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Contrairement au nazisme, le sionisme escamote son « racisme légal »

posté le 26/07/18 Mots-clés  antifa 

Le sionisme est assez opaque dans sa législation et ses programmes. Il utilise des concepts humains brillants dans sa terminologie. C’est dû au fait que le mouvement sioniste, pendant la plus grande partie de son histoire, n’avait pas la même puissance que le nazisme et ne contrôlait pas de territoire. Bien que le sionisme, au travers d’Israël comme sa réalisation concrète, ait pris le contrôle total de la Palestine, il n’a pas choisi un mode d’expression plus explicite - au moins à l’époque précédant les deux derniers gouvernements. Le chauvinisme, le racisme et le mépris des populations sont évidents dans la pratique israélienne mais rarement exprimés ouvertement à cause du besoin permanent du soutien des superpuissances occidentales. Un aspect fondamental de cette dissimulation est l’auto-victimisation, qui est centrale dans le roman national sioniste, et aussi le mensonge, la manipulation émotionnelle, faisant porter la culpabilité des ses actes aux Palestinien-ne-s par l’utilisation cynique de la tragédie de l’holocauste. En fait beaucoup de survivant-e-s de l’holocauste qui se trouvent en Israël [37] vivent dans la pauvreté et l’oubli [38]. D’ailleurs beaucoup de ces survivant-e-s désapprouvent le sort infligé aux palestinien-ne-s et aux migrant-e-s.

Il est important aussi de mettre en lumière le fait que les lois de l’État d’Israël prévalent sur la constitution de l’OSM depuis la création de l’État d’Israël. C’est normal puisque l’objectif principal de l’OSM de créer l’État d’Israël a été atteint, et que, comme conséquence, Israël est devenu de jure la référence sioniste depuis 1948. Les articles 1, 2, 4 et 6 de la loi relative au statut de l’Agence Juive - Organisation Sioniste Mondiale de 1952 clarifient cette affaire :

Article 1

« L’État d’Israël se considère comme la création du peuple juif entier, ses portes sont ouvertes, conformément à ses lois, à chaque juif qui désire y immigrer » [39].

Article 2

« L’Organisation Sioniste Mondiale, depuis sa création il y a cinq décennies, a dirigé le mouvement et les efforts du peuple juif pour l’objectif millénaire de retour dans sa patrie et, avec l’aide des autres organisations et institutions juives a mené à bien la responsabilité principale de la création de l’État d’Israël » [40].

Article 4

« L’État d’Israël reconnaît l’Organisation Sioniste Mondiale comme l’agence autorisée qui continuera d’agir dans l’État d’Israël pour le développement et le peuplement du pays, l’absorption des immigrés de la diaspora et la coordination en Israël des activités des organisations et institutions juives agissant dans ce domaine » [41].

Article 6

« L’Etat d’Israël compte sur les efforts de l’Organisation Sioniste Mondiale afin d’atteindre cette unité ; si l’Organisation Sioniste Mondiale, à cette fin, devait décider d’élargir sa base avec l’accord du gouvernement et l’approbation de la Knesset, le nouvel organisme jouirait du statut confié à l’Organisation Sioniste Mondiale dans l’État d’Israël » [42].

Les terminologies libérales, démocratiques ou relatives aux droits humains employées par l’OSM ou dans les lois israéliennes actuelles sont en fait limitées aux juifs/ves soit par d’autres lois, soit par les termes même de leur promulgation ou par des sections des mêmes lois. En fait même les juifs/ves à l’intérieur d’Israël ne sont pas tou-te-s égaux/ales.

Il est impossible de séparer les actes brutaux d’Israël contre le peuple autochtone de la Palestine de la structure légale d’Israël. Un regard objectif sur la structure légale d’Israël permet de constater que les atrocités commises par Israël se déroulent dans un cadre législatif, et que ce cadre législatif trouve son explication dans l’idéologie sioniste. De plus, puisque le sionisme est né chez les juifs européens, les centres du pouvoir en Israël sont presque exclusivement ashkenazes [43], donc la dénomination "régime sioniste d’Israël" est, de l’avis de l’auteur, une description pertinente. Autrement dit, les actes inhumains commis par Israël sont les résultats/conséquences de l’idéologie sioniste, et la mise en œuvre des aspirations de cette idéologie nécessite une force militaire.

Les cœurs militaristes du nazisme et du sionisme

Dès sa création (1920), le parti nazi - qui était le successeur du Parti des Ouvriers Allemands (créé en 1918) - a formé la faction terroriste SA (Sturmabteilung ‘Section d’Assaut’), qui a été absorbé en 1929 lors de la création de l’infâme SS (Schutzstaffel ‘Escadron de Protection’). La violence et le terrorisme étaient incontestablement le trait dominant des actes nazis, aussi bien contre les opposants internes ou externes, comme le montrent les chroniques de cette époque.

Dans le cas sioniste, dix ans après la création du mouvement sioniste, le premier groupe armé « Bar Giora » בר גיורא (ce nom venant de Simon Bar Giora, un des dirigeants de ‘la révolte judéenne contre les Romains.’) a été créé en 1907 en Palestine. Deux ans plus tard « Bar Giora » a été absorbé par l’organisation terroriste « Hashomere » השומר (Gardien) dont l’emblème portait le slogan suivant : בדם ואש יהודה נפלה, בדם ואש יהודה תקום Bedame Ve eish Yehouda nafla, Bedam ve eish Yehouda takoume. (Dans le sang et le feu Yehouda est tombée, dans le sang et le feu Yehouda se relèvera). C’est le prédécesseur de la « Haganah » הגנה (Défense), créée en 1920, qui deviendra l’organisation terroriste la plus importante en Palestine [44], jusqu’à ce qu’elle se transforme en la composante majeure de l’armée de l’État sioniste d’Israël, « Tsahal ».

La « Haganah » avec des autres organisations sionistes extrémistes (Irgoun et Lehi) ont commis une longue liste de massacres contre les Palestinien-ne-s et en ont chassé 750 000 sous le feu. Le Haut Commissaire du gouvernement britannique pour la Palestine Alan Cunningham a dit que les célébrations par les membres des organisations terroristes sionistes de la « victoire » sur les civil-e-s palestinien-ne-s désarmé-e-s, sont similaires à celles des Nazis [45].

La puissance militaire a toujours été centrale dans la pensée sioniste, avant et pendant l’opération de grande envergure qui a réussi à expulser a la majorité des Palestinien-ne-s de leurs maisons en 1948. En réalité, elle forme une partie essentielle l’idéologie sioniste puisque l’armée a construit l’identité israélienne.

L’Agence Juive pour Israël le dit publiquement : elle exprime sans hésiter l’idée que c’est à l’armée que la personnalité israélienne se construit. « L’armée israélienne est généralement perçue comme le ‘constructeur de la nation’ - une école de l’identité nationale et de l’unité » [46].

L’armée de l’État d’Israël a prolongé et amplifié les taches de ses prédécesseurs, les organisations armées sionistes. Kaplan donne la brigade Nahal comme exemple :

« Au moyen de ‘Nahal’ (Acronyme hébreu de jeunesse pionnière combattante), l’armée a établi dans des zones éloignées ou frontalières, des colonies militaires qui combinent l’agriculture avec la défense régionale. Ces colonies sont habituellement créées et tenues par des groupes de jeunesse sionistes ayant séjourné dans un kibboutz plus ancien avant de déménager vers les nouveaux postes avancés. Après une période initiale, ces postes-avancés passent à des groupes civils et généralement deviennent des kibboutz ou des moshavs .Beaucoup de colonies israéliennes dans les vallées du Jourdain et la Arava ont été établis par Nahal… Tsahal a aussi montré son intérêt actif pour l’éducation des nouveaux immigrés, surtout pour l’enseignement de l’Hébreu. Les enseignants de l’armée sont envoyés dans les centres d’intégration des immigrés, les écoles de terrain et d’autres institutions éducatives. Des programmes spéciaux de l’armée pour les adolescents des milieux défavorisés combinent l’enseignement scolaire avec le travail dans une base militaire. Il convient de souligner que ces programmes ne sont pas destinés aux soldats mais aux secteurs marginalisés de la société israélienne. » [47].

Comme dans le cas nazi, l’armée n’est pas juste un outil pour soumettre les "autres" et créer une image de supériorité, mais une composante essentielle de l’État et de l’identité.


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