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En finir avec le viol et sa justification

posté le 12/12/13 Mots-clés  genre / sexualité 

Appel désordonné aux personnes de genre masculin pour en finir avec le viol, et sa justification

Hé, « Mec » :

Il est temps d’en finir avec le viol.
Le viol en tant que tout rapport non consenti.

Depuis beaucoup trop longtemps des femmes gueulent leur ras-le bol. Expliquant, souvent même avec une patience beaucoup trop généreuse, à quel point il est fatiguant, blessant et humiliant de devoir se défendre, sans cesse, contre nos agressions.

Depuis trop longtemps des femmes se taisent, obligées pour parler de traverser la peur, et la honte, la culpabilité ; obligées pour parler de risquer l’isolement, de jouer avec le feu de représailles violentes ; obligées pour parler de trouver des mots inexistants, interdits, dangereux, risquant à tout instant de se retourner contre elles. Le silence passé sur leurs blessures les infectent, préservant tout au plus un entourage social… à quel prix…

Depuis trop longtemps nous, la classe des hommes, jouissons de privilèges préservés par la force, la persuasion, les fausses indignations, les spectacles de luttes antisexistes, les fausses culpabilités.

Depuis trop longtemps nous justifions le viol. Le nôtre, et celui des autres hommes.
Par nos silences, nos inerties, et par nos argumentations foireuses.
Nous acceptons de voir copines, voisines, camarades, collègues, amies subir nos violences sans que nous fassions quoique que ce soit pour changer réellement.

Le viol est quotidien, banalisé par nos soins.
Le viol est une pratique que nous connaissons tous…ce n’est pas l’affaire seule de « salauds » ou de « dégueulasses ».

Il est temps pour nous de ravaler nos discours hypocrites et nos malaises confondants.

Aucune indignation, aucune législation, aucun changement social d’ampleur ne changera la donne si, ici et maintenant, nous ne sommes pas capables de saisir ce que c’est qu’un désir réellement partagé. Si, ici et maintenant, nous ne travaillons pas à refuser nos privilèges, à trahir notre position sociale dominante.

Quand un récit de viol surgit au grand jour :

Il est temps d’en finir avec les justifications, les tribunaux d’urgences où nous examinons chaque cas qui explose pour établir les torts et partager la culpabilité.
Ca suffit de se couvrir l’un l’autre, de chercher des excuses aux copains, de se serrer les coudes entre mecs.

Lorsque nous demandons à une femme qui a eut la possibilité de parler publiquement d’un viol de nous fournir des preuves, que nous tentons d’apaiser sa colère plus que de l’écouter, lorsque que nous relativisons car « elle était bourrée », que nous laissons sous-entendre grossièrement qu’elle ne s’est pas assez protégée, ou qu’elle était, en fait, plus ou moins consentante, nous lui crachons à la gueule.
Nous nous faisons alors ni plus ni moins les flics, les chiens de garde d’un ordre masculin, où tout ce qui importe est d’invisibiliser et pacifier la guerre que nous faisons aux femmes.

Il est temps de prendre des responsabilités claires. Il existe pour cela des outils. Ils existent depuis trop longtemps pour pouvoir les ignorer. (v. plus bas)

Ne pas intervenir, c’est accepter et perpétuer la domination masculine ; C’est encourager le viol des hommes.


Quotidiennement, dans l’intime politique :

Il est temps d’en finir avec l’idée d’un désir masculin pulsionnel et incontrôlable.
Il est temps d’en finir avec une sexualité masculine axé sur le corps de l’autre comme objet.
Il est temps de mettre à mort la virilité qui, se devant d’être forte et puissante, justifie une violence dite « naturelle ».
Il est temps d’en finir avec la supériorité masculine, au lit et dans la maison, dans la rue, dans les bars, dans les squats, dans les salles de réunion.
Même lorsque celle ci est décriée drapeau au point, elle demeure.

Il est temps d’en finir avec le viol comme base de notre sexualité d’homme :
Une sexualité construite sur les soi-disant « besoins » sexuels du mâle auxquels doivent répondre les femmes ne peut conduire qu’au viol.
Une sexualité construite sur le service sexuel gratuit et la disponibilité sexuelle obligatoire des femmes pour satisfaire le mâle qui, s’il ne vide pas ses couilles, aura mal et ira voir ailleurs (et/ou traitera la femme de frigide, de coincée et/ou autres douceurs), ne peut mener qu’au viol.
Nous serons tous des potentiels violeurs tant que l’expression du désir de l’autre ne sera pas entièrement libre.
.
Au minimum :
Il nous faut apprendre à regarder et écouter. L’autre. Ses désirs. Ses manques de confiance. Son alcoolémie. La nôtre. Ses gestes. Ses réponses. A chaque instant.

Par la suite, questionner nos sexualités et les analyser, aussi, à travers un rapport social de domination masculine est un défi auquel il est certainement indispensable de s’atteler, et plus agréable finalement qu’on ne le pense. Pour autant qu’on sorte des évidences naturalistes et capitalistes et qu’on accepte de se frotter aux peaux sensibles des désirs réels de chacunE. Un inconnu qui en vaut la peine et enrayerait la répétition des violence systémiques faites aux femmes, aux lesbiennes, aux trans, aux pds, aux enfants, etc…

Quelques lectures-outils en vrac

Brochures (dispos sur www.infokiosk.net ou ailleurs sur internet) :

Sur les violences masculines et la prise en charge collective d’une situation de viol :
-  Lavomatic, lave ton linge en public
-  Les violences conjugales , Si j’avais un marteau je détruirais le patriarcat. (J’en ai un.)
-  En finir avec les violences machistes
-  Soutenir un-e survivant-e d’agression sexuelle
-  De la misère sexiste en milieu anarchiste
-  Trois textes sur le viol
Sur la sexualité :
-  Le consentement. 100 questions sur les interactions sexuelles
-  De l’utérus à la vaisselle…en passant par « l’orgasme vaginal » d’Alice Schwarzer
-  Sexualités, corps et plaisirs de femmes
-  Le mythe de la frigidité féminine de Christiane Rochefort

Livres
-  « Refuser d’être un homme », de John Stoltenberg (ed Syllepse)
-  « Femmes en flagrant délit d’indépendance » de Gail Pheterson
-  « Au delà du personnel » de Corinne Monet et Léo Thiers Vidal (téléchargeable sur le net)
-  « Rupture anarchiste et trahison pro-féministe de Léo Thiers Vidal (ed Bambule)

Revues
-  Timult (voir leur site internet)

Le viol n’est pas une fatalité…


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