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31 décembre 2014… minuit !

posté le 01/01/15 par  Stop Art. 63§2 Mots-clés  économie  solidarité 

31 décembre 2014… minuit !

… soir ! … Année !

Comment dire ce mot qui nous reste dans la gorge en ce moment, en cette heure, de voeux rituels… : « bon »… « bonne »…

Car « ils » avaient décidé de le faire et « ils » l’ont fait. Froidement. Cyniquement.

Nous n’avons pas été en mesure de « les » en empêcher avant qu’ils produisent les dégâts annoncés.

Depuis cette seconde où nous publions ce texte, depuis ce moment où le compte-à-rebours sur notre site s’est arrêté sur zéro, nous essayons de nous faire à l’idée que, dans le 17ème pays le plus riche au monde, des milliers de gens sont désormais jetés hors de toute protection sociale, de toute reconnaissance de leur participation de fait à l’économie, même s’ils sont, – et bien sûr restent (!) -, « hors emploi »… 

« Hors emploi » jetés aux portes de l’aide publique, sélective, souvent bureaucratique, tout aussi absurdement conditionnée. Ou, jetés à la porte de tout, tout simplement.

Pour nous qui sommes actifs et actives au sein du réseau, les « exclu-e-s », ces « exclu-e-s » dont tu fais peut-être partie, ne sont pas une suite de chiffres, une évocation économique et théorique, une abstraction appuyant une thèse en sciences politique, une juxtaposition de témoignages poignants mis en image par des media sans profondeur.

Ces « exclue-e-s », nous les connaissons, nous en connaissons. Les victimes de cette mesure crapuleuse sont parmi nous, elles ont pour nous des visages, des traits, des voix, des sourires, des prénoms, elles ont parfois avec nous des bribes de parcours communs, jalonnés de moments de lutte, de rires, de chants de contestation, de repas et de verres partagés, de slogans rythmés par la colère et soudés par l’amitié…

A eux, à elles, qui sont ainsi jeté-e-s, à toi qu’ils voudraient ainsi nier dans ton existence même, nous voulons communiquer notre solidarité, – pas charitable mais DE CLASSE -, notre fraternité sensible et généreuse, notre affection en quelque sorte, notre énorme révolte, teintée en ce moment précis d’un certain sentiment d’impuissance, c’est vrai. Nous voulons te dire notre volonté quand même de rester debout à tes côtés, pour avec toi leur faire face, encore et encore…

Ce qu’ils font est ignoble. Nous ne l’oublierons pas. A nos yeux, jamais ce qui arrive ici et maintenant ne sera normalisé, normalisable.

Allons-nous continuer la lutte, même si la mise en application de cette mesure, froide, méthodique et sans faille, – faisons leur confiance -, en rend l’abrogation encore plus improbable, plus difficile à obtenir ? OUI. Juré, craché !

Sous la forme du réseau Stop Art.63§2, de son objectif hyper ciblé et des pratiques qu’en dominante il a mises en oeuvre jusqu’ici : sensibilisation, prises de parole dans l’espace public, médiatisation de rassemblements ou de manifs sans autorisation, lobbying en fédérant officiellement des forces parfois inespérées ? Rien n’est moins sûr.

Il va nous falloir prendre acte de notre échec, dans le temps qui nous a été imparti et dans les formes que nous avons déployées.Echec relatif bien sûr. C’est une bataille que nous avons perdue, pas la guerre. Et puis des convergences, improbables parfois, se sont tissées, des forces se sont éveillées et des « inentendus » ont commencé à forcer l’écoute (et la réponse) de ceux qui les méprisent ou les ignorent.

La force inédite de ce que nous avons construit, sans aucun doute possible, c’est qu’il a été le résultat de notre propre combat à nous, soutenus certes, parfois du bout des doigts, par pleins d’organisations, des grosses mêmes, que nous remercions. Oui, ce combat a été conçu, organisé et DIRIGE par nous-mêmes, concrètement concernés par ces attaques, par ces offensives portées par les deux derniers gouvernements successifs contre tous les travailleurs « hors emploi », et d’une manière plus large contre tous « les bénéficiaires » de la sécurité sociale (pensionné-e-s, personnes en invalidité), avec en cible on le sait l’ensemble du salariat.

Le combat du réseau n’a pas été, n’est pas… celui d’institutions POUR nous, il ne nous a pas non plus été confisqué après coup, pas jusqu’ici en tout cas, il est resté le nôtre et rien que le nôtre… Si nous le prolongeons à l’avenir sous sa forme actuelle, il nous faudra rester vigilants. Maintenant qu’il y a des morts sociaux à plaindre, des larmes sur lesquelles mobiliser les bons sentiments, des cadavres sur les dos courbés desquels « se faire valoir » institutionnellement ou politiquement, des charognards aux apparences d’anges compatissants et aux postures condescendantes pourraient bien arriver… pleurant les morts pour mieux s’assurer qu’ils ne se (re)mettront jamais debout.

La lutte continue. De nouvelles alliances pourraient advenir, nous redonner de la force, de la perspective, de l’imaginaire créatif et subversif. Quels que soient ceux qui à nos côtés voudraient lutter, quels que soient ceux qui, sur notre champ de lutte, voudraient se rendre à bon droit, qu’ils sachent que nous sommes ouverts à toute main ouverte , à la condition qu’elle soit coopérante, franche et sans arrogance. Qu’ils sachent aussi que l’indignité, la dénonciation ou pire, la sensiblerie ne nous siéront jamais. Nous défendons la construction d’un au-delà commun qui affirme ce que l’on veut, ce que l’on ne veut pas, ce que l’on ne veut plus. Dire nos exigences communes comme de réelles exigences, sur lesquelles donc on ne transige pas.

La capacité à muter est parfois la forme la plus redoutable pour tromper l’adversaire, déjouer ses alliés déguisés et ainsi conserver intacte notre puissance de feu, quitte à passer par un temps de repli, de reprise d’énergies, susceptible à tort d’être perçu comme un abandon, une capitulation sans rémission. Peut-être le réseau en passera-t-il par cette transition. Peut-être pas… question de rebonds, d’inattendus, de ressources émergeant là où on ne les avait pas vu venir.

En tout état de cause, rassure-toi, et rassurez-vous, Messieurs les puissants d’aujourd’hui, nous ne lâchons pas, nous avons juré-craché ! Et ce qui est juré-craché, c’est juré-craché… comme « piquet c’est piquet », et « manif c’est manif », nom de dieu !

Alors rejoins-nous…

Les anonymes de la lutte du réseau Stop Art.63§2

http://www.stop632.be/


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