RSS articles
Français  |  Nederlands

Arrestation Francfort

posté le 21/03/15 par * Mots-clés  action  luttes sociales  répression / contrôle social  économie 

Le 18 matin, un rassemblement était prévu pour celleux qui participeraient à l’action du matin. Organisée en différents groupes symbolisés par des fanions de couleurs différentes selon les "modes" d’action et affinités plutôt idéologiques, c’est un groupe de plus d’un millier de personnes qui circulèrent très tôt dans la matinée pour encercler la Banque Centrale Européenne et faire tomber les infrastructures répressives mises en place pour la journée. (Plus d’une dizaine de kilomètres de grillages, barrières et fils barbelés ; 10.000 policierEs mobiliséEs, hélicos, bateaux sur le main, autopompes et véhicules blindés furent de la partie.)

Des cagoules rouges sont distribuées ainsi que des combinaisons blanches, le scénario de guerre civile orchestré par la police a entraîné davantage de précautions de la part des activistes, rares seront celleux qui n’auront ni masques ni protections contre les gaz et jets d’eau.
Un signal lance le départ, l’aube n’est pas encore là et c’est un grand nombre de personnes qui se dirigent dans les rues bourgeoises de Francfort. Si le mot d’ordre était de se faire discrets jusqu’au point où l’action devait avoir lieu, la présence de véhicules policiers patrouillant fut le premier signal du rapport de force qui allait se jouer toute la matinée. Ils furent largement caillaissés et battirent rapidement en retraite. Le ton était donné, les rues remplies de voitures de luxe, de vitrines de banques, d’assurances et de commerces de luxes sont rapidement détruites, les pavés sont déterrés. L’ambiance est intense, les activistes scandent des slogans anticapitalistes, les fusées explosent dans le ciel entrecoupé souvent de bruits de bris de verre.

Arrivés devant le lieu de l’action, des combis sont garés sur le côté. Des policierEs sont à l’intérieur, les voitures seront largement caillaissées, le groupe initial se divise en deux. Le plus conséquent est celui qui s’affronte à la police, un combi part en fumée et le deuxième, avec les policiers à l’intérieur, se retrouve protégé par une cohorte de policierEs anti-émeute. Le second groupe tente quant à lui d’enlever les barbelés. L’affrontement se fait plus virulent, la cohorte de policierEs est forcée de reculer face aux pierres et aux bouteilles en verre fusant de toutes parts. De nombreux gaz sont lâchés à ce moment là forçant beaucoup d’activistes et de policierEs à battre en retraite. Pendant une petite période d’accalmie, plusieurs barricades seront construites à la sauvette dont une enflammée et sur laquelle l’intervention des pompiers servira peu.

La contre-attaque policière ne se fait pas attendre, ce sont des centaines de policierEs anti-émeute armés qui foncent sur les activistes derrière les barricades, les pavés ralentiront un instant la charge avant des replis. Une bonne partie de la matinée sera consacrée à des moments de replis, de barricades, de jets de pierres et bouteilles jusqu’à ce que le groupe dans lequel j’étais, fut disloqué par la pression policière. Une retraite de réorganisation s’imposait, ce qui se passa.

Plus loin, un pont, bloqué par des policierEs, empêchait un nombre important d’activistes de rejoindre les compagnes et compagnons qui étaient en train de se faire violemment repoussés. Il y eut une large utilisation des matraques et canons à eaux durant cette période, les initiatives pour rejoindre l’autre groupe furent stoppées de manière brève et violente par les policierEs.
Pour ma part, c’est plus tard à un point d’info qui était fort calme à proximité du pont que se déroula mon arrestation. Avec un groupe nous nous tenions à l’écart, relativement éloignés de la présence policière du pont. Un bon nombre de personnes décidèrent de quitter le pont voyant que la situation trainait en longueur. Surgit alors une cohorte de policierEs d’une rue adjacente, nous incitant dès lors à nous éloigner quelque peu. Ces dernierEs se dirigeaient dans la rue où un grand nombre de manifestantEs étaient allés, lorsque tout à coup, passant à ma proximité, illes se ruèrent sur moi et m’emmenèrent de force près du combi où je suis alors accuséE de coups et blessures, jets de pierre etc. Des policierEs en civilEs auraient pris des photos et j’aurai été reconnuE. Mi matinée je suis arrêtéE.
Menaces, intimidations, tentatives d’abus de pouvoir, première fouille (illes essayent de me forcer à porter ma cagoule et devant mon refus d’obtempérer, l’entrave se resserre et je serai également accuséE de rébellion).
EnferméE seulE dans un premier fourgon vers un lieu plus isolé avec une présence massive de policierEs. Là-bas, on me soumet à un nouvel interrogatoire et à une nouvelle fouille. Après un second refus, un nouveau combi me conduit vers le grand poste de police, le jeu recommence, fouille à nuE et complète avant d’être enferméE dans une cellule collective. Le jeu des interrogatoires continuera entre prise des empreintes, photos, procès verbal, volonté de prévenir le consulat, passage devant le procureur et l’avocat. La procédure est celle d’une arrestation judiciaire, ce qui sera le cas de tous celleux arrêtéEs dans ma cellule et celles avoisinantes. Devant l’impossibilité de présenter les prétendues photos devant le procureur, illes seront tenuEs de me relâcher bien qu’illes préfèrent garder toutes les personnes emprisonnées jusqu’en fin de soirée afin d’être certains que personne ne puisse rejoindre la manifestation. CertainEs des activistes furent molestéEs durant leurs interventions, une personne de ma cellule reçut de nombreux coups de poing au visage durant son arrestation, même au sol.

Mon arrestation dura plus de onze heures, le procureur réclamant le payement des frais judiciaires par les personnes arrêtées alors qu’il n’eut pas de procès.


posté le  par *  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.