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[Algérie] contre l’islamisation douce / Boghni et la structuration islamiste de la société

posté le 17/08/18 Mots-clés  luttes sociales  répression / contrôle social  antifa  Peuples natifs 

Un mouvement d’opposition à la construction annoncée d’une mosquée à l’entrée de la ville a été initié par des habitant-e-s de Boghni.

Sans préjuger de l’issue de cette action, on observe qu’elle survient à un moment où les islamistes sont engagés dans une campagne d’annihilation de la vie culturelle au motif que des services comme l’emploi et la santé (tenus par eux /elles) doivent constituer la priorité des dépenses publiques.

Justement, et comme le signalent des citoyen-nes de Boghni, cette daïra “manque d’écoles, de structures sanitaires, de salles de sport, de cliniques, de bibliothèques, de centres de loisirs, de jardins publics, de routes, de centres culturels, de zones d’activité industrielle”… et d’autres catégories de structures. La réaction est assez rare dans une société tétanisée par l’ambiance bigote générale pour être signalée et saluée. Un bigotisme répandu par des décennies de propagation salafiste, elle-même soutenue par la complaisance d’un pouvoir intéressé par la fanatisation religieuse du peuple.

Il se trouve que parallèlement à la stratégie de l’endoctrinement anesthésiant du pouvoir, l’islamisme a conçu sa propre stratégie, celle de l’endoctrinement exaltant et énergisant. Un endoctrinement par lequel il se constitue une armée de missionnaires et de vigiles chargés d’imposer son contrôle hégémonique sur la société en attendant la prise du pouvoir total.

De ce point de vue, en s’opposant à l’invasion islamiste “douce”, celle qui consiste en la construction frénétique de mosquées et en un quadrillage vocal de plus en plus serré de la société, les habitant-e-s de Boghni ont fait œuvre de résistance politique à une entreprise de conditionnement culturel de la société.

On assiste en effet, et depuis des décennies, à un processus d’enserrement de la population de sorte qu’un-e Algérien-ne ne puisse fuir un espace de prosélytisme islamiste que pour tomber dans un autre : de la mosquée à l’école et à l’université, de l’école à la télé, de la télé aux réseaux sociaux, des réseaux sociaux aux espaces publics, comme le lieu de travail, le transport, le quartier, le café et même parfois… le bar !

Partout, il est pris en charge par le précepteur de service ou improvisé. Et selon son niveau de formation cultuelle, ces derniers se font un plaisir et un devoir de l’initier ou de le perfectionner à la science religieuse.

Mais même les plus convaincus de l’arrière-pensée idéologique et politique de ce prosélytisme tous azimuts, parmi les citoyens comme parmi les responsables, se gardent bien de réagir à ce zèle. Le citoyen applaudit au regain de religiosité et le responsable érige une plus grande mosquée, quand il en a la prérogative, ou appelle de ses vœux quand il n’a pas le pouvoir de la construire. Même les milieux de la délinquance politico-financière se font un point d’honneur, si l’on peut dire, de participer à ce mouvement d’édification… spirituelle, comme chacun le constate autour de lui et comme nous le confirme l’affaire Chikhi.

Pour une fois que ce ne sont pas les islamistes qui ont l’initiative sur le terrain, peut-être que, dans une société gagnée à la régression et au conformisme bigot, la courageuse attitude de ces citoyens de Boghni constitue le début de quelque chose.


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