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Banalités de base sur le fascisme découpées en bouchées faciles à mastiquer, mais malgré tout parfaitement indigestes

gepost op 16/11/17 door Anne Archet Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang. Trefwoorden  antifa 

(Paru initialement dans L’idiot utile – journal d’une certaine gauche, en vente dans tous les bons endroits reculés et difficiles d’accès.)

J’appelle fascisme toutes les variantes de la peste brune. Qu’aucun fasciste ne se réclame du fascisme n’invalide en rien mon propos; le fascisme ne se présente jamais lui-même comme il est réellement.

Le fascisme n’est pas l’incarnation du mal absolu, si on considère que le mal est une monstruosité qui dépasse toute compréhension et ne peut s’expliquer autrement que par lui-même, à l’image d’une déité infernale.

Le fascisme n’est pas non plus une scorie, une perversion ou une déviation de la démocratie. Le fascisme n’est pas l’antithèse de la démocratie; il est une des formes de la démocratie – sa forme panique.

Le fascisme est une des stratégies de mobilisation employées alors que la bourgeoisie est en décomposition.

Le fascisme est une des stratégies de mobilisation employées alors que les relations de production sont séparées de l’étalon-or.

Le fascisme est une des stratégies de mobilisation employées par l’État lorsqu’il prend en charge la reproduction sociale et devient le producteur principal de force de travail.

Le fascisme est une des stratégies de mobilisation de l’être social lorsqu’il commence à perdre contact avec ce qui animait auparavant son existence.

Le fascisme est une des stratégies de mobilisation des individus possédés par le désir impétueux de se soumettre à la certitude des structures de commandement.

Le fascisme ne se distingue pas par son fétichisme de la race et du caractère national, parce que ces phénomènes n’existent pas ; il se distingue par son fétichisme des représentations idéalisées de ces deux fictions.

Autrement dit, le fascisme n’est jamais authentique ; il ne possède pas le langage de ce qui le motive – et donc ne le nomme jamais.

Encore autrement dit, le fascisme ne peut pas être accepté comme il se présente, selon ses apparences ; il est toujours l’expression de quelque chose d’autre.

Le fascisme est un symptôme d’une fatalité, mais n’est pas sa propre source ; son pouvoir dérive d’un autre endroit, d’autres traumatismes, d’autres ruptures.

Le fascisme est apparu dans l’histoire au moment où ses références idéologiques disparaissaient ; il est le catalyseur de changements qu’il ne nomme jamais.

Le détachement du capital de l’étalon-or (et donc de la nation) a assuré la défaite historique de la bourgeoisie par l’État moderne comme appareil du « sujet automate » capitaliste.

Le fascisme est donc venu précipiter l’établissement d’un capitalisme transnational au nom de la nation dont paradoxalement il enfonçait le dernier clou du cercueil.

À l’instar de René Rémond, on peut considérer le fascisme comme un avatar du bonapartisme à cause de son ambition d’à la fois réaliser et de supprimer la bourgeoisie comme sujet historique.

Le fascisme est l’expression triomphante de la défaite (ou de la réalisation finale) de formes sociales caduques.

Le fascisme est à la fois une fantaisie nostalgique et une réalité meurtrière ; il a une utilité, mais pas d’agentivité.

Le fascisme éclate violemment dans le monde comme une compulsion de répétition qui vise à récupérer des formes fantastiques qui n’auraient jamais pu exister.

Le fascisme est le désir subjectif de la reformation de l’État comme producteur monopolistique de force de travail à un moment où ce désir est devenu économiquement impossible.

Il n’y a jamais eu de nations et il n’y a jamais eu de races – sauf rétrospectivement, comme explication pour des relations sociales qu’on n’arrive pas à comprendre.

Si le fascisme est un épiphénomène, un symptôme de quelque chose de plus fondamental, pourquoi l’État en aurait-il besoin ? Qu’est-ce qu’il apporte à l’État qu’il ne possède pas déjà ?

En réalité, il est difficile d’imaginer que le fascisme puisse apporter quoi que ce soit aux dispositifs du pouvoir déjà en place dont l’État dispose ou qu’il puisse accélérer la tendance vers un productivisme libéré de toutes entraves.

Pensons au programme pour éradiquer les imperfections de toutes les espèces vivantes utiles à la production (dont la nôtre) qui a de plus en plus de succès depuis qu’on ne l’appelle plus eugénisme.

Pensons à l’idéologie de l’inviolabilité du territoire qui a fait un retour en force inversement proportionnel à la facilité contemporaine de transporter des personnes et des idées.

Pensons aux moyens de surveillance des individus qui dépassent maintenant tout ce qui a pu être mis en œuvre par les régimes fascistes du xxe siècle qui sont déployés au nom de la liberté et de la prospérité de tous.

Pensons à la police qui ne se cache pas de faire du profilage racial et politique et dont la militarisation est en cours depuis plus de vingt ans, soit bien avant que les nazillons relèvent la tête.

Pensons à la répression systématique des mouvements d’opposition qui ne se conforment pas aux stricts critères de la légalité – et qui donc acceptent à l’avance leur impuissance et leur défaite.

Pensons à l’état d’urgence et la suspension des droits individuels qui en France est devenu permanent – un modèle que tous les États occidentaux envisagent d’adopter à leur tour.

À Wilhelm Reich qui se demandait « Qu’est-ce qui, dans ce monde, n’est pas fasciste ? », on pourrait répondre aujourd’hui : presque rien.

Dans tous les cas où les fascistes ont pris le pouvoir, les institutions démocratiques non seulement ont été incapables de stopper leur ascension, mais se sont mises en quelques semaines seulement à fonctionner pour renforcer le régime comme si elles avaient toujours été conçues pour cela.

La raison en est bien simple : parce que l’État démocratique et l’État fasciste fonctionnent de la même façon, au point d’être indiscernables.

La question reste donc entière : qu’est-ce que le fascisme apporte à l’État, puisque l’État est déjà fasciste ?

Il n’y a qu’une réponse possible à cette question : le fascisme sert à faire passer ce que l’État est devenu, au nom de ce qu’il avait l’habitude d’être.

Le fascisme est la forme panique de la démocratie, qu’elle adopte lorsque la différence entre ce qui est et ce qui pourrait être devient insoutenable.

Le fascisme permet de consolider la société mondialisée de surveillance et d’esclavage salarié au nom de nations mortes et enterrées, de races inexistantes, de valeurs caduques et d’un héritage historique tellement idéalisé qu’il est détaché de toute vérité factuelle.

Le fascisme permet d’identifier qui sont les traîtres et permet à l’État d’agir en conséquence.

Autrement dit, le passé, la race, le peuple, la nation, l’héritage et les valeurs des fascistes ne sont que des fantômes, des images d’Épinal creuses qu’illes remplissent de différentes vertus, au gré de leurs intérêts du moment.

Pour un fasciste, les mots n’ont aucune importance. Les faits non plus. Dans ces conditions, aucun débat n’est possible, car pour eux, la seule source de vérité se trouve dans la force.

La force des fascistes ne réside jamais dans leur nombre, parce qu’ils sont condamnés à rester éternellement une minorité; la « montée du fascisme » ne signifie pas une croissance des effectifs de l’extrême-droite, mais plutôt la croissance de leur utilité pour les dispositifs du pouvoir.

Les fascistes relèvent la tête et se sentent libres d’exprimer leur haine à visage découvert pour une seule raison : parce qu’ils sentent que l’État les appuient. Le fascisme ne s’impose jamais contre les institutions démocratiques, mais bien toujours grâce à elles.

Il est illusoire de croire que les institutions démocratiques peuvent nous protéger du fascisme. La police, les tribunaux, le parlement, l’administration publique, les médias, tous choisissent le fascisme lorsque l’État adopte sa forme panique.

La montée du fascisme correspond au moment où l’État a déjà adopté sa forme panique. Lorsque les antifascistes sentent le besoin de se mobiliser, il est déjà trop tard pour espérer que les institutions démocratiques puissent être d’un quelconque secours.
Lorsque les démocrates et les libéraux dénoncent les fascistes, illes le font toujours en récupérant leurs discours et leurs objectifs. Pour un centriste, le fascisme est un repoussoir commode pour masquer le fait que les institutions qu’ille appuie sont entrées dans leur forme panique.

Lorsqu’un centriste présente l’opposition au fascisme comme « le vrai fascisme », les mots pour lui n’ont plus aucune importance – ce qui est un autre symptôme que l’État est entré dans sa forme panique.

Il n’y a pas d’opposition possible au fascisme qui ne soit pas une opposition aux dispositifs du pouvoir, parce que les fascistes sont depuis longtemps au pouvoir… lorsqu’ils arrivent au pouvoir.


gepost op  door Anne Archet Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.  Waarschuw het moderatiecollectief over de publicatie van dit artikel. Artikel afdrukken

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