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Conventions d’occupation et anti-squat en Belgique

posté le 16/12/17 par paris-luttes.info Mots-clés  luttes sociales  répression / contrôle social  logement / squats / urbanisme 

Parce que la loi antisquat nous fait peur.
Parce que l’on entend de plus en plus de squateureuses parler de conventions comme de l’unique solution pour un minimum de stabilité pour leurs lieux de vies.
Parce que des non squateureuses adeptes des asbl se mettent songer à créer des structures à vocation de conventions pour "aider les squateureuses et montrer par la même occasion que leur choix de structures légales est le meilleur".

Parce que nous ne devons pas nier nos peurs.
Parce que cette attaque contre nos lieux de vie, de révoltes, d’activités, de rencontres, de complotages, d’amours,... est aussi une attaque contre notre moral, notre joie serrurière, nos pulsions réquisitionnières,... une attaque contre notre sentiment de liberté.
Parce que ce que nous risquons à ouvrir des maisons est plus pesant qu’avant et peut en décourager plus d’unE.
Sans jugement.

Peut-être pour tout ça.
Et parce que c’est neuf. Que nos émotions balancent entre rage et peur...

Peut-être est-ce pour tout ça que c’est ailleurs que nous pouvons trouver une critique publique du 123, de la Communa,... une réflexion des risques objectifs que ces projets portent, eux aussi, vis-à-vis de nos libertés.

Réflexions/discussions à Bruxelles en 2017 - Tentative de critique anarchiste des stratégies de conventionnement et d’anti-squat.
En Belgique une loi anti-squat vient d’apparaître. Des associations qui ont récupéré les pratiques de squat pour en faire un nouveau marché du capitalisme low-cost ont préparé le terrain. Explications.

Cet article émerge d’une réflexion menée à plusieurs, face à la nouvelle loi Anti-squat chez nos copainEs de Belgique.
Des rencontres ont lieu actuellement entre certainEs membres d’ASBL [1] et certainEs membres de squats et occupations politiques organiséEs de Bruxelles .
Nous proposons ici une analyse partielle et partiale de ce que nous avons compris, glané, digéré et vomi d’une de ces rencontres à laquelle nous avons assisté.

Convention et loi antisquat : quézaco ?

La convention d’occupation ou bail précaire est un accord passé entre un.e propriétaire - privé ou public - d’un bâtiment et un ou plusieurs occupant.e.s, représenté.e.s ou non par une association. Cet accord règle les conditions que le ou la propriétaire fixe aux occupant.e.s pour leur maintien dans le bâtiment : loyer, paiement des charges et taxes, travaux, accueil public, durée du préavis, … Occupant.e.s et propriétaires peuvent mettre fin au bail sans raison particulière.

La loi Anti-squat a été adoptée en Belgique à la mi-novembre 2017. Elle modifie la manière dont est traitée l’occupation d’un lieu sans convention. Ce traitement était avant cette loi à peu de choses près le même qu’en France. Depuis cette loi :

  • l’expulsion peut être décidée et mise à exécution en 8 jours sans passer par un juge (le/la procureur.e a les mains libres pour agir seul.e)
  • un délai maximal avant expulsion est fixé : 1 mois pour le bâti privé et 6 mois pour le bâti public,
  • en plus les personnes impliquées risquent jusqu’à 1 an de prison puisque relevant d’un tribunal pénal et non plus civil.)

Ces évolutions ne naissent pas qu’en Belgique, elles sont déjà réelles et abouties dans d’autres pays d’Europe, aux Pays-Bas et en Allemagne par exemple.
Les attaques contre les pratiques autonomes et en particulier contre le squat forment un mouvement de fond qui touche tous les pays de riches. Le conventionnement [=convention d’occupation=bail précaire] existe en France et des acteurs économiques, associatifs ou non, sont déjà en train de se positionner sur ce nouveau marché de la misère rentable.
N’’en doutons pas, des lois équivalentes nous tomberont dessus dans les années à venir, la multiplication récente des lourdes condamnations ou poursuites de squatteur.euse.s n’en sont que des avant-goût.
Ne nous laissons pas prendre de cours.

Différents types d’occupation en Belgique

En Belgique, une taxe sur la vacance immobilière oblige le propriétaire d’un logement vacant depuis au moins 1 an à payer 500€/m² de façade/mois.
La taxe est appliquée et est une réelle incitation à trouver des solutions alternatives à la vacance. C’est pour ça que les conventions d’occupation sont si présentes chez nos copainEs, les propriétaires trouvant là un moyen d’échapper à l’impôt.
Une taxe sur la vacance existe en France depuis 1999, actualisée en 2013, mais n’est pratiquement pas utilisée - moins de 88 000 logements vacants taxés/1 846 000 logements vacants, chiffre en diminution - les moyens d’y échapper étant très nombreux.

Dans le cadre d’une convention d’occupation, les normes réglementaires ne sont plus les mêmes que dans le marché locatif classique : la charge de la sécurité et de la salubrité passe aux occupant.e.s et les travaux réalisés à l’intérieur des bâtiments se font au bénéfice du propriétaire qui négocie souvent ces travaux en échange de l’occupation.
Quintuple bénéfice pour elleux puisque non content.e de toucher de l’argent, iels gagnent des travaux, iels échappent à la taxe sur la vacance immobilière, iels touchent des primes de mises à disposition du bâtiment dans un but « social », et iels gagnent une image publique positive.

Une convention de sous-occupation peut-être signée par les bénéficiaires de la convention d’occupation. Puis une convention de sous-sous-occupation. Puis une convention de...
Encore un nouvel épisode de la guerre des pauvres entre elleux pour grappiller les miettes du capitalisme « dans un cadre contractuel bien sûr ».

Plongeons sans attendre dans l’épaisseur du bad :

Lieux conventionnés (plein de petits lieux souvent vétustes qui peuvent durer plusieurs années) :
anciens squats ayant fait le choix de négocier sans intermédiaires avec les propriétaires ou leurs ayant droits une convention d’occupation/bail précaire qui fixe la date de départ du bâtiment et la participation aux frais (charges/assufrance/travaux). Les moyens économiques sont généralement les mêmes que ceux des squats.

ASBL d’expertise (exemples belges :123 Wohningen – la Maison à Bruxelles) :
parfois fondées autour d’un ancien squat, souvent à partir d’un lieu conventionné, ayant fait le choix de négocier à travers une association pour proposer au propriétaire ou ses ayant droits un interlocuteur.trice unique. Ces ASBL se donnent parfois pour mission de soutenir l’émergence d’autres ASBL indépendantes ou de proposer leur expertise (juridique/comptable/organisationnelle) à des squatteur.euse.s qui souhaitent devenir des lieux conventionnés ou qui ont un besoin de soutien spécifique.
Ces structures collectent des loyers et des charges. L’argent collecté sert parfois à rémunérer des permanents ou à « défrayer » certaines tâches jugées inhabituelles. Quand ces ASBL touchent des subventions elles servent essentiellement à rémunérer les permanents. Les sommes récoltées au titre de la « Participation Aux Frais » servent au fonctionnement de l’association.

ASBL capitalistes (exemples belges : Communa – Toestand) :
groupements qui sont dans une démarche active de recherche de bâtiments à conventionner, à travers des liens privilégiés avec les propriétaires, leurs ayant-droits ou les communes.
Le bâti n’est pas considéré comme un bien commun à se réapproprier mais comme une opportunité à saisir. Le conventionnement précède le besoin et c’est une fois la convention établie que le « projet » est sélectionné et installé dans les lieux.
L’ASBL est gestionnaire du bâti et impose les règles de vie à l’intérieur des « projets » et récolte les loyers et charges et parfois même une épargne obligatoire. . Elle se charge de réaliser des travaux d’aménagement et de mise aux normes dans les bâtiments au bénéfice final du propriétaire. Ces associations rémunèrent souvent leurs acteur.trice.s et investissent des sommes très importantes à l’entrée dans les lieux (plus de 1000€ par unité d’habitation).
Ces structures sont amenées à faire expulser directement ou à provoquer l’expulsion de squatteur.euse.s qui les auraient précédées dans les bâtiments qu’elles souhaitent conventionner. Les subventions que touchent ces ASBL servent essentiellement à rémunérer les permanents. Les sommes récoltées au titre de la « Participation Aux Frais » servent au fonctionnement de l’association.

Agences immobilières sociales/Anti squat (exemple belges : Entraktt – CamelotEurope) :
groupement qui se veulent acteurs de l’évolution des lois et qui proposent directement aux propriétaires des solutions d’occupations rentables et avantageuses, à caractère social ou non, comme solution à la taxation des vacances immobilières.
Les lieux ne sont pas autogérés et les loyers, charges et épargne obligatoire sont centralisés par l’agence qui rémunère des permanent.e.s. Les AIS louent les bâtiments vacants à 30% du prix du marché et les relouent à des précaires - choisis via des organismes spécialisés - à 50% du prix du marché. Ils prennent donc 20% de commission.
Le stade avancé de cette forme est l’entreprise Camelot qui gère au Pays-Bas 120 000 habitants et qui génère un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions d’euros.
Ces structures sont amenées à faire expulser directement ou à provoquer l’expulsion de squatteur.euse.s qui les auraient précédées dans les bâtiments qu’elles souhaitent conventionner.

Cas particulier, la FEBUL (Federation Bruxelloise des Unions de Locataires) :
c’est à la base un groupement d’associations de locataire.trice.s qui fait de l’accompagnement personnel et du soutien face aux services sociaux et aux propriétaires. Mais elle est aussi amenée à prendre en gestion des bâtiments conventionnés, elle rémunère des permanent.e.s, et elle a déjà appelé la police pour expulser des squatteur.euses qui les avaient précédé dans un bâtiment conventionné.
Ce double rôle leur permet de passer entre les gouttes de la critique puisque de nombreux.ses galérien.ne.s ont eu besoin d’elleux par le passé dans leurs conflits avec l’administration ou un propriétaire.

Précisions sur les modalités des conventions

Prospective (recherche de bâtiments) → les ASBL se retrouvent régulièrement en concurrence avec les squatteur.euse.s dans la recherche de bâtiments : l’aspect systématique de la recherche de conventionnement rend difficile l’accès au bâti vide qui de ce fait a souvent déjà été conventionné ou bien qui est en passe de l’être. Avec le risque que cela entraîne : une expulsion rapide.

Fonctionnement des ASBL → comparable à une asso loi 1901, avec conseil d’administration.

Échelonnement des loyers → chaque lieu organise différemment sa gestion de la perception de la paf ou du loyer, certains ajustent la participation en fonction des revenus, d’autres non (au nom du droit au respect de la vie privée !).

Paiement des loyers → pour les personnes sans revenus un échange force de travail/logement peut-être proposé. En cas de refus, et bien que des solutions soient recherchées, la personne concernée est expulsée.

Expulsions → le non-respect des chartes internes entraîne l’expulsion, décidée (en principe) par l’AG des habitant.es de chaque lieu. Éventuellement le lieu entier peut être expulsé à la demande de l’ASBL qui le chapeaute. Dans ce cas, l’ASBL contacte le propriétaire pour dénoncer le non-respect des engagements contractuels et met fin à la convention d’occupation.

Différenciation politique : désir/autogestion/horizontalité vs autorité/gestion/verticalité

Les squats politiques sont des lieux qui visent à l’autogestion et à l’autonomisation à travers la mise en place de mode de fonctionnements horizontaux et d’outils de transmissions des savoirs et savoirs-faire.
Le refus de payer ou d’indemniser les propriétaires permet une égalité entre les membres sans que se pose la question des revenus personnels. L’absence de négociation évite le besoin de mettre en avant celleux qui seraient les plus aptes à séduire un propriétaire.
Le contenu politique souvent affiché est garant de la possibilité de remettre en cause la position de celui ou celle qui tenterait de prendre le pouvoir.

Malgré ça, la reproduction des schémas de domination existe dans les squats, alors dans des lieux qui ne tentent même pas de remettre en question ces schémas, c’est la porte ouverte au néant...

Les lieux conventionnés ont des fonctionnement divers qu’il est difficile de déterminer puisqu’il s’agit souvent de petites unités d’habitation impliquant peu d’individus.

Pour les ASBL « d’expertise » le rapport est à première vue plus flou. Composées de personnes ayant parfois les mêmes codes (sociaux, linguistiques, esthétiques) que les habitant.e.s des squats anarchistes, ces structures se caractérisent par des modes de fonctionnement hybrides, qui mêlent des AG d’habitant.es et des conseils d’administration d’association, des formes de pouvoir classiques à travers l’existence de rôles-clés comme le lien avec les propriétaires ou la comptabilité et des formes de pouvoir plus insidieuses liées à l’ancienneté dans les lieux ou à la popularité.

Ces situations hybrides entraînent de grandes difficultés dans la dénonciation de ces structures comme faisant partie intégrante des mécanismes capitalistes ; le vernis d’horizontalité n’est pas évident à percer pour qui ne connaît pas les personnes impliquées : les règles de fonctionnement présentées sont souvent horizontales, l’organisation d’AG régulières correspond aux exigences autogestionnaires, la mixité sociale au sein des lieux est une quasi-constante.
La réalité est pourtant toujours la même : un double discours permanent qui fait exister, en parallèle de ces structures, des positions de pouvoir incontournables et des passe-droits liés au copinage et à l’ambition personnelle. Ces positions se maintiennent entre autres parce que les « services » rendus par ces personnes créent en dessous d’elleux une armée d’obligé.e.s qui se sentent redevables et qui participent grandement à les légitimer...

Les ASBL « capitalistes » comme les agences immobilières sociales ne se soucient absolument pas d’horizontalité ou d’auto-gestion, les structures contrôlent les règles de vie des habitant.e.s ou usagers des bâtiments, les loyers (ou « participation aux frais ») sont strictement déterminés et le non-respect des chartes est puni d’expulsion. Les permanent.e.s de ces structures sont seul.e.s maîtres.ses du choix des projets accueillis dans les bâtiments.

Perspectives capitalistes et angoisses de demain

Marché locatif à 2 vitesses :
il permet aux législateur.trice.s de ne plus avoir à se positionner sur la crise du logement puisqu’il existe un marché spécialisé pour les pauvres.

Création de positions dominantes :
le marché émergent de la location précaire appelle la création de nouveaux acteurs dans un marché à faible concurrence. Avec la particularité d’apparaître dans les années 2010 et donc de bénéficier d’une déréglementation maximale pour les entreprises et associatifs. En quelques années des acteurs majeurs se dégagent et règnent sans partage sur le marché de la convention d’occupation. (Eh oui copainE architecte ou urbaniste, tu n’auras pas ta place dans ce nouveau marché du capitalisme low-cost !)

Cartels :
les acteur.trice.s de ce nouveau marché étant peu nombreux.ses, ielles sont souvent issu.e.s des mêmes classes sociales aisées, ce qui entraine l’existence d’ententes informelles sur le partage des bâtiments et sur les règles de fonctionnement à l’intérieur des lieux conventionnés - niveau de la PAF, niveau de l’épargne obligatoire, niveau des rémunérations.

Répression des formes d’organisation autonomes :
Cette forme, l’occupation conventionnée, de la plus intégrée au modèle capitaliste à la plus proche des pratiques de squat, laisse une porte ouverte a l’institutionnalisation de nos lieux de vie et de nos pratiques.

Parce qu’elle crée des alternatives légales aux squats non-conventionnés nous pensons qu’elle prépare le terrain à une loi Anti-squat. Toute mobilisation contre cette loi est très affaiblie car, beaucoup de lieux étant conventionnés, il est facile de montrer du doigt les squatteur.euse.s comme étant des jusqu’au-boutistes qui refusent toute solution.
Il est malheureusement bien évident que les collectifs anarchistes et de galérien.ne.s (sans-papiers, gens de la rue, pauvres en général) ne sont pas reçus comme des interlocuteurs.trices crédibles par les propriétaires. Celleux-ci préfèrent s’adresser à des ASBL dont la sociologie est claire : une sur-représentation de blanc.he.s ayant eu accès à des études supérieures, voire ayant dans leurs relations personnelles des liens avec des propriétaires et des élu.e.s.
L’obligation de conventionner un bâtiment AVANT de l’occuper ne laisse aucune place aux pratiques autonomes, et le seul choix pour celleux qui refuseraient de se soumettre est la rue ou la prison.

Récupération politique et matérielle :
Des collectifs existants ont déjà engagé des démarches allant dans le sens du conventionnement et de l’institutionnalisation. Des associations et des entreprises sont présentes et actives dans les métropoles de France.
Sous le prétexte de l’urgence sociale, ces collectifs s’allient avec des squatteur.euse.s politiques afin d’ouvrir des lieux qui n’ont rien d’autogestionnaire et qui ne visent pas à l’émancipation des individus à travers leur autonomisation, mais bien à l’intégration économique des individus (accès à l’emploi, au marché locatif classique, aux associations humanitaires).
Tout doucement, s’insinuent dans nos lieux de vie une dénonciation de nos modes d’organisation, une décrédibilisation de nos pratiques, une récupération matérielle et politique de l’histoire foisonnante des squats, anarchistes ou non, et des savoirs-faire associés (ouverture, électricité, plomberie, informatique, ...).

Perspectives révolutionnaires

* D’abord, accentuer l’attention portée aux prises de pouvoir dans nos lieux et à l’institutionnalisation insidieuse qui vient trop souvent avec les habits de la solidarité et du désir de pérenniser les lieux occupés.
* Être fermes sur les pratiques d’organisation collective autogestionnaires et anti-autoritaires. Ce sont des pratiques qui éloignent et empêchent ce genre de dérive dans nos milieux. Nous devons être vigilant.es si nous ne voulons pas que les squats et occupations deviennent des incubateurs de start-up, ASBL, AIS et autres larbins de la gentrification et du capitalisme.
* Maintenir et développer comme axe majeur la pensée féministe matérialiste : les premiers signes de ce type de dérive sont presque toujours le sexisme et le paternalisme.
* Penser les stratégies de diffusion des pratiques autogestionnaires et anti-autoritaires auprès des habitant.e.s des lieux conventionnés, leur transmettre en priorité les savoirs-faire plutôt que de les donner aux gestionnaires.

A l’heure où, en France, de nombreux collectifs et associations se tournent vers les squatteurs et les anarchistes pour ouvrir des lieux qui permettent d’accueillir des réfugié.e.s, seul.e.s ou en famille, il nous semble indispensable d’affirmer haut et fort nos objectifs politiques.

Il n’y a pas d’entre-deux, celles et ceux qui ne se réclament pas de l’auto-gestion ne peuvent pas être nos allié.e.s.
Celles et ceux qui perpétuent les pratiques capitalistes du loyer, de l’emploi, de la charité payante (oui, parce que l’assistanat ce n’est pas bon pour le développement individuel, tu sais), qui permettent à la propriété privée de trouver une échappatoire là où son injustice est criante, ne peuvent pas être des allié.e.s et deviendront bien vite des ennemis lorsque l’étau se resserrera.
Créer des données pour l’administration, se poser en gestionnaire de la vie des pauvres, rendre invisible la misère liée à la propriété privée des logements, créer une nouvelle strate de pouvoir et un nouveau marché du capitalisme low-cost ne peuvent pas être considérés comme des pratiques « borderline » : la ligne est largement franchie.
Les personnes qui la franchissent pourront toujours se voiler derrière leur humanisme bas-de-gamme ou un pseudo-apolitisme, nous ne nous ferons plus berner. Et nous invitons tou.te.s nos copainEs dans les squats et dans les milieux politiques organisés à agir contre ces pratiques et contres celles et ceux qui les diffusent.

La jambisation est déjà envisagée par certain.e.s. Dans tous les cas, l’attaque politique systématique des individus et l’attaque matérielle des lieux (graffitis, bris de vitres, destruction des données créées par le « suivi social », exclusions physiques, attaques informatiques) sont absolument nécessaires.

Ces quelques ligne de défense nous semblent être les seuls moyens qui peuvent empêcher nos milieux d’être récupérés à des fins capitalistes et qu’une loi anti squat nous tombe sur le coin de la gueule. Puis de voir nos copainEs condamné.e.s à la rue ou à la prison.

P.-S.

Pour poursuivre la réflexion :

Un exemple de site internet d’ASBL : http://www.communa.be/ et d’Agence Immobilière Sociale : https://fr.cameloteurope.com/

Une critique de Camelot (en anglais) par des copaines des squats de Hollande : https://en.squat.net/2014/03/12/netherlands-camelot-is-using-people-in-need-of-housing-as-real-estate-pawns-and-as-out-sourced-dwellers-that-only-serve-to-facilitate-speculation/

Notes

[1] ASBL = association à but non-lucratif ; par simplicité c’est le mot que nous utiliserons pour parler des ASBL spécifiques au secteur des conventions d’occupation. Et parce que c’est comme ça qu’en parlent les copainEs de Belgique

https://paris-luttes.info/conventions-d-occupation-et-anti-9224?lang=fr


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Commentaires
  • 17 décembre 2017 10:40, par matin

    bonne article. bonne analyse. super bien détaille et chouette

     ; c’est bien que à niveau mouvement squat on commence
    à réfléchir à stratégie et vision à lieu que se brancher sur l identité et la morale. Il y a des trucs qui bougent, on devient plus organisée.es. Et perso Je croie à un moment le mouvent squat (ou un partie) - a mon avis - ne plus se considérer comme une articulation du milieu anar, mais vu que c’est un truc que peut parler à plain de gens moins politisé ou/et qui ont des idée politiques que ne rentre pas totalement dans exactement les idée de tout le monde. sinon, J ai l impression, l idéologie et le morale pour garder certaines lignes deviennent un peu aussi un fren l organisation large.

    Genre, le fait de toujours ramener la lutte spécifique(occuper) à l objet révolutionnaire/insurrectionnel, ça ne va parler à qui juste un toit gratos, et que ne veut nécessairement devenir militante, mais il/elle lutte juste en décidant de ne plus payer un loyer. (Je me réfère au coté militantisme engagée, qui c’est bien mais la fait de ramener ça partout, surtout que le gens qui sont peut etre en lutte pour avoit un toit il ne sont pas toujours bronché sur une certaine ligne spécifique d anarchisme). Et ça risque aussi de allier les individus à un but supérieur. Sinon, l horizontalité c’est autre chose, ça Je croie n’est pas un truc à mettre en discussion mais justement c’est aussi plus liée au "concret" et à un fonctionnement assez évidente de que on le experience)

    Je ne dis pas que tout le squat sont de truc hyper idéologique etc etc, mais J ai quand même l impression qui il y a une forte identité de milieux que peut repousser un mouvent plus large que doit pas s’aliéner à un but supérieur (on squatte surtout parce sa parte de nos exigences basique, genre habiter sans devoir s’étouffer avec un loyer)

    Et si, pour un mouvement squat sont enrichissante pour les pratiques anarchiste, les "outils" (reappropriation, action directe, stratégie pour être horizontales), l idéologie par foi devient un poids par la pratique plus que un ressource.

    A mon avis, les mouvement squat et le mouvent anarchiste ne doit se pas superposer.

    Sinon, pour les ASBL non capitaliste, on vraiment sur que le ASBL, globalement, endommage la possibilité d ouvrir de squats/ répression ? surement pour certain comportement que on des ASBL par moi. Mais est-que avoir une autre stratégie va vraiment à démoniser les squats ? ou il seront démonise en tout cas ? D’accord, le fait que il à de gens qui peuvent se "réfugier" dans de bails précaires c’est aussi pt etre une stratégie du pouvoir pour canaliser/récupérer le gens vers autres chose...mais au même temps...il a bcp des gens qui il ont marre de squatter et il lue un appart. et de gens qui serait ok pour de bail précaires mais il n’ont pas envie de squatter (peur, etc...). Mais donc, des ASBL que font de bail et que il choisit correctement leur stratégie en réfléchissante comment pas saboter la strategi de squats, telle ASBL peut aussi représenter un sorte de "buffer d ’entre/sortie", dans le sens que des gens se peuvent rapprocher dans le monde de l occupation avec cette première step d exploration. et des gens qui ont squatté et cherche aussi plus de tranquillité/de sécurité un moment il vont avoir une zone intermédiaire que est quand même bien mieux que payer un loyer

    Bref, en tout cas Je suis pas venu aux grosses assemblées intersquat etc donc je ne sais pas trop que se passe, Je raconte peut être de la daube, Je mis plutôt quelques impression.

    en tout cas c’est cool que même avec la loi que est passé le mouvement squat commencer à se relancer !

  • 19 décembre 2017 15:10, par aa

    Il y a certaine réflexion intéressante... Et si se prétendre etre un "squat" tout en étant conventionné peut clairement créer une division entre "bon" et "mauvais" squatteur.euse.s, néfaste au mouvement squat. Créer des lieux politisés et autogérés dans des conventions ne me parait pas impossible (sans bien sur toute la dérive sur faire payer des loyers aux gentes, les expulser s’ielles n’ont pas les moyens et toutes ce genre d’horreur). Avoir des lieux un minimum stable d’où on ne se fait pas expulser tout les 2 jours ça ouvre tout de meme un certain nombre de perspective... De plus on a bien vu en Allemagne justement que des lieux radicaux sont conventionés... Il n’est d’ailleurs malheureusement tout simplement plus possible d’ouvrir des lieux squattés là bas, la convention ne tient meme plus d’un choix mais s’avère etre la seul solution encore possible sur la création de nouveaux lieux.. (Encore une fois c’est bien malheureux mais on aura beau dire qu’on est plus fort que la répression, dans la réalité parfois la répression gagne sur certain terrain). De plus je ne vois pas vraiment pourquoi une convention ce serait totalement innacceptable tandis que louer en bonne et due forme un lieu pour en faire un endroit
    qui se revendique anar insurrectionaliste, là par contre aucun soucis, aucune compromission (sic).. Je dis ça tout en comprenant bien le choix de louer, ce n’est pas une critique envers celleux qui le font mais y faut pas aller après cracher dans la soupe...

  • 20 décembre 2017 15:25, par Gustavo La Minchia

    Article intéressant (qui politise la question de l’occupation "conventionnée").

    Cela dit, il est dommage que l’article se base sur des faits inexacts, notamment :
    - la taxe sur les bâtiments vides évoquée est une taxe régionale et pas nationale
    - "la taxe est appliquée" : j’ignore sur quoi se basent les auteurs... de ce qu’en j’en sais (de différentes sources), elle est justement peu appliquée (le service régional chargé de suivre l’inoccupation travaille en sous-effectif et ne parvient pas à suivre les dossiers)
    - établir un lien entre cette taxe et les conventions est douteux : des squats ont conventionné dès le début des années 2000 (voir l’article d’Alice Romainville portant sur les squats à Bruxelles) et la taxe n’est d’application que depuis 2010.

    De plus, les catégories avancées pour classer les acteurs de l’occupation posent question :
    - mettre Camelot et les agences immobilières sociales sur le même pied est absurde. L’une (Camelot) est un entreprise multinationale qui "loge" des personnes dans des conditions indécentes (critères de sélection discriminants, visites inopinées et plus généralement aucune protection juridique des "occupants-gardiens"). Les autres (les AIS) sont des ASBL locales qui logent des personnes qui bénéficient des protections (certes insuffisantes) s’appliquant aux locataires. Enfin, certes ces deux types d’organisation génèrent des revenus, mais pour l’une (Camelot) ils servent à rémunérer du travail ET du capital (actionnaires) alors que les AIS ne rémunèrent que des travailleur.euses.
    - parler d’"ASBL capitalistes" est pour le moins osé. A la différence d’une entreprise, les profits générés par les ASBL ne rémunèrent PAS le capital, mais du travail (et doivent servir à la réalisation de l’"objet social" de l’association). Je ne dis pas qu’il est, en soi, acceptable que des personnes se rémunèrent sur des projets d’occupation, mais utiliser des expressions telles qu’"ASBL capitalistes" ne permet pas de saisir la distribution inégale du pouvoir parmi les organisations proprement capitalistes (salariat, accumulation du capital et propriété privée des moyens de production) et les acteurs divers qui agissent au sein du marché capitaliste.
    Utiliser l’expression "ASBL capitalistes" a selon moi autant de pertinence que de parler d’"entreprise à but non lucratif", de "capitalisme vert" ou de "développement durable".

    Je répète que l’article est intéressant. Cela dit, à force de vouloir catégoriser, les auteurs passent à côté de la question du pouvoir inégal des différents organisations qu’ils analysent/critiquent, ce qui, pour des "anarchistes" est pour le moins étonnant.

  • 23 décembre 2017 12:38, par Squat officiel belge !!! Réponse a Gustavo La Minchia..

    Je n’ai hélas pas le temps de répondre a tout les points que vous évoqué !! Sur l’ensemble je ne suis pas en accord avec toutes vos précisions.
    Malgré la qualité de vos analyse !

    IL Y a un point, ou je ne peut m’empêche, de ne pas réagir !

    - Parler d’"ASBL capitalistes" est pour le moins osé ??

    - NON !!! J’ai eu la chance de suivre des études à I.S.S.E.P.N ; éducateur en milieu associatif.

    Dans le cursus, une matière est abordé par LE spécialiste de la législation des ASBL en belgique, Pr Michel Galand.

    ASBL capitaliste existe enfin c’est lui qui démontre cette état de fait ; l’exemple qui le fait monté au plafond, et ce même durant des conférences extérieur a l’institut supérieur d’étude social, est L’ASBL Touring secours, pour lui et d’autre spécialiste en législation des ASBL ! c’est une entreprise capitaliste et non une structure qui correspond au statut des ASBL.

    Et pourtant c’est bien la structure légal de cette "ASBL capitaliste". Donc a mon avis et pour les légalistes oui les ASBL capitaliste existe.

    Je vous invite a lire c’est nombreuse analyse, et écrit, accessible sur le net.

    Si vous avez l’occasion d’allé voir une de ses conférence allez si, c’est un enrager, et passionné en la question, (il est plus rigolo en conférence que en cour).

  • 25 décembre 2017 12:43, par marre

    parce que - peut etre
    typiquement chiant a lire ce genre de texte.

  • 26 décembre 2017 13:36, par réponse a marre ! de peut importe !

    Parce que - peut être typiquement chiant ce genre de texte !!!???

    La révolution n’est pas un dîné de gala !!!

    c’est pas de moi mais tu chercher, le mec qui a écrits sa est connu !!

    Toute action demande de la recherche intellectuelle, de la mise en perspective de l’analyse et de l’action... Si tu n’es pas prés a faire des recherches ; - c’est un chef qui te dira quoi, comment et pourquoi !!! moi je n’y arrive pas donc, j’étudie depuis un certain temps !Toute matière afférent a la révolte physique et insurrectionnelle ect..

  • 27 décembre 2017 10:29, par reponse a - réponse a marre ! de peut importe !

    non c’est les textes rempli de - parce que - qui sont -je trouve- énervant.
    Comme un besoin de se justifier

    - parce que - (triplelol)- fais chier quoi.

  • 6 janvier 2018 20:10, par destroy communa

    je pense que toestand et la communa doivent être classées dans deux sections différentes. D’un coté, toestand qui utilisent des batiments qui ne sont pas destinés au logement pour des activités militantes et autres et la communa qui jouent le rôle d’agence immobilière entre proprio et association/ personnes qui cherchent un logement.
    La communa est en effet une ASBL capitaliste, composée d’une dizaine de temps plein qui recherchent des batiments vides et qui les proposent à des asbl.. Soit ces asbl payent un loyer ( compensation directement au proprio) plus une donation fixe et décidée par la communa et pour la communa, soit un loyer directement à la communa afin de se payer leurs temps pleins. On remarque que l’argent est demandé aux petites gens et non aux proprios. La communa a déjà fait expulser des personnes afin de reloger LEURS occupantEs. Je ne pense vraiment pas que ce soit la démarche de toestand par exemple. La communa gagne a être une section à part entière ou placée avec camelot qui à qui illes ressemble bien plus.

  • 17 janvier 2018 20:08, par turlututu

    J’ai toujours soutenu l’idée réinvestir des bâtiments abandonnés et leur redonner vie, du droit à avoir un toit, de la nécessité d’avoir des lieux de créativités qui sortent du circuit conventionnel, de la réappropriation de l’espace public, etc...

    Mais là ce sont vraiment des enculés ! https://www.rtl.be/tv/rtltvi/replay/15-01-2018-squat-a-domicile

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