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Ecologie : c'est le capitalisme qui pollue la terre

posté le 13/03/13 par Un sympathisant du CCI Mots-clés  luttes environnementales 

Plus la civilisation capitaliste dure, plus elle nous rapproche d’une catastrophe écologique aux proportions planétaires, une catastrophe qui ne peut être évitée sans la destruction du système capitaliste.

Les faits eux-mêmes sont bien connus et on peut les trouver dans un nombre croissant de publications spécialisées ou de vulgarisation scientifique, aussi ne les décrirons-nous pas en détail ici. Une simple liste suffit à montrer l’étendue et la profondeur du danger : le frelatage croissant de la nourri­ture par les différents additifs ou les maladies du bétail ; la contamination des réserves d’eau par l’utilisation incontrôlée de fertilisants et les décharges de déchets toxiques ; la pollution de l’air, en particulier dans les grandes villes, du fait des effets combinés des fumées industrielles et des gaz d’échappement des automobiles ; la menace de contamina­tion radioactive à partir des réacteurs nucléaires et des décharges de produits irradiés éparpillés dans tous les pays industrialisés, y compris ceux de l’ex-bloc russe, menace qui est déjà devenue une réalité de cauchemar avec les désastres de Windscale, de Three Miles Island et surtout de Tchernobyl ; l’empoisonnement des rivières, des lacs et des mers utilisés, depuis des décennies, comme les dépotoirs du monde, ce qui aboutit maintenant à la rupture de la chaîne alimentaire et à la destruction d’organismes dont le rôle est important dans la régulation du climat mondial ; la des­truction accélérée des forêts, en particulier les forêts tropi­cales, ce qui, outre des effets qui modifient aussi le climat de la planète, implique l’érosion des terres, qui entraîne à sont tour d’autres calamités, comme l’avancée du désert en Afrique et les raz-de-marée au Bengladesh.

Qui plus est, il apparaît maintenant que la quantité se change en qualité et que les effets de la pollution devien­nent à la fois plus globaux et plus incalculables. Ils sont glo­baux au sens où chaque pays du monde est affecté ; non seulement les pays hautement industrialisés de l’Ouest, mais aussi les pays sous-développés du "tiers-monde" et les pays staliniens ou ex-staliniens, qui sont dans une telle ban­queroute qu’ils ne peuvent même pas s’offrir les contrôles minimaux qui ont été introduits en Occident. Les anciens pays "socialistes" comme la Pologne, l’Allemagne de l’Est et la Roumanie sont peut-être les Etats les plus pollués du monde ; virtuellement, chaque ville de l’Europe de l’Est a ses histoires d’horreur/à propos d’usines locales qui vomis­sent des toxiques mortels provoquant des cancers, des maladies respiratoires et autres, ou bien à propos de rivières qui s’enflamment dès qu’on y jette une allumette, etc. Mais des villes du "tiers-monde" comme Mexico ou Cubatao (au Brésil), ne sont sûrement pas loin derrière.

Mais il y a un autre sens, et plus terrifiant encore, au mot "global" dans ce contexte ; à savoir que le désastre écolo­gique est maintenant une menace tangible pour l’écosystème de la planète lui-même. L’amincissement de la couche d’ozone, qui semble résulter principalement de l’émission de gaz CFC, en est une claire illustration, dans la mesure où la couche d’ozone protège toutes les formes de vie sur la terre des rayons ultraviolets mortels ; et il est impossible de dire, à ce stade, ce que seront les conséquences à long terme de ce processus. Il en va de même avec le problème de l’effet de serre, qui est maintenant reconnu comme une menace réelle par un nombre croissant d’experts scienti­fiques, le dernier en date étant la Commission Intergouvernementale sur les changements climatiques (CICC) de l’ONU. Cet organisme et d’autres n’ont pas seulement alerté sur les inondations massives, les sécheresses et les famines qui pourraient en résulter s’il n’y a pas une dimi­nution significative du niveau actuel d’émission de gaz favorisant l’effet de serre, en particulier le gaz carbonique, ils ont aussi souligné le risque d’un processus "rétroactif-actif", dans lequel chaque aspect de pollution et de destruction de l’environnement agit sur les autres pour produire une spi­rale irréversible de désastres.

Il est évident aussi que la classe dont le système a provoqué cette pagaille est incapable d’y rien changer. Bien sûr, dans les dernières années presque toutes les lumières de la bour­geoisie se sont miraculeusement converties à la cause de la sauvegarde de l’environnement. Les supermarchés sont remplis de produits proclamant l’absence d’additifs artifi­ciels ; les étiquettes des cosmétiques, des détergents, des couches pour bébés, rivalisent pour prouver à quel point ils respectent la couche d’ozone, l’air et les rivières. Et les diri­geants politiques, de Thatcher à Gorbatchev, parlent de plus en plus du fait que nous devons tous agir ensemble pour protéger notre planète en danger.

Comme d’habitude, l’hypocrisie de cette classe de gangsters ne connaît pas de limite. La préoccupation réelle qu’a la bourgeoisie de sauver la planète peut se mesurer en regar­dant ce qu’elle se prépare à faire. Par exemple, elle a mené un grand tapage à propos de la récente conférence sur l’ozone à Londres, où les principaux pays du monde, y compris les géants du "tiers-monde", l’Inde et la Chine, qui y étaient autrefois récalcitrants, se sont mis d’accord pour supprimer progressivement les CFC d’ici à l’an 2000. Mais cela signifie encore que 20 % de plus de la couche d’ozone pourrait être détruit durant la prochaine décennie ; pendant cette période, la diminution du volume d’ozone qui s’opérerait représenterait la moitié du volume total qui a été supprimé depuis que les CFC ont été inventés.

La situation est encore pire en ce qui concerne l’effet de serre. L’administration US a banni la phrase "réchauffe­ment global" de ses communiqués officiels. Et les pays qui acceptent sur le papier les prévisions de la CICC se sont seulement engagés à stabiliser les émissions de gaz carbo­nique à leur niveau actuel, pas d’avantage. Et surtout, ils n’ont pas de stratégie sérieuse pour réduire la dépendance de leurs économies vis-à-vis du pétrole et des automobiles privées, qui sont les causes principales de l’effet de serre. Rien n’est fait pour arrêter la destruction des forêts, ravage qui, tout à la fois, ajoute à l’accumulation des gaz favorisant l’effet de serre et a réduit la capacité de la planète de les absorber : le Plan d’action de l’ONU pour la forêt tropicale est lui-même entièrement dominé par les entreprises forestières. En outre, la destruction de la forêt par les coupes, par le bétail, et par les intérêts industriels de même que par les paysans affamés, avides de terres cultivables et de bois de chauffage, cette destruction ne pourrait être arrêtée que si le "tiers monde" était tout à coup libéré de la masse écra­sante de la dette et de la pauvreté. Quant aux plans pour construire des défenses contre les inondations ou pour pré­voir les famines, les populations des régions les plus mena­cées, telles que le Bengladesh, peuvent espérer le même genre d’aide que celle accordée aux habitants des régions sujettes aux tremblements de terre, ou aux victimes de la sécheresse en Afrique.

Les réponses de la bourgeoisie à tous ces problèmes mettent en lumière le fait que la structure même de son système la rend incapable de régler les problèmes écologiques qu’elle a créés. Les problèmes écologiques globaux demandent une solution globale. Mais en dépit de toutes les conférences internationales, en dépit de tous les voeux pieux sur la coopération internationale, le capitalisme est irréductiblement fondé sur la compétition entre des économies nationales. Son incapacité à réaliser le moindre degré de coopération globale ne fait que s’exacerber aujourd’hui du fait que les vieilles structures de bloc s’effondrent et que le système s’enfonce dans la guerre de tous contre tous. L’approfondissement de la crise économique mondiale qui a mis le bloc russe à genoux va aggraver la compétition et les rivalités nationales ; cela signifie que chaque entreprise, chaque pays, agira avec encore plus d’irresponsabilité dans la folle bousculade pour la survie économique. Même si de petites concessions sont faites aux considérations d’environnement, la tendance dominante sera de jeter par la fenêtre les contrôles de santé, de sécurité et de pollution. Cela a déjà été le cas dans la décennie passée, au cours de laquelle on a vu une nette augmentation du nombre de catastrophes dans l’industrie, les transports et autres secteurs, résultat des coupes claires dues à la crise économique. Dans la mesure où la guerre commerciale entre les nations s’exacerbe, les choses ne pourront qu’empirer rapidement.

Qui plus est, ce chacun pour soi va accroître le danger de conflits militaires localisés dans les régions où la classe ouvrière est trop faible pour y faire obstacle. Maintenant que ces conflits ne sont plus contenus par la discipline des anciens blocs impérialistes, le risque est très grand de voir se développer les horreurs de la guerre chimique ou même nucléaire à une échelle locale, avec le massacre de millions d’êtres humains et un empoisonnement encore pire de l’atmosphère de la planète. Qui peut croire que, prises dans une spirale montante de chaos et de confusion, les bour­geoisies du monde vont travailler harmonieusement ensemble pour s’occuper des menaces pesant sur l’environnement ? Si les difficultés écologiques - la baisse des ressources en eau, les inondations, les conflits à propos des réfugiés, etc. - ont un effet, ce sera celui d’accroître encore les tensions impérialistes locales. La bourgeoisie le sait déjà. Comme le ministre des affaires étrangères d’Egypte, Boutros Ghali, l’a dit récemment : "La prochaine guerre dans notre région portera sur les eaux du Nil, pas sur des questions politiques."

Dans la phase actuelle de décomposition avancée, la classe dominante perd de plus en plus le contrôle de son système social. L’humanité ne peut plus se permettre de laisser le sort de la planète entre les mains des bourgeois. La "crise écologique" est une preuve de plus que le capitalisme doit être détruit avant qu’il n’entraîne l’ensemble du monde à l’abîme.

La pollution idéologique

Mais si la bourgeoisie est incapable de réparer les dom­mages qu’elle a causés à la planète, elle n’hésite certaine­ment pas à utiliser les thèmes écologiques pour alimenter ses campagnes de mystification dirigées contre la seule force dans la société en mesure d’apporter une solution au problème : le prolétariat mondial.

La question écologique est idéale de ce point de vue, c’est pourquoi la bourgeoisie ne cache guère la gravité du problème (et peut même donner libre cours à quelque exagé­ration quand ça la sert). Sans arrêt, on nous dit que des problèmes comme le trou dans la couche d’ozone, le réchauffement du globe, "nous affectent tous", qu’ils ne font pas de "distinction" de couleur, de classe ou de pays. Et c’est vrai que la pollution, comme d’autres aspects de la décomposition de la société capitaliste, (drogue, crimes, etc.), affecte toutes les classes de la société (même si c’est généralement les plus exploitées et opprimées qui en souf­frent le plus). Aussi, quelle meilleure base pourrait-il y avoir pour diluer le prolétariat, lui faire oublier ses propres intérêts de classe, le noyer dans une masse amorphe où il n’y aurait plus de distinction d’intérêts entre les ouvriers, les boutiquiers... ou la classe dominante elle-même ? Le bour­rage de crâne relatif à l’environnement complète donc toutes les campagnes idéologiques au sujet de la démocratie et du "pouvoir au peuple" déchaînées après l’écroulement du bloc de l’Est.

Regardons comment ils déforment les solutions écologiques pour les adapter à leurs besoins. Ces problèmes si terri­fiants, si urgents, ne sont-ils pas, disent-ils, sûrement plus importants que votre lutte égoïste pour des augmentations salariales ou contre les licenciements ? En effet, la plupart de ces problèmes ne sont-ils pas dus au fait que les ouvriers, dans les pays avancés "consomment trop" ? Ne devraient-ils pas se préparer à manger moins de viande, à utiliser moins d’énergie, à accepter aussi la fermeture de telle ou telle usine "pour le bien de la planète" ? Quelle meilleure excuse pourrait avancer la bourgeoisie pour les sacrifices demandés par la crise de l’économie capitaliste ?

Et on trouve donc ici tous les arguments soutenant le mythe des "réformes" ou du "changement réaliste". Quelque chose peut certainement être fait maintenant, disent-ils. Aussi, ne devrions-nous pas chercher à voir quel candidat aux élec­tions offre la meilleure politique écologique ? Quel parti promet de faire le plus pour l’environnement ? Les préoc­cupations exprimées par Gorbatchev, Mitterrand ou That­cher ne prouvent-elles pas que les politiciens peuvent effec­tivement répondre à la pression populaire ? Est-ce que les expériences sur la conservation de l’énergie, l’énergie solaire ou éolienne qui sont effectuées aujourd’hui par des gouvernements "éclairés" comme ceux de la Suède ou des Pays-Bas, ne démontrent pas que les changements sont juste une question de volonté et d’initiative de la part des politiciens, combinée avec la pression à la base des citoyens ? Le changement pour des produits respectant l’environnement n’atteste-t-il pas que les grosses compa­gnies peuvent être réellement touchées par "l’action des consommateurs" ?

Et si toutes ces approches "pleines d’espoir" et "positives" ne réussissent pas à convaincre, la bourgeoisie peut toujours profiter des sentiments d’impuissance et de désespoir qui ne peuvent qu’être renforcés quand le citoyen isolé met la tête à sa fenêtre et voit un monde entier en train d’être empoisonné. Si la bourgeoisie n’arrive pas à convaincre les exploités que ses mensonges sont la vérité, au moins, une classe ouvrière atomisée et démoralisée ne menace-t-elle pas la survie de son système.

Les fausses alternatives des "verts"

Mais, au cours de la dernière décennie, une nouvelle force politique a fait son apparition sur la scène, un courant qui revendique avoir une approche radicale pour mettre la défense de l’environnement au-dessus de toutes autres considérations : les "verts". En Allemagne, ils sont devenus une force estimée dans la vie politique nationale. En Europe de l’Est, des groupes écologiques ont figuré forte­ment dans les oppositions démocratiques qui ont colmaté la brèche ouverte par l’effondrement des régimes staliniens. Des partis "verts" et des groupes de pression naissent dans les pays les plus industrialisés, et même dans le "tiers-monde".

Mais les "verts" sont aussi une partie du capitalisme pourrissant. Constat d’évidence quand on observe leur jeu en Allemagne de l’Ouest : ils sont devenus un parti parle­mentaire respectable, avec de nombreux sièges au Bundestag (organe confédéral) et différents postes de responsabi­lité dans les Lander (instances régionales). L’intégration déclarée des "verts" dans la normalité capitaliste a été sym­bolisée, il y a quelques années, par l’"extra-parlementaire", le rebelle anarchiste de 1968, Daniel Cohn-Bendit lui-même (rappelez-vous le slogan : "Elections, piège à cons") devenu mais oui, un député et qui a même exprimé son désir de devenir ministre. Au Bundestag, les "verts" s’engagent dans toutes les manoeuvres sordides typiques des partis bourgeois -tantôt agissant comme un "frein" pour garder le SPD dans l’opposition, tantôt formant une alliance avec les sociaux-démocrates contre la CDU au pouvoir. C’est vrai que les "verts" sont divisés en une aile "réaliste", qui se contente de se focaliser sur le terrain parle­mentaire et une aile "puriste", qui est pour des formes d’action plus radicales, extraparlementaires. Et beaucoup de l’attrait des partis "verts" et des groupes de pression tient de ce qu’ils profitent du dégoût des gens envers les gouver­nements centralisés bureaucratiques et la corruption par­lementaire. Comme solution de rechange, ils proposent des campagnes contre les cas locaux de pollution, des actions de protestation à l’éclat spectaculaire du type Greenpeace, des marches et des manifestations, tout en appelant à la décen­tralisation du pouvoir politique et à toutes sortes d’"initiatives de citoyens". Mais aucune de ces activités ne s’écarte d’un pouce des campagnes générales de la bour­geoisie. Au contraire, elles servent à garantir que ces cam­pagnes prennent profondément racine dans le sol de la société.

Les "verts" radicaux sont champions de l’interclassisme, Ils s’adressent eux-mêmes à l’individu responsable", à la "communauté locale", à la bonne conscience de l’humanité en général. Les actions qu’ils entreprennent tentent de mobiliser tous les citoyens, sans considération de classe, dans la lutte contre la pollution. Et quand ils critiquent la bureaucratie et l’éloignement du gouvernement central, c’est seulement pour mettre en avant une vision de "démo­cratie locale" tout aussi bourgeoise dans son contenu.

Ils ne sont pas moins zélés dans leur soutien à l’illusion réformiste. Les actions qu’ils organisent ont invariablement pour but de rendre les compagnies industrielles, les gouver­nements, plus responsables, plus propres, plus "verts". Juste un exemple : un tract des Amis de la Terre ("Eliminer la dette, pas les forêts équatoriales") expliquait que la dette du "tiers monde" conduisait à la destruction des forêts équatoriales. Quelle était donc la solution ? Les grandes banques occidentales, répondait ce groupe de pression, "devraient annuler toutes les dettes des pays les plus pauvres du monde, et réduire les dettes des autres pays les plus endettés d’au moins la moitié". Elles pouvaient maintenant s’offrir ce luxe". Et comment convaincrait-on les banques ? "Les banques ne bougeront pas, à moins que les consommateurs leur montrent fortement leur sentiment sur cette question. Tamponner vos chèques avec ’éliminer la dette, pas les forêts équatoriale et prendre le ’Gage de dette’ sont deux moyens puissants pour leur montrer ce que vous en pensez. "

Les "verts" nous invitent donc à croire en l’efficacité du "pouvoir du consommateur", et en la possibilité d’appeler à de meilleurs sentiments les riches qui n’ont cure de condamner des millions de gens à la famine rien qu’en pas­sant leur capital d’un pays à l’autre. C’est la même chose quand les "verts" peignent leur tableau d’un futur possible : un monde où de petites entreprises, bonnes écologiquement, ne se transforment jamais en géants capitalistes rapaces, une vision pacifiste de* l’entente entre les nations, bref, un capitalisme gentil, charitable, pacifique, impossible.

Mais il y a aussi des courants à l’intérieur et autour du mouvement "vert" qui se parent d’une radicalité plus pous­sée, qui critiquent le capitalisme et vont jusqu’à parler de révolution. Certains d’entre eux sont à ce point radicaux qu’ils proclament que le marxisme lui-même n’est rien de plus que l’autre face de la "mégamachine" capitaliste. Ils disent : regardez les régimes à l’Est, c’est le résultat logique du culte du marxisme pour le "progrès" technologique, l’industrie. Inspirés par des "penseurs" comme Baudrillard, ils se risquent même à expliquer dans un langage très recherché que le marxisme est simplement une autre idéo­logie "productiviste" (en cela, ils rejoignent les staliniens défroqués tel que Martin Jacques, qui, à une récente confé­rence du PC britannique en ruines, disait : "On ne peut igno­rer le fait que la tradition marxiste est productionniste au fond : conquête de la nature, forces de production, engage­ment à la croissance économique." Des anarcho-primitivistes comme le journal Fifth Estate à Détroit appellent à rien de moins que l’éradication de la société technologique industrielle et à un retour au communisme primitif. Les "écologistes profonds" de Earth First vont même plus loin : pour leurs idéologues, le problème n’est pas simplement la société industrielle, ou la civilisation, mais l’homme lui-même...

Le marxisme contre les mystifications des "verts"

La notion qu’une entité abstraite appelée "homme" est res­ponsable de la pagaille écologique présente n’est pas res­treinte à quelques idéologues "verts" ésotériques ; c’est en fait un poncif courant. Mais, de toute façon, cette idée ne peut mener qu’au désespoir, car si le problème vient des êtres humains, comment pourront-ils trouver une solution ? Ce n’est pas un hasard si quelques "écologistes profonds" ont accueilli le SIDA comme un facteur nécessaire pour élaguer le monde des hommes en trop...

La position des anarcho-primitivistes conduit aux mêmes sombres conclusions. Etre "contre la technologie" c’est aussi être contre le genre humain ; l’homme s’est créé lui-même à travers le travail, et "le travail commence avec la fabrica­tion des outils" (Engels, "Le rôle du travail dans la trans­formation du singe en homme", in "La dialectique de la nature"). La logique de la position anti technologique est d’essayer de revenir à un passé pré humain, quand la nature n’était pas dérangée par les bouleversements de l’activité humaine : "L’animal utilise seulement son environnement et y apporte des changements par sa simple présence ; l’homme par ses changements l’adapte à ses fins, le maîtrise. C’est la distinction finale, essentielle entre l’homme et les autres animaux. " (ibid.)

Mais même si les anti technologistes pouvaient se contenter d’un retour à une culture humaine à l’étape de la cueillette et de la chasse, le résultat serait identique puisque les conditions matérielles d’une telle société présupposent une population mondiale inférieure à quelques millions. Ces conditions ne pourraient être instaurées que par une "éli­mination sélective" massive des êtres humains, quelque chose que le capitalisme, dans son agonie, nous prépare dès à présent. Donc ces écologistes "radicaux", produits de la désintégration de la petite-bourgeoisie, classe qui n’a pas de futur historique et qui ne peut que se retourner sur un passé qu’elle idéalise, deviennent les théoriciens et apo­logistes d’une descente dans la barbarie qui est déjà bien en marche.

Contre ces idéologies nihilistes, le marxisme, exprimant le point de vue de la seule classe qui possède un futur aujourd’hui, insiste sur le fait que le cauchemar écologique actuel ne peut pas être expliqué en invoquant des catégories comme l’homme, la technologie ou l’industrie d’une façon totalement vague et a-historique. L’homme n’existe pas en dehors de l’histoire, et la technologie ne peut pas être sépa­rée des relations sociales dans lesquelles elle s’est dévelop­pée. L’interaction de l’homme et de la nature peut seule­ment être comprise dans son véritable contexte social et historique.

L’humanité existe sur la planète depuis environ trois millions d’années. Jusqu’à il y a très peu de temps, à cette échelle géologique, elle vécut au stade du communisme primitif, formant des sociétés qui vivaient de la chasse et de la cueillette et dans lesquelles régnait un équilibre relative­ment stable entre l’homme et la nature (fait reflété dans les mythes et les rituels des peuplades anciennes). La dissolu­tion de cette communauté archaïque et le surgissement d’une société de classes, si elle représente un saut qualitatif dans l’aliénation de l’humanité, a déterminé aussi de nou­velles aliénations de l’homme à la nature. Les premiers cas de destruction écologique intensive coïncident avec les premières villes-Etats. Il ne fait pas de doute que le tout début du processus de déforestation, en même temps qu’il permettait à des civilisations telles que la Sumérienne, la Babylonienne, l’Egyptienne ou autres de développer ainsi une base agricole de large échelle, constituait également un élément qui, à terme, jouera un rôle considérable dans leur déclin et leur disparition.

Mais c’étaient des phénomènes locaux, limités. Avant le capitalisme, toutes les civilisations étaient basées sur une "économie naturelle" : la plus grande partie de la produc­tion était encore orientée vers la consommation immédiate des valeurs d’usage, même si, à la différence du commu­nisme primitif, une large partie était accaparée par la classe dominante. Le capitalisme, par contre, est un système où toute la production est orientée vers le marché, en fonction de la reproduction élargie de la valeur d’échange ; c’est une formation sociale de loin plus dynamique que tout système antérieur, et cette dynamique l’a contraint à marcher inexorablement vers la création d’une économie mondiale. Mais le profond dynamisme et la globalité du capital ont fait que le problème de la destruction écologique a maintenant atteint un niveau planétaire. Parce que ce n’est pas le marxisme, mais le capitalisme, qui est "productionniste dans le fond". Aiguillonné par la compéti­tion, par la rivalité anarchique des unités capitalistes luttant pour le contrôle des marchés, il obéit à une force interne pour s’étendre aux limites les plus lointaines possibles, et dans sa marche sans trêve vers son auto expansion, il ne peut pas s’arrêter pour prendre en considération la santé ou le bien-être de ses producteurs, ou les conséquences écologiques de ce qu’il produit et comment il le produit. Le secret de la destruction écologique, aujourd’hui, se trouve dans le secret profond de la production capitaliste : "Accumulez, accumulez ! C’est Moïse et les prophètes... L’accumulation pour l’intérêt de l’accumulation, la production pour l’intérêt de la production..." (Marx, Le Capital, Livre I, chap. 24, "La transformation de la plus-value en capital").

Le problème, donc, derrière la catastrophe écologique, n’est pas la "société industrielle" dans l’abstrait, comme tant d’écologistes le proclament : jusqu’ici, la seule société in­dustrielle qui ait jamais existé est le capitalisme. Celui-ci inclut bien sûr les régimes staliniens, qui sont une véritable caricature de la subordination capitaliste de la consomma­tion à l’accumulation. Ceux qui blâment le marxisme pour les ravages écologiques dans les pays de l’Est accordent simplement leur voix à la clameur sur la "faillite du com­munisme" que la bourgeoisie occidentale pousse depuis l’effondrement du bloc impérialiste de l’Est. Le problème ne réside pas dans telle ou telle forme du capitalisme, mais dans les mécanismes essentiels d’une société qui ne se développe pas en harmonie consciente avec les besoins de l’homme et avec ce que Marx appelait le "corps inorga­nique" de l’homme, la nature, mais une société qui se développe "pour se développer".

Toutefois, le problème écologique a également une histoire spécifique dans le capitalisme. Déjà, dans la période ascen­dante du capitalisme, Marx et Engels avaient, à de nom­breuses occasions, dénoncé la façon dont la soif de profit de ce système empoisonnait les conditions de travail et d’existence de la classe ouvrière. Ils considéraient même que les grandes cités industrielles étaient dès cette époque devenues trop grandes pour fournir les bases de commu­nautés humaines viables, et ils considéraient "l’abolition de la séparation entre les villes et la campagne" comme une composante à part entière du programme communiste (on imagine ce qu’ils auraient dit au sujet des mégalopoles de la fin du 20e siècle...).

Mais c’est essentiellement dans la période présente du capitalisme, époque qui depuis 1914, a été définie par les marxistes comme celle de la décadence de ce mode de pro­duction, que la destruction impitoyable de l’environnement par le capital prend une autre dimension et une autre qualité, tout en perdant la moindre justification historique. C’est l’époque dans laquelle toutes les nations capitalistes sont obligées de se concurrencer dans un marché mondial sursaturé ; une époque, par conséquent, d’économie de guerre permanente, avec une croissance disproportionnée de l’industrie lourde ; une époque caractérisée par l’irrationnel, le dédoublement inutile de complexes indus­triels dans chaque unité nationale, le pillage désespéré des ressources naturelles par chaque nation essayant de sur­vivre dans un combat de rats sans merci pour le marché mondial. Les conséquences de tout ça pour l’environnement sont claires comme le cristal ; l’intensification des pro­blèmes écologiques peut être mesurée selon les différentes phases de la décadence capitaliste. Le premier développe­ment des émissions de dioxyde de carbone s’est effectué durant ce siècle avec un accroissement considérable depuis les années 1960. Les CFC ont été inventés au cours des années 1930 et ont été utilisés massivement seulement lors de ces dernières décennies. Le surgissement des "mégalopoles" est surtout un phénomène d’après la seconde guerre mondiale, de même que le développement des types d’agriculture qui n’ont pas été moins dommageables écologiquement que la plupart des types d’industrie. La destruction effrénée des forêts amazoniennes s’est opérée dans la même période, et particulièrement entre 1980 et 1990 : son taux a alors pro­bablement doublé.

Ce que nous voyons aujourd’hui est la culmination de décennies d’activité militaire et économique anarchique, de gaspillage et d’exploitation irrationnelle de la part du capi­talisme décadent ; l’accélération qualitative de la crise écologique au cours des années 1980 "coïncide" avec l’ouverture de la phase finale de la décadence capitaliste - la phase de décomposition. Par cela nous voulons dire qu’après vingt ans de crise économique profonde et tou­jours pire, pendant lesquelles aucune des forces sociales déterminantes de la société n’a été capable d’imposer sa propre perspective historique de guerre ou de révolution mondiale, tout l’ordre social commence à s’effriter, à des­cendre dans une spirale incontrôlée de chaos et de destruc­tion (voir dans Revue Internationale, n° 62, "La décomposi­tion, phase finale de la décadence capitaliste").

Le système capitaliste a depuis longtemps cessé de repré­senter un quelconque progrès pour l’humanité. Les consé­quences écologiques désastreuses de sa "croissance" depuis 1945 sont une démonstration de plus que son développe­ment a pris place sur une base malade, destructive, et constitue un camouflet pour tous les "experts" - dont mal­heureusement certains figurent dans le mouvement poli­tique prolétarien - qui mettaient en avant ce développement afin de combattre la notion marxiste de la décadence du capitalisme.

Mais cela ne signifie pas que les marxistes -à la différence de la bourgeoisie aujourd’hui, et de tous ses parasites petits-bourgeois- abandonnent la notion de progrès ou font de quelconques concessions aux préjugés anti technologie des "verts" radicaux.

Le concept marxiste de progrès n’a jamais été le même que celui, unilatéral, de la bourgeoisie, la notion linéaire d’une ascension stable des ténèbres primitives et de la supersti­tion à la clarté de la raison moderne et de la démocratie. Le concept marxiste est une vision dialectique qui reconnaît que le progrès historique s’est fait à travers le choc des contradictions, qu’il a entraîné des catastrophes et même des régressions, que l’avancée de la "civilisation" a aussi signifié raffinement de l’exploitation et l’aggravation de l’aliénation de l’homme par rapport à lui-même et du divorce de l’homme d’avec la nature. Mais il admet aussi que la capacité croissante de l’homme à transformer la nature à travers le développement de ses forces productives, à soumettre les processus inconscients de la nature à son propre contrôle conscient, fournit les seules bases pour dépasser cette aliénation et arriver à une forme plus élevée de la communauté que le communisme limité des temps primitifs, c’est-à-dire à un monde élargi, une communauté unifiée qui sera fondée non pas sur la pénurie et la submersion de l’individu dans le collectif, mais sur un niveau d’abondance sans précédant qui fournira "les conditions matérielles pour le développement total, universel des forces productives de l’individu" (Marx, Grundrisse). En créant les bases pour la communauté humaine totale, le capitalisme a représenté un pas immense pour dépasser les économies naturelles qui l’ont précédé.

Aujourd’hui, la notion de "contrôle" de la nature a été vile­ment déformée par l’expérience du capitalisme, qui a traité toute la nature simplement comme une autre marchandise, comme un sujet mort, comme quelque chose d’essentiellement externe à l’homme. A l’opposé de cette vision -mais aussi contre le culte passif de la nature qui pré­vaut parmi beaucoup de "verts" aujourd’hui-, Engels a défini la position communiste quand il écrivait :

"A chaque pas il nous est rappelé, qu’en aucune façon, nous ne régnons pas sur la nature comme un conquérant sur un peuple étranger, comme quelqu’un étant en dehors de la nature, mais que nous, avec notre chair, notre sang et notre cerveau, appartenons à la nature, existons en son sein, et que toute notre supériorité consiste dans le fait que nous avons l’avantage sur toutes les autres créatures d’être capables d’apprendre ses lois et de les appliquer correctement." (Ibid.)

En vérité, en dépit de toutes ses prétendues conquêtes, le capitalisme dévoile aujourd’hui que son contrôle sur la nature est le "contrôle" des apprentis sorciers, pas du sor­cier lui-même. Il a jeté les bases pour une maîtrise réelle­ment consciente de la nature, mais sa pratique profonde transforme toutes ses réussites en catastrophe. Comme disait Marx :

"Au fur et à mesure que l’humanité maîtrise la nature, l’homme semble être de plus en plus soumis aux autres hommes ou à sa propre infamie. Même la clarté pure de la science semble incapable de briller si ce n’est sur un fond d’ignorance noire. Toutes nos inventions et tous nos progrès semblent aboutir à doter les forces matérielles d’une vie intellectuelle et à déshumaniser la vie humaine en la réduisant à une force matérielle". (Discours à l’anniversaire de Peoples Paper, avril 1856). Aujourd’hui, cette contradiction a atteint un tel degré que l’humanité se trouve à un moment fatidique de son histoire, devant le choix entre, d’un coté, le contrôle conscient de ses propres forces sociales et productives, et donc une "application correcte" des lois de la nature, et de l’autre, la destruction aux mains des forces mêmes qu’elle a mises en marche. Autrement dit, le choix entre le communisme ou la barbarie.

Seule la révolution prolétarienne peut sauver la planète

Si le communisme est la seule réponse à la crise écologique, la seule force capable de créer une société communiste, c’est la classe ouvrière.

Tout comme les autres aspects de la décomposition de la société capitaliste, la menace qui pèse sur l’environnement souligne le fait que, plus le prolétariat tarde à faire sa révolution, plus grand est le danger que la classe révolu­tionnaire soit minée et épuisée, que le cours vers la des­truction et le chaos n’atteigne le point de non-retour qui rendrait la lutte pour la révolution et la construction d’une société nouvelle une tâche impossible. Dans la mesure où elle souligne l’urgence grandissante de la révolution communiste, la conscience de la profondeur des problèmes écologiques actuels jouera un rôle dans la transition entre les luttes prolétariennes défensives au niveau économique et un combat conscient et politique contre le capital dans son ensemble.

Mais il serait faux de croire qu’aujourd’hui, la question de l’écologie puisse en soi être un axe pour la mobilisation du prolétariat sur son propre terrain de classe. Bien que cer­tains aspects limités du problème (par exemple, la santé, la sécurité dans le travail) puissent s’intégrer dans des reven­dications de classe véritables, la question en tant que telle ne permet pas au prolétariat de s’affirmer comme force sociale distincte. Au contraire, comme nous l’avons vu, elle fournit à la bourgeoisie un prétexte idéal pour ses campagnes interclassistes, et les ouvriers vont devoir résister activement aux tentatives de la bourgeoisie, et particulièrement de ses éléments "verts" et gauchistes, de se servir de la question pour les dévoyer de leur propre terrain de classe. Il reste donc vrai que c’est surtout en se battant contre les effets de la crise économique - contre les baisses de salaire, le chômage, l’appauvrissement à tous les niveaux - que les ouvriers vont pouvoir se constituer en force capable d’affronter l’ensemble de l’ordre bourgeois.

La classe ouvrière ne pourra prendre en charge la question écologique dans sa totalité qu’après avoir pris le pouvoir politique au niveau mondial. Il doit même être évident que cela constituera une des tâches les plus urgentes de la période de transition, intimement liée qu’elle est de toute façon avec d’autres problèmes pressants tels que la faim et la réorganisation de l’agriculture.

Nous ne pouvons pas, faute de place, entrer ici dans une discussion détaillée des mesures que devra prendre le pro­létariat afin de redresser la situation désastreuse que nous lègue le capitalisme, et aller vers un rapport qualitativement nouveau entre l’homme et la nature. Ici, nous voulons seulement souligner un point : les problèmes auxquels sera confronté un prolétariat victorieux seront fondamentale­ment d’ordre non pas technique mais politique et social.

L’infrastructure technique et industrielle est profondément déformée par l’irrationalité du développement capitaliste dans l’époque présente, et il faudra certainement en démo­lir une bonne partie avant de pouvoir créer une base de production qui ne nuise pas à l’environnement naturel. Cependant, au niveau purement technique, de nombreuses alternatives ont déjà été développées, ou pourraient l’être si on y consacrait des ressources suffisantes. Il est dès mainte­nant possible, par exemple, dans les centrales électriques brûlant des hydrocarbures, d’éliminer la plupart des émis­sions de dioxyde de carbone et autres substances nuisibles, tout en réutilisant 100 % des déchets ou presque. De la même façon, il est déjà possible de développer d’autres sources d’énergie - solaire, éolienne, marine, etc.- qui sont à la fois renouvelables et non polluantes ; des possibilités énormes existent également dans la fusion nucléaire, qui pourrait résoudre beaucoup des difficultés rencontrées avec la fission.

Le capitalisme a déjà développé ses capacités techniques au point de pouvoir résoudre le problème de la pollution. Mais le fait que la véritable question est de nature sociale est souligné par les nombreux cas où les intérêts capitalistes économiques ou militaires à court terme n’ont pas permis à la bourgeoisie de développer des technologies non pol­luantes. Nous savons par exemple qu’après la seconde guerre mondiale, les industries américaines du pétrole, du gaz, et de l’électricité ont monté toute une campagne pour étouffer l’énergie solaire ; nous avons récemment appris que le gouvernement britannique a collaboré à l’élaboration d’un rapport dont les chiffres étaient falsifiés afin de démontrer que les centrales nucléaires coûteraient moins cher que les centrales maritimes ; l’industrie automobile, de même, a longtemps résisté au développement de moyens de transport moins polluants, etc.

Mais la question est plus profonde que la politique consciente de tel ou tel gouvernement ou industrie. Comme nous l’avons vu, le problème se trouve à la base même du mode de production capitaliste, et ne peut être résolu qu’en s’attaquant aux racines de ce mode de production.

Le capital détruit l’environnement sans s’en soucier, parce qu’il doit croître pour croître ; la seule réponse est donc de supprimer le principe même de l’accumulation capitaliste, de produire non pas pour le profit, mais pour satisfaire les besoins humains. Le capital ravage les ressources du monde parce qu’il est divisé en unités nationales concurrentes, parce qu’il est fondamentalement anarchique et produit en ne pensant pas au futur ; la seule solution consiste par conséquent dans l’abolition de l’Etat national, la mise en commun de toutes les ressources naturelles et humaines de la terre, et l’établissement de ce que Bordiga appelait "un plan de vie pour l’espèce humaine". Bref, le problème ne eut être résolu que par une classe ouvrière consciente du besoin de révolutionner les bases mêmes de la vie sociale, et qui détienne les instruments politiques pour assurer une telle transition à la société communiste.

Organisé à l’échelle mondiale, amenant dans son sillage toutes les masses opprimées du monde, le prolétariat inter­national peut et doit mettre en oeuvre la création d’un uni­vers où une abondance matérielle sans précédent ne com­promettra pas l’équilibre de l’environnement naturel, ou plutôt, où l’une sera la condition de l’autre ; un monde où l’homme, enfin libéré de la domination du travail et de la pénurie, pourra commencer à jouir de la planète. C’est cela sûrement le monde que Marx a entrevu, à travers l’épais brouillard d’exploitation et de pollution dans lequel la civili­sation capitaliste a plongé la terre, quand il prévoyait, dans les Manuscrits de 1844, une société qui exprimerait l’unité de l’être de l’homme avec la nature - la véritable résurrection de la nature -, la naturalisation de l’homme et l’humanisation de la nature enfin accomplies"

Courant Communiste International - http://fr.internationalism.org


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