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Communiqué Lallab : inciviles et fières de l’être !

posté le 21/07/18 Mots-clés  antifa 

Lors de son interview du 15 avril 2018 sur BFMTV et Médiapart, Emmanuel Macron a tenu des propos à la fois sexistes, racistes et classistes. Il serait trop fastidieux de tout analyser, mais nous tenions aujourd’hui à revenir sur les déclarations violentes, discriminantes et humiliantes à l’égard des femmes musulmanes qui portent le foulard.
En sa qualité de Président de la République, la teneur de ses propos est inacceptable et intolérable, car ils viennent une fois de plus légitimer et exacerber les violences que nous vivons au quotidien.

L’équipe de Lallab, association féministe et antiraciste visant à faire entendre les voix plurielles des femmes musulmanes, condamne et dénonce fermement ces déclarations et apporte son soutien aux femmes que celles-ci ont blessées et offensées.

Inciviles et fières de l’être

A la question en elle-même problématique et orientée du journaliste Jean-Jacques Bourdin : “Comprenez-vous que l’Islam fasse peur aujourd’hui en France ?”, Emmanuel Macron déclare au sujet du port du voile, qu’il s’agit d’une “séparation”, qu’il n’est pas “conforme à la civilité de notre pays”, “qu’il insécurise” et que “c’est cela qui vient bousculer notre philosophie profonde, notre vivre-ensemble.”

Donc notre Président, négligeant son rôle de neutralité, pourtant si fondamental à la laïcité, octroie désormais des bons et mauvais points de religion, considérant il y a une semaine que les catholiques seraient du côté du “progrès” et dimanche que les musulmanes, elles, seraient du côté de l’incivilité.

Il n’hésite pas à exclure les musulmanes du corps social. A travers une gradation qui passe en trois mots de la “différence” à la “séparation”, et via toute une terminologie choisie, il vise à créer une vision anxiogène et binaire : “elles” et “nous”. Vision allant totalement à l’encontre du fameux vivre-ensemble vanté quelques secondes plus tard.

Monsieur Macron, nous sommes certes musulmanes mais aux yeux de notre République, nous devons avant tout être perçues comme citoyennes vivant en France. Petit rappel : nous sommes en grande majorité de nationalité française, nées et socialisées dans notre pays.

Considérer le port du voile comme une “incivilité” est d’une part d’un mépris et d’une violence sans nom pour les personnes concernées, et d’autre part entièrement faux. Notre constitution garantit le respect de toutes les croyances et la loi de 1905 définit l’expression religieuse dans l’espace public comme une liberté individuelle fondamentale. Elle permet ainsi aux personnes le souhaitant d’exprimer leur appartenance religieuse, quelle qu’elle soit, sans risque d’être jugées, violentées, ou discriminées.

De quelle “philosophie profonde” parle exactement Monsieur Macron ? Cette “égalité entre l’homme et la femme (sic)” dont nous nous complaisons à penser que nous serions exemplaire en la matière au point de pouvoir être donneur de leçon sur ce sujet ? Ce qui est loin d’être le cas, d’ailleurs cela devait être la grande cause du quinquennat, il faut donc croire que cette problématique n’est pas le propre de l’islam… mais bien du patriarcat, qui est universel ne lui en déplaise.

Par ses propos, Emmanuel Macron stigmatise les femmes musulmanes voilées, déjà lourdement discriminées dans notre société. Chaque jour, les femmes musulmanes sont exclues des universités, du marché du travail, de salles de sport, de restaurants, de banques, d’hôpitaux ou encore d’émissions de télévision, en raison de leur voile, et ce en toute impunité et souvent dans la plus grande des illégalités. Chaque jour, des femmes musulmanes sont insultées, agressées, harcelées et violentées dans l’espace public en raison de leur genre et de leur appartenance religieuse dans l’indifférence la plus totale. Ce ne sont pas les femmes musulmanes qui menacent notre vivre-ensemble, mais bien la société française toute entière qui les en exclut.
Car c’est bien cela le principal problème des femmes voilées, Monsieur Macron, le sexisme, le racisme ; les violences et les discriminations et non ce qu’elles ont choisi de porter.

Les mamans musulmanes voilées ne sont pas des collaboratrices du service public

Edwy Plenel a ensuite interrogé Monsieur Macron sur le cas “des mamans accompagnatrices hors de l’école qui peuvent avoir un foulard”. Celui-ci a répondu que « si elles sont en responsabilité pour l’école, elles n’ont pas à porter le foulard parce qu’elles sont sous la laïcité de l’Etat, si elles sont […] en collaborateurs occasionnels du service public, elles ne peuvent pas porter le foulard. »

Mais Monsieur Macron, il faut cesser de jouer sur la confusion entre collaboratrices et accompagnatrices, les mamans ne travaillent pas pour l’école, donc à ce titre, elles sont protégées par la laïcité qui prévoit leur liberté de culte. C’est même grâce à leur engagement bénévole que nos enfants peuvent participer aux sorties scolaires. Elles n’ont pas à se soumettre à un principe de neutralité, qui ne doit être respecté que par les agent·es de l’Etat dans l’exercice de leurs fonctions.

Les gouvernements changent, mais les discours restent les mêmes

Si nos gouvernements se cachent aujourd’hui encore derrière des discours lisses sur le vivre ensemble et la liberté individuelle des individus, les actes sont toujours aussi dangereux et excluants.

La question reste et restera toujours la même : quelle société voulons-nous construire ? Une société d’oppressions ou une société de liberté, d’égalité, et de justice sociale ? Une société où l’on impose aux femmes ou une société où les femmes choisissent ? Il semblerait que Monsieur Macron ait choisi…. à notre place.


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