RSS articles
Français  |  Nederlands

1315 militant.e.s surveillé.e.s par l’État belge

posté le 06/07/20 par union communiste libertaire Mots-clés  répression / contrôle social 

« La police suit actuellement neuf groupes d’extrême gauche et 1315 personnes qui sont liées à un ou plusieurs de ces neuf groupes ». C’est ce qu’a affirmé le ministre de l’intérieur Pieter De Crem en Commission Intérieur de la Chambre le 1er juillet dernier en réponse à une question d’un député d’extrême droite, Ortwin Depoortere (VB). En outre, on apprend aussi que 10 personnes sont également enregistrées dans la banque de donnée des « propagandistes de la haine » sur base de leur idéologie « d’extrême gauche ».

Au vu du chiffre de 1315 personnes avancé par De Crem, il semble évident que la Sûreté de l’Etat et la police procèdent à un fichage global des militant-e-s, non pas sur base de faits « délictueux » pour l’Etat mais bien sur base d’idées politiques et de leurs liens supposés avec des organisations révolutionnaires. Est-ce à dire qu’il suffit de participer à une manifestation ou une activité étiquetée « d’extrême gauche » (catégorie pour le moins floue) pour se retrouver dans une base de donnée de la Sûreté de l’Etat ?

Ce qu’il semble frappant c’est que la Sûreté affirme depuis des années ne pas s’intéresser à des mouvements dans leur globalité mais à l’activité de certains groupes en particulier. Or on voit bien ici qu’avec 1315 personnes dans le viseur c’est bien une partie significative de la gauche révolutionnaire qui fait l’objet d’une surveillance attentive. Ainsi dans son rapport de 2017/2018 la Sûreté affirmait s’intéresser à « l’extrême gauche violente […] hostiles à l’ordre démocratique et constitutionnel » qui ne regroupait alors « guère plus d’une centaine de militants et sympathisants qui sont surtout localisés à Bruxelles ». Deux ans plus tard, le Ministre de Crem affirme que c’est 1315 personnes qui sont fichées par la Sûreté, une inflation radicale de la surveillance politique alors que, de l’aveu même du Ministre de l’Intérieur, le « terrorisme » d’extrême gauche est inexistant en Belgique.

Que la Sûreté de l’Etat surveille les activités révolutionnaires ne surprendra personne, elle joue son rôle de police politique au service de l’ordre bourgeois. Ce qui peut paraître plus inquiétant c’est quand un Etat fiche sa population sur base de ses idées politiques. On comprend vite les dérives d’une telle pratique policière surtout dans un contexte de montée des forces réactionnaires et d’extrême droite. Demain, au nom de la « protection de ses intérêts » l’Etat fichera-t-il les syndicalistes, les féministes, les antiracistes, les écologistes ou tout autres personnes qui luttent pour la transformation sociale ? Ou peut-être le fait-il déjà…

La question à laquelle répondait Pieter De Crem en séance de la commission intérieure le 1er juillet dernier était formulée par un député d’extrême droite, Ortwin Depoortere. Ce dernier semblait plus interpellé par l’absence de l’extrême gauche dans le rapport de la Sûreté de l’Etat que des mises en garde sur la montée de l’extrême droite en Belgique. Ce dernier affirmant que les « antifa » avaient été officiellement classé comme organisation terroriste aux Etats-Unis. Cette déclaration est évidemment mensongère et ce malgré les tweets de Donald Trump. Pour autant, une même ligne réactionnaire se dégage, de Washington à Bruxelles, celle de la convergence entre une droite conservatrice et une extrême droite banalisée. Et nul doute sur le fait que ces forces réactionnaires trouveront dans la Sûreté de l’Etat un allié tant que celle-ci aura le pouvoir de classer comme « propagandistes de haine », celles et ceux qui luttent, au contraire, pour l’égalité économique, politique et sociale & la liberté.

➡️ Article de la DH

➡️ Compte rendu analytique Commission de l’Intérieur (01/07/2020) (page 26)


posté le  par union communiste libertaire  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
Commentaires
  • Aucun commentaire

Avertissement

Les commentaires ont pour objectif de compléter l’information donnée dans l’article, argumenter, apporter une interrogation ou un questionnement par rapport au sujet de la contribution. Les avis personnels qui n’apportent rien de plus à l’article pourront être considérés comme discussion de forum ne répondant pas aux objectifs pré-cités.Tout commentaire ne répondant pas à ces objectifs, ou étant contraire aux règles éditoriales sera supprimé définitivement du site.

Lien vers la politique éditoriale du collectif

le site est archivé