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CES AUTRES PRISONS QUE SONT LES CENTRES FERMES - VISITE AU 127BIS

posté le 11/05/16 par G Mots-clés  luttes sociales  sans-papiers  solidarité 

Visite du 127bis à l’occasion du « Steenrock » samedi 7 mai 2016

En compagnie de plusieurs parlementaires (PS, Ecolo et PTB).

Un nouvelle fois, cette visite se révèle pénible et rebutante tant les conditions de l’enfermement des détenus étrangers surveillés et derrière les portes fermées sont inacceptables et révoltantes pour tout esprit sain.

Vérification des noms, remise de la carte d’identité qui sera rendue à la sortie uniquement.
Passage par détecteur de métaux (portique). Si ça sonne, déposer tous objets métalliques et repasser ...
Dépôt des sacs – rien n’est admis sauf papier-crayon – dans un casier à l’entrée

Ce jour là le centre était occupé par 120 détenu-es.

Un membre de la direction guide, permet l’accès aux « ailes » souhaitées et permet la rencontre avec des grévistes de la faim.
Nous passons devant des chambres de deux personnes dénommées « chambres de régime adapté », « pour les détenus qui n’arrivent pas à vivre en collectivité ».
Avec l’une en grève de la faim depuis plusieurs jours il semble impossible de communiquer vu son état d’hébétude évident.

Sommes conduits vers une salle commune ; plusieurs dames nous font part de leur désarroi et incompréhension sur les raisons de leur détention. Les cas sont édifiants, une dame bien que en processus de demande d’asile se retrouve enfermée depuis plusieurs jours sans comprendre.

Un dame d’origine congolaise, en Belgique depuis de très nombreuses années nous raconte qu’elle a fui son pays car persécutée en tant qu’enfant naturelle. En 2009 elle demande sa régularisation qui lui a été refusée. S’est retrouvée dans un contrôle routier et immédiatement emmenée en centre fermé. « Quand vous n’avez pas de papiers, on est rien du tout ».

Un homme jeune tente de communiquer ce qui est fort difficile étant donné qu’il ne parle que Farsi (il est probablement Afghan). Il finit par me demander de le suivre vers sa chambre, je pense que c’est pour trouver un interprète. Lorsqu’il ouvre sa chambre je suis ahurie : une forte odeur d’urine, une dame âgée assise à même le sol dans une position de repli, 4 lits dont le dernier occupé par un homme âgé allongé, visiblement endormi. L’homme m’indique qu’il s’agit de sa mère et de son père ! Sous réserve de ma bonne compréhension, le lit du milieu sur lequel se trouve un lange pour adultes visiblement utilisé, serait celui du frère… l’homme aurait une sœur en Belgique. L’homme les yeux emplis de larmes est visiblement désespéré de voir ses parents traités de la sorte. Il appelle à l’aide de toute urgence. Plus tard sa mère nous rejoint dans la salle commune et nous implore du regard.

La visite se poursuit chez les hommes où un grand nombre d’entre eux nous racontent leurs histoires, toutes dramatiques et incompréhensible humainement. Ils dénoncent en particulier le fait de séparer des familles, l’un en Belgique depuis 17 ans, arrivé comme mineur pour étudier, ayant une fille de 8 mois avec une dame qui possède les papiers obtenus aux Pays-Bas se retrouve enfermé en vue d’expulsion vers le Maroc. « Je ne connais pas ce pays, je n’ai personne là-bas et ne veux pas être séparé de ma femme et mon enfant ». Mais l’administration ne semble pas s’en préoccuper. Il lui a été dit « vous êtes venus ici pour étudier, pas pour vous marier ».

Un Syrien depuis 9 mois en Belgique ne comprend pas qu’il doit être rapatrié en Espagne, alors qu’il n’y a pas introduit de demande d’asile. A été contraint d’y laisser ses empreintes digitales lors de son passage.

Deux hommes grévistes de la faim se partagent un chambre à deux lits un peu à l’écart. En grève de la faim depuis respectivement le 20 et le 21 avril. L’un, Marocain a affiché les photos de ses fillettes (1 an et 2 ans 1/2) dont la maman est belge. Il souhaitait se marier mais n’y est pas arrivé et se retrouve actuellement enfermé pour être expulsé vers le Maroc.
L’autre personne est un Pakistanais qui nous explique les problèmes graves dans son pays ? Des membres de sa familles y auraient été assassinés. Il est visiblement fort affaibli.
Il semble qu’ils n’aient plus vu de médecin depuis 3 jours, seulement l’infirmière qui passe quotidiennement.

2 ou 4 détenus avaient été placés en isolement à titre préventif étant donné le festival à l’extérieur. Une « analyse des risques » interne a conclu qu’il était trop risqué de les laisser éventuellement devenir des fauteurs de troubles.

Les dénonciations les plus virulentes sont adressées à l’encontre de l’Office des Étrangers qui selon les détenus rencontrés fonctionne de manière tout à fait arbitraire et choquante et inhumaine.

Autres accusations :

  • l’administration de calmants (voire somnifères) par le médecin lors de n’importe quelle demande de soins. Ex. mal aux dents, administration de calmants puisque le détenu serait énervé ; les détenus se décrivent après la prise de ces médicaments « dans les nuages » ;
  • le manque de renseignements ex. la liste des associations visiteuses ne leur est pas connue ; ils ne comprennent pas ce qui les attend ;
  • le peu de suivi des avocats ex. pas d’accompagnement au tribunal ; parfois pas de visite du tout ;
  • problème de compréhension de la langue néerlandaise ;
  • les rapports avec l’assistant(e) ? sociale ne sont absolument pas pour les aider. L’attitude est celle de quelqu’un qui ne cherche qu’à les convaincre d’accepter l’expulsion, se dit concrètement être là pour cette raison, pas pour aider ; il nous est cité une phrase qu’elle aurait dite « moi je n’aide personne » ou encore « quand j’entre dans ce centre, je coupe mes deux mains, comme ça je n’aide personne »...
  • grave problème de suivi médical ex. un Guinéen qui souffrirait d’une hépatite B, traité hors centre, il n’a plus reçu de médication depuis sont enfermement ;

Cette visite ne fait que confirmer le fonctionnement révoltant de ces centres dans lesquels sont enfermées les personnes dont les documents ne sont pas en règle pour séjourner en Belgique. Elles/Ils sont pourtant parmi nous parfois depuis 10, 15 voire 20 ans (mais même). Par ailleurs les durées d’enfermements sont évidemment très longs, allant jusqu’à 8 mois, par le biais de voies détournées pour éviter toute libération. Un enfermement décidé administrativement et de manière aléatoire. Les conditions sont intolérables.

Une seule solution : fermeture immédiate de ces centres de la honte !


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