, d’un effondrement de tunnel, d’un glissement de terrain, nous sommes morts de maladie, de silicose, les poumons plus noirs qu’un soleil éteint. Nous sommes des centaines et des milliers, et ce soir, nous avons décidé de sortir de terre et de parler.

A l’époque, nous sommes venus par centaines et par milliers de l’étranger avec l’espoir d’un travail et d’une vie meilleure. Aujourd’hui, des centaines de milliers d’hommes et de femmes quittent leur terre parce que comme nous ils cherchent une vie meilleure. Nous sommes partis de chez nous quand les conditions économiques ne nous permettaient pas la survie. Et celles et ceux qui partent aujourd’hui fuient la guerre qu’il y a dans leur pays, la guerre que des dirigeants se livrent pour s’emparer de mines de charbons ou de réserves de gaz ou de puits de pétrole.

Aujourd’hui nous nous sentons stupides, nous sommes venus mourir dans des terres qui souvent n’étaient pas les nôtres, pour extraire une richesse dont nous n’avons pas profité, et qui aujourd’hui est la cause de tout ce dérèglement climatique qui pourrait bien provoquer l’extinction de l’humanité toute entière. Et tout ça pour quoi ? Pour des biens dont nous pourrions facilement nous passer.
Aujourd’hui on essaie de vous vendre un tas de machine inutiles : des cafetières à recharges jetables, des vêtements déjà usés -ces jeans troués- qui provoquent eux-même la silicose dans les caves où ils sont produits, par des gamins et des gamines de quel age ? Vous devez remplacer vos téléphones sans fil tous les deux ans parce que des gens cupides inventent sans cesse des mise à jour qui les rendent obsolètes ou même des systèmes qui les mettent en panne.

Nous nous sentons stupides car nous avons vraiment cru que nous participions au progrès, nous avons encouragé nos fils et nos filles à travailler comme nous. Nous avons parfois cru que nos chefs d’état conduiraient le pays vers plus de bien-être et plus d’égalité. Nous nous sentons tellement naïfs aujourd’hui.

Vous, les vivants, même si vous n’êtes que des morts en sursis, nous voudrions vous secouer. Votre époque est une époque décisive. Vous ne pouvez pas rester aveugle et continuer à creuser votre tombe, comme vous le faites aujourd’hui. Ne soyez pas naïfs et n’attendez rien de ceux et celles qui vous gouvernent. Ils ont les mains souvent fourrées dans les slips de ceux qui ont en main des gros billets de banque. N’oubliez pas qu’en réalité ils ne vous gouvernent pas, et qu’unis vous êtes bien plus forts qu’eux. Vous pouvez tout changer et en réalité le seul changement possible viendra de vous. Cherchez la confiance en vous avec votre entourage, vos voisins, vos quartiers. Opposez-vous à tout ce qui nuit à quiconque, n’achetez pas ces saloperies qui viennent d’on ne sait où, et produits dans des conditions que vous ignorez. Arrêtez d’utiliser ces voitures pour vos petits trajets. Vous avez des jambes, servez-vous-en !

Et servez-vous de votre tête pour imaginer des moyens différents de fonctionner. La vie est courte, et aujourd’hui beaucoup de gens appuient sur l’accélérateur parce qu’ils ne perçoivent pas qu’il y a des alternatives. Vous avez de l’imagination Bon Dieu !
Arrêtez de croire à ces économistes qui ne chantent que les louanges de la croissance. La croissance c’est notre perte totale. Comment peut-on encore croire créer toujours plus de richesses avec toujours moins de matière ? Même un enfant comprend ça...

Vous êtes vivants !! Waw !! Quelle sensation !! Le changement est entre vos mains !! Quel pouvoir magnifique ! Et les solutions sont si simples... surtout ne baissez pas les bras, il n’est pas -encore- trop tard. Cessez de regarder tourner votre linge dans la machine à laver et sortez de chez vous, apprenez à faire pousser des poireaux, construisez une éolienne avec une vieille dynamo, partagez vos outils avec vos voisins, et démantelez toute cette économie meurtrière, avant qu’elle ne vous tue.
Ce serait dommage que vous finissiez comme nous, avec cette sensation d’avoir ruiné notre vie en contaminant définitivement la planète.
Ah, vous a-t-on dit que le dernier rhinocéros noir s’est éteint il y a 4 ans ?

S’il vous plait sortez vous de là, avant que ce monde ne devienne un véritable enfer. Si vous ne faites rien, c’est indéniablement ce qui se passera...