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Appel de l’AFPS : la Palestine, confinée, subit de plein fouet les exactions de l’occupation israélienne

Partout dans le monde les populations, les unes après les autres, vivent le confinement pour lutter contre la pandémie. Tous confrontés au même problème, nous ne sommes pas tous dans les mêmes conditions pour y faire face.

On aurait pu imaginer que la « start-up nation », obsédée par sa propre sécurité, consacre toute son énergie à assurer la sécurité sanitaire des populations qu’elle « administre ». Au lieu de cela, depuis deux semaines, entre la protection des populations et l’application du plan Trump, Israël a choisi : destruction de maisons pour « punir » des familles ou pour prolonger le mur au sud de Jérusalem, construction de nouvelles routes interdites aux Palestiniens pour relier les colonies, arrestations et meurtres d’enfants, incursions toutes les nuits dans les quartiers populaires de Jérusalem…

Plus de limites à l’imagination de cette armée qui ose encore se prétendre la plus éthique du monde : arrêter des volontaires qui désinfectent les rues d’un quartier de Jérusalem abandonné par les services de la ville, quoi de plus normal. Les jeter sans ménagement dans des véhicules en leur hurlant dessus, c’est une conception particulière de la distanciation sociale. Interdire l’accès à l’Esplanade des mosquées pour les musulmans par mesure sanitaire alors que les colons sont toujours accompagnés par l’armée pour y parader : quelle logique si ce n’est d’affirmer la domination d’un peuple sur un autre, et de rappeler aux Palestiniens qu’ils vivent sous un régime d’apartheid ?

Depuis hier, la Cisjordanie est isolée du monde « par mesure sanitaire ». Tous les points de contrôle ont été fermés, isolant complétement du monde des lieux comme le camp de réfugiés de Shuafat où vivent 20 000 personnes entassées les unes sur les autres.

La nuit précédente, Sofian Al-Khawaja, 29 ans, a été tué par balle alors qu’il circulait en voiture à l’entrée de son village de Nil’In.

Les travailleurs palestiniens qui travaillent en Israël se retrouvent dans l’impossibilité de rentrer chez eux le soir et dépendent du bon vouloir de leur employeur pour espérer un hébergement.

Les colons eux aussi ont passé la vitesse supérieure : des milliers d’arbres arrachés ou tronçonnés ces deniers jours, des tentes plantées dans la vallée du Jourdain, des mobile-homes au sud de Bethléem, sur des terres privées palestiniennes pour accaparer toujours plus de terres. Confinés chez eux, comment les Palestiniens pourront-ils y résister ?

Des décennies d’occupation font que des millions de Palestiniens vivent dans des conditions de surpeuplement et des conditions sanitaires déplorables. Que ce soit dans les camps de réfugiés, dans la Bande de Gaza ou dans les prisons israéliennes, bien plus que d’autres ils sont à la merci de ce virus et sont démunis pour y faire face.

Dans le nouveau contexte de la crise sanitaire, nous devons exiger d’Israël un changement radical de politique et le respect du droit humanitaire : libérer les prisonniers politiques - à commencer par les enfants, les femmes et les malades -, permettre aux populations civiles sous occupation de vivre dans des conditions sanitaires humaines, lever toute restriction à l’entrée de matériel et de personnel médical à Gaza, cesser toute entrave aux soins pour les Palestiniens comme le lui impose la 4ème convention de Genève.

Nous sommes à juste titre mobilisés contre la pandémie dans notre propre pays. Mais cela ne doit pas nous empêcher de voir ce qui se passe en Palestine, où l’arrivée de l’épidémie éclaire d’un jour particulièrement odieux la politique israélienne de domination et d’oppression du peuple palestinien.

Ces exactions doivent cesser et la politique israélienne doit changer radicalement : nous le demandons solennellement et nous demandons au gouvernement français d’agir dans ce sens.

Le Bureau National, 24 mars 2020

http://www.france-palestine.org/Coronavirus-la-Palestine-confinee-subit-de-plein-fouet-les-exactions-de-l

Voir aussi :

Appel à intervenir avant qu’il ne soit trop tard : le PCHR avertit que le système de santé de Gaza s’effondrerait en cas de déferlante de coronavirus

Gaza le 24 mars 2020

Le Centre Palestinien pour les Droits Humains (PCHR) suit avec inquiétude la situation sanitaire dans la bande de Gaza et avertit sérieusement d’une détérioration catastrophique qui frapperait le secteur de la santé dans le cas d’une poussée de coronavirus (COVID-19). Le PCHR est préoccupé par l’incapacité du système de santé à répondre aux besoins des patients si l’épidémie se répand.

Selon le suivi effectué par le PCHR, les services de santé de Gaza sont déjà au bord de l’effondrement, du fait de la fermeture de la bande de Gaza imposée par Israël au cours des 13 dernières années, exacerbée par les répercussions de la division palestinienne interne et des querelles politiques. Tout cela a fragilisé le système de santé de la bade de Gaza, un manque constant de médicaments essentiels, de matériel médical et un nombre insuffisant de professionnels de santé spécialisés ; le système de santé en est rendu incapable de répondre aux besoins médicaux de base de la population de la bande de Gaza en temps normal.

Selon le ministère de la santé de Gaza (MOH), la fermeture israélienne a empêché le MOH d’importer de nouveaux équipements médicaux ou des pièces détachées pour ceux qui fonctionnent mal. La crise de pénurie de matériel médical est un obstacle majeur au développement et à la viabilité des hôpitaux et des centres médicaux de Gaza à la hauteur des besoins de santé de la population. Dans une déclaration publiée le 21 mars 2020, le MOH a annoncé son besoin urgent de respirateurs, d’unités et d’équipements de soins intensifs, de médicaments, de fournitures médicales et d’équipements de protection pour se préparer à combattre le coronavirus. L’appel du MOH a été lancé après que les autorités israéliennes ont permis l’entrée d’une quantité limitée de fournitures médicales dans la bande de Gaza le 18 mars 2020, dont des équipements permettant de diagnostiquer ceux qui sont atteints par le coronavirus, des centaines de blouses et de lunettes de protection pour que le personnel médical puisse se protéger, suite à une demande de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Le MOH de Gaza a annoncé deux premiers cas de coronavirus dans la bande de Gaza après le test de 118 personnes (116 d’entre elles testées négatives au nouveau coronavirus). De plus, 1 399 personnes ont été mises en quarantaine et dispersés dans 22 centres de quarantaine dans la bande de Gaza, tandis que 1 969 autres sont placées en quarantaine à leur domicile. [1]

Le 18 mars 2020, Michaël Link, le rapporteur spécial de la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, a dit dans une déclaration qu’il était soucieux de l’impact possible du nouveau coronavirus (COVID-19) sur la population de la bande de Gaza. Il a ajouté que le système de santé de Gaza s’effondrait déjà avant la pandémie, parce que ses stocks de médicaments essentiels sont bas de façon chronique et que ses ressources naturelles en eau potable sont grandement contaminées. Il a expliqué que la population de la bande de Gaza est aussi une population plus vulnérable physiquement du fait de la malnutrition, de conditions de vie qui se détériorent et d’une densité de population élevée. Lynk a avertit qu’une large diffusion possible du nouveau coronavirus dans la bande de Gaza assiégée exacerbera la pression sur le personnel médical. [2]

De plus, le 21 mars 2020, Mr. Jamie McGoldrick, le coordinateur humanitaire de l’ONU pour le territoire palestinien occupé, a dit dans une déclaration que le coronavirus peut avoir des conséquences effrayantes dans la bande de Gaza à cause de la forte densité de population et du fait de services de santé limités. Il a ajouté que « nous sommes très préoccupés par la situation dans la bande de Gaza, c’est une zone compliquée du fait de la fermeture de longue durée et des restrictions imposées par Israël qui pourraient aggraver la situation ». McGoldrick pensait que l’irruption du coronavirus dans la bande de Gaza la transformerait en « incubateur, en particulier quand des gens sont coincés dans une zone densément peuplée où le système de santé souffre du manque de fonds, de ressources et d’équipements médicaux ». [3]

Face à la criante d’un effondrement du secteur de la santé dans la bande de Gaza et de l’incapacité prévisible du système de santé à traiter des patients en cas de diffusion du coronavirus, le PCHR :

- insiste sur la responsabilité première d’Israël dans la fourniture de matériels médicaux à la population de la bande de Gaza et sur le fait qu’Israël doive prendre les mesures préventives nécessaires qui sont disponibles, pour combattre la diffusion de maladies infectieuses, en accord avec les articles 55 et 56V de la Quatrième Convention de Genève de 1949.

- en appelle à la communauté internationale et à l’OMS pour faire pression sur Israël et l’obliger à se plier à ses obligations et à permettre l’entrée de fournitures et d’équipements médicaux pour l’examen médical du coronavirus.

- en appelle à la communauté internationale et aux organisations humanitaires pour apporter de l’aide au système de santé de la bande de Gaza, avec des matériels médicaux aux hôpitaux de Gaza pour combattre la diffusion du coronavirus.

- insiste sur le besoin de coordination entre le MOH de Gaza et Ramallah pour combattre la diffusion du coronavirus.

- en appelle à l’Autorité Nationale Palestinienne pour qu’elle mette en place un comité unifié de haute urgence incluant tous les gouvernorats palestiniens, pour suivre les mesures prises pour combattre la dissémination du coronavirus et pour diffuser une information à jour sur les cas d’infection et sur l’accès aux services de santé.

[1] Pour consulter le rapport complet du MOH publié le 23 mars 2020, visitez le lien suivant : https://www.moh.gov.ps/portal/wp-content/uploads/2020/03/Corona-23-03-4 .pdf

[2] Pour la déclaration complète publiée le 19 mars 2020, voir le site Internet de l’ONU : https://news.un.org/ar/story/2020/03/1051642

[3] Pour l’interview complète publiée le 21 mars 2020, voir le site Internet de l’ONU : https://news.un.org/ar/story/2020/03/1051802

https://www.pchrgaza.org/en/?p=14329


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