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Émeutes pour Ibrahima : déroulé des événements

posté le 14/01/21 Mots-clés  luttes sociales  répression / contrôle social  art  solidarité  antiracisme 

Un rassemblement a eu lieu hier à 15h devant le commissariat de Police situé Rue de Brabant (à côté de la Gare du Nord), pour réclamer la justice pour Ibrahima. Ce dernier est décédé à l’hôpital, après une arrestation à place du Nord, qu’il avait subie pour avoir filmé une intervention policière. Quelques 2000 personnes ont répondu à l’appel au rassemblement.

Voici une tentative de résumé des événements.

15h : Les personnes rassemblées chantent “Justice pour Ibrahima” et “Police partout justice nulle part”. Plusieurs prises de paroles s’enchaînent. La foule se densifie. Le dispositif policier est comme à son habitude, très lourd, le quartier est cadenassé. Le temple de la consommation Rogier/rue Neuve, à seulement quelques centaines de mètres, est sous haute protection.

16h : Des manifestant.es tentent une avancée dans le tunnel. L’immobilisme de rassemblement semble exaspérer plus d’un.e. La rage et la frustration font imploser le rassemblement. Des stewarts/services d’ordre s’essayent à contenir le mouvement, en vain. La foule chante “Police assassins”, un fumigène est allumé. Cet élan est finalement refoulé par des lignes de flics avec chiens et gaz au poivre.

16h10 : Le dispositif est débordé place Saint Lazare. Une voiture de police garée voit ses vitres brisées copieusement. Une voiture de police prend la fuite sous les jets de projectiles. Des stewarts se risquent à remettre des individus aux condés, ils finissent roués de coups. La police anti-émeute intervient pour repousser les manifestant.e.s. Deux lignes de flics et au deux autopompes sont présentes pour bloquer la rue du Brabant juste avant le tunnel.

16h30 : Quelques objets sont lancés sur les lignes de condés. Le service d’ordre met en place un cordon pour repousser les gens vers les rue de Brabant et rue d’Aarschot, créant alors une zone tampon. La police cherche à temporiser et recule ses lignes et autopompes. Le calme revient peu à peu. Des prises de paroles moralisatrices et culpabilisantes appel les gens à garder leurs calme.
D’autres groupes de manifestant.es sont également dispersés dans les petites rues proches de la Rue de Brabant. Des affrontements ont lieu. Il y aurait eu des charges policières.
Au point de fixation, quelques lancements sporadiques d’objets sur la police ont lieu, rythmé par des altercations violentes entre service d’ordre et manifestants. Les organisateur.ices annoncent leur départ imminent et appel la foule à rentrer chez elle. Quelques personnes sont occupées à casser des pavés et à collecter des projectiles.

17h00 : Les organisateur.ices et le service d’ordre quitte les lieux. Seulement quelques instants après, des salves de projectiles sont jetés en direction des lignes de polices. L’émeute commence. La police utilise son autopompe mais reste statique.
Des renforts policiers arrivent par le tunnel. Au moins un cocktail molotov est jeté en direction des keufs.

17h15 : D’autres affrontements se déroulent près du tunnel rue de Quatrecht. Les autopompes entrent en action et la police avance. Très rapidement, on aperçoit une ligne de flics bloquer la rue du Brabant à la hauteur de rue de Quatrecht. Une nasse est en train de se mettre en place. La foule s’engouffre dans la rue de la fraternité. Rue Verte des barricades sont dressées. Cinq flics anti-émeutes en faction, seul.e.s, se font surprendre et littéralement lyncher. Pleurant pour leurs vies, iels parviendront à s’enfuire.

17h30 : Du monde redescend rue de Brabant, et des escouades sont alors prit à revers. Des feux d’artifices sont tirés. Une contre charge fait même fuire une unité. Un combis est sauvé des flammes in-extremis. En attendant, du monde s’agglutine sur la place Liedts. L’ambiance ‘mi-temps’ est joviale : ça fume des clopes, ça crame des poubelles, ça attends le monde qui se fait peu à peu repousser vers la place par les condés.

17h40 : Des braves gens proposent à la foule hagarde d’aller éclater le comico de la place Liedts. Ni une ni deux, la vitrine/façade est réduite en miette, ainsi que les deux distributeurs de la banque qui se trouve à côté. Quelques secondes après, un feu de joie se déclare à l’intérieur du commissariat et s’étend devant le bâtiment. Le feu s’éteint de lui même assez vite, peut être une bonne chose au vu des habitions se trouvant au dessus. Cette action a plus que remotivé les gens. La place Liedts devient le théâtre de l’émeute. Toutes les pubs et abribus sont méthodiquement pulvérisés, des barricades en feu se mettent en place.

17h50 : Des keufs en civil reprennent peu à peu le contrôle du périmètre. Ils réquisitionnent des extincteurs des véhicules environnants. Ça tire au flashball. Les civils disposent en effet d’au moins un FN303 avec pointeur laser. Ce qui calme pas mal les plus téméraires, et un repli s’opère entre autre vers la rue Gallait. C’est à ce moment que le convoi du Roi à l’excellente idée de passer place Liedts (wtf ???). Les civils escortent tant bien que mal la berline aux vitre teintées pour l’exfiltrer, attirant naturellement quelques projectiles. En réalité la majorité des émeutier.e.s se trouve rue Gallait, et iels n’ont bien sûr rien saisit de la situation cocasse.

18h00 : Des civils sans brassard mais matraque sortie et casqués se déplacent place Liedts. La brigade canine est également présente, bientôt rejoint par une horde d’anti-émeutes et autopompe. La police reprend le contrôle total de la place. Des arrestations violentes ont lieu, les flics sont déchaînés.

18h20 : Une barricade enflammée prend place à l’intersection rue Gallait/ rue Rubens.

En première ligne, ça continue de caillasser les flics sévèrement. Les flics chargent et une cinquantaine de personnes remontent la rue Rubens. Des petites barricades prennent place sur la rue. Un habitant depuis son balcon est prit à parti, il ignore longuement la demande qui lui est faite d’arrêter de filmer les gens. Il finit par obtempérer quand la porte de son immeuble est enfoncée. Un autre habitant à sa fenêtre conseille le groupe en signalant la présence ou non de flics au loin.

18h30 : Les keufs arrivent de toute part et le groupe de manifestant.e.s se disperse place Lehon. La traque commence alors dans le quartier Colignon jusqu’aux alentours du parc Josaphat/Coteaux.

19h30 : Des manifestant.es nassée.s se font embarquer dans un bus place Liedts.

Le dernier bilan fait état de 112 arrestations administratives, 4 arrestations judiciaires et 6 bléssés dont 4 flics.


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