Mais sortons de la spirale des images, qui attrape nos imaginaires saturés par redondances.
L’héritage idéologique de Daech est lourd. Il est le résultat d’un travail de longue haleine fourni par des organisations politiques bourgeoises préalables à l’EI, dont les racines sont à chercher du côté des Frères Musulmans, organisation pas encore centenaire. La principale fonction de cet héritage est de détourner nos regards d’une lecture matérialiste de l’avènement de l’optique confessionnelle des conflits et du monde qui l’entoure. Mais l’Etat Islamique n’est ni en dehors de la réalité ni aux frontières de celle-ci. Et on prend la parole pour rappeler que ce n’est ni une alternative à l’impérialisme ni une preuve de l’implacable tournant religieux des rapports sociaux. Daech fait partie de la clique du Vieux Monde, et, au même titre que tous les connards évoqués dans Bad Kids (et il y en a …), sa destruction n’aura de sens que si celle-ci est réalisée par la base sociale qu’il exploite et réprime.
DAECH ORIGINS
L’islamisme version Youtube et Facebook n’a pas grand-chose à voir avec les Croisades que tous les fachos essaient de mettre en perspective. Le salafisme s’est d’abord développé à la décrépitude de l’Empire Ottoman, à la fin du XIXème siècle, dans le souci de réadapter l’islam au monde moderne. L’objectif était d’assurer la transition économique des territoires arabes et de maintenir, par l’ordre religieux, les positions des notables, grands commerçants et propriétaires terriens, dans la nouvelle configuration régionale qui s’annonçait, qu’il s’agisse d’un Royaume ou d’un Etat. Seulement, l’intervention des forces occidentales va quelque peu bouleverser ce projet en gestation, appuyant de nouvelles couches sociales pour lesquelles, notamment en Syrie, nationalisme ne rime pas avec sunnisme, mais se fait au contraire contre lui. Ici, nous comprendrons qu’il ne s’agit pas d’une opposition entre laïcs et croyants mais entre nouvelles couches de la bourgeoisie nationale et anciennes classes dirigeantes sunnites. Il faut d’ores et déjà rappelé qu’à ce moment-là, les débris de l’Empire Ottoman que représentent la Grande Syrie et l’Irak sont des territoires multiconfessionnels. Une multi-confessionnalité sur laquelle les régimes d’occupation s’étaient largement appuyés (on ne vous refera pas la leçon du diviser pour mieux régner) pour élaborer le cheval de Troie de l’Empire Ottoman en 1914. Le jeu des identités est un jeu définitivement sérieux.
pour lire la suite :
* https://badkids.noblogs.org/post/2016/04/18/badkids-n6/
* https://badkids.noblogs.org/files/2016/04/BK6.pdf