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Antisémitisme. Offensive orchestrée contre Jeremy Corbyn au Royaume-Uni par le lobby sioniste

posté le 02/11/18 Mots-clés  antifa 

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Les implications de ces arguments ont été mises en évidence au début du mois lorsque Corbyn, espérant atténuer les tensions qui ont déclenché la marche vers le Parlement, a pris un repas rituel de la Pâque juive avec les Jewdas, un groupe de juifs de gauche très critiques d’Israël. Ils se trouvaient parmi ceux qui avaient dénoncé les récentes manifestations londoniennes contre l’antisémitisme comme des « manipulations cyniques » de l’establishment juif. Un nouveau concert d’accusations contre Corbyn s’est élevé, sa visite aux Jewdas constituant pour ses détracteurs une preuve supplémentaire de son indulgence envers l’antisémitisme. Corbyn, semble-t-il, est l’ami des mauvais juifs.

CRITIQUE DU CAPITALISME ET CARICATURE DE BANQUIERS

Où cette « crise de l’antisémitisme » mène-t-elle le Labour ? Les récentes attaques contre Jeremy Corbyn, l’entraînant encore plus au cœur de la mêlée, en donnent une idée. En mars dernier, il a été accusé d’avoir révélé son propre antisémitisme dans un post sur les médias sociaux datant de 2012. Il y soutenait un artiste, Mear One, dont la peinture murale londonienne était sur le point d’être retirée à la suite de plaintes. Corbyn avait d’abord affirmé vouloir défendre l’art public et la liberté d’expression. Pour la première fois, cependant, il a dû faire machine arrière devant ses accusateurs ; reconnaissant que la fresque était antisémite, il a présenté ses excuses pour son post et promis de faire plus d’efforts pour éradiquer l’antisémitisme au sein du parti. Si l’on en croit les articles des médias grand public, la fresque était ouvertement antisémite, représentant des « banquiers juifs » assis autour d’un plateau de jeu style Monopoly, installé sur le dos de travailleurs. Mear One a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une critique radicale du capitalisme et que les « banquiers » représentés étaient des caricatures de personnalités capitalistes réelles, dont la plupart n’étaient pas juifs.

L’utilité du scandale de la fresque est vite apparue évidente pour les critiques de Corbyn : il pourrait être exploité pour lancer une attaque plus large contre son programme politique, cimentant l’alliance entre les ardents partisans travaillistes d’Israël et les blairistes néolibéraux.

Deux universitaires ont utilisé les pages du magazine libéral New Statesman pour argumenter qu’une grande partie du langage traditionnellement utilisé par la gauche radicale pour critiquer le capitalisme et l’impérialisme était en fait un code pour dissimuler son antisémitisme. Corbyn est tombé dans le piège de soutenir la peinture murale, disaient-ils, en raison des « fondements théoriques profondément enracinés des critiques de gauche du capitalisme, qui ont pour conséquence logique l’antisémitisme ». Quand les socialistes ou les mouvements Occupy critiquent la mondialisation en parlant « d’élites mondiales », d’ « un système faussé », des « 1 % de parasites » ils n’accusent pas seulement la classe dirigeante. Selon les auteurs, ils se font également l’écho des Protocoles des Sages de Sion, un faux notoire qui prétendait [1] que les juifs contrôlaient le système financier international. Il n’est guère besoin de souligner les avantages de cette ligne d’attaque pour une classe capitaliste soucieuse de maintenir ses privilèges. Tout effort pour articuler un programme de changement radical, pour le socialisme, prêterait le flanc par nature à l’accusation d’antisémitisme.

Daniel Finn, rédacteur en chef de la New Left Review a récemment exposé les enjeux en cours. Le premier objectif des blairistes et du lobby israélien au sein du Parti travailliste — et de ses opposants au sein de l’establishment britannique — est de « détruire Corbyn ». Et si cela échoue, l’objectif secondaire est de l’amener à capituler sur les droits des Palestiniens. « Si nous ne pouvons pas tenir la ligne de défense de la position éminemment modérée de Corbyn sur la Palestine, nous ne serons certainement pas en état de résister aux pressions encore à venir », écrit Finn. Bref, ses critiques à l’intérieur et à l’extérieur du parti travailliste veulent un Corbyn écrasé ou apprivoisé. L’inépuisable « crise de l’antisémitisme » ouvre la voie vers l’une ou l’autre solution.

JONATHAN COOK


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