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Du racisme au racialisme

posté le 09/08/18 Mots-clés  antifa 

Interrogeons-nous sur la race et le racisme. Il ne s’agit pas ici de discuter de la réalité des catégorisations raciales (ou ethniques) ni de tenter une analyse du phénomène raciste dans sa globalité. Notre but n’est pas de nous interroger sur la réalité matérielle et concrète de la race, ce qui, comme le souligne C. Guillaumin, reviendrait « à se limiter à un statut-quo de la réalité de la race, et se préoccuper de déterminer en quoi cette réalité est fondée ou non ne pose pas de problème sociologique. »

Qu’elle soit concrète ou imaginaire, « la race » joue un rôle dans le processus social et nous sommes obligés de tenir compte de sa réalité sociologique. Il est en effet admis par la plupart des chercheurs, comme par le sens commun, que les caractères physiques jouent un rôle objectivement discriminant permettant la mise en place d’un système classificatoire opérant et donc la construction de catégories (Même si les catégories raciales ne recoupent aucune réalité biologique et génétique). Geneviève Vinsonneau rappelle ainsi que « les caractères anthropophysiques fondent la perception des différences : 23 »

« (…) les caractéristiques anthropologiques s’érigent en construction socioculturelle. Parmi les facteurs phénotypiques possibles, la racialisation de certains traits s’opère sélectivement. Des attributs spécifiques deviennent des indices « raciaux » et servent la catégorisation sociale (couleur de peau, texture et couleur des cheveux, ossature…) jusqu’à fonder des « théories raciales ». 24 »

Nous rappelons évidemment le caractère social et construit du concept sociologique de race, et si nous ne parlons pas ici de « race sociale » pour nous démarquer de toute approche biologisante, comme le préconise Hélène Bertheleu 25 , nous soulignons que les variations phénotypiques sur lequelles ce concept est bâti, à l’instar de différences culturelles, sont historiquement et socialement construites.

Cependant, parce qu’il participe aux catégorisations sur lesquelles se bâtissent préjugés et stéréotypes, et au-delà les représentations sociales, nous sommes conduits à nous pencher sur le racisme, sur ses origines et son évolution. Le racisme, en tant que système opérant et en tant que croyance en l’hétérogénéité absolue et permanente (puisque inscrite dans le gène) participe en effet à la construction des représentations de l’Autre.


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