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9 raisons de refuser l’injonction qui nous est faite de condamner le « terrorisme islamiste »

posté le 21/06/17 Mots-clés  répression / contrôle social  antifa 

Le présupposé d’une telle injonction est bien entendu l’« ethnicisation » de l’ensemble des populations musulmanes à travers la planète :

En dépit de la diversité manifeste des styles et modes de vies des 1 300 000 000 musulman-e-s sur terre, la pensée raciale à l’œuvre ici les transforme en une population monolithique sans aucune diversité culturelle ou intellectuelle. Tout acte violent commis par un-e musulman-e aurait ainsi un lien direct, organique, avec les musulman-e-s du Mali, d’Indonésie, de Palestine… ou de France.

Une telle injonction implique l’existence d’une responsabilité collective des musulman-e-s :

Il s’agit d’une conséquence directe de l’ « ethnicisation » évoquée plus haut. Les musulman-e-s constitueraient une population dont les membres sont dominé-e-s par une culture, et non par des valeurs. Une culture figée, dans laquelle le groupe primerait systématiquement sur l’individu. Dans ces conditions, les musulman-e-s deviennent responsables solidairement des actes commis par, ou imputés à, n’importe laquelle/lequel d’entre elles ou d’entre eux.

Chaque conflit armé dans un pays musulman, ou chaque « fait divers » mettant en cause des musulman-e-s, sont alors le prétexte au renforcement des mesures répressives à l’encontre de l’ensemble des musulman-e-s (des lois « antiterroristes » en France, aux punitions collectives contre l’ensemble de la population en Palestine, y compris contre les chrétien-ne-s).

Cette injonction à condamner les actes de « terrorisme islamiste » est en réalité une injonction à approuver les mesures de profilage racial, de restriction des libertés et les interventions militaires à l’étranger :

La sommation à condamner par exemple les actes de l’Etat Islamique permet de mettre la pression sur les musulman-e-s installé-e-s en France, qui seront moins enclin-e-s à dénoncer publiquement les bombardements en cours en Syrie et en Irak. Si elle ne permet pas d’obtenir l’approbation des bombardements, l’injonction permet au moins d’en prévenir la critique. Toute tentative d’ériger un mouvement en France pour condamner le massacre de civils en Syrie et en Irak, se retrouve ainsi disqualifiée a priori.

Un raisonnement analogue s’applique aux mesures de profilage racial et à l’adoption de lois dites « antiterroristes » ou sur le « renseignement », dont les populations musulmanes ne sont pas les seules victimes.

Une telle injonction n’est faite qu’aux musulman-e-s :

Personne n’a jamais demandé aux Blanc-he-s de s’excuser pour les massacres commis par les suprématistes Thimothy Mc Veigh (168 personnes tuées à Oklahoma City en 1995), Anders Breivik (77 personnes tuées en 2011 en Norvège) ou tout récemment Dylan Roof (9 personnes tuées dans une église de Charleston).

Une telle injonction est le produit de l’islamophobie structurelle en France en même temps qu’un moyen de l’occulter :

L’injonction faite aux musulman-e-s de condamner tel ou tel acte terroriste provient le plus souvent – et sans surprise – des plus fervents promoteurs de l’islamophobie. Une mystification qui transforme les musulmane-s qui vivent en France en oppresseurs ou terroristes en puissance, et contre qui une violence légitime peut être exercée.

Une telle injonction est en réalité une injonction paradoxale :

Alors qu’il est constamment reproché aux musulman-e-s de se reconnaitre davantage dans l’Islam que dans la communauté nationale, la République et ses valeurs, l’injonction à la « désolidarisation » les renvoie de facto à leur appartenance communautaire.

Une telle injonction relève de l’hypocrisie la plus manifeste :

Tout de suite après les attaques de janvier 2015, par exemple, on a vu les représentants autoproclamés de l’ « Islam de France » aller sur les lieux de la tuerie puis faire la tournée des plateaux télé pour dire à quel point ces attaques n’avaient rien à voir avec l’Islam. Dans le même temps, les médias ont pris d’assaut les mosquées et les écoles musulmanes pour recueillir la « désolidarisation » des musulmans.

Les seuls moments où l’on accepte que l’on se dise musulman-e-s, c’est précisément pour se « désolidariser » et dire du mal d’actes commis par d’autres musulman-e-s.

Une telle injonction présuppose l’infériorité des musulman-e-s :

Personne ne pourrait enjoindre aux musulman-e-s de faire telle ou telle déclaration si la supériorité de celle ou de celui qui parle n’était pas présumée. Qu’une personne seule – ou un petit groupe de personnes – puisse se permettre de s’adresser avec tant de suffisance à l’ensemble des musulman-e-s, montre bien la nature des relations entretenue avec les populations musulmanes installées en France.

Enfin, le cynisme d’une telle injonction occulte l’ampleur des crimes de masse perpétrés par les régimes occidentaux :

Qu’il s’agisse de la colonisation, avec son lot de génocides, de destructions et de dépossessions ; du soutien inconditionnel apporté au régime sioniste israélien et aux dictatures les plus dures dans le monde ; de l’embargo meurtrier imposé pendant plus d’une décennie au peuple irakien ; ou des innombrables interventions militaires (Centrafrique, Somalie, Mali, Libye, Irak, Afghanistan, etc.), le bilan humain de la politique occidentale est effrayant.

Personne n’a songé à enjoindre à l’ensemble des populations de ces pays occidentaux à condamner de telles pratiques. Pire, le législateur français en fait même la promotion à travers la loi du 23 février 2005, dont l’article 1 affirme :

« La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. »


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