1. Présentation
Bruxelles Zone Antifasciste (BZA) est un collectif antifasciste fondé à Bruxelles en 2016. A l’heure où l’extrême droite ne cesse de gagner du terrain, nous pensons indispensable de relancer une dynamique antifasciste à Bruxelles, tout en soutenant son développement dans le reste de la Belgique. Nous nous appuyons sur les expériences antifascistes passées tout en tirant un bilan radicalement critique de ces dernières. Ainsi, nous estimons que l’antifascisme ne peut se contenter de postures culturelles ou morales qui le condamnent à la dépolitisation.
Ces dernières décennies, le fascisme tend à se présenter sous un nouveau visage, plus acceptable et débarrassé de l’opprobre dont il a été la cible. Malgré ces évolutions, le projet politique du fascisme n’a pas changé. Il constitue encore et toujours une menace pour toustes les opprimé-e-s et les luttes pour leur émancipation. En ce sens, l’antifascisme est donc une lutte spécifique guidée par la nécessité concrète pour les opprimé-e-s de se défendre collectivement contre l’extrême droite. Cela signifie également que l’antifascisme est l’affaire de toutes et tous et n’est en aucun cas l’apanage d’une « avant-garde » militante.
Néanmoins, si le fascisme constitue un défi spécifique, l’antifascisme ne se limite pas à combattre les quelques mouvements qui s’en réclament, bien au contraire. Pour faire face à la crise du capitalisme et à la contestation sociale, la classe dominante a opté pour la contre-révolution néolibérale initiée dès la fin des années 1960. Véritable projet de classe autoritaire et conservateur visant à restaurer le pouvoir du capital et l’ordre social, raciste et patriarcal qui assure l’hégémonie du bloc bourgeois. C’est donc dans ce contexte qu’il faut situer la radicalisation autoritaire de l’Etat bourgeois, mais aussi l’offensive nationaliste et raciste qui caractérisent toutes les sociétés occidentales actuellement. Cette transformation autoritaire de l’Etat favorise sensiblement l’extrême droite. Elle crée les conditions, en cas de crise de régime, pour l’émergence du fascisme au pouvoir.
Le mouvement antifasciste doit donc être capable, aujourd’hui comme hier, de bloquer le développement et l’implantation d’organisations fascistes qui représentent une menace pour tout mouvement de contestation. Cependant, l’on ne pourrait réduire l’antifascisme à cette stratégie. Tout antifascisme conséquent se doit de prendre part active à la transformation sociale et à la construction de contre-pouvoirs populaires.
2. Principes
Bruxelles Zone Antifasciste (BZA), regroupe toutes celles et ceux qui ont des intérêts matériels à lutter contre le fascisme, sur base d’une appartenance de classe dominée et exploitée. L’affiliation se fait sur base individuelle et sur base d’un accord avec notre déclaration de principe.
BZA est indépendant de toute organisation politique et idéologique. Nous voulons au contraire mobiliser les classes populaires elles-mêmes : travailleur.euses, migrant.e.s, précaires, femmes, racisé.e.s. C’est à toutes ces personnes, directement concernées par la montée du fascisme, de construire un vaste mouvement populaire.
Le premier combat antifasciste se situe dans la lutte quotidienne contre l’exploitation capitaliste et les formes de dominations systémiques racistes et hétéro-patriarcales.
Face à l’extrême droite nous défendons la nécessité de l’autodéfense populaire. Nous refusons cependant toute forme de fétichisme de la violence et rejetons catégoriquement toute forme de comportements virilistes. Car au-delà d’adversaires en chair et en os, nos véritables ennemis, ce sont les systèmes de dominations qui utilisent le fascisme pour se renforcer (patriarcat, capitalisme, racisme). Il ne nous semble pas pertinent de constituer un “groupe de frappe” qui viendrait se placer comme une avant-garde entre les classes populaires et le fascisme.
Dans notre lutte nous déclarons notre autonomie vis-à-vis de l’Etat et de la bourgeoisie. La classe ouvrière et la classe patronale n’ont rien en commun. Une frange de plus en plus importante de la bourgeoisie appelle de ses vœux à un renforcement autoritaire, raciste et sexiste de l’Etat, en témoigne la montée des forces politiques conservatrices et d’extrême droite qui trouvent toujours plus d’audience dans les classes dominantes. Quant à l’Etat, il apparait toujours d’avantage comme le dernier rempart au service de la bourgeoisie pour imposer ses réformes, réprimer la contestation sociale et défendre l’ordre social inégalitaire. Dans notre lutte antifasciste, nous récusons donc toute forme d’alliance avec les forces bourgeoises (fussent-elles “progressistes”) et étatiques.
Pour lutter contre l’extrême droite, nous promouvons la pratique de l’action directe. Nous estimons que seules les luttes collectives des classes populaires sont à même de construire un rapport de force capable de renverser la balance. Dès lors nous refuserons l’immixtion au sein de notre organisation de tout.e.s politicien.ne.s cherchant un tremplin pour se faire élire. Pour remettre en cause le mécanisme qui produit le fascisme, rien ne sert de lutter sur son terrain, celui des manipulations médiatiques et des jeux de pouvoir de la politique institutionnelle.
Nous défendons l’autogestion à la fois comme mode d’organisation mais aussi comme horizon politique. Nous estimons qu’il faut opposer à la verticalité fasciste une forme démocratie directe où chacun.e peut discuter et délibérer de toutes les questions de la manière la plus démocratique possible.
Toute politique réactionnaire et conservatrice s’appuie sur la valorisation et la légitimation des divisons de genre (masculinité blanche,…) et de races (identité blanche, différentialisme culturel,…). Par conséquent, tout antifascisme est féministe et antiraciste.
Notre antifascisme est internationaliste, il s’inscrit également dans une perspective globale de transformation sociale. Le fascisme est le produit de la société capitaliste patriarcal et (néo)colonialiste, il ne disparaitra qu’avec la disparition de toute forme d’exploitation et de domination. Nous voulons plus que riposter, nous voulons produire un changement de société. Nous devons donc nous rassembler autour d’un antifascisme inclusif, populaire et révolutionnaire.
3. Stratégie d’action
Il nous semble donc que notre stratégie antifasciste doit être développée sur plusieurs niveaux :
A) Construire un antifascisme social & populaire au sein des mouvements sociaux
Notre premier objectif est de recentrer l’antifascisme au cœur des luttes sociales actuelles. Nous pensons que l’antifascisme doit donc avoir pour objectif d’investir le terrain social et de renforcer les collectifs concernés sans pour autant se substituer aux acteur.ice.s de ces luttes. Nous pensons que pour lutter de manière efficace contre la fascisation de la société nous devons agir sur les terrains pris pour cible par l’extrême droite.
Comme nous l’affirmons en introduction, l’antifascisme ne peut faire l’impasse du contexte du renforcement autoritaire et conservateur du capitalisme et de l’Etat. Cette dynamique conduit à une fascisation des sociétés occidentales, particulièrement marquée par : le renforcement des politiques migratoires racistes et le renforcement sécuritaire et la répression de l’Etat.
B) Fédérer les organisations populaires sur l’antifascisme sur le plan local et national
L’antifascisme est l’affaire de toutes et tous. Dès lors nous nous fixons comme objectif de construire avec d’autres collectifs de lutte des cadres communs afin de mobiliser contre l’extrême droite tant localement qu’au niveau national. Ces coordinations auraient également pour objectif essentiel de se mettre au service et de renforcer les luttes dans lesquelles ces différents collectifs sont engagés. Car sans luttes sociales fortes, il ne peut exister de combat antifasciste. Cependant, nous sommes conscient.e.s que de telles alliances ne peuvent se construire artificiellement, celles-ci émergent au fil du temps par l’entraide, la confiance et la réciprocité.
4. Fonctionnement
BZA s’est doté d’un fonctionnement autogestionnaire. Pour des raisons de sécurité nous ne désirons pas rendre ce fonctionnement public. Néanmoins nous tenons à disposition de toute personne désireuse de rejoindre notre collectif un document reprenant :
Les structures de l’organisation.
Les modalités pour devenir membre.
Les modalités de prises de décisions.
La modération.
Les mandats (mandats paritaires, tournants, …).
La cotisation.
Les procédures d’exclusion de BZA.
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