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Déportation FRONTEX vers le Nigéria le 14/10/2015 – – Témoignage.

posté le 05/01/16 Mots-clés  luttes sociales  répression / contrôle social  No Border  sans-papiers 

Nl :
http://www.gettingthevoiceout.org/frontex-deportation-naar-nigeria-on-14102015-getuigenis/

Engl :http://www.gettingthevoiceout.org/frontex-deportation-to-nigeria-on-14102015-testimony/

FR :
http://www.gettingthevoiceout.org/deportation-frontex-vers-le-nigeria-le-14102015-temoignage/

Les 14/10/2015 et 15/10/2015, il y a eu deux expulsions collectives Frontex vers le Nigéria : un vol à partir d’Amsterdam, coordonné par les Pays-Bas avec 28 expulsés de divers pays avec escale à Madrid , le second vol à partir de Rome et coordonné par l’Italie avec 48 expulsés.

Table ici http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-5958_en.htm

Appel de
Rome :http://hurriya.noblogs.org/post/2015/10/13/roma-espulsioni-di-massa-in-nigeria-2-giorni-di-allerta-domani-1410-appuntamento-solidale/

Cinq Nigérians enfermés en Belgique étaient programmés pour ce vol. Il n’a pas été simple de comprendre l’itinéraire de voyage de nos deux témoins.L’un était cagoulé et menotté pendant les divers transferts , le second ne sachant absolument pas où on le conduisait dans la camionnette
avec fenetres fumées. Le secret était extrêmement bien gardé et de fausses informations nous ont été données ! Il y a eu aussi confusion puisqu’on avait pressenti un seul vol et que nous avions prévenu nos amis à Rome ou beaucoup de Nigérians sont en centre fermé.Finalement il
y a eu deux expulsions collectives différentes !
http://www.gettingthevoiceout.org/%EF%BB%BFalerte-vol-special-frontex-vers-le-nigeria-ce-14102015/

Témoignage écrit (original en english) d’un homme déporté de la Belgique
au Nigéria sur un vol Frontex

“Lundi, vers 15h30, l’assistant social du centre fermé est venu me trouver, il m’a dit de prendre mes affaires pour les amener dans un autre centre, à Merksplas, il m’a dit que mon vol pourrait avoir lieu la nuit suivante, c’est à dire le 13 octobre 2015. Alors, ils m’ont emmené à Merksplas le 13 octobre (un mardi). Ils m’ont demandé de retirer tous mes vêtements, ils m’ont entièrement déshabillé, je leur ai alors demandé pourquoi ils me faisaient ça. Mais ils étaient incapables de me
répondre. Plus tard, un gardien de sécurité m’a dit qu’ils faisaient ça à tous les migrants qui n’avaient pas de papiers. Ensuite, ils m’ont donné un petit short blanc pour m’habiller. Avant qu’ils ne m’enferment,j’ai demandé pour prendre une douche, mais ils m’ont répondu qu’il n’était pas permis de se doucher là-bas. Et plus personne ne pouvait me rendre visite, les deux amis de l’église qui sont venus pour moi n’ont pas été autorisés à me voir. C’était horrible. Ce qu’ils m’ont fait,c’est contre les droits de l’homme, contre Dieu et contre l’humanité.

Les deux nuits avant qu’ils ne m’emmènent au Nigéria, je n’ai pas pris de douche. Et ils m’ont dit que je n’avais le droit qu’à deux coups de téléphone par jour. Ils m’ont tout pris, téléphone portable inclus.J’étais désorganisé et complètement fatigué. Plus personne ne pouvait me
rendre visite. Il y avait seulement un gardien de sécurité qui était chrétien et qui est venu près de moi, prier et m’encourager à garder la foi quoi qu’il en soit.

Revenons au 13 octobre, aux alentours de 17h00. Les gardiens de la sécurité et la police sont venus me chercher et ne m’ont pas autorisé à dire un mot, ils m’ont traîné depuis les étages jusqu’au
rez-de-chaussée, m’ont jeté au sol, m’ont attaché les mains à la taille,m’ont giflé et frappé dans les côtes, ce qui a entraîné une forte douleur persistant même après que je sois rentré dans mon pays.
A 17h30, ils ont amené devant un bus aux vitres fumées et personne ne pouvait voir à l’intérieur. Ils m’ont traîné et poussé comme une vache à l’intérieur, ils ne m’ont pas permis de marcher moi-même jusqu’à l’intérieur du bus. Depûis 17h00, mes mains étaient menottées autour de
ma taille et durant tout le trajet jusqu’à l’aéroport de Rotterdam en Hollande. C’était l’expérience la plus incroyablement et mortellement douloureuse de toute ma vie. Et je n’ai jamais été en prison de toute ma vie.

En attendant le vol, il était 22h30 et mes mains étaient encore menottées. On a fait le checking et le vol est parti aux alentours de 23h00.

Il y avait plus de cent soldats et des escortes policières.Un chef d’équipe de surveillance, une équipe de surveillance, un chef d’observation,un chef d’équipe d’observation, un officier commandant, un officier suppléant, un chef d”équipe suppléante, un officier de commandement, un chef d’équipe (pour l’énumération des postes, je suis pas sûr de ce que cela signifie. Du coup, pour n’en citer que quelques-uns. L’escorte comptait plus de 50 personnes. Il s’agissait
exclusivement de chefs européens réunis pour former l’escorte.

Les personnes sur le vol venaient de Belgique, Pays-Bas, Suisse, Luxembourg, Espagne, Finlande, Danemark. Ce sont les seuls pays dont je me souvienne, parce que je leur posais des questions. Parce qu’ils ont arrêté des personnes de tous ces pays et les ont amenées à Amsterdam,même des enfants handicapés. Et des gens avec leur famille et leurs enfants, dont certains étaient malades et ils leur donnaient des médicaments durant le vol parce qu’ils étaient très mal en point.
Mes mains étaient encore menottées lorsque nous sommes arrivés à Madrid ou l’on faisait escale. Nous sommes arrivés environ 5 minutes avant une heure, au milieu de la nuit.
Ils ont demandé à la dame qui gérait la sécurité de détacher mes mains parce que chaque personne avait deux escortes, j’avais deux escortes, un homme et une femme, mais la dame a dit : “pas encore”.
Nous étions là lorsque certains policiers sont sortis pour rentrer chez eux. Nous sommes restés de 1hOO à 3h15 du matin.

L’avion a décollé à 3h30. J’ai encore attendu 20 minutes avant qu’ils ne me retirent les menottes, c’était un cauchemar et une horrible nuit que je n’oublierai jamais de toute ma vie. Merci à Dieu qui m’a donné la force et m’a rempli d’énergie et de courage. Je ne pouvais plus pleurer
et il n’y avait plus de larmes dans mes yeux parce que la douleur m’avait asséché.

Je suis arrivé au Nigéria à 8 heures du matin. La douane et l’armée sont venus me contrôler et m’ont posé une question :”Avez-vous volé,avez-vous transporté de la drogue ?” J’ai répondu non et ils ont pris mes empreintes digitales. Ils m’ont dit que je pouvais m’en aller, puisque je n’étais pas un criminel.


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