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"Ces immigrés qui font chier en Guyane française" : Réaction indignée du collectif à l'origine du manifeste !

posté le 19/04/14 par BNGF Mots-clés  sans-papiers  solidarité  Peuples natifs  Indigné / Occupy 

Retour sur le Manifeste des immigrés en Guyane française* publié à Cayenne le 11 avril 2014 et sur le traitement accordé aux étrangers dans ce département d’outre-mer. Conscients de l’ampleur et de la portée de ce manifeste, voici quelques éclaircissements.

Cette dénonciation repose t-elle sur des faits réels ?

Elle part des expériences et des informations qui nous ont été communiquées par le biais de cette communauté Facebook* ainsi que sur d’autres chaînes et moyens utilisés par les étrangers en Guyane. Les faits relatés concernent donc des migrants soumis au contrôle de la Préfecture de la Guyane. Ceux qui ont subit de sérieux dérangements au sein de cette administration savent éperdument cette dénonciation est malheureusement vraie.

Qui est à l’origine de ce manifeste ?

Plusieurs personnes. Seule une a rédigé le texte, mais la synthèse a été faite par plusieurs individus, essentiellement des migrants, des étrangers vivant ou ayant vécu en Guyane.

La LDH ou La Cimade sont-elles des cosignataires du texte ?

Absolument pas. Ces deux associations françaises n’ont en rien contribué à la mise en place de ceci. Quand l’idée de ce texte nous est venue en 2013, nous avons d’abord justement fait appel à ces associations, sans succès. Nous ne leur reprochons rien, d’ailleurs nous n’en attendions pas moins de leur part. Par contre nous avons décidé de garder cette dénonciation pour plus tard conservant ainsi entre nous, les étrangers en Guyane, nos informations.

Qui êtes vous ? Pourquoi cette démarche ?

Nous les immigrés* en Guyane, nous sommes des citoyens étrangers simplement déçus de l’intervention des associations locales sur plusieurs cas et détresses de migrants et qui pour beaucoup, ont mal finies. Y a t-il eu de la négligence de la part des intervenants ? Une chose est certaine, le même constat d’impuissance vécu par bon nombre d’étrangers. Nous comprenons que les intervenants ne soient pas disponibles et soient très peu nombreux, mais nous n’expliquons pas et surtout, nous ignorons toujours pourquoi ces associations restent plusieurs mois injoignables par téléphone ou tout simplement qu’elles aient ignoré nos appels à l’aide.

Ne pouvant plus attendre que les jeux de pouvoir entre les politiques de Guyane nous donnent une minute de parole, nous les étrangers, nous nous sommes octroyés la parole ! Car nous ne sommes pas là pour servir de monnaie d’échange ou d’excuses pour d’éventuelles demandes de fonds en provenance de la France métropolitaine ou de l’Union européenne. Nous avons nous aussi, des enfants à élever, des factures à payer et des projets de vie à accomplir. Nous préférons, pour le moment, rester comme un collectif d’étrangers migrants en Guyane qui s’entraide et qui se transmet des informations mutuellement.

Il s’agit ici d’une démarche qui est partie exclusivement de notre ras le bol. Il est donc essentiel de ne pas prendre notre cri de colère pour des "magouilles" entre fonctionnaires fâchés ou encore de "règlements de comptes" entre grandes familles locales qui s’étripent odieusement et pour l’exprimer très grossièrement, avec des coups de bâtons. Ne mélangeons pas tout, nous refusons d’être associés à ça. Notre survie, elle passe bien avant les histoires de fonctionnaires, de copinages, d’histoires de pontes du microcosme local guyanais qui se doivent des services.

Si des associations nationales veulent bien nous apporter leur aide, c’est avec plaisir et d’avance avec un très grand merci. Sachez toutefois que nous les étrangers en Guyane, nous en avons marre d’attendre après de personnes visiblement gênées et ennuyées par nous, ou encore après des "pseudo-généreux", qui ne cherchent qu’à se faire connaître soit comme des militants en faveur de la défense des étrangers, soit comme des anges-gardiens des "faibles", tout ceci en nous faisant perdre du temps et en jouant inconsciemment avec nos espoirs et en conséquence avec nos vies. Car c’est bien de nos vies dont il s’agit.

Nous ne voulons plus, nous les étrangers en Guyane, être traités, comme des vulgaires objets ou du vulgaire bétail pour être "sacrifiés" dans des jeux d’influence et de pouvoir. Vous pensez bien que lorsqu’un étranger a besoin d’aide, il a besoin de cette aide dans l’immédiat. Que penser quand nous dépendons d’un unique et ultime rendez-vous qui se déroule dans deux mois (parfois quatre) avec des bénévoles qui ne maîtrisent pas spécialement les démarches à suivre pour des demandes auprès de la Préfecture ou, pire que tout, de dépendre de personnes qui se moquent ouvertement de nous et qui ne pensent qu’à leurs week-ends en carbet. Nous sommes étrangers, certes, mais nous vous entendons et nous vous comprenons. Le dédain que certain(e)s intervenant(e)s nous affichent, non seulement nous le ressentons mais nous le comprenons aussi !

Les associations qui se disent pourtant "d’aide aux étrangers" doivent se rendre compte qu’une fois un tel service proposé à la société, elles doivent en principe pouvoir assurer leurs missions de manière impartiale, désintéressée et généreuse. Les individus qui cherchent du pouvoir et de la reconnaissance avec de réelles ambitions politiques et professionnelles ne devraient pourtant pas y interférer avec leurs projets personnels si affichés.

Notre manifeste est aussi porteur d’un message à celles et ceux qui se reconnaîtrons, à celles et ceux qui nous ont choqués, blessés. Voici précisément ce que nous leur disons : "Oui, on parle français, peut-être mieux que quelques uns mais très souvent pas assez bien. Malgré tout, désormais on va essayer de s’entraider pour ne plus gêner vos discussions strictement personnelles lors de votre temps de travail au sein de vos associations respectives quand vous nous recevez. Nous n’avons pas besoin de votre volonté ni de votre regard bienveillant pour nous faire reconnaître nos souffrances et notre solitude. Nous pouvons nous aussi être cohérents et cela aussi dans votre langue".

À ce titre, nous invitons les médias nationaux et internationaux à enquêter, en caméra cachée de préférence, sur les pratiques vécues dans l’accueil des étrangers en Guyane.

Le mépris, nous le connaissons et nous en sommes des victimes expertes.
Pourtant, pendant que certains s’y méprennent en prenant un malin plaisir à nous envoyer promener, n’est-ce pas nous les étrangers en Guyane qui taillons volontiers vos gazons pour des tarifs plus qu’attractifs ? N’est-ce pas nous les immigrés en Guyane qui faisons le plein de vos voitures aux stations d’essence ? N’est-ce pas nous les étrangers en Guyane qui baissons la tête suite aux remarques déplacées ou parfois racistes ? N’est-ce pas nous les immigrés en Guyane qui ne réagissons pas quand vous décidez de nous payer qu’au noir et/ou au lance pierres ? N’est-ce pas nous les étrangers en Guyane qui passons à côté de vos 4x4 tous les jours à pieds, à vélo, en scooter pour aller travailler ? N’est-ce pas nous les immigrés en Guyane qui encaissons les insultes sans très souvent ne rien dire ? N’est-ce pas tout simplement nous ?!

Y aurait-il de vulgaires amalgames qui subsisteraient dans ce département d’outre mer ? Pourquoi devrions nous "payer" et être très souvent associés aux personnes qui elles ne respectent pas les lois de la République française ? Les étrangers vivant en Guyane ne sont pas tous des criminels et des repris de justice. Pas tous, parmi eux, parmi nous, d’honnêtes citoyens aussi.

Le respect, ne se limite donc pas aux critères de nationalité.
C’est ce que nous tenions à dénoncer, nous les étrangers en Guyane considérés bien des fois comme de "La vermine, ces Immigrés qui font chier en Guyane*".

Brasileiros na Guiana Francesa
http://goo.gl/gZDnJP

Liens :
(*) Manifeste des immigrés en Guyane http://goo.gl/6Bt0R1 [français]
Manifesto dos imigrantes na Guiana Francesa http://goo.gl/nWraLs [portugais brésilien]

(*) Brasileiros na Guiana Francesa http://goo.gl/CDG1wL [page Facebook]

(*) Originaires de plusieurs pays : Brésil, Haïti, Surinam, Guyana, Venezuela, République Dominicaine, Colombie, Gabon, Jamaïque.

(*) Pour information, la phrase ci-dessus reprend des propos blessants, que certains d’entres nous ont entendus pas plus tard qu’hier matin, à leur égard.


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