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Conte et légende d’un lobby sioniste sur les gilets jaunes

posté le 23/12/18 par http://www.ujfp.org/spip.php?article6850 Mots-clés  antifa 

Un journal en ligne le JNS (Jewish News Syndicate) publie le 16 décembre 2018 un article signé par Yossi Lempkowicz intitulé « manifestations d’antisémitisme dans le contexte des manifestations des gilets jaunes en France ».

Cet article à diffusion virale aux États-Unis, nous a été transmis par un jeune chercheur d’une université californienne, pour vérifier sa véracité. Il raconte une histoire digne des meilleurs conteurs : un pic d’antisémitisme en France menace les juifs avec et depuis les manifestations des gilets jaunes.

N’hésitant pas à inventer des situations jamais vues ou entendues, lors des dernières semaines, il serait plutôt matière à sourire s’il ne faisait en réalité partie d’une campagne de lobbying acharnée pour imposer une définition de l’antisémitisme suivie d’exemples qui incluent l’antisionisme : c’est la définition de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) augmentée de ses exemples. Nous n’entrerons pas ici dans les détails de cette affaire, mais il faut savoir que l’IHRA qui elle-même avait été victime de ce lobbying avait cependant voté une définition qui n’incluait pas d’exemples. Les exemples imposés par le lobbying ont été ajoutés à la définition votée, et tout l’enjeu est aujourd’hui de faire voter en force, État par État, la définition augmentée de ces exemples mentionnant l’antisionisme comme antisémite.

Déjà l’introduction du conte identifie au point de les confondre deux personnages : Commission Européenne et Agence des droits fondamentaux. Si l’on cherche le sondage cité dans la Commission Européenne il n’apparaît que sous la publication de l’une de ses agences la FRA – Agence pour les droits fondamentaux. Il y a donc une volonté d’assimilation d’une agence d’experts au service de l’UE avec la Commission Européenne elle-même. Or cette confusion volontaire a déjà des précédents.

L’UE est depuis des années maintenant, la cible principale du lobbying d’Israël et de ses officines européennes et états-uniennes. Ce lobbying s’est au cours des années introduit dans tous les organismes « d’experts » travaillant à la périphérie de l’UE. C’est ainsi par exemple qu’il avait utilisé le site de l’EUMC (observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes) lui-même intégré au site internet général de l’UE, pour y placer un texte sur la définition de l’antisémitisme faisant donc passer ce texte pour un texte officiel de l’Union Européenne aux yeux d’un observateur non averti.

Lorsque cet organisme, l’EUMC, fut remplacé par la FRA, cette dernière retira la définition de son site, s’attirant les foudres du lobby, mais elle souligna que ce texte qui n’avait été voté par personne n’était pas un texte officiel de l’UE. Pour que les choses soient encore plus claires voici la présentation officielle de la FRA :
« Créée en 2007 par l’Union européenne, la FRA fournit des conseils indépendants fondés sur des éléments de preuve en matière de droits fondamentaux. Les 90 membres du personnel de la FRA comptent, notamment, des experts juridiques, des experts en sciences sociales et politiques, des statisticiens et des experts en communication et de mise en réseaux. »
Le conseil d’administration de la FRA se compose d’experts indépendants des droits de l’homme issus de chacun des 27 États membres, de deux représentants de la Commission et d’un expert indépendant nommé par le Conseil de l’Europe. »

Un passage rapide sur le site de la FRA permet de voir que son activité est aujourd’hui entièrement orientée sur l’antisémitisme, pourtant ce ne sont pas les violations des droits fondamentaux qui manquent. Mais il faut bien alimenter la bataille en cours : imposer à l’UE et à chacun de ses membres le vote de la définition de l’IHRA incluant des exemples d’antisionisme présentés comme antisémites. L’article-conte fait partie de cette opération de lobbying, il participe de la diffusion de la peur antisémite, moteur du vote des États, et si la France est ciblée, la raison en est fournie par le texte lui-même : première communauté juive d’Europe, 500.000 membres. Mais par exemple le Guardian a aussi diffusé cette peur, et ce message en Grande Bretagne où la bataille fait aussi rage : https://www.theguardian.com/news/2018/dec/10/britain-has-worst-record-for-antisemitism-in-europe-says-report.

Il s’agit pour ce lobby israélo-étasunien de faire feu de tout bois pour placer les « éléments de langage » nécessaires à la bataille en cours, et ils sont lâchés assez platement il faut le reconnaître, mais il fallait sans doute respecter la consigne : « Le mouvement des gilets jaunes attire des antisémites qui essaient d’insuffler des théories selon lesquelles les juifs, les sionistes sont les élites, les financiers... » ?

L’article s’appuie à la fois sur des mensonges en rafale (qui viendra les contester en Californie ? Et comme si en France les actes antisémites passaient inaperçus de nos jours…) et sur des déclarations du Dilcrah. Pas un mot pourtant sur les réels, et rares, incidents racistes recensés sur le terrain par des témoins et des médias, contre une femme voilée, contre les migrants. Hors sujet, même pour le Dilcrah ! Qui s’en étonnerait, cet organisme s’étant lui-même déjà distingué pour son orientation sioniste affirmée, et il faut bien le dire ses silences sur l’islamophobie et les autres formes de racisme.

Diffuser la peur de l’antisémitisme est équivalent dans ses effets, à l’antisémitisme lui-même. Et la solution est abondamment traitée en faisant apparaître les structures états-uniennes, européennes et israéliennes de ce sionisme imposé : l’aliyah, l’immigration vers Israël dont le bassin français reste une source majeure d’approvisionnement. Pourtant tous les articles récents publiés dans la presse israélienne révèlent l’arrêt ou le fort ralentissement de l’émigration des juifs de France vers Israël et même le retour en France de nombreuses familles.

Les ravages de ce lobbying et de cette littérature, sont incommensurables si une contre information sérieuse et argumentée n’est pas apportée rapidement et systématiquement. Les media susceptibles de réagir et motivés sont encore bien trop rares. Nous sommes loin du compte.


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