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Critique anarchiste révolutionnaire des racistes déguisés en libertaires

posté le 15/07/18 Mots-clés  antifa 

Depuis 10 ans et la première loi anti-voile, se propagent sur les plateaux télévisés et dans plusieurs organes de presse des propos qui heurtent les militant-e-s libertaires que nous sommes. Nous, libertaires contre l’islamophobie, sommes souvent aussi engagé-e-s sur le terrain des luttes antiracistes, des luttes des quartiers populaires, contre les crimes et violences policières, dans la solidarité avec la Palestine, ou encore dans le combat féministe radical…

En effet, les luttes concernant directement certaines populations, les « damnés de l’intérieur » selon l’expression du sociologue Mathieu Rigouste, sont trop souvent sous-estimées. La peur de l’islam, les discours sur les échecs de l’intégration, la mobilisation de la rhétorique islamophobe est devenue l’arme ultime permettant de justifier la politique xénophobe, répressive, inégalitaire ainsi que les discriminations ou encore les guerres impérialistes. A cette offensive, nous devons opposer une résistance totale et ne pas nous couper des premier-e-s visé-e-s.

C’est pourquoi des militant-e-s libertaires, détaché-e-s des préjugés qui parasitent les milieux de gauche et conscient-e-s de l’enjeu central que représente la lutte contre l’islamophobie, ont décidé à l’automne 2012, suite à la Une islamophobe de Charlie Hebdo et aux débats internes au sein de l’anarchosphère après le chahutage de Caroline Fourest à la Fête de l’Humanité, de rédiger un appel : « Libertaire et sans concession contre l’islamophobie » (1). C’est également dans cet esprit que nous avons décidé d’apparaître le 15 mars dernier au rassemblement initié par le Collectif Féministe Pour l’Égalité. Au-delà de l’impératif d’une opposition large à ces offensives racistes ciblant spécifiquement les musulman-e-s, la motivation de cette apparition était de porter clairement deux messages :

- Une parole politique libertaire forte contre l’islamophobie et pour la construction d’une riposte antiraciste large, afin d’unir toutes les victimes du racisme d’état (sans-papiers, immigré-e-s, français-e-s issue-s de la colonisation, roms, noir-e-s, arabes, musulman-e-s, asiatiques…) sans en laisser sur le bord de la route !

- Un refus de l’utilisation de nos arguments libertaires pour légitimer l’islamophobie, une façon de dire : Pas en notre nom !

Noyée dans un fatras d’arguments pseudo-laiques, pseudo-féministes, pseudo-progressistes avancés par des personnalités telles Michel Onfray ou l’équipe de Charlie Hebdo, émerge aussi parfois de leur discours l’auto-affirmation de leur sensibilité libertaire, en réalité l’usage d’un lexique libertaire se réclamant du combat antireligieux des anarchistes, de l’impertinence, la provocation, la liberté d’expression, etc. Quelle qu’en soit la forme, le rapprochement entre l’islamophobie de ces individus et nos convictions libertaires nous est intolérable. D’autant que cette tendance traverse également notre courant politique.

Michel Onfray et Charlie Hebdo, avatars de la gauche coloniale

Beaucoup a déjà été dit pour dénoncer Onfray et Charlie Hebdo. Mais que les média dominants n’évoquent des arguments libertaires qu’à travers leurs propos, voici qui exige une mise au point claire.

Les pages de Charlie Hebdo, montrant régulièrement les musulmans comme arriérés, misogynes, barbares ou encore meurtriers, et les femmes musulmanes systématiquement en burka, ont contribué à la construction, dans l’imaginaire de leurs lecteurs-trices (souvent plutôt de gauche), d’une perception des musulman-e-s qui coïncidant avec les représentations essentialistes de l’Islam. Rien à voir avec les caricatures qu’ils peuvent faire des adeptes du catholicisme ou du judaïsme, où la distinction entre croyant et clergé est évidente ; ce n’est jamais le cas pour leurs caricatures des musulman-e-s, qui ne font aucune distinction entre un simple croyant, un imam, un « terroriste » ou djihadiste, entre une femme portant le hijab, le nikab ou la burka. En revanche elles évoquent terriblement les caricatures antisémites répandues dans la presse du XIXème siècle et dans les années 30. (2). Certes Charlie Hebdo n’est pas le seul journal à user de représentations stigmatisantes, mais la différence est qu’il s’inscrit dans une tradition journalistique iconoclaste qui puise ses prises de positions dans un courant idéologique marqué pas les idées libertaires.

Le journal tout comme Michel Onfray assume son hostilité envers les musulman-e-s comme un trait d’union entre de soi-disant « valeurs occidentales de la modernité » et des idées, combats ou acquis sociétaux libertaires. A noter également que lors de la sortie son ouvrage L’Ordre Libertaire, Onfray tenta de justifier le positionnement anti-indépendantiste et anti-FLN d’Albert Camus, auquel le livre est consacré, au nom des « valeurs » libertaires (3). Ce type d’argumentaire participe de la construction d’un espace mental colonial et/ou xénophobe à destination du « peuple de gauche », et Michel Onfray en est l’avatar sur mesure. Ses prises de positions, il les justifie philosophiquement et politiquement, par des oxymores improbables, comme par exemple se définir comme libertaire et « gaulliste de gauche » ; associer à des valeurs de gauche le nationalisme suprématiste du gaullisme démontre sa croyance en l’idée d’une France, d’une Europe ou d’un « Occident » vécu comme éclairé et avancé, contrairement aux immigré-e-s et musulman-e-s, attardé-e-s et menaçant nos acquis progressistes) (4). Pour preuve cette citation : « Désormais l’Islam place des coins dans le vieux marbre d’une Europe qui ne croit plus en elle, en ses valeurs, en ses vertus, et ce avant destruction définitive » » (5).

Face à cette offensive de manipulation médiatique des idées libertaires à des fins islamophobes, l’ensemble du mouvement anarchiste n’est pas assez vigoureusement mobilisé.

Nous, militant-e-s libertaires, organisé-e-s ou non, issu-e-s de différents courants (communiste libertaire, anarchiste synthésiste ou plate-formiste, anarcho-syndicaliste, autonome, autogestionnaires, anti-autoritaire, etc), nous sommes engagé-e-s politiquement, socialement, sur le terrain, dans les luttes, sur des expérimentations autogestionnaires diverses comme les squats par exemple, des activités artistiques ou journalistiques alternatives, dans des associations, des syndicats, etc. Nous restons pourtant invisibles et inaudibles, en butte au black-out médiatique sauf lorsqu’il s’agit de nous désigner comme casseur ultragauche, anarcho-autonome ou black bloc après une manifestation violente. Ou encore de convoquer un folklore soixante-huitard hédoniste-libertin très éloigné de nos idées et nos combats, mobilisé à des fins d’islamophobie voire de promotion d’une identité nationale (6).

Dérive chez certains libertaires

Or, même si Michel Onfray n’est qu’un Tartuffe de l’anarchisme, le danger est de voir le crédit accordé par des libertaires sincères à certaines thèses islamophobe. Par exemple, la publication en 2010 aux éditions du Monde Libertaire de L’Impasse Islamique, livre d’ailleurs préfacé par Onfray, dans lequel l’auteur Hamid Zanas développe une apologie des valeurs de la modernité occidentale. Pour parer aux accusations d’islamophobie, les éditeurs avaient tenté de lancer auprès des organisations libertaires une souscription qui n’a heureusement reçu aucun soutien après lecture du texte.(7)

Autre dérive grave, la tribune offerte en 2009 à Riposte Laique par Radio Libertaire, qui avait invité Anne Selensky et Pierre Cassen (8) : s’il nous est peu étonnant d’entendre des discours racistes de la part de ces deux nouveaux nervis de l’extrême droite, il est en revanche atterrant d’écouter l’animateur Philippe Raulin, à l’époque secrétaire mandaté à Radio Libertaire par la FA, abonder dans leur sens quand ils tenaient des propos présentant l’Islam comme « plus sexiste que les autre religions » et menant une « offensive contre la laicité », entre autres éloges de la civilisation occidentale. Il aura fallu attendre que Cassen et Zelensky apparaissent quelques mois plus tard au coté des Identitaires pour que le racisme de leurs propos apparaisse évident pour tout le monde. Désolé, mais ces propos étaient déjà raciste lorsqu’ils furent proférés sur Radio Libertaire ! Et ce ne fut pas la seule fois que ce type de déclarations eut droit de cité sur cette antenne. (9)

L’occasion pour nous d’établir un parallèle avec les positionnements des anarchistes vis-à-vis de l’antisémitisme lors de l’affaire Dreyfus. Aux 19ème siècles, anarchistes et socialistes faisaient peu de cas de la question de l’antisémitisme. Certains véhiculaient même les pires clichés sur les Juifs et l’argent. Là aussi, il aura fallu que le pouvoir et l’extrême-droite de l’époque se réapproprient ce discours pour que la clairvoyance gagne le mouvement ouvrier, socialiste et libertaire (10). Aujourd’hui, l’islamophobie n’a été prise en compte par l’extrême-gauche qu’à partir du moment où Marine Le Pen et les Identitaires ont décidé d’en faire leur cheval de bataille. Or, ceci a été rendu possible parce que d’autres avaient commencé à préparer le terrain : Finkelkraut, Badinter, Ni pute ni soumise, André Gérin mais aussi Caroline Fourest, Charlie Hebdo et Michel Onfray. A l’époque, les frontières idéologiques et les arguments n’étaient pas les mêmes, et nos camarades sont tombés dans le piège.
L’emploi du terme même d’islamophobie fait toujours débat chez les libertaires comme à l’extrême-gauche. Les assertions prétextant que le terme aurait été inventé par les mollah iraniens ont fait beaucoup de dégâts. On sait à présent que ce mot, admis par ailleurs sans problème dans nombre de pays occidentaux, existait dès le début du siècle (11). Malgré cela perdure l’idée bizarre qu’il pourrait servir a empêcher la critique de la religion, voire serait une forme cachée de délit de blasphème ! Comment est-il possible d’accorder la moindre valeur à ces supputations, alors que l’Islam reste une religion minoritaire en France et que le rapport de force socio-économique et politique actuel n’est pas à l’avantage des populations musulmanes ?

N’importe quelle terminologie peut être récupéré à des fins réactionnaires : ainsi l’accusation d’ »antisémitisme » brandie par les sionistes pour museler toute critique de l’état d’Israël. Cesserons-nous pour autant d’utiliser le terme « antisémitisme » dans nos luttesantifasciste ? Non bien évidemment. Il est très triste de constater que la focale est portée sur un « risque » qui est avant tout un fantasme réactionnaire véhiculé par la droite, alors qu’au quotidien les musulman-e-s sont stigmatisé-e-s sans complexe. Les personnes discriminées seraient-elles quantité négligeable face à la supposée menace sur le droit à bouffer de l’imam ?

Ni loi ni voile ?

Aujourd’hui la question de l’islamophobie est toujours sous-estimée et le niveau de mobilisation reste faible à gauche et chez les libertaires. Fort heureusement, et c’est la moindre des choses pour des organisations anti-étatistes, aucune n’a pris position pour la loi de 2004 ni pour celles qui ont suivi, mais la plupart ont brillé par une absence de positions. Quant à celles qui se sont prononcées contre la loi, ce fut à la manière du « ni loi ni voile ». Certes le voile possède une dimension patriarcale, en ce que jamais il n’est demandé aux hommes de se voiler, mais c’est à relever au même titre que d’autres marqueurs genrés de la domination patriarcale auxquels ne sont pas plus soumis les hommes comme les talons aiguilles, les minijupes, le maquillage, la dictature de la minceur, etc. La signification symbolique d’une tenue vestimentaire n’est jamais assignable de l’extérieur, sans consulter la personne et sans prise en compte du contexte (12). Dans d’autres cas, il serait très justement considéré comme paternaliste et sexiste de juger les femmes aliénées par essence en raison de leur choix vestimentaire ou de leur mode de vie. Mais il existe un présupposé selon lequel le patriarcat de caractère traditionaliste, religieux et puritain, serait pire que celui de caractère moderniste, qui soumet au culte de la beauté ou de l’érotisation à outrance, qui est une des formes dominante, acceptée et insidieuse du sexisme contemporain. Pour justifier le choix du « Ni-Ni », on nous parle parfois du caractère politique du voile instrumentalisé par les intégristes, les Frères Musulmans etc. Sans nier que cela puisse être une réalité notamment dans les pays où l’islam est majoritaire, user d’une telle argumentation essentialiste fait peser une charge énorme sur les épaules des femmes portant le voile, notamment les jeunes lycéennes, et entraîne des amalgames dangereux.

Pas de comparaison cependant entre le « Ni-Ni » et le silence complice voire l’approbation de l’islamophobie dans certains milieux d’extrême-gauche : dans le dernier cas ces errements sont inexcusables pour des mouvements politiques antiracistes et anti-autoritaires, dans l’autre, les lois et stigmatisations sont au moins dénoncées et c’est l’essentiel. La position « ni loi ni voile » reste malgré tout problématique, d’abord car elle renvoie dos à dos la loi et le voile, comme si porter un voile était identique à voter une loi d’interdiction. Dans un contexte idéologique particulier cela revient à donner à moitié raison aux arguments réactionnaires. Mais surtout, cette position fut aussi un prétexte, en 2004, pour ne pas rejoindre le collectif « Une école pour toutes-tous » qui luttait et mobilisait les premières concerné contre l’adoption de cette loi. Car si des militants libertaires ont pu s’y investir à titre individuel, aucune organisation ne s’est engagée dans la mobilisation. Les débats internes se sont focalisés sur le voile avant la loi et c’est ce qui a permis les fantasme sur le collectif Une école pour tou-te-s, ainsi que des accusations d’islamogauchisme ou d’ « alliances douteuses ». Si l’on comprend bien, la possibilité d’une mobilisation était donc conditionnée, pour ces gauchistes-rationalistes-qui-ont- tout-compris, à une reconnaissance par les filles voilées de leur propre aliénation ou de leur instrumentalisation par des intégristes. Paternalisme indéniable !

Alors que si, en 2003-2004, le camp progressiste, le camp féministe, le mouvement social s’étaient unanimement levé, dans un rapport égalitaire, en soutien au musulmanes voilées, nous n’en serions pas où nous en sommes aujourd’hui, à savoir un contexte idéologique où les extrêmes droites de tous bords ne cessent de progressé et d’occuper le débat.

La question post-coloniale

Pour saisir les errements qui traversent l’extrême gauche, il faut tenter d’appréhender l’environnement dans lequel les militant-e-s ont évolué depuis plusieurs années et ce qui a façonné leur jugement. Le contexte, pour les plus âgé-e-s, c’est d’abord celui d’une époque où on a tu à l’école l’histoire de la colonisation et de la décolonisation. L’idéologie de légitimation de l’entreprise coloniale n’est pas assez connue ni analysée, or il s’agissait bien souvent d’une argumentation progressiste.

Nombre de militants libertaires ont un bagage culturel et historique important sur l’histoire des luttes ouvrières, mais bien moins de connaissances sur l’histoire coloniale et décoloniale. Si la question postcoloniale était mieux traitée, nos camarades auraient probablement eu des billes pour éviter les pièges orientalistes et racistes dans lesquels beaucoup sont tombé-e-s, et qui ont permis le renforcement de cette gauche raciste aujourd’hui au pouvoir. Nous devons assumer être le reflet des contradictions d’une société qui de droite comme de gauche a toujours occulté son histoire coloniale, car c’est ce qui pèse sur les prises de positions et la perception que nos camarades ont de l’islamophobie ambiante.

Heureusement nous assistons à un renouvellement générationnel. Nous somme de plus en plus de camarades libertaires immunisé-e-s contre ces discours. Car depuis 2004, beaucoup d’analyses ont été produites, des militants progressistes n’ont pas déserté le terrain de la lutte contre l’islamophobie, et ce travail n’a pas été vain. Si pour certains de nos camarades, la jeunesse musulmane et les filles voilées restent des constructions médiatiques ou des figures aperçut parfois dans le paysage urbain, pour nombre d’entre nous, ils et elles sont ou ont été nos camarades de classes, nos voisin-e-s, nos ami-e-s, et certain-e-s sont aussi aujourd’hui nos camarades de lutte. Le regard et la relation ont évolué, la sensibilité militante à certaines questions étant liée à la proximité et non à l’abstraction idéologique : quand les personnes touchées par l’oppression ou le mépris sont vos proches, la perception ne peut pas être la même. Cela est un fait positif pour avancer ensemble malgré les difficultés, les contradictions et les oppositions.

Du combat antireligieux

Lorsque nous nous exprimons en tant que militant-e-s libertaires engagé-e-s contre l’islamophobie, bien souvent on nous renvoie au dicton « Ni dieu Ni maître », un peu comme lors de l’affaire Ilham Moussaid où la classe politique s’est empressée de rappeler au NPA la phrase de Marx « La religion c’est l’opium du peuple ». Le combat antireligieux que mène les libertaires est un combat contre l’utilisation par les états et les classes dominantes des phénomènes religieux à des fins de domination, d’exploitation, d’aliénation et de réaction, afin de maintenir l’ordre social capitaliste et patriarcal mais aussi raciste et colonial. C’est également une critique des institutions et des privilèges que s’octroient les clergés, notamment institutionnel et matériel comme le concordat en Alsace-Moselle ou le patrimoine foncier que possèdent l’église catholique et le Vatican, ou bien encore l’argent public alloué aux écoles privées confessionnelles. Enfin, nous nous opposons aux argumentations théologiques, toutes confessions confondues, lorsqu’elles servent à justifier une inégalité de traitement : levée de boucliers contre le mariage homosexuel ou une prétendue théorie du genre dernièrement, comme hier la justification de l’esclavage (controverse de Valladolid). Ces argumentations, nous les combattons au même titre qu’à travers l’histoire du XXème siècle, des arguments pseudo-scientifiques furent avancés pour justifier des hiérarchies racistes, sexistes, etc (par exemple la justification de l’homophobie en s’appuyant parfois sur les théories psychanalytiques de Freud). Justifier un traitement inégalitaire, ce n’est pas l’apanage exclusif des religions.

Par ailleurs il n’a jamais été question pour les anarchistes de réprimer les croyant-e-s, ni de restreindre leur liberté de culte ; les anarchistes au contraire se sont souvent battu contre les persécutions subies par les minorités religieuses, et ont même parfois milité au coté de mouvements religieux : les théologiens de la libération en Amérique du sud, des associations chrétiennes en soutien aux luttes sur le logement, pour les sans-papiers, pour les Roms, etc. Être en désaccord et s’opposer à des organisations religieuses, au même titre qu’à des organisations de gauche, est une chose, mais refuser de militer auprès d’elles du seul fait de leur appartenance religieuse, de surcroît quand elles sont stigmatisées et victimes d’un traitement d’exception clairement raciste, cela n’est pas acceptable. L’anarchisme n’est pas, par nature ou par essence, haineux de la religion. L’anarchisme affirme la supériorité de la démarche critique scientifique et s’attache à démonter les argumentations qui, par la croyance en une autorité céleste supérieure et absolue, légitimerait les autoritarismes et hiérarchisations terrestres. Mais anarchisme et croyance religieuse ne sont pas inconciliables pour tou-te-s, hier comme aujourd’hui, et nous rencontrons de plus en plus fréquemment des camarades libertaires et croyant-e-s y compris musulman-e-s, pratiquant-e-s ET même voilées !

Nombre de nos camarades affichent néanmoins une haine, ou du moins une hostilité revendiquée de la religion, conforté-e-s en cela par les discours des Onfray, Fourest et autre Charlie Hebdo, qui ont orienté ce rejet vers l’Islam, syncrétisant ainsi nos belles idées avec le vieux fond chauvin franchouillard, qui a fait sienne une certaine tradition anticléricale française « bien de chez nous ». Il est temps de mettre fin à ces dérives…

En conclusion

A l’image du reste de la gauche, de l’extrême gauche et du mouvement social, certain secteur du mouvement libertaire ont donc été « contaminée » par certain concept de cette « gauche coloniale ». Autrement dit : comment des arguments progressistes ont pu être mis au service de la xénophobie au nom de la « défense de nos acquis sociétaux » face à l’envahisseur immigré aliéné » (13). Nous devons être capables de reconnaître parfois être victime de cette instrumentalisation, pour pouvoir décider d’entreprendre le travail nécessaire afin de ne pas reproduire ces logiques d’exclusion.
Les agressions contre des femmes portant le voile se multiplient, des projets de lois d’interdiction d’emploi au femmes voilées, d’exclusion des universités sont à l’étude, et ce sont encore des arguments islamophobes qui sont mis en avant pour refuser le droit de vote aux étrangers aux élections locales, en agitant l’épouvantail du « communautarisme ». (14)

Toutes cette offensive idéologique et législative exigent une réponse intransigeantee du mouvement social et une solidarité concrète avec les premier-e-s concerné-e-s, or nous en sommes encore très loin… C’est parce que nous croyons en nos idées et en ceux qui les portent que nous continuerons, comme militants libertaires, à nous mobiliser radicalement contre l’islamophobie.

(1) http://www.bboykonsian.com/Libertaires-et-sans-concessions-contre-l-islamophobie-_a2635.html

(2) http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/628627-charlie-caricature-mahomet-pas-du-courage-mais-du-pur-opportunisme.html

(3) alors même que la FCL (Fédération Communiste Libertaire) à l’époque s’est solidarisée avec les indépendantistes algériens et le FLN, ces militants furent porteur de valises, certains firent même de la prison (voir L’insurection algérienne et les communistes libertaires » édition alternative libertaire)

(4) (13) Alternative libertaire « le socialo-racisme ou la gauche coloniale)http://www.alternativelibertaire.org/?Politique-gouvernementale-Le

(5) Éditorial publié en mars 2006 sur le site personnel de Michel Onfray »Proposition de loi pour l’interdiction de Michel Onfray dans l’ensemble de l’espace public »http://lmsi.net/Proposition-de-loi-pour-l#nb17

(6) L’anarchisme est ainsi parfois intégrer au roman national français, d’avantage comme un comportement rebelle et romantico-culturelle que pour un projet politique et pratique. Par exemple Alain Soral, dans une vidéo, revendiquant son côté provocateur comme un héritage franco-français un peu anar, citant en exemple la figure du Professeur Choron… gasp !

(7) http://www.alternativelibertaire.org/?Confus-Zanaz-L-impasse-islamique

(8) « http://ripostelaique.com/Anne-Zelensky-et-Pierre-Cassen.html » http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=12&t=3429 « virage islamophobe à la FA ? »

(9) http://nantes.indymedia.org/articles/19165 « Radio libertaire ou « Radio Français d’abord » ? »

(10) http://boutique.alternativelibertaire.org/produit.php?ref=LIVRE_DREYFUS&id_rubrique=3&PHPSESSID=01f7e10f89352b7dc5564c9f2c0f68fb « Les libertaires dans l’affaire Dreyfus »

(11) http://rue89.nouvelobs.com/2013/08/04/islamophobie-entretien-marwan-mohammed-244734

(12) Pierre Tevanian, « du hijab à la burka » voir aussi cette video qui explique bien les choses http://www.dailymotion.com/video/xmlzxd_interview-de-pierre-tevanian_news

(14) Au soir du premier tour de l’élection présidentielle de 2012 en France, Jean-François Copé, secrétaire général de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), a dénoncé le « droit de vote des étrangers », promis par le candidat socialiste François Hollande, comme un « droit de vote communautariste ». Quelques semaines auparavant, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant (UMP) avait explicité ce lien entre droit de vote et communautarisme en invoquant les risques de voir, en cas d’élection d’étrangers dans les conseils municipaux, des écoles servir de la viande halal aux enfants.

L’un des principaux tracts du président sortant Nicolas Sarkozy reprenait d’ailleurs la thématique :

« Une France forte c’est une France qui dit non au communautarisme :

– avec Nicolas Sarkozy nous refusons le droit de voter et d’être élu pour les étrangers extracommunautaires proposé par François Hollande ;
– donner le droit de vote aux étrangers, c’est prendre le risque de soumettre les maires à des pressions communautaires : créneaux horaires pour les femmes dans les piscines municipales, personnel voilé dans les crèches. » http://lmsi.net/Qui-a-peur-du-communautarisme


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