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[Affaire Benalla] Nous le savions : la police est une milice !

posté le 22/07/18 Mots-clés  antimilitarisme 

Témoignage sur la violence d’un membre du cabinet de Macron participant au tabassage d’un manifestant hors de tout cadre légal. Si les médias appuient beaucoup sur la « faute morale » du cow-boy, très peu de gens insistent sur le fait qu’il a été accueilli à bras ouverts par la police.

On est quelques militants à avoir participé à la manifestation du premier mai. Comme chacun sait, elle fut épique, ponctuée d’affrontements et surtout de gazages policiers assez phénoménaux. Cette manif fera couler beaucoup d’encre bien que de l’avis général des camarades présent.es, ce fut loin d’être la plus violente de ces dernières années.

Après la manifestation, quelques individus ont appelé à un rendez-vous place de la contrescarpe à partir de 18h. Un rencard d’après-manif quoi. Avec du houmous des bières et (sait-on jamais) du sérum physiologique.

Cette soirée dans le quartier latin sera finalement plutôt agitée et beaucoup, beaucoup de flics seront mobilisés. On comptera 276 arrestations selon la préfecture de police, chiffre largement exagéré selon des personnes arrêtées dans le quartier latin.

Mais revenons à la Contrescarpe. On est plusieurs sur la place. On vide des bières en débriefant la manifestation. On se demande aussi si ça va partir en manifestation sauvage. Il est à peu près 19h.
Soudain, les flics interviennent, choppent une meuf et un mec dont on peut se demander s’ils étaient vraiment manifestants ou simples passants (la place est pleine de gens venus boire des coups). On a vu des personnes arrêtées alors qu’elles étaient simplement venues boire des verres.
L’intervention est violente et provoque un mouvement de foule. Les flics gazent au poivre (ça pique) et ce qu’on croit à l’époque êtres des membres de la bac interviennent pour faire des arrestations. A ce moment-là on note qu’un mec violenté est arabe et on se demande si c’est à cause de ça qu’il se fait défoncer.
Quelques heures plus tard une vidéo est mise en ligne par une personne proche de la France insoumise :

On y voit en substance un membre de la BAC participer à un tabassage gratuit. La personne ne sera en effet pas arrêtée et prendra juste des pains, à terre et sans défense par des connards casqués. Et hier, le Monde nous apprend que cette personne n’est en fait pas un flic, mais Alexandre Benalla, un proche collaborateur de Macron.
Barbouzerie

Alors comment un civil s’est-il retrouvé avec un casque de garde mobile sur la tête alors qu’il n’est ni flic ni gendarme, et donc pas habilité normalement à faire du maintien de l’ordre ? Tout simple : il a demandé.

Celui-ci a été mis à disposition par le service de sécurité de l’Élysée car il « souhaitait participer à une intervention de police pour voir comment se gérait une grande manifestation, à l’occasion du premier mai ». Bien sûr en tant qu’observateur.
Il se baladera donc tout l’après-midi avec un brassard de police (ce qui est pénalement interdit) et parfois un casque pour intervenir (ce qui n’était pas autorisé dans son cas même par sa hiérarchie).

Sauf qu’en fait le barbouze a un gros kiff pour la violence. Le Monde a trouvé plusieurs éléments prouvant que le mec a tout pour faire flipper :

Il est viré du staff de Montebourg pour avoir provoqué un accident en 2015 et avoir essayé de fuir.
Il a la réputation de se balader armé.
Il rentre dans le staff de Macron en tant que chargé à la sécurité et tente de faire acheter des armes disproportionnées : des boucliers anti-émeute, 1 flash-ball, deux LBD40. Commande qui sera refusée par la direction d’En marche.
il a participé à des actions musclées contre de manifestants pendant des meeting de LRM.

Bref, un mec fasciné par la violence et la force. Mais nous ne sommes pas surpris...
Les auxiliaires de police et les milices, un classique du maintien de l’ordre

Les forces réactionnaires et les mecs violents sont nombreux dans la police. Cette institution fascine de nombreux mecs virils en manque d’adrénaline. Rien d’étonnant, en 2018, à l’heure où les fachos en tous genres mettent sur un piédestal la masculinité pour appuyer leur discours, que des mecs violents veuillent rejoindre les flics.

Une question se pose : qui a fourni ce matos à ce mec ?

Rien non plus de surprenant dans le fait que des apprentis keufs cassent des gueules, souvent par anti-gauchisme. Rien d’étonnant non plus à ce que les flics agrègent autour d’eux de la sympathie pour des discours réactionnaires.
Par contre ce qui est plus étonnant c’est qu’on ait pu donner à ce mec un brassard de police et un casque de maintien de l’ordre. Car si le syndicat alliance a chouiné (comme d’habitude) sur le fait que « l’image de la police soit ternie par le comportement d’un individu extérieur aux forces de sécurité et que s’ouvre à nouveau un débat sur les violences policières » une question se pose : qui a fourni ce matos à ce mec ? Pourquoi c’est cette personne extérieur aux forces de police qui a pris l’initiative d’une intervention et d’une arrestation qui se fait sur ordre ?

Pourquoi ? Parce que la police est bien contente d’avoir du renfort. Il s’agit d’un classique policier antisubversif de se faire aider par les réactionnaires ou les alliés de circonstance.
Ces alliés sont parfois idéologiques parfois du genre pratiques. Souvent les deux. Pour ce qui est de l’idéologie on peut noter l’an dernier une très belle coopération entre les flics et le DPS à l’occasion d’un meeting du FN au Zenith [1]. C’est globalement la tendance majoritaire.

Nous maintenons qu’il n y a aucune différence à se faire tabasser par un flic ou un non-flic

Mais on a aussi pu voir des alliances strictement opérationnelles où la préfecture de police de Paris a travaillé main dans la main avec le service d’ordre de la CGT le 17 mai 2016 pendant la mobilisation contre la loi travail. Il y a plus longtemps c’est avec l’aide des syndicats jaunes que les flics intervenaient dans les usines pour chasser les ouvriers communistes ou socialistes qui l’occupaient... Bref. La police, comme toutes les milices armées, sait se trouver des alliés.
Nous ne sommes donc pas surpris et surtout, nous maintenons qu’il n’y a aucune différence à se faire tabasser par un flic ou un non-flic. La matraque est la même. Donc les journalistes, les mecs de droite et de gauche qui viennent pleurer devant cette barbouzerie, hésitez pas à venir rejoindre les coordinations anti-répression, les collectifs qui luttent contre les violences policières. Venez dans nos manifs prendre des coups et vous verrez si la déontologie des forces républicaines change quelque chose à la souffrance des hématomes.

Notes

[1] On peut bien parler d’idéologie avec les flics quand ont sait les scores du Front National chez les pandores.


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