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CETA : Une action d’envergure sabotée par une bande de sociaux démocrates.

Le CETA, traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada, devait être signé à Bruxelles le 27 octobre 2016. Un blocage avait donc été organisé autour du quartier européen à l’initiative du CETA et TTIP GAME OVER.

Durant la semaine précédent le sommet, l’actualité fut extrêmement changeante : le parlement wallon se disait contre le CETA tel qu’il était présenté en remettant essentiellement en cause les tribunaux arbitraires privés et certaines normes agricoles. Très vite, un engouement médiatique présente Paul Magnette comme un héro anti-CETA capable à lui tout seul de bloquer un traité de libre échange transatlantique. Certains médias vont jusqu’à annoncer la mort pure et simple du CETA. Pourtant, bien que le sommet et la signature furent reportés, les négociations continuèrent aboutissant ainsi au maintien d’un COROPER, c’est à dire une réunion exceptionnelle réunissant tous les ambassadeurs européens afin de renégocier ce traité. Pendant ce temps là les pressions sur le parlement wallon continuèrent tandis que Donald Tusk, président du parlement européen évoquait la possibilité de voter le traité sans la consultation des États Membres...

C’est donc sur ces bases et ces informations politiques qu’a débuté la vieille, l’assemblée et le briefing général des actions de blocage prévue pour le 27, réunissant différents groupes affinitaires allant des plus autonomes au plus institutionnels tels que les JOC ou Ades. Plusieurs options étaient alors présentées dont les deux principales se portaient sur le maintien ou non du blocage visant cette fois-ci le COROPER.

La majorité des personnes ici représentées ou bien présentes portaient l’idée de maintenir le blocage pour les raisons suivantes.

Premièrement, beaucoup de personnes avaient fait le déplacement, parfois d’autres villes wallonnes ou flamandes. Ils étaient venus pour porter cette action, les groupes affinitaires s’étaient organisés depuis des semaines et étaient prêts. De plus à contrario, un grand nombre de personnes n’étaient donc plus disponibles pour le report de ce blocage à un autre jour.

Deuxièmement, il était clair que le fait de porter une action dès lors offensive et préparée aurait amené plus de gens à s’organiser avec nous pour la suite. En effet, cela aurait pu nous permettre d’être déjà entraîné.e.s et plus nombreux.ses pour un blocage futur, par exemple le jour de la signature. A l’inverse, le fait de construire une nouvelle action faible et non préparée risquait non seulement de nous déforcer par la suite mais aussi d’être totalement inutile. Et donc de tuer le mouvement.

En effet, troisièmement, il était tout à fait pertinent de bloquer les négociations qui étaient en court. Il est d’un fait certain qu’une bande d’ambassadeurs européens bourgeois venus discuter le CETA comme ordre du jour n’étaient pas là pour parler football. Cela nous aurait permis de bloquer la machine néo-libérale en marche.

Et enfin, l’argument le plus fort porté était qu’une écrasante majorité des personnes présentes étaient motivées et déterminées à le faire contre une minorité d’individus dominants et vraisemblablement prêt à tout pour saboter le processus horizontal.

Effectivement, depuis le début du débat et jusqu’à la fin de ce processus, nous avons assisté à de nombreux comportements autoritaires de la part d ’organisateur.trice.s ainsi que de représentant.e.s d’organisations. Ces personnes bien entendu contre le blocage, se donnaient une légitimité supérieure en se présentant soit comme de véritables technocrates de l’action de désobéissance, soit comme des professionnel.le.s de la militance ou encore des chef.fe.s représentant un nombre soi-disant plus important que l’assemblée elle même.

Certain.e.s d’entre eux.elles allaient jusqu’à affirmer être les plus organisé.e.s de la salle mais paradoxalement pas prêt.e.s pour le lendemain. Des arguments techniques totalement futiles, pour tenter de s’éloigner des arguments politiques, étaient mis en avant en essayant de décrédibiliser l’action alors qu’au moins 3 groupes sur 5 se disaient prêts à bloquer.

De plus, ces véritables saboteurs de la démocratie directe voulant imposer et diriger les masses, ont manœuvré durant plusieurs heures afin d’empêcher la prise de décision démocratique en bloquant une première fois la volonté d’un vote collectif, et puis une seconde fois lorsque le vote en sous-groupe amenait toujours à un résultat écrasant leur volonté de démotiver les troupes, et enfin une troisième fois en essayant de contraindre l’ensemble de l’assemblé à adhérer à une expertise et un vote « suprême » d’organisateur.trice.s.

Malgré tout, la majorité des personnes présentes ont réussi à tenir la ligne et nous sommes enfin arrivés à un consensus de maintenir le blocage ! Il ne nous restait plus qu’à nous réunir en groupe affinitaires pour discuter des questions logistiques et prévenir les absents pour le dernier briefing du matin. Il était 23H30, ça aurait pu s’arrêter là...

Quand soudain, Martin un permanent de la JOC Mons, certainement frustré de la décision prise en assemblée mais aussi bien évidement de n’avoir aucun « jeunes » derrière lui, se leva et lança une annonce : « La Belgique se réuni demain pour poursuivre les négociations ! ». Le politicard qui présidait la réunion se saisit de l’information pour redemander à tous les sous-groupe de redélibérer. Bien entendu, cela ne changeait RIEN au fond du débat puisque le COROPER avait toujours lieu. Peu de temps après cette annonce, plus de la moitié de la salle s’était déjà vidée au fur et à mesure.

Après que les groupes affinitaires se soient encore réunis, un vote général a enfin eut lieu (avec pratiquement plus que des opposants à l’action ou des personnes totalement démotivées pour de nombreuses raisons expliquées ci-dessus) et mis donc fin aux espoirs de blocage...

Le lendemain, alors que le COROPER avait bien lieu et que la cape médiatique de super-héro anti-CETA de Paul Magnette tomba définitivement, une action « collective » et préparée par quelques personnes de l’organisation fut imposée aux militant.e.s qui n’avaient plus d’autres choix que de la rejoindre ou de rentrer chez eux en colère et révolté.e.s. C’est dans ce fiasco total qu’une chaîne humaine ridicule qui n’a absolument pas perturbé l’once d’un instant le travail crapuleux des décideurs capitalistes a eu lieu. Résultat des courses, la Belgique est aujourd’hui parvenue à un accord et l’ensemble de la classe politique européenne et canadienne sera bientôt prête à signer le CETA. Il est d’un fait certain que la signature du TTIP devrait s’en suivre.

Face à ces déceptions et l’aspect plus qu’évident d’une organisation autoritaire et de pseudo-professionnels de la lutte qui veulent utiliser leur pouvoir de statut et d’autorité pour manipuler, contrôler et freiner les masses. Nous appelons toutes les personnes qui partagent, parfois depuis longtemps, notre point de vue, à ne pas abandonner cette lutte primordiale mais à s’organiser en affinité et en autonomie sans se soucier une seconde de véritables sociaux-démocrates alias politicards ratés.

Comme nous ne sommes pas simplement des pleurnichard.e.s critiques mais bien des personnes révoltées et motivées à agir contre nos oppresseurs, dans les mêmes dynamiques que le CAMP NO TTIP qui a eut lieu l’année passée, nous lancerons bientôt un appel autonome à s’organiser dans des espaces horizontaux, avec des individus et non des organisations (les personnes d’organisations peuvent venir à titre individuel) afin de tenter dans le temps qu’il nous est imparti de bloquer au maximum ces traités crapuleux et leur monde.


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