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Aux bons élèves de la classe

posté le 06/04/19 par wlibertaire Mots-clés  luttes sociales  répression / contrôle social 

Encore une contribution coup-de-gueule parmi de nombreuses autres suite à la marche climat.

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À vous qui êtes les bons élèves de la classe que la carotte et le bâton rendent complices des violences d’en haut, laissez-moi vous adresser ces quelques mots en espérant qu’ils puissent résonner en vous à chaque instant.

Vous êtes bons dans votre ignorance, parce qu’en suivant les chemins tracés agrémentés de quelques actes de bonne conscience, vous maintenez l’illusion dans laquelle vous évoluez. Vous ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez, votre ignorance vous encourage à collaborer avec vos maîtres et à cafter.

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Les idoles que vous brandissez témoignent de votre mépris des réalités de ce monde. Vous brandissez à toute les sauces les mythes foireux d’un Gandhi effaçant Bhagat Singh et d’un Luther King taisant Rosa Park. Parce que vous êtes du parti de l’inaction et du consensus, le boycott des produits et la pétition sont vos armes favorites. Vous les utilisez avec modération, sans passion, comme presque tout ce que vous faites.

Vous chantez des Bella Ciao maltraitées (seule chanson révolutionaire de votre répertoire) tandis que les plus radicaux scandent des ôdes à la Révolution ; le tout en défendant corps et âmes une idéologie opposée. Vous n’êtes que le reflet de l’hypocrisie et de la trahison historiques des réformistes au monde. Illes prétendent *vouloir* changer l’univers entier en se vautrant dans le statu-quo, et sabotent tout acte politique concret. Illes prétendent *vouloir* aider l’humanité en la faisant marcher au pas et en lui imposant une doxa.

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En bon élèves, vous continuez à suivre vos cours le soir devant un écran télévisé, prof qui sera toujours à vos côtés, après une longue journée et une longue vie passée à servir vos maîtres. Votre bonté se mesure à votre participation aux œuvres de bienfaisance, car il s’agit pour vous de la seule échelle valable. En bon élèves, vous tenez vos valeurs morales de l’idéologie petite-bourgeoise dominante et vous vous réappropriez son mépris méritocrate.

Vous méprisez celleux dont les corps et les esprits ne sont pas docilisés et qui font trembler votre monde merveilleux. Toujours vous mordez de peur des mains qui se tendent à vous pour changer le monde concrètement. Toujours vous empêchez l’autonomie des autres parce qu’elle est le reflet de votre propre aliénation. C’est pour cela que vous aboyez fort lorsqu’une fois dans votre vie vous descendez manifestoyer dans la rue en pensant faire — non pas de la politique mais — de l’action citoyenne. Pour maintenir ce mensonge inhérent à votre posture.

Votre démocratie nie l’individu au plus profond pour n’en pêcher que son potentiel de consommateur et de travailleur. Parce que votre monde est celui du spectacle et de la marchandise, un monde d’illusions qui se maintient par le cauchemar de la réalité.

*

Descendez dans les bois, dans les campagnes, et dans les villes ! Tout indique que les couteaux depuis longtemps contre nos gorges ont déjà tranché nos carrotides. Les forêts agonisantes subissent toujours plus la pression de votre monde. Leur cri s’est peu à peu tû en une lamentation étouffée, celle d’un animal se sachant condamné et acceptant sa mort.

Les campagnes ont depuis longtemps laissé la place aux villes de béton et de monocultures. Les seuls animaux que vous fréquentez sont depuis longtemps domestiqués, destinés à calmer vos frustrations ou à servir de resource et finir à l’abattoir. Vous avez besoin de mères sans enfants pour agrémenter vos repas de laiteries et autres. Les océans qui vous font fantasmer suffoquent entre plastiques et saccages, tandis que vos déchets s’éparpillent jusque dans l’espace.

Tant qu’il y aura de l’herbe à admirer, vous croirez que ce monde est encore en vie. Herbe bien cadrée, coupée à ras, bien comme il faut dans vos délires villa quatre façades et de nature sans-sauvage. Ce sauvage que vous écrasez dès qu’il tente de survivre à votre inoportune présence.

Vous croyez encore qu’il suffit de changer de conducteur pour qu’un tracteur change de direction, en oubliant qu’il continuera à défoncer le sol de sa charrue. C’est pour cela que vous votez et que toujours, vous occuperez vos esprits des turpitudes politiciennes au lieu de vous poser des questions essentielles.


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