Qu’est-ce qu’un « islamo-gauchiste » ? (artefact polémique)

L’accusation est de plus en plus fréquente, mais il s’agit d’un artefact polémique.

C’est en effet ce dont j’ai été accusé à plusieurs reprises. Je me suis donc découvert un beau matin islamo-gauchiste. Certes, c’est moins grave que de se découvrir séropositif, mais cela m’amène à me demander ce qu’est cette maladie.

I Le sens apparent des mots.

Comme la gastro-entérite est une maladie qui touche l’estomac et l’intestin, j’ai donc d’abord cherché du coté de l’étymologie ce qui pouvait être à la fois musulman, voire islamiste, et gauchiste.

Personnellement, question foi religieuse, je serais plutôt comme ce héros du film « Scoop » de Woody Allen : « je suis né dans la religion judaïque, mais je me suis très vite converti au narcissisme ». Alors, islamiste, christianiste, etc ??

Politiquement, je me situerais dans la mouvance sociale-démocrate, avec Karl Kautsky contre Bernstein et contre Lénine, avec Léon Blum au congrès de Tours ; j’admire Pierre Mendès-France, etc.. Ajoutez à cela que je souhaite une politique keynésienne. Alors, gauchiste ??

I.I Une synthèse ponctuelle.
J’ai connu, à l’époque de leur gloire, des « cathos de gauche », voire d’extrême-gauche. Le PSU en hébergeait quelques uns. Pour ces derniers, le prolétariat mondial était porteur des espérances messianiques chrétiennes. Il y avait donc un « christiano-gauchisme ». Il reste aujourd’hui des catholiques (et des protestants) militants sincères des droits humains et de la justice sociale. J’ai plaisir à les retrouver dans des combats communs et je ne commence pas nos rencontres en leur demandant ce qu’ils pensent du pape et de la capote, des prêtres pédophiles, etc..

Alors, j’ai cherché le pendant musulman de mes cathos d’extrême-gauche d’antan. Après tout, pourquoi pas ?

En 1979, la révolution iranienne mélangeait slogans anti-impérialistes et messianisme chiite.

Certains de ses acteurs se référaient à Ali Shariati1, mais pas ceux qui finalement tirèrent les marrons du feu.

Même si j’aime l’Iran et son peuple, le régime mis en place depuis 1979 ne me plaît pas. Et maintenant, il reste certes parfois des slogans anti-impérialistes, mais la justice sociale est remise à plus tard, les droits humains ne sont pas très respectés2, et les commerçants bazaris sont parmi les soutiens d’un régime divisé en plusieurs clans et sous-clans (clergé, pasdarans, bureaucrates).

Il y eut les « moudjahidines du peuple d’Iran » (OMPI), qui avaient théorisé cette fusion islamo-gauchiste. Aujourd’hui, c’est une machine opaque au service de sa dirigeante et de je ne sais quels intérêts étrangers.

Ce n’est donc pas là que je trouverai le modèle pour « mon islamo-gauchisme. »

Dans d’autres pays musulmans, il y eut aussi des mouvements politiques alliant références religieuses et programme de progrès social et/ou anti-impérialiste. Mais je crois que ce fut marginal.

I.II Une accusation polémique
J’ai aussi pensé aux accusations staliniennes, qui associaient la caractéristique revendiquée de certains adversaires (partisans de Trotski, Tito) à un préfixe infamant évoquant le nazisme : hitléro-trotskistes, gestapo-titistes. Mais là, j’ai un doute : quelle est la caractéristique revendiquée et quelle est l’apposition infamante ? A priori, ni le gauchisme, ni l’islam ne peuvent être associés au nazisme. Et ils ne sont pas infamants en eux-même.

J’ai donc cherché ce qu’en disaient les gens qui savent, ceux dont le rôle est d’éclairer le vain peuple.

II L’emploi dans la presse en ligne

Plutôt que Google, j’ai préféré chercher dans des quotidiens en ligne si l’islamo-gauchisme était un sujet pour leurs articles.

Les résultats sont les suivants :

islamo-gauchisme islamogauchisme islamo-gauchiste islamogauchiste

Libération depuis 1994 17 5 35 5

Le Monde depuis 1944 24 0 26 1

Le Figaro depuis 2010 763 0 804

II.I Les grandes tendances.
Les archives en ligne des quotidiens ont une profondeur historique variable. Les comparaisons ne peuvent donc être faites que pour les années depuis 2010.

Mais on constate que « Le Monde » emploie les termes islamo-gauchiste, etc. de façon rarissime avant 2010 :

aucune occurrence avant 1976, 3 en 1976 (Liban et Bangladesh) , 1 en 1978, 2 en 2000, 3 en 20045, 1 en 2007 et 2 en 2009.

De 2010 à 2013, l’emploi des termes reste faible dans les trois médias étudiés. Pour l’ensemble :

2010 : 3

2011 : 3

2012 : 5

2013 : 6

A partir de 2014, c’est explosion :

2014 : 10

2015 : 35

2016 : 93

2017 (< 15/05) : 50

C’est le Figaro qui publie plus d’articles évoquant ces termes : 62 en 2016, dont 19 de Gilles-William Goldnadel et 8 d’Ivan Rioufol.

Une partie de cet emballement médiatique est dû aux attaques de Manuel Valls et ses amis contre les opposants à leur politique, notamment Benoît Hamon lors de la primaire de la « Belle alliance populaire ».

Le 5 juillet 2016, Libération note d’ailleurs :

La novlangue politique décodéeParallèlement, on observe un renouvellement très fort de la langue politique. De nouvelles expressions font leur apparition : développement durable, Brexit, islamo-gauchisme, durabilité… Leurs usages montent en flèche mais tous ces termes subissent une usure accélérée. Ils vieillissent terriblement vite ! ».

Cécile Alduy y écrit le 10 mai 2017 :

Il y a aussi eu toutes ces bévues linguistiques ou transgressions stratégiques qui laissent un goût amer. On aura entendu Arnaud Montebourg parler d’« UMPS », Manuel Valls d’« assistanat », Malek Boutih traiter Benoît Hamon d’« islamo-gauchiste », Marine Le Pen se prendre pour Simone de Beauvoir.

II.II Analyse détaillée :
Nota : l’accès à beaucoup d’articles est réservé aux abonnés, je ne peux donc pas toujours analyser le contenu exact.

Beaucoup d’articles se bornent à cataloguer les opposants politiques d’islamo-gauchistes, avec quelques protestations des intéressés.

Schématiquement, on peut distinguer deux familles qui recourent aux terme « islamo-gauchisme », avec des points communs et des divergences entre elles :

II.II.I La famille néo-conservatrice, voire d’extrême-droite.
Elle est bien représentée dans les colonnes du Figaro, avec surtout deux titulaires de tribunes : Gilles-William Goldnadel et Ivan Rioufol.

Pour eux, le monde est divisé en deux camps, celui du « bien » et celui du « mal ».

Dans le camp du « bien », il y a le « monde blanc », quant il échappe à la « repentance », quand il assume son « héritage judéo-chrétien », l’État d’Israël, les États-Unis d’Amérique (ceux du Tea Party, etc, pas ceux d’Obama), les partisans de l’économie de marché.

Dans le camp du « mal », il y a tous les autres, les gens qui n’ont pas compris que les « Blancs » ne voulaient que « partager leur culture », les adeptes de religions à vocation totalitaire, les assistés permanents, les révolutionnaires aigris, les opposants à la politique israélienne.

Le cas de Gilles-William Goldnadel, est intéressant : « juif mécréant », comme il se définit lui-même, il défend bec et ongles la politique israélienne, revendique sa « blanchité », il a écrit un livre sur la « Question blanche ». Pour lui, l’antisémitisme est devenu résiduel à l’extrême-droite et dans le « corps français traditionnel6 », il est surtout présent à l’extrême-gauche et chez les personnes de « culture arabo-musulmane ». C’est pourquoi, avocat, il n’hésite pas à défendre des personnalités d’extrême-droite, y compris la militante identitaire alsacienne Anne Kling7.

« A propos des enregistrements clandestins effectués par Patrick Buisson, défendu par l’avocat Gilles-William Goldnadel : « Aujourd’hui, l’antisémitisme islamo-gauchiste est plus puissant que celui d’extrême droite » » (Le Monde 6 mars 2014)

J’ajoute que mon combat principal contre l’islamo-gauchisme que je considère aujourd’hui comme le premier totalitarisme revient à défendre une conception de l’État-nation occidental démocratique et de culture judéo-chrétienne que celui-ci abhorre pathologiquement jusqu’à verser dans le racisme anti blanc. Autrement dit, lorsque je défends la France, je défends Israël. Et réciproquement. (Le Figaro 14 août 2015)

Le 24 novembre 2015, il définit l’islamo-gauchisme.

Cet islamo-gauchisme aurait aussi pour but de faire jouer aux musulmans le rôle perdu par le « prolétariat » et les « peuples opprimés ».

Pour Nadia Geerts, militante laïque et chercheuse à l’ULB, la réaction d’Anne Morelli est "symptomatique de cette mouvance islamo-gauchiste relativiste qui nous explique que toutes les opinions se valent, et qu’elles valent même un peu plus si elles sont exprimées par les ’opprimés’". (Le Monde 3 octobre 2013)

Présentation d’un article du « Monde » le 11 juin 2015 :

En 2015, ce « refus sans limite » (Maurice Blanchot) qu’est l’antisémitisme se nourrirait d’un radicalisme islamiste planétaire (« salafiste-djihadiste ») relayé par une « pensée slogan islamo-gauchiste », un « propalestinisme » messianique sans rapport avec les Palestiniens réels ni la...

Libération le 9 mai 2016 :

« Depuis les manifestations contre l’intervention des Etats-Unis en Irak, des intellectuels français, révoltés par l’antiaméricanisme, ont fondé le Cercle de l’Oratoire. Inspirés par les néoconservateurs et pourfendeurs de l’islamisme radical, ils se réunissent à Paris dans un temple protestant. (..)Au rayon de leurs ennemis, les « oratoriens » glissent facilement de l’islamisme à « l’islamo-gauchisme », puis au gauchisme tout court. Le sujet les rend intarissables. (..) Pour étayer son propos, la pasteure déplore que les protestants aient pris l’habitude de donner systématiquement raison aux Palestiniens contre les Israéliens. L’exemple n’est pas fortuit, bien sûr.

Pascal Bruckner : « Réactionnaire ! Cette injure doit devenir un titre de fierté » (L’extrême-gauche) a perdu la classe ouvrière qui s’est embourgeoisée, le tiers-monde qui s’est converti au capitalisme, la Chine, l’Inde, le Brésil, une partie de l’Afrique. Ne reste que l’islam radical. Les bombes, les attentats suicides renouent avec la stratégie des mouvements insurrectionnels. Toute l’ultra-gauche est fascinée par la puissance éruptive du djihadisme. Cette alliance a été théorisée par le Socialist Workers Party (des trotskistes) en Angleterre : sous certaines conditions, l’alliance avec les musulmans même rétrogrades est nécessaire pour ébranler la forteresse capitaliste8. Ce qu’on a raté avec les prolétariats, le tiers-monde, on va le réaliser avec ce monothéisme sacrificiel dont les fidèles forment un prolétariat de substitution. C’est ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme. (Le Figaro 20 mai 2016)

Elisabeth Lévy : « Derrière le terrorisme, la sécession culturelle d’une partie de l’islam de France » Il y a en France un parti de l’islam, que Finkielkraut appelle justement le parti de l’Autre, qui s’est prêté à toutes sortes d’accommodements avec « les Frères », représentants de la « religion des pauvres », comme disait Emmanuel Todd, non pas par cynisme électoral mais parce qu’il comprend, dans le fond, que seul l’islam pourrait effectivement le débarrasser de ce peuple qui vote de plus en plus mal et demeure, on se demande pourquoi, rétif aux séductions très relatives du multiculturalisme réel. Ramadan, les Frères musulmans de l’UOIF, et plus encore leurs alliés de l’islamo-gauche, comme Edwy Plenel ou Clémentine Autain et pas mal d’autres ont clairement encouragé la sécession que j’ai évoquée en lui fournissant des visages présentables, une panoplie idéologique de légitimation et des relais médiatiques. Et ce sont les mêmes qui ont seriné aux jeunes nés sur notre sol que nous étions coupables de tout et eux responsables de rien. On ne saura jamais à quel point ce discours victimaire a contribué à faire haïr la France par des Français. (Le Figaro 6 janvier 2017)

II.II.II La famille « nationale-laïque » ou « nationale-républicaine ».
Nuit debout "manipulé par l’extrême gauche" (Le Guen9)

Enfin, il a appelé au "combat des idées" contre "ceux qui manipulent politiquement les symboles d’asservissement des femmes", ce qu’il a qualifié "d’idéologie islamo-gauchiste". Dans son livre numérique qu’il vient de publier, "La gauche qui vient (place à la République !)", il définit "l’islamo-gauchisme" comme "une part de la gauche de la gauche", incarnée selon lui par Clémentine Autain, "prête à céder totalement au différentialisme culturel" en acceptant "de substituer des normes religieuses et communautaires à nos droits et nos règles républicaines". (Le figaro 20 avril 2016)

La charge de Jean-Marie Le Guen contre l’« islamo-gauchisme » : « Ce séparatisme est porté par une part de la gauche de la gauche, qu’on pourrait être tenté de qualifier - de manière polémique - d’ ‘islamo-gauchisme’. Pour des raisons compassionnelles, en ne voyant les personnes d’origine arabo-musulmane que comme des victimes et des opprimés, cette gauche, bien incarnée par Clémentine Autain (porte-parole d’Ensemble !, composante du Front de gauche, ndlr) , est prête à céder totalement au différentialisme culturel », écrit-il. (Le Figaro 24 avril 2016)

Caroline Fourest (citée par Libération le 22 avril 2016) :

« Il désigne ceux qui, au nom d’une vision communautariste et américanisée de l’identité, combattent le féminisme universaliste et la laïcité », estime ainsi l’essayiste Caroline Fourest, qui l’utilise couramment.

Pour les autres, ceux qui en font les frais, elle n’est qu’une arme pour disqualifier une lutte légitime : faire entendre la voix des musulmans « racialisés » et « discriminés ».« Une expression valise qui sert simplement à refuser le débat et à stigmatiser », pointe Edwy Plenel, le patron de Mediapart. Le terme, à vocation médiatique, est un montage séduisant et efficace pour dire un phénomène complexe et discuté. De l’injure policée dans le débat de plus en plus brûlant entre intellectuels français.

Réponse (?) de Clémentine Autain le 26 avril 2016 dans « Le Monde »

« Me voilà donc promue porte-drapeau improbable d’un « islamo-gauchisme », prête à « céder totalement au différentialisme culturel » en acceptant – tenez-vous bien - « de substituer des normes religieuses et communautaires à nos droits et nos règles républicaines » (sic). »

Que signifie donc ce qualificatif « islamo-gauchiste » ? Il vise à jeter un anathème, à discréditer sans autre forme de procès argumenté. Je suis élue de Sevran et donc bien placée pour connaître les drames en cours des recrutements djihadistes comme les méfaits d’un islam intégriste..

1er mai 2016 Aux sources de l’islamo-gauchisme (Jacques Julliard)

« Il y a un problème de l’islamo-gauchisme. Pourquoi et comment une poignée d’intellectuels d’extrême gauche, peu nombreux mais très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l’homme, ont-ils imposé une véritable sanctuarisation de l’islam dans l’espace politique français ? Oui, pourquoi ces intellectuels, pour la plupart agnostiques et libertaires, se sont-ils brusquement pris de passion pour la religion la plus fermée, la plus identitaire, et, dans sa version islamiste, la plus guerrière et la plus violente à la surface du globe ? » (Le Figaro 1er mai 2016)

Le Guen théorise le combat contre les « communautaristes » et les « populistes » Ce proche de Manuel Valls identifie une première menace à la gauche du PS. « Nous sommes la gauche réformiste, nous ne sommes pas la gauche radicalisée. Dans la gauche radicalisée, il y a aujourd’hui des gens qui ont un assentiment à la violence, au communautarisme, à l’exacerbation des haines sociales », assure-t-il. Avant de préciser son propos concernant ceux qu’il qualifie d’« islamo-gauchistes » : « Il y a une fraction de cette gauche qui considère qu’on doit être tolérant vis-à-vis d’une fraction radicalisée de l’islam, avec laquelle, quand on est républicain, laïc, on ne peut pas avoir d’accord », regrette le ministre, qui y voit des « raisons électoralistes ». « Il peut y avoir y compris au sein du PS des gens qui ne mesurent pas les dégâts », poursuit-il. (Le Figaro 1er juillet 2016)

Laurent Bouvet (Le Printemps Républicain) : l’islamisme, la gauche et le complexe colonial : Question/Réponse : Le conflit israélo-palestinien ou les traces de la Guerre d’Algérie entretiennent-ils cette islamo-gauchisme ? La concurrence victimaire est-elle devenue le moteur de celui-ci ?

Il y a, incontestablement, au sein de cette gauche extrême dont on parlait plus haut, la tentation de rejouer en permanence les conflits coloniaux ou d’importer en France des conflits extérieurs, comme celui entre Israël et les Palestiniens. On le voit à l’occasion des manifestations comme celles de l’été 2014 en faveur de Gaza ou dans les campagnes de boycott des produits israéliens par exemple. C’est heureusement limité. Et s’il ne se trouvait pas toujours des responsables médiatiques, politiques ou syndicaux pour donner du crédit ou soutenir ces actions gauchistes, elles n’auraient aucun écho. (Le Figaro 22 juillet 2016)

Jacques Julliard :« Qu’est-ce que l’islamo-gauchisme ? »

Il pose ainsi le problème : « Pourquoi et comment une poignée d’intellectuels d’extrême gauche, peu nombreux mais très influents dans les médias et dans la mouvance des droits de l’homme, ont-ils imposé une véritable sanctuarisation de l’islam dans l’espace politique français ? Oui, pourquoi ces intellectuels, pour la plupart agnostiques et libertaires, se sont-ils brusquement pris de passion pour la religion la plus fermée, la plus identitaire, et, dans sa version islamiste, la plus guerrière et la plus violente à la surface du globe ? »

Il affirme qu’il y a trois objets de haines dans cet « islamo-gauchisme » : la laïcité, la République, le peuple !! (Le Figaro 26 août 2016)

Entre Hamon et Valls, tension maximale avant le débat d’entre-deux tours Invité quelques minutes plus tard sur France Inter, l’ancien premier ministre n’a évidemment rien retiré de ses accusations, assumant aussi pleinement les propos de son lieutenant Malek Boutih qui a soupçonné Hamon d’être en « résonance avec une frange islamo-gauchiste ». « Malek Boutih a raison de pointer les ambiguïtés sur la radicalisation dans les quartiers, sur laquelle certains n’ont pas pris suffisamment conscience », a validé Valls. « J’ai le souvenir de la réaction de Benoît Hamon à propos de ce reportage sur France 2 sur ces femmes à qui on interdisait des lieux publics », a continué l’ancien chef du gouvernement. Le candidat arrivé en deuxième position faisait allusion aux déclarations polémiques du député sur des cafés à Sevran10 interdits aux femmes. « Je défends une laïcité qui protège », a ajouté Valls, qui a indiqué qu’il « aurait ce débat » avec Hamon lors de l’émission mercredi soir, sur leur vision de la séparation du culte et de l’État. (Le Figaro 25 janvier 2017)

Laurent Bouvet interrogé par le Figaro le 8 février 2017 :

Question du rédacteur Alexis Feertchak : « L’islamo-gauchisme est-il le poison de la gauche française ? » Réponse : « Il y a toute une gradation d’attitudes sur ces sujets qui vont en effet de l’islamo-gauchisme au sens propre à des formes de complaisances plus ou moins avouées envers l’islam politique (on pense ici aux associations et personnalités proches des Frères musulmans par exemple). C’est le cas chez des responsables politiques comme chez des journalistes ou des chercheurs. On les trouve en général plutôt à gauche et même se revendiquant très à gauche. Ce que l’on a coutume d’appeler les idiots utiles de l’islamisme sont en tout cas assez visibles et audibles médiatiquement » .

II.II.III Points communs
Au-delà des différences sémantiques, de la moindre importance accordées par les néo-conservateurs etc.. aux questions sociétales, il y a des points communs.

L’absence de références précises et sourcées. Jamais on ne lit : « X a dit ou écrit ceci tel jour, à tel endroit ». La seule référence est celle faite par Pascal Brückner au SWP britannique, ultra-minoritaire, dont la plupart des accusés d’islamo-gauchisme ignorent probablement l’existence et/ou les thèses.

En général, quand on étudie une idéologie, un projet politique, on identifie celles ou ceux qui les ont énoncés, théorisés.

Par exemple, qu’il s’agisse du socialisme, de la démocratie chrétienne, du sionisme, toute présentation, défense ou réfutation passe par leur examen, le plus souvent chronologique. Le plan est souvent le suivant :

les précurseurs

les textes fondateurs

les développements historiques.

Si Gilles-William Goldnadel a défini ce qu’il appelle l’islamo-gauchisme, j’ai cherché en vain de l’autre côté du miroir l’équivalent de Marx, Herzl.

Pierre-André Taguieff et l’extrême-droite avaient inventé « l’immigrationnisme », coalition de pensée entre l’extrême-gauche « droitdel’hommiste » et le patronat à la recherche de main-d’œuvre bon marché. Le hic, c’est que personne n’a jamais exprimé, dit ou écrit en reprenant à son compte une synthèse des analyses du GISTI et du MEDEF.

J’avais pensé appelé ce type d’invention de théories politiques prêtées à d’autres le constructivisme ou le constructionnisme, mais il faudra trouver autre chose car ces termes sont déjà utilisés avec d’autres sens.

III Conclusion.

« L’islamo-gauchisme » est, dans le contexte français, un artefact opposé à ceux qui combattent la bien réelle islamophobie, affichée, revendiquée et pratiquée.

Un autre artefact, que je refuserais de reconnaître, est le sexo-séparatısme. J’en parlerai ultérieurement.

Post-scriptum :

Je viens de découvrir cette étude.

Que signifie le terme « islamo-gauchiste » proféré par tous les cons ?

Intéressant.

1 Que l’on peut effectivement considérer comme le pendant musulman chiite du catholique Leonardo Boff.

2 Mais quand même plus qu’en Saoudie, et les médias et politiques occidentaux pratiquent l’indignation sélective.

3 http://recherche.lefigaro.fr/recherche/islamo-gauchisme/

4 http://recherche.lefigaro.fr/recherche/islamo-gauchiste/

parfois les mêmes que pour la requête « islamo-gauchisme »

5 Année du vote de la loi sur les signes religieux à l’école.

6 Les « souchiens », pour parler comme (dans l’ordre chronologique) Jean-Louis Borloo, Houria Bouteldja et Bruno Gollnisch.

7 Bibliographie avec des titres aux messages subliminaux,

8 Sur le SWP, on peut lire cette analyse de John Mullen :

http://www.contretemps.eu/tony-cliff-un-trotskyste-juif-palestinien-au-royaume-de-sa-majeste/

qui n’évoque pas cette alliance.

9 Accusé par les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot de liens, y compris financiers, avec le Qatar. Ce pays est régulièrement accusé de soutenir la confrérie des Frères musulmans, etc..

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/interroge-a-nouveau-sur-ses-liens-avec-le-qatar-jean-marie-le-guen-s-emporte_1865965.html

10 « Affaire » résultant d’un bidonnage indigne d’une chaîne publique

http://www.bondyblog.fr/201703101815/bar-pmu-de-sevran-la-contre-enquete-du-bondy-blog/#.WR1fc9ykKM8


publié le 10 janvier 2018