PRISONS POUR LʼENFANCE

PRISONS POUR LʼENFANCE

Nos dirigeants agissent ; les prisons se multiplient ; pas de ville, pas de quartier qui ne peut se flatter dʼen posséder une ; le nombre des tortionnaires augmente aussi, naturellement.

Me trouvant dans lʼune de ces maisons hospitalières, je suis à même dʼen goûter tous les délices. A tout dire, le régime y est plutôt déprimant : les traditions autoritaires y sont soigneusement entretenues ; lʼesclavage y est parfait, le maître arrogant et le prisonnier docile. Ce dernier représente la bête quʼon a tort de ménager ; on lʼabrutit régulièrement par de stériles besognes entièrement dépourvues dʼintérêt.

Après un travail éreintant, liberté est laissée aux détenus de se promener entre quatre murs, puis à nouveau, cʼest la cellule ; le tout coupé par de très maigres repas, desquels lʼabondance et la variété sont bannies. La journée terminée, demain la même vie recommencera et ainsi jusquʼaux …. vacances, car je dois le dire, ces prisons sont des écoles dont les gardiens sont des pions.

On peut aisément sʼy tromper, lʼanalogie est grande entre ces deux genres dʼétablissements. Pratiquement, cʼest la même chose ; mais il est une différence que je veux signaler. La prison nʼenchaîne que le corps de lʼindividu alors que le collège enchaîné à la fois son corps et sa pensée.

Un Elève
lʼanarchie n°43, jeudi 1er février 1906.


publié le 13 juin 2018