Depuis 17h30 heures ce vendredi, des habitant·e·s du quartier et des militant·e·s occupent les bâtiments destinés à être détruits puis transformés en tours de logements de luxe à Cureghem,sur le bassin du Biestebroek. Un rassemblement – constitué d’associations, collectifs, et habitant.e.s du quartier - a lieu devant les bâtiments occupés en soutien (1-3, Rue Nens).
Cette action vise à dénoncer les transformations urbaines prévues par la Région Bruxelloise et les promoteurs immobiliers BPI et Immobel dont le projet est de construire cette tour appelée « A’Rive » (anciennement appelé key-west), les banderoles affichent un message clair :
"NON AUX LOGEMENTS DE LUXES", "CUREGHEM AUX HABITANT.E.S PAS AUX PROMOTEURS".
Le projet dénoncé se nomme A’Rive, et prévoit la construction de 524 nouveaux logements et 383 places de parking au bord du canal à Anderlecht. Des habitations sous forme de tours, les plus hautes s’élevant jusqu’à 64 et 84 mètres. A’Rive se situera au bassin du Biestebroek, dans le quartier populaire de Cureghem et au cœur d’une activité portuaire et industrielle propre au canal.
Le prix annoncé pour les appartements les moins chers est de 2 700€/m² . Pas besoin d’un dessin pour saisir que ces logements ne sont pas destinés aux anderlechtoi.se.s concerné.e.s par la crise du logement.
"On ne veut pas de ces tours, parce que la région et la commune l’ont décidé mains dans les mains avec les promoteurs dans leurs intérêts, qui sont en fait contraires aux nôtres. On voit bien qu’ils ne se soucient pas réellement de la vie des cureghemois. " dénonce Sophie, une habitante présente au rassemblement.
Lorsque la Région a transformé l’affectation de certains de ses sols (auparavant réservés à une activité productive) pour permettre la construction de logements, on pouvait espérer une intention de répondre ainsi à la demande croissante et urgente de logements accessibles sur son territoire. En fait, c’est loin d’être le cas, puisque A’Rive et les projets environnants ne sont destinés à loger une certaine catégorie de personnes - bien plus riche et aisée que les habitant.e.s actuel.les de Cureghem. Le prix élevé de ces futurs logements, ainsi que l’absence totale de logements sociaux prévus dans le projet, laisse entrevoir le but réel derrière de ce projet : pour les promoteurs, faire un maximum de profit ; et pour la Région, attirer des investisseurs et population à revenus élevés,... plutôt que d’apporter des solutions de logement aux anderlechtois.e.s. Ainsi, la Région choisit de défendre des intérêts marchands plutôt que le droit au logement pour tous et toutes.
Les participants de l’action condamnent la logique de gentrification à laquelle participe le projet A’rive : l’arrivée d’un public plus aisé dans les quartiers populaires fait augmenter le coût des loyers,et le coût de la vie en général, ce qui impact très fortement les habitant.e.s les plus pauvres, qui sont parfois poussé.e.s hors du quartier. En fin de compte, cela revient à marginaliser toujours plus un certain type de population, la privant de la possibilité d’améliorer sa situation socio-économique en habitant dans un quartier proche du centre.
Investir pour attirer des habitant·e·s plus riches, c’est aussi accepter que leurs standings régissent l’espace publique. Les participant·e·s à l’action craignent que les activités portuaires et l’espace social que constitue le bassin du Biestebroek se voient tranformées par les exigences des arrivant·e·s à A’Rive.
"Je viens souvent me promener ici et m’assoir au bord de l’eau, c’est un des seuls endroits où on peut voir au loin dans le quartier, où le soleil éclaire tard. J’ai peur que les tours fassent de cet endroit un lieu privatisé, duquel on serait exclu·e·s". Cette inquiétude dont témoigne un habitant est légitime puisque le projet prévoit de privatiser les espaces verts d’A’rive, qui ne seront donc pas accessibles au public.
Tout ceci sans même parler des nombreux autres impacts néfastes du projet sur la qualité de vie au sein du quartier : congestion toujours plus grande du quartier déjà saturé, en quadruplant sa densité ; projection d’une ombre sur toute l’étendue du parc Crickx (dernier espace vert des goujons) ; insuffisance des équipements collectifs proposés - notamment établissements scolaires pour ces nouveaux ménages -, etc.
La logique scandaleuse du projet est encore plus visible quand on voit que les bâtiments sont complètement vides et que, malgré l’approche de l’hiver, les promoteurs choisissent de condamner les arrivées d’eau et d’électricité afin de s’assurer que personne ne profite de "leur" espace - plutôt que mettre à disposition ces bâtiments pour des personnes en besoin d’un abri. Les occupant.e.s des bâtiments dénoncent également ces comportements et revendiquent une mise à disposition du bâtiment ainsi qu’un rétablissement des arrivées en énergie.
En fin de compte, les habitant.e.s, collectifs et associations présentes aujourd’hui au bassin de Biestebroek revendiquent, face aux projets de gentrification, le droit à la ville : que Bruxelles ne soit pas au service des promoteurs mais qu’elle reste la ville de ses habitants et habitantes.
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