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Boycott ? Oui. Culturel ? Aussi !

posté le 02/12/13 par Sylvette Rougier Mots-clés  action  luttes sociales  antifa  Peuples natifs 

La culture comme arme de guerre

Les arts sont tellement politiques que l’Etat d’Israël les utilise de plus en plus pour tenter
de redorer son blason terni par le sang des 1400 Gazaouis massacrés en 2009 ou des 9
Turcs assassinés en 2010. Il finance profusion de festivals, d’évènements culturels, de
tournées de troupes nationales, etc. Cette campagne de marketing consiste à jeter de la
poudre culturelle aux yeux du grand public, pour se donner une image positive, cultivée,
moderne, "normale" en quelque sorte... Mais si Israël veut être traité comme un Etat
"normal", il doit renoncer à l’impunité dont il bénéficie aujourd’hui. Tant que ce ne sera
pas le cas, il sera montré du doigt, et aucun festival n’y changera quoi que ce soit.

Ken Loach, cinéaste britannique (Palme d’Or 2006 à Cannes) :

(…) J’ai pris conscience, et de plus en plus au
cours des années qui ont suivi, qu’Israël avait
été créé sur un crime contre les Palestiniens.
D’autres crimes ont suivi par après.
L’oppression des Palestiniens qui ont perdu
leur terre, dont les vies ont été brisées par
l’occupation, qui vivent dans un état de
dépression permanente, … Cela continue
encore aujourd’hui et c’est un problème qu’il
nous faut régler. (…)

(…) de nombreux peuples sont opprimés à
travers le monde mais de nombreux aspects
rendent le conflit israélo-palestinien
particulier. Israël se présente comme une
démocratie, un pays comme tous les autres
pays occidentaux, alors qu’il commet des
crimes contre l’humanité. Israël a mis en
place un État divisé par des frontières
raciales, comme le régime d’Apartheid en
Afrique du Sud, avec le soutien militaire et
financier de l’Europe et des États-Unis. C’est
d’une hypocrisie sans bornes. Nous soutenons
un pays qui prétend être une démocratie,
nous le soutenons à tous les niveaux, et
pourtant, il est impliqué dans des crimes
contre l’humanité. (…)

Vous avez été une des premières
personnalités à mettre en pratique et à
soutenir l’appel au boycott culturel d’Israël et
nombreux sont ceux qui vous ont suivi depuis.
Certains disent que vous ne devriez pas
boycotter la culture, que leur répondez ?

Nous sommes en premier lieu des citoyens. Et
lorsque nous nous trouvons confrontés à de
tels crimes, il nous faut d’abord réagir en tant
qu’êtres humains, artistes, VIP, ou quoi que
ce soit d’autre, peu importe. La première
chose est de faire tout notre possible pour
informer les gens de la situation. Un boycott,
c’est une tactique. Celle-ci est efficace contre
Israël parce qu’Israël se présente comme un
pilier culturel. Le boycott culturel le gêne
donc beaucoup. Nous devrions n’être
impliqués dans aucun projet soutenu par le
gouvernement israélien. Les individus ne sont
évidemment pas concernés, ce sont les
actions de l’État israélien qu’il nous faut
cibler. Nous devons le faire car il nous est
impossible de rester là sans rien faire, à
regarder les gens vivre dans des camps de
réfugiés toutes leurs vies.

FB : Israël utilise l’art et les films pour sa
campagne "Brand Israël" ("Marque Israël").
L’art est donc politique. Même si certains
artistes s’en défendent et répondent à l’appel
du BDS en disant qu’ils sont chanteurs,
comédiens, musiciens mais pas politiciens. En
ce qui vous concerne, tous vos films sont
politiques. À votre avis alors, l’art peut-il être
une arme contre l’oppression ?

KL : Oui. Fondamentalement, quelque soit
l’histoire que vous décidez de raconter ou les
images que vous choisissez de montrer, votre
sélection indique vos préoccupations. Si vous
faites quelque chose de complètement
idéaliste dans un monde où règne
l’oppression, cela montre quelles sont vos
priorités. Un gros film commercial, pour faire
beaucoup d’argent, montre quelque chose.
Cela dénote une position politique et a des
conséquences. La plupart des créations
artistiques a une implication politique. (…)

Eyal Sivan , réalisateur israélien :

A titre personnel, j’ai décidé de ne pas
participer à la rétrospective qui a été faite au
Forum des Images à l’occasion du centième
anniversaire de Tel-Aviv, qui s’appelait "Tel-
Aviv le paradoxe". C’était une grande
rétrospective pour laquelle ont été invités
plusieurs cinéastes israéliens et plusieurs
films. Je n’avais pas à boycotter en soi la
manifestation, sauf que ce festival était à la
fois soutenu par l’ambassade d’Israël et
ouvert par le maire de Tel-Aviv. A ce titre-là,
cela devenait une manifestation à laquelle je
ne pouvais pas participer. Je ne peux pas être
à la fois opposant à une politique et servir
cette politique, surtout quand elle se cache
derrière ce grand slogan qui est "Nous
sommes la seule démocratie au Proche-
Orient". (…)

(…) d’abord je refuse de participer à cette
manifestation à cause de la politique du
gouvernement Israélien qui soutient ce
festival. Deuxièmement, je ne veux pas faire
partie d’une famille artificielle créée pour
l’occasion, dans laquelle il y a des cinéastes,
tous mis dans le même bain, tout
simplement parce qu’ à des degrés différents
ils font des films qui peuvent être considérés
comme critiques à l’étranger, mais qui n’ont
rien dit au moment de la guerre du Liban, ont
gardé le silence lors de l’attaque barbare sur
Gaza, et qui, d’une certaine manière refusent
de s’exprimer publiquement tout en se
cachant derrière de soi disant oeuvres
"critiques". C’est aussi envoyer un message
très clair aux intellectuels et aux artistes, en
France en l’occurrence, pour dire : tout le
cinéma israélien et tous les Israéliens
exprimant soi disant une critique ne sont pas
des opposants. Car parfois justement le
gouvernement israélien se sert de cette soidisant
critique comme d’un instrument de
propagande. Je conclus ma lettre avec une
phrase du réalisateur palestinien Michel
Khleifi : "Nous devons faire notre travail
cinématographique, non pas grâce à la
démocratie israélienne mais malgré la
démocratie israélienne."

Le Festival Henri Langlois pourrait paraître comme un évènement public anodin, mais
il ne l’est pas. Les réalisateurs israéliens qui sont représentés sont en mission pour
Israël comme en atteste la présence du logo de l’Ambassade d’Israël en France sur le
dépliant-programme, et cela alors que les Palestiniens vivent et meurent sous le poids
de l’occupation israélienne. Accueillir leurs films et assister à leur projection, c’est être
complice des exactions de cet Etat.

Aussi, en tant que personne attachée aux droits des peuples à vivre dans la dignité et
libres de toute oppression, et solidaire de la lutte palestinienne pour
l’autodétermination, comme des milliers de personnes dans le monde et comme le
demandent les Palestiniens, je m’engage dans la campagne de Boycott, Sanctions et
Désinvestissements contre Israël, y compris le boycott culturel. Je n’assiste pas au
Festival.


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