RSS articles
Français  |  Nederlands

1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10

Critiques libertaires et révolutionnaires du racisme-racialiste et identitaire

posté le 15/07/18 par http://sortirducapitalisme.fr/emissions/198-critiques-libertaires-du-racisme-comme-systeme-et-du-pir Mots-clés  antifa 

Une critique libertaire, « matérialiste », émancipatrice du racisme comme système (articulée à une critique du capitalisme, de l’État, du patriarcat et des classes), avec en contre-point une critique du PIR (Parti des Indigènes de la République) comme critique identitaire, avant-gardiste, tronquée et donc non-émancipatrice du racisme systémique (articulée à un soutien aux autres formes de domination sociale) – avec Matt d’Alternative Libertaire et Sylvain de Zones Subversives

Une émission de critique libertaire, radicale, émancipatrice, non-partielle, non-partiale, anti-raciste, non-identitaire, structurale (ou « matérialiste ») du racisme comme système (articulée à une critique du patriarcat, des classes, du capitalisme et de l’État), et notamment du racisme comme système aujourd’hui en France, en 1ère partie [50 minutes], et avec en 2ème partie une critique libertaire (donc notamment anti-raciste) du Parti des Indigènes de la République et particulièrement de Les Blancs, les Juifs, et nous d’Houria Bouteldja comme critique identitaire, superficielle, avant-gardiste, partielle, partiale et donc non-émancipatrice de la domination raciste (articulée à un soutien au patriarcat « indigène », du Hamas, de l’Iran et de Tariq Ramadan, à une négation de la domination de classes au sein des pays décolonisé et de certaines formes de domination raciste, à une minimisation de la lutte des classes, à un antisémitisme structurel, à une homophobie tendancielle et à un anticapitalisme tronqué) [50 minutes].

PS : Chaque intervenant, l’animateur compris, exprime sa propre position vis-à-vis de ces deux sujets. La présentation de l’émission sur cette page est du seul fait de l’animateur.

Notre définition (celle de Sortir du capitalisme) du racisme évolue au fil des mois, et notamment depuis cette émission. Voici notre définition actuelle du racisme :

Le racisme est ici défini dans une acception structurelle-matérialiste, comme un système de rapports sociaux et en même temps comme un rapport social. Le racisme comme système de rapports sociaux possède plusieurs formes historiques. Il y a tout d’abord un racisme colonial, fondé sur une victoire militaire d’un groupe (devenant colonisateur) et une défaite militaire d’un groupe étranger (devenant colonisé), et donc des formes extrêmes de surexploitation [au sens d’exploitation supplémentaire par rapport aux prolétaires colonisateurs] (esclavage, travail forcé, peonage, salaires encore plus bas, impôts supplémentaires), d’inégalité supplémentaire par rapport aux prolétaires colonisateurs (code de l’indigénat, permis légal de tuer et de violer des indigènes même pour des prolétaires colonisateurs, etc.) et de (sur)domination (répression politico-militaire encore davantage impitoyable). Il y a ensuite un racisme néo-colonial, fondé sur un même système mais ayant simplement évolué (Afrique du Sud, États-Unis, Australie, France au sein des DOM-TOM), avec des salaires largement inférieurs du côté des ex-colonisés, un droit quasi-légal de tuer et de violer des ex-colonisés, et une répression politico-militaire toujours largement supérieure. Il y a en outre un racisme "post-colonial" (France métropolitaine : post- signifiant qu’il y a un héritage fort d’une situation coloniale désormais formellement révolue), fondé sur un mixte d’une ancienne domination coloniale et d’une dissymétrie géopolitique, maintenant une surexploitation des ex-colonisé-e-s (salaires inférieurs même aux prolétaires ex-colonisateurs, précarité supérieure même aux prolétaires ex-colonisateurs), une inégalité supplémentaire par rapport aux prolétaires ex-colonisateurs (répression judiciaire supérieure même par rapport aux prolétaires ex-colonisateurs, difficultés supplémentaire pour avoir un logement, un emploi, etc.) et une domination policière encore supérieure par rapport aux prolétaires ex-colonisateurs (contrôles au faciès, violences policières, viols). Il y a enfin un racisme non-colonial, liée à des dissymétries entre centres et périphéries au sein du système-monde capitaliste et à une zone réservée de facto aux étrangers illégaux (ou ayant un statut précaire) : un-e prolétaire illégal-e (ou même temporairement légal) provenant des périphéries du système-monde capitaliste (Afrique, Moyen-Orient, Europe de l’Est) aura un salaire moindre, une plus forte absence de droits salariaux, et subira une plus forte répression judiciaire-policière, même par rapport à un prolétaire ex-colonisé, et encore plus par rapport à un prolétaire ex-colonisateur.

La différence du rapport raciste avec un rapport de classe tient en ce qu’il y a un supplément au rapport de classe en termes d’exploitation, d’inégalité et de domination, mais aussi en ce qu’un prolétaire non-racisé (en bas de l’échelle de classe) peut même exercer certaines formes de domination vis-à-vis de prolétaires racisés, et même vis-à-vis de racisés des classes moyennes : un prolétaire non-racisé peut exercer une violence verbale sous forme d’insultes racistes, il peut dans une certaine mesure exercer une violence physique contre des prolétaires racisés (sans parler des migrants), etc. Les prolétaires racisés sont donc encore plus exploités, oppressés, dominés que des prolétaires non-racisés, et en plus ces derniers peuvent également participer à leur exploitation (en touchant des salaires légèrement supérieurs), leur oppression et leur domination (en pouvant exercer dans une certaine mesure une violence verbale et même physique).

MAJ du 6 mars 2017

Le racisme est en même temps un rapport inégalitaire de surexploitation, de discrimination (exclusion d’offres d’emplois, de logement, etc.) et de surdomination (policière, judiciaire, patronale), l’affirmation arrogante de celui-ci et enfin sa réaffirmation en réaction à une réelle ou fantasmée menace de ce rapport. Le racisme a comme fondement une dissymétrie sociale, c’est-à-dire économique (sous-prolétariat ex-colonial des quartiers populaires, habitant des périphéries dominées), politico-juridique (statut d’indigène, et aujourd’hui de migrant), « fossile » (héritage colonial et sa mobilisation récurrente)… Le rapport post-colonial est un héritier du rapport colonial, celui néo-colonial une continuation quasi-inchangée. Ces deux types de racisme ne sont que des idéaux-types et peuvent être simultanés. En France, la classe moyenne racisée subit plutôt un racisme post-colonial (plafond de verre dans leur ascension sociale), les prolétaires racisés plutôt un racisme néo-colonial (violences policières rappelant celle des colonisateurs [Rigouste]). Le racisme enfin n’est pas une haine due à une couleur de peau différente (racisme des Noirs Sud-Africains envers des Noirs étrangers, racisme des Japonais colonisateurs envers des Coréens au début du 20ème siècle, racisme des Anglais vis-à-vis des Irlandais dépeints comme des signes au 19ème siècle), celle-ci n’est qu’un marqueur (mais un marqueur tout de même) d’un rapport inégalitaire.

Présentation orale de l’émission [17 octobre 2016]

Nous sommes sur Radio Libertaire, la radio sans Dieu, sans Maître et sans publicité, pour une nouvelle émission de « Sortir du capitalisme » consacrée à une critique libertaire de la domination raciste et du PIR. Nous précisons d’emblée qu’il ne s’agit surtout pas d’une critique du PIR au nom d’un républicanisme bien-pensant (et son déni du racisme structurel), comme Guénolé, ni même d’une critique du PIR au nom de la seule lutte des classes. Nous considérons qu’il y a effectivement une domination raciste spécifique et qu’il faut combattre celle-ci spécifiquement (qu’il s’agisse du racisme anti-musulmans, du racisme anti-Noirs, du racisme anti-arabes ou de l’antisémitisme) – mais en articulation avec d’autres luttes anti-patriarcales, anti-capitalistes, etc., contrairement au PIR. En revanche, à mon sens en tout cas, la critique de la domination raciste du PIR est d’une part partielle, partiale, non-radicale, d’un mot tronquée, comme on essayera de le montrer. Et, d’autre part, sa stratégie n’est pas émancipatrice en tant qu’elle est identitaire, donc (tout d’abord) affirmative d’un pôle de la domination raciste (une sorte d’inversion dialectique de l’identitarisme des racistes), alors qu’il faut supprimer les deux pôles de cette domination pour y mettre fin (comme il faut supprimer prolétariat et capital pour sortir de la domination de classes), (ensuite) que cette affirmation identitaire reconduit l’ensemble des dominations internes au groupe des dits « indigènes » (domination patriarcale, domination de classe, etc.), en outre que cette identitarisme empêche toute jonction entre fractions anti-racistes « indigènes » et fractions anti-racistes « non-indigènes », et enfin que cet identitarisme conduit à une absence de critique de toute forme de domination sociale.


posté le  par http://sortirducapitalisme.fr/emissions/198-critiques-libertaires-du-racisme-comme-systeme-et-du-pir  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
Liste des documents liés à la contribution
classe_genre_rac(...).jpg


Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.