Retour sur la nasse rue Belliard du samedi 8 décembre 2018, lors du rassemblement des Gilets Jaunes

Pour répondre à l’article Retour sur la Manif du samedi 8 décembre 2018.
Je suis arrivée en retard et j’ai directement rejoins la nasse rue Belliard. A peine passée les flics ont refermé la nasse dans mon dos.

On était plus ou moins deux cent. Cette fois ci il y avait beaucoup plus de bruxellois.e.s que vendredi passé. Et ce qui devait arriver arriva, un militant bien connu des mouvements sociaux bruxellois a commencé à faire un discours avec un gueulophone. « Nous sommes en colère mais nous sommes non violents.... ». Ca y est les tentatives de récupération sont en marche du côté des mouvements sociaux traditionnels. Les corps intermédiaires sont bien présents, on le sent. Mais autour de moi plusieurs personnes ne sont pas dupe. On s’éloigne de lui. Peu à peu il se tait.

Je me rend compte que certaines personnes qui était dans la nasse au début n’y sont plus. Le bruit court que nous pourrions sortir en échange de notre d’identification. Comme de toute façon on passera par là tôt ou tard je fait le tour mais tout reste fermé. Trop tard. Pas grave je papote avec l’une ou l’autre, on est pas du tout dans les mêmes « milieux », on a certainement pas la même analyse politique mais les difficultés du quotidiens sont bel et bien les mêmes. Un gars fait remarquer qu’il y a cinq flics en civil dans la nasse qui se baladent. Ils ont sorti un jeune de l’autre côté de la nasse et sont revenu par ici. Une fille arrive vers nous et nous dit qu’elle a parlé à la police et que « Si vous vous calmez ils vous laisseront sortir bientôt ». Comment ça « si vous vous calmez ? Pourquoi tu dis Vous ? T’es flic ou quoi ? » « non non je vous jure..... etc. » . Bref, pas mal de messages bizarres et contradictoires circulent dans la nasse. En plus tout le monde était super calme donc ça n’avait pas de sens. On sait bien qu’enfermé comme ça on a pas intérêt à trop bouger car ils filment tout. On était entouré de flics et de pompes à eau munies de caméras. Un autre message circule : Il parait que celleux qui acceptent de sortir maintenant seront arrêtés seulement administrativement et celleux qui restent c’est pour la confrontation et l’arrestation judiciaire. Je vais voir vers la sortie et les personnes qui sortent sont assises à la queue leu leu par terre et ne peuvent pas bouger. Je demande aux flics pour les arrestations et il me dit que non, il n’y aura que des arrestations administratives. Je décide de rester dans la nasse debout plutôt que de m’asseoir par terre il fait trop froid. Celleux qui sont sorti sont peu à peu emmené à Etterbeek. Apparemment ils sont restés la-bas quelques heures. C’est lent, un bus à la fois.

Dans la nasse l’ambiance commence à être assez chaude malgré le froid. Un groupe se met en petit cercle au milieu et entonne des chansons anarchistes. D’autres les rejoignent, dont moi, et nous partons pour une petite chorale improvisée qui fait chaud au cœur et c’est bien apprécié par les autres personnes. Après cette première chauffe, il commence à pleuvoir. Une autre personne sort son petit baffle et met de la musique électro. Et c’est reparti mais cette fois pour une danse sous la pluie au milieu des flics. Tout le monde souri.

vers 16h les flics fatiguent. Ils décident de nous faire sortir après une fouille au corps et une prise des identités et des photos. Le premier cordon de flic est bien serré mais ils ne sont pas assez pour le deuxième. Après la fouille je me retrouve dans une file avec un pote pour la prise des photos et des cartes d’identité. La file n’est pas gardée, les flics sont au bout de la file. Je demande aux personnes devant moi ce qu’on fait et ils me confirment que nous devons attendre pour les identifications. On se regarde avec mon pote et, tout doucement, on sort de la file. Les flics ne voient rien, on marche en regardant par terre et, lorsqu’on est plus loin, on réalise que ça a marché et que c’est si bon de terminer comme ça.


publié le 15 décembre 2018