RSS articles
Français  |  Nederlands

1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10

Contre le racket Abertzale ou les Insolences anti-patriotiques d’un métèque

posté le 06/08/16 Mots-clés  réflexion / analyse 

Contre le racket Abertzale
ou les Insolences anti-patriotiques d’un métèque
par Gaizki-Ikasi Maketo

"Alors qu’au Pays Basque la névrose patriotique tient lieu de pensée quasi-officielle, voilà qu’un métèque la ramène pour rappeler aux populations sujettes aux pires croyances politico-religieuses, que la nation n’est qu’un mythe et que mourir pour la patrie est bien le sort le moins enviable."

Publié aux éditions Distance en 1981.

A LIRE/TELECHARGER ICI : https://vosstanie.blogspot.com/2012/08/contre-le-racket-abertzale-par-gaizki.html

"Tout homme qui se respecte n’a pas de patrie ; une patrie c’est de la glu." (Cioran)

Avertissement de l’auteur

Le rédacteur de ce pamphlet était placé devant l’alternative de se morfondre dans un mutisme étouffant ou de ne trouver de consolation que dans un ralliement « critique » au nationalisme régional basque, suivant en cela ces belles âmes souvent promptes à se compromettre pour quelque reconnaissance politique. Mais moi le sans-patrie, je suis en tant que prolétaire moderne, trop nuancé, trop mélangé, quant à ma race ou quant à mon origine, pour être tenté de prendre part à cette débauche et à ce mensonge de l’idolâtrie nationale qui s’exhibe aujourd’hui plus que jamais au pays basque, et qui, chez le peuple réputé pur son « sens démocratique », me donne doublement l’impression de la fausseté et de l’inconvenance. Aussi, n’ayant guère le goût et l’envie de me consoler en m’adaptant, même à distance, à ce qui remporte l’adhésion béate ou intéressée d’un bon nombre de crapules de mon voisinage, il ne me restait plus qu’à pousser mon penchant pour l’inadaptation en renversant sur la table du fanatisme et de la confusion, et dans le but d’éclabousser les joyeux convives, la marmite de mon dégoût.

Qu’on me comprenne bien, je ne nourris aucune haine particulière contre le Pays basque et ses habitants : je suis foncièrement internationaliste, ou ce qui serait plus près de mon sentiment profond, je suis cosmopolitiste. Cependant, ce que j’ai écrit est certainement assez méchant à l’encontre du nationalisme basque pour que je puisse m’attendre d’ores et déjà à la réaction courroucée de ses chantres les plus bêtes qui, inévitablement, m’accuseront de je ne sais quelle bâtardise ethnique ou idéologique, aussi certainement d’appartenir aux services d’intoxication de l’Etat espagnol, et autres extravagantes dénonciations staliniennes. Mais quoi de plus naturel pour des comploteurs professionnels que de voir partout un complot organisé contre leur pauvre stratégie politico-militaire ? Malheureusement pour eux, leur colère sera d’autant plus désemparée et cocasse, que pour la première fois ce n’est pas d’un camp officiel adverse ou rival que part cette diatribe, mais de la plume d’un prolétaire lucide et hostile à ce monde qu’ils veulent aménager. Ces apôtres du mensonge déconcertant et de la sottise exubérante, jusque là habitués au confort d’être épargnés par une véritable critique radicale, gonflés de la fierté d’obtenir les suffrages d’une populace crédule, peuvent désormais cesser de caresser avec quiétude l’ambition de gérer dans cette région de la Terre en toute autonomie ou indépendance, cela même qu’une subversion communiste se propose d’abolir sans ambages ni transition, à savoir le capital, le salariat, l’Etat, la marchandise, le prolétariat, bref, tout ce qui dans le cadre de telle ou telle nation particulière constitue l’aliénation universelle de l’humanité. Ces parlementaires coalisés, ces bureaucrates militarisés, bref ces néo-jauntxos de l’âge démocratique du capital, des plus modérés – qui secondent régionalement le pouvoir central – aux plus extrémistes – qui briguent l’exclusivité du pouvoir étatique –, ne peuvent plus faire totalement illusion avec leurs flagorneries chauvines adressées à ce qu’ils appellent le Peuple Travailleur Basque afin de « l’éduquer » et de le « diriger ». Ces politiciens à cornes ne parviendront à nous persuader que d’une chose malheureusement pas encore assez évidente pour tout le monde : les prétendus intérêts spécifiques que les prolétaires du Pays Basque auraient à défendre jalousement, alors que l’aliénation est partout sur terre essentiellement la même, ne sont rien d’autre que leurs intérêts à eux ces maquereaux locaux de la condition prolétarienne.

Si les prolétaires révolutionnaires n’ont rien à attendre des laudateurs de ce nihil social que constitue le nationalisme quel qu’il prétende être, en revanche, ces derniers doivent savoir une chose : nous n’avons pas de patrie, et même si nous en avions une, il nous faudrait nous en débarrasser au plus tôt. Notre révolte n’est pas une entreprise qu’on peut nationaliser comme une vulgaire banque, une sale usine, un quelconque bout de terrain ; elle ne saurait se laisser réduire à un de ces atermoiements politiques dont se réjouissent les esclaves de gauche, encore moins obéir aux appels d’une mobilisation populaire en vue d’un changement de maîtres.

Il faut donc que les abertzale sachent que le franquisme n’est plus là pour leur servir a contrario de faire-valoir, même s’ils ont à faire face à ces bataillons fascistes para-policiers basques-espagnols aussi cons que meurtriers, qu’il n’y a pas d’autre libération que celle qui passe par la destruction de l’Etat (et donc des nations), du travail salarié, de la marchandise et que leur fameuse Indépendance n’est qu’une belle connerie puisqu’elle conserve, nationalise, cette triade universelle de l’aliénation. Eux qui conjuguent leurs efforts pour faire accroire le vieux bluff bourgeois de la Nation dont le destin inéluctable sera de susciter de cruels ricanements chez les nouvelles générations, et qui pouvaient se croire les tenants autorisés de la solution idéale de nos maux, peuvent donc dès maintenant déchanter. Ce libelle doit être considéré comme une contribution théorique à la réfutation de leur idéologie anti-subversive, et comme une incitation à la désertion de leurs appareils politico-syndicalo-bureaucratico-militaires, véritables mini-machines d’Etat servant à enrégimenter et récupérer toute tentative insurrectionnelle authentique.

L’auteur de ce libelle et d’autres individus soucieux de dignité, tiennent à déclarer que l’anti-patriotisme primaire développé dans ce texte ne constitue en rien la base d’un éventuel regroupement organisationnel avec comme vitrine un certain radicalisme spécialisé dans l’anti-nationalisme. Il y a bien d’autres chats à fouetter. Seulement, il n était pas inutile que leur point de vue sur cette question se fasse connaître car jamais une seule voix ne s’est élevée pour protester contre le caractère essentiellement contre-révolutionnaire de l’idéologie et de la pratique des abertzale, pour ruiner le fondement de leurs intentions, dénoncer leurs manoeuvres, ridiculiser leurs fétiches.

Si les nationalistes de gauche et d’extrême-gauche pouvaient penser qu’ils se foutraient impunément du monde pour longtemps, c’est raté. Ils l’auront dans le cul.


posté le Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.